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Le deuxième accouchement d’Héloïse, Ille et Vilaine

1 Mar

Bonjour à toutes et à tous,

 

Je m’appelle Héloïse, j’ai 38 ans et j’ai déposé mon témoigage (n°328) pour raconter mon 1er accouchement qui a eu lieu lorsque j’avais 28 ans.

Mon corps, mon bébé et mon accouchement n’avaient pas du tout été respectés ainsi que le séjour qui a suivi et j’en étais restée traumatisée.

Presque 10 ans après, j’ai eu la joie de donner à nouveau la vie, dans une autre ville cette fois, à la maternité de V**** en Ille & Vilaine.

Par un heureux hasard, cette maternité a obtenu le label Ami des Bébés environ un mois avant la date présumée de mon accouchement.

Ma grossesse s’est bien déroulée dans l’ensemble malgré des problèmes d’hypertension et cette appréhension d’accoucher à nouveau…

Cette fois-ci je suis allée jusqu’au terme présumé, mon bébé, un deuxième garçon a décidé d’arriver 5 minutes avant la date prévue.

J’ai perdu les eaux dans la nuit et j’ai pris tout mon temps avant de partir à la maternité cette fois-ci.

Nous avons bien été encadrés et respectés dès le départ, mon dossier a été lu et mes antécédents pris en considération.

La journée a été rythmée par des douleurs de plus en plus fortes et j’ai été soutenue par une 1ère sage-femme.

En fin de journée tout s’est accéléré, la douleur des contractions est vraiment devenue difficile à supporter.

La perte des eaux qui avait continué s’est alors teintée de vert ce qui m’a donné un indicateur d’urgence.

Nous sommes allés en salle de naissance immédiatement et je me suis cramponnée au lit et à la main de mon chéri.

Malgré un ratage complet de la péridurale pour mon premier accouchement, je l’avais demandée à nouveau en espérant qu’elle fonctionne cette fois-ci !

Auparavant, j’ai fait de mon mieux pour maîtriser ma douleur le plus longtemps possible afin qu’elle ne soit pas posée trop tôt.

Je me revois en train de pleurer et d’hurler de douleur soutenue par mon chéri tout en me concentrant sur la progression de mon bébé dans mon bassin.

J’ai tenu de 17h à 19h45, puis l’anesthésiste est venu me libérer de cette douleur atroce, il a vraiment bien dosé l’anesthésie, et je lui en suis très reconnaissante.

Les gardes de 24h n’existant plus j’ai alors eu une deuxième sage-femme à partir de 20h pour l’accouchement proprement dit ! Une merveilleuse sage-femme !

Moi qui pouvait à peine prononcer ce nom, moi qui n’avait connu qu’une « sale-femme », une odieuse matronne qui avait gâché mon accouchement en 2004 !

Stéphanie, je peux la citer, à été formidable de douceur, d’écoute et de bienveillance, elle m’a soutenue et encouragée, j’ai enfin vécu un accouchement respecté.

Au delà des mots, son regard plein de confiance, et sa gentillesse, son sourire, m’ont portée. Je n’ai pas subi mon accouchement cette fois-ci, je l’ai vécu.

J’ai été actrice et non pas spectatrice de cet évènement si important, si précieux dans la vie d’une femme. Mon bébé est né tout doucement, pas d’épisiotomie, pas de révision utérine, juste une petite déchirure. J’ai senti passer sa petite tête, ses épaules, son petit corps, ses pieds. Nous étions en larmes avec son papa et on me l’a mis en peau à peau longtemps cette fois-ci, j’ai pu sentir toute sa chaleur me réchauffer le coeur et l’âme. Je veux dire à toutes les femmes qui ont connu une expérience douloureuse que non ce n’est pas une fatalité et qu’il y a un espoir de vivre un jour un bel accouchement respecté. Merci à vous Stéphanie. Et Merci de m’avoir lue.

#334 – Le récit d’Abigaïl, Bretagne 2006

2 Fév

Ma plus grande fille est née il y a 8 ans en Bretagne (France). J’avais 33 ans. Mon récit pourra paraître très banal : à part quelques gestes isolés, il n’y a eu ni maltraitance ni violence manifestes, rien qu’un suivi et une naissance ultra médicalisés, comme en connaissent des milliers de femmes aujourd’hui en France… alors que mon bébé et moi-même étions en parfaite santé.

