Vanessa, dans l’Essonne en 2012

27 Fév

 Après une première grossesse catastrophique (alitement complet dès le troisième mois, contractions à répétition, hospitalisation etc.) et un accouchement « volé » suite à une césarienne en urgence en 2010, je vivais sereinement cette seconde grossesse. Le projet de naissance que j’avais rédigé était clair : mettre tout en oeuvre pour un AVAC (accouchement par voie basse après une césarienne) réussi, pas de péridurale ni d’épisiotomie, pouvoir rester mobile et choisir les positions qui me conviendraient le mieux le jour J.

Pour cette naissance, j’avais changé de Maternité et choisi d’accoucher dans une clinique privée de l’Essonne. Le gynécologue qui me suit depuis le début de ma grossesse est 100% derrière mon conjoint et moi dans notre projet d’AVAC, il y croit avec nous. Ma fille est annoncée comme un gros bébé (entre 3.800kg et 4.000kg à terme) mais ma radio du bassin laisse apparaître un « boulevard » !! Qui plus est, les conditions de ma première césarienne étaient bien spécifiques et tendaient à ne pas se reproduire cette fois-ci. Aucune contre-indication à un accouchement par voie basse donc…

J’ai suivi des cours de préparation classique à la naissance, accompagnés de séances supplémentaires en piscine. J’ai vraiment adoré ces moments de détente avec cette impression d’être totalement centrée sur mon bébé une fois dans l’eau… En complément, je me renseignais sur les méthodes de relaxation et de respiration que j’appliquais au quotidien le dernier mois.

Le jour du rendez-vous avec l’anesthésiste, j’exprimais mon désir d’accoucher sans péridurale. Elle ne m’a jamais dissuadée du contraire, bien que la césarienne pour mon aînée ait été pratiquée avant même le début du travail. Cet accouchement par voie basse (s’il avait bien lieu) serait de ce fait considéré comme une première fois d’un point de vue purement physique !

 

Mercredi 25 avril 2012

 

Cela fait environ une dizaine de jours que j’enchaîne des périodes de faux-travail à répétition, notre petite Little L. est déjà bien chipie !!! Je suis aujourd’hui à un peu plus de 40 semaines d’aménorrhée.

 

6h00. Depuis la veille, je souffre de fortes contractions que rien ne calme. Jusque là elles étaient plutôt anarchiques mais à présent je les ressens toutes les 10 minutes.

Impossible de me rendormir, j’avale deux comprimés de Spasf** en espérant qu’elles finiront par s’estomper.

 

6h45. Rien de concluant, c’est même de plus en plus douloureux. Je décide d’utiliser un suppositoire de Salbum** en complément et de prendre une douche. Je sais déjà que le bain sera inefficace, la veille il a même eu l’effet inverse…

Mauvaise pioche à nouveau, les contractions allant en s’intensifiant et se rapprochant toutes les 7 minutes. Je recommence à y croire, c’est peut-être LE grand jour cette fois ?!

Mon conjoint est déjà parti au travail, il est du matin toute la semaine en cette période de vacances scolaires. Pas d’aide de son côté donc, je vais devoir gérer seule ma fille aînée, alors tout juste âgée de 19 mois…

Elle se réveille sur les coups de 8h00 et je souffre toujours autant. Deuxième douche inefficace, je décide d’appeler mon meilleur ami afin qu’il puisse m’accompagner à la Maternité et s’occuper de ma princesse.

Il arrive vers 11h00, nous partons immédiatement. Dans la voiture, je m’accroche à chaque contraction pour ne pas hurler ma douleur.

 

11h30. Arrivée à la clinique, je suis reçue par la sage-femme avec qui j’avais suivi les cours de préparation à la naissance. Sa présence à mes côtés me rassure et je suis soulagée qu’elle soit de garde.

Elle m’installe en salle de naissance, branche le monitoring. Les contractions sont rapprochées toutes les 5 minutes (puis rapidement toutes les 3 minutes) mais pas encore suffisamment fortes selon elle. Aaaaahhhhh ???

 

12h30. La sage-femme décide de me garder, c’est pour aujourd’hui me dit-elle. Chouette alors !

Le travail n’avançant pas allongée, elle me propose d’aller marcher dans les couloirs de la clinique. Je rejoins alors mon ami et ma fille en salle d’attente. Mon conjoint ne peut pas se libérer avant 14h00, je suis déçue mais en même temps pour le moment il ne rate rien…

 

14h30. Cela fait deux heures que j’arpente les couloirs de la Maternité, je connais chaque recoin par cœur. J’en ai également profité pour compléter mon dossier avec des prises de sang supplémentaires.

Les contractions sont toujours aussi rapprochées et s’intensifient en termes de douleur. Je n’en peux plus mais je tiens bon, croisant les doigts pour que la sage-femme m’annonce une bonne nouvelle…

 

Depuis le matin je perds un liquide teinté – qui se révélera être une fissure de la poche des eaux – mélangé à un reste de bouchon muqueux (que j’ai commencé à perdre fin février !). Ces pertes se révèlent plus abondantes au fil des heures.

