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Dans un petit coin du Finistère

25 Nov

Voici le récit tel que je l’ai écrit environ 12 heures après l’accouchement qui a eu lieu à cheval sur le 9 et 10 mai 2012. C’est l’histoire d’une naissance TRES respectée. Je ne sais pas si cela ne tient qu’à cela mais aujourd’hui, mon bébé de neuf mois est un exemple de bébé pas stressé qui n’a pas la moindre angoisse de séparation !

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Ici, tout va bien, Petit bonhomme dort encore beaucoup. On fait énormément de peau-à-peau pendant que le papa nous bichonne.

J’ai eu exactement l’accouchement dont je rêvais. Je vous mentirais si je vous disais que j’ai conservé mon calme. J’ai bien cru que je n’y arriverais pas comme ça : tout d’un coup, un accouchement physiologique me paraissait une idée sordide et je rêvais non pas d’une péri mais carrément d’une anesthésie générale. J’ai supplié mon homme de m’emmener à l’hôpital. C’était la phase de désespérance et histoire drôle, à la même phase, ma soeur qui était à l’hôpital a supplié son homme de la ramener chez elle !

Mon récit : Ma sage-femme m’a conseillé de l’appeler « histoire d’eaux »

Le mardi, une petite bonne femme en pleine forme passait sa journée à Océanopolis à Brest avec ses frères et soeurs, neveux et nièces à admirer les enfants admirant les poissons et à marcher peut-être un peu plus qu’elle n’aurait dû.

La nuit suivante, à deux heures et demie, elle se réveille avec un besoin imminent d’aller faire pipi, tellement imminent que ça coule sur la route. Elle a rompu la poche des eaux. Elle réveille son homme pour lui annoncer et bien sûr, le couple a du mal à se rendormir. A 4h, la petite bonne femme ressent les premières contractions, elles ne sont pas douloureuses mais comme elle n’en avait pas senti pendant la grossesse, elle se dit que ça commence et elle chronomètre : toutes les huit minutes, elle se dit que ça va aller vite. Elle annonce à son amoureux qu’il sera papa avant midi. Le matin, elle appelle la sage-femme pour la prévenir. Elles décident qu’elle la rappellera quand les contractions s’intensifieront. La petite bonne femme sait qu’au bout de 24h, elle devra aller à l’hôpital et commence à s’inquiéter quand à 14h, le travail s’est plutôt ralenti. Sur les conseils de la sage-femme elle va se promener en forêt avec son homme. Les contractions se font plus fréquentes et l’obligent à s’arrêter toutes les trois minutes. La balade dure une heure. Elle a parcouru 500 mètres ! Au retour, la petite bonne femme attend une heure ou deux avant d’appeler la sage-femme pour lui dire qu’il y a eu intensification du travail. Il est un peu plus de 18h, la sage-femme arrivera deux heures plus tard. Le temps qu’elle arrive, son homme masse la petite bonne femme pour lui soulager les reins et quand elle arrive, la sage-femme (qui vient de braver une tempête en voiture) est surprise que la petite bonne femme parle encore. Elle éteint les lumières ne conservant que les veilleuses, cache les horloges, demande à l’homme d’éteindre les portables… Et commence à masser la petite bonne femme. Elle propose à l’homme de masser aussi. Lorsqu’ils ont terminé la petite bonne femme va se plonger seule dans un bain pour se retrouver dans l’eau avec son bébé comme elle l’a tant aimé pendant la grossesse. Là, le travail commence à être plus douloureux. La petite bonne femme a faim, elle sort de son bain et demande à son homme de lui préparer à manger. Elle gère ses contractions à grands coups de souffle et est encore assez fière d’elle. La sage-femme s’est couchée dans la pièce d’à côté pour être vaillante lorsqu’il le faudrait. Quand la petite bonne femme a fini de manger, son homme se couche à ses côtés, la petite bonne femme souffle, souffle… et écoute le bruit de la pluie sur les velux, et savoure la présence sécurisante de son homme qui lui caresse la main doucement. La sage-femme vient écouter le coeur du bébé, tout va bien. Et puis les temps de pause se raréfient et la douleur commence à faire crier la petite bonne femme et à la faire suer, de la sueur froide. S’en suit de grands moments de douleurs, de cris et de sueur dégoulinante. La petite bonne femme a l’impression de se noyer. La sage-femme lui conseille des positions, la masse encore, crie avec elle de façon à mener ses cris vers les graves. Son homme la caresse sans cesse, lui essuie toute la sueur pour qu’elle ait moins froid. La petite bonne femme qui avait très bien préparé son accouchement gardait en tête la phrase de sa mère : «  Quand tu n’en peux plus, c’est que c’est presque fini. » Sauf qu’elle avait mal compris sa mère, pour la petite bonne femme « c’est fini », c’était « le bébé sort ». Et là, la petite bonne femme n’en peut plus alors qu’elle n’a pas du tout commencé à pousser, ça ne PEUT pas être presque fini. Elle est épuisée, elle est perdue car elle veut trouver une position où elle puisse supporter les contractions et où elle puisse se reposer entre deux, c’est très compliqué. Comment va-t-elle faire ? Elle a envie de pleurer, se dit qu’elle n’y arrivera jamais. Elle en fait part à la sage-femme, elle demande pourquoi c’est si long. La sage-femme lui répond qu’un bébé a besoin de temps pour faire son chemin et lui conseille de retourner prendre un bain pendant qu’elle va se reposer un quart d’heure. La petite bonne femme, perdue, l’écoute. Une fois dans son bain, son homme et la sage-femme disparaissent peut-être trois minutes mais ça semble long à la petite bonne femme qui se sent abandonnée. Son homme la rejoint très vite, ça va mieux. Il lui fait couler de l’eau chaude sur les parties de son corps qui ne sont pas immergées. Très vite, la petite bonne femme commence à sentir que ça pousse. C’est moins douloureux et ça rassure la petite bonne femme ; ça avance. Au bout de deux ou trois poussées, la petite bonne femme demande à son homme d’aller chercher la sage-femme. Il y va et la sage-femme prend place près de la baignoire, elle constitue un appui pour le pied de la petite bonne femme pour qu’elle puisse accompagner efficacement les poussées. La petite bonne femme crie toujours mais cette fois-ci, ce sont des cris très graves d’encouragement du bébé « AAAAAAAllllllezz, tu y es presque ! » La petite bonne femme voudrait que ça aille vite, elle est quand même très fatiguée. Un moment, elle sent que son homme n’est plus là. La tempête dehors a provoqué une inondation dans la cuisine, il s’est offert une pause-serpillère. Au fil des poussées, la petite bonne femme sent le bébé avancer de l’anus vers le vagin, elle est prête à accoucher dans son bain mais la position allongée n’est pas forcément idéale. La sage-femme lui propose de se suspendre à la barre de douche et éventuellement de remonter dans la chambre pour la mise au monde. Mais quand la petite bonne femme arrive à s’extraire de la baignoire, elle ne peut plus marcher, elle sent une tête de bébé entre ses jambes. La sage-femme, jamais à court de ressources, prépare un coin dans la petite salle de bain, un tabouret haut pour l’homme et des serviettes par terre pour la petite bonne femme. L’homme s’assoit, la petite bonne femme s’accroupit devant en se maintenant sur les cuisses de l’homme et la sage-femme s’installe en face, elle demande à la petite bonne femme si elle peut regarder où se situe le bébé, elle regarde et comprend pourquoi la petite bonne femme ne pouvait plus marcher ! Deux poussées encore et…… sensations de brûlure, de déchirement. On le supporte parce qu’on sait que c’est la fin. La contraction s’arrête, il n’y a qu’un bout du crâne qui sort. La petite bonne femme doit attendre la prochaine contraction pour la suite. Encore !! Et voilà ! La tête. « C’est encore aussi dur les épaules ? » « Non, c’est bien plus facile. » Encore. Et la petite bonne femme tient son bébé dans ses bras. Le calvaire est fini, on va pouvoir aller dormir. La petite bonne femme se tourne vers son homme pour voir s’il est émerveillé. Pas tout à fait. Comme la petite bonne femme, le sentiment dominant est plutôt le soulagement. Mais à part son crâne oblong, le fait qu’il soit violet foncé et qu’il soit recouvert de vernix, il a l’air beau ce bébé, la sage-femme constate que le père ne peut pas avoir de doute, il est bien de lui ce bébé ! Elle constate aussi que la petite bonne femme n’est pas du tout déchirée.