 

Retour en salle de naissance. Nouvel examen : mon col est dilaté de deux cm larges et effacé, mais toujours postérieur +++

Ce n’est pas rassurant selon elle, car cela peut signifier un travail long. Or mon utérus cicatriciel ne me le permet pas si je souhaite bénéficier d’un accouchement par voie basse… La politique d’un AVAC dans cette Maternité étant d’une dilatation d’un cm par heure…

Tant que mon col sera toujours aussi haut, impossible de poser une péridurale non plus. Je vais donc devoir continuer à gérer la douleur comme je peux, mais en même temps je l’ai voulu n’est-ce pas ?

 

15h00. Mon conjoint arrive enfin, tout de mauve vêtu. Un vrai tombeur !! :-p

Les contractions sont vraiment fortes à présent et de plus en plus rapprochées, j’ai du mal à reprendre mon souffle entre chaque. Toujours sans péridurale, heureusement que Chéri est là pour me soutenir car je fatigue beaucoup. La faute également aux nombreuses nuits blanches cumulées ces dernières semaines. Mais la sage-femme m’encourage énormément, je me débrouille super bien selon elle 🙂

Elle m’examinera toutes les heures jusqu’à 18h00. Rien ne bouge, le travail stagne inexorablement malgré les allers/retours dans la clinique et les nombreuses bascules de bassin sur le ballon (qui m’ont par ailleurs merveilleusement soulagée aux moments les plus douloureux). Elle nous demande de réfléchir à la suite des évènements mais notre décision est prise rapidement : ce sera la césarienne.

Le rythme cardiaque de Little L. est encore bon mais je ne désire pas prolonger ces heures de torture que je vis depuis la veille… Je sens que cet accouchement finira en césarienne quoi qu’il arrive, autant finir d’abréger tout cela ! Et puis je ne saurai l’expliquer, je sens qu’il est temps que ma fille voit le jour, j’ignore pourquoi mais je préfère écouter mon instinct de Maman plutôt que mon envie profonde d’un AVAC…

 

L’obstétricien de garde est donc prévenu, l’équipe du bloc se prépare.

Mon conjoint ne pourra pas assister à la naissance de sa seconde fille mais la séparation est mieux vécue que pour notre aînée. Il m’accompagne jusqu’aux portes du bloc opératoire et « ma » sage-femme assistera à la césarienne. Je pars sereine.

Je plaisante avec l’anesthésiste avant l’opération, nous parlons football et Ligue des Champions…

L’ambiance est détendue malgré mon stress qui monte. Le gynécologue-obstétricien arrive sur ses entrefaites, lui aussi se montre de bonne humeur et rassurant à mon égard. De son côté, la sage-femme ne cesse de me tenir la main.

 

19h22. Les premiers cris de mon bébé résonnent dans le bloc opératoire. Malgré ma chute de tension, je pleure sans pouvoir m’arrêter.

Une puéricultrice me présente ma fille : comme elle est jolie !!! Je peux la toucher et l’embrasser à loisir, ce qui m’avait cruellement fait défaut lors de la naissance de ma première fille…

Little L. est ensuite amenée à son Papa qui pratiquera le peau à peau jusqu’à mon retour en chambre.

Je resterai une heure seulement en salle de réveil, tout va bien et l’équipe sait que je souhaite allaiter ma princesse au sein. Pro-allaitement, ils sont partisans de la mise en place d’une tétée de bienvenue aussi rapide que possible.

 

Malgré le fait que je n’ai pas pu bénéficier d’un accouchement par voie basse comme je le souhaitais, je ne regrette absolument pas ma seconde césarienne, peut-être grâce à une mise en route du travail spontané le matin-même qui m’aura permis de connaître la rupture de la poche des eaux ainsi que les contractions de travail mais aussi et certainement grâce au soutien d’une équipe médicale compétente restée à l’écoute de nos désirs tout au long de la journée. Ils ont, chacun à leur niveau, respecté notre projet de naissance et à aucun moment ne nous ont forcé à quoi que ce soit. La décision nous appartenait, jusqu’à un certain point certes (si la santé de notre fille avait été en jeu à un moment, nous n’aurions pas eu le choix de la césarienne en urgence je pense) et je sais que si je devais tomber enceinte à nouveau, j’accoucherai certainement là-bas.

Cette césarienne était par ailleurs nécessaire et vitale pour Little L. car mon utérus était sur le point de se rompre, d’après l’obstétricien cela n’était plus qu’une question d’heures… Sachant que lors d’une rupture utérine, le premier à « trinquer » est le bébé.

 

Alors que la césarienne de ma fille aînée a été davantage vécue comme si on me privait de mon accouchement, cette fois-ci j’ai vraiment été actrice de ce dernier. Il m’a réconciliée avec la césarienne 🙂

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