  • Quelle heure est-il ?
  • 5 heure et quart !

On a dépassé les 24h !!

Maintenant, la petite bonne femme veut aller dormir. La sage-femme n’est pas tout à fait d’accord, il reste le placenta. La sage-femme voudrait que ça soit vite fait dans la salle de bains, la petite bonne femme n’est pas d’accord, elle insiste. La sage-femme capitule. On monte à l’étage, alèse et cordon entre les jambes et bébé contre soi. La sage-femme est impressionnée de la capacité de mouvements de la petite bonne femme. Elle tâte l’utérus de la petite bonne femme et pense que le placenta est décollé, elle demande à la petite bonne femme de pousser et en même temps, elle tire sur le cordon, la petite bonne femme a l’impression qu’on lui arrache les entrailles. Elle stoppe tout et demande à la sage-femme de lui laisser le temps de se reposer. La sage-femme part dans sa chambre une heure et revient. Même expérience. La sage-femme commence à paniquer, elle craint qu’il soit nécessaire de transférer la petite bonne femme à l’hôpital, elle trouve ça trop bête, la petite bonne femme ne saigne pas. Elle laisse encore du temps à la petite bonne femme et va appeler des collègues qui auraient peut-être des pistes à lui donner. Quand elle revient, l’utérus de la petite bonne femme s’est vraiment modifié et l’homme est sorti discrètement de la chambre. La délivrance se fait enfin. Deux heures et quart après la naissance… La sage-femme est euphorique et invite la petite bonne femme à manger un bout du placenta. Un petit bout de rien du tout vite avalé. La petite bonne femme est contente mais elle veut dormir. Elle a bien profité de son bébé en attendant la délivrance alors quand elle a coupé le cordon (l’homme ne le souhaitait pas) et que la sage-femme a fait les soins du bébé et qu’elle est prête à partir, la petite bonne femme demande à son homme de prendre le bébé et dort deux heures. Elle en avait un besoin juste immense. Et son homme avait besoin de ce moment-là aussi. Il se sent définitivement papa. Au bout de deux minutes, bien sûr, le bébé n’était plus violet, au bout d’un quart d’heure, le traumatisme de son crâne était passé et le vernix a séché rapidement, C’est un magnifique bébé absolument pas fripé. Le plus beau bébé du monde ? Sans doute, c’est le notre ! En plus depuis, il est sage… En peau-à-peau avec maman. Papa s’occupe de nous. On est bien à la maison !