En fait j’ai mis de nombreux mois avant de reconnaître que j’avais été profondément minée par cette expérience. La césarienne (programmée par l’obstétricien pour cause de présentation du bébé par le siège, donc sans travail) m’apparaît comme l’aboutissement d’un processus subtil de dépossession et de déshumanisation. S’est installé sournoisement, à partir de mes premières visites chez le médecin, le sentiment que mon ventre ne m’appartenait plus, que mes questions et mes attentes n’avaient pas lieu d’être exprimés, que mon futur bébé courait potentiellement de graves dangers, bref que j’étais incompétente.

Pourtant sans être très informée, je m’intéressais à une approche respectueuse de la physiologie et du ressenti de la mère. J’avais choisi la maternité en conséquence. J’avais également choisi un médecin généraliste (que je connaissais depuis peu mais en qui j’avais confiance) pour le suivi des premiers mois, pensant qu’un médecin de famille serait moins interventionniste. C’était compter sans la suffisance et la malhonnêteté (sous des dehors foncièrement sympathiques) des professionnels qui m’ont « accompagnée », banalisant systématiquement les interventions « proposées » et taisant leurs conséquences les plus problématiques. Plus grave encore, à aucun moment, et sans qu’on puisse invoquer la raison de l’urgence, ces professionnels ne m’ont placée en position de faire des choix et de décider ce qui était préférable pour moi-même et pour mon bébé.
Le médecin était gentil mais focalisé, durant les 15 minutes que duraient les visites, sur la liste des examens à pratiquer, présentés comme incontournables, de routine. Que certains de ces examens soient pour moi source d’inconfort ou de stress inutile n’était pas intégré dans l’équation. La sage-femme qui animait les séances de préparation à l’accouchement était drôle et chaleureuse, dédramatisant beaucoup. J’ai apprécié les rencontres, qui atténuaient un peu mon anxiété croissante, même s’il y avait finalement peu de place pour la discussion. Je n’ai réalisé que plus tard à quel point le contenu des explications qui nous étaient « livrées » était pauvre : une seule séance consacrée à l’accouchement lui-même, et encore a-t-on eu plutôt un exposé (sans aucune distance critique) des protocoles hospitaliers.
À partir du 8e mois, le suivi de ma grossesse a été assuré par un jeune gynécologue-obstétricien de la maternité. Le bébé ayant adopté une position en siège, une version m’a été suggérée, suite à quoi, si le bébé ne bougeait pas et que la radiographie de mon bassin présentait une situation « défavorable », ce serait la césarienne, 2 à 3 semaines avant la date prévue d’accouchement. C’était là l’enchaînement programmé par le médecin, qui n’a mentionné aucune alternative, ni exposé les risques d’une intervention chirurgicale au regard d’un accouchement par voie basse. Je n’ai pas souvenir d’avoir été invitée à donner mon avis. À vrai dire, je n’osais même pas envisager un scénario si contraire à mes attentes. Tout ça me semblait très abstrait.
J’ai soumis la question de la version à la sage-femme, et c’est forte de ses propos rassurants que je me suis présentée au rendez-vous, seule et sans trop d’appréhension, d’autant que le médecin m’avait assuré qu’il « ne s’acharnerait pas ». 4 heures d’attente, à jeun, avant qu’une salle se libère, trois tentatives de version, certes courtes mais très douloureuses, échec, attente pendant 1/2 heure sur le dos (la position la plus pénible qui soit en fin de grossesse) et sanglée pour enregistrer le cœur du bébé et les contractions, au cas où… Je suffoquais, j’étais en colère, j’avais peur qu’on ait fait du mal à mon bébé. Ma confiance était sérieusement entamée, mais à partir de là, tout est allé très vite. Suite à l’examen radio, le médecin m’a annoncé qu’il procéderait à une césarienne : la gorge nouée, j’ai été incapable de poser une seule question. Je me suis sentie seule, piégée. Le cours des événements m’échappait.
J’ai ravalé ma déception, dans mon entourage les gens ont accueilli la nouvelle comme une banalité (au moins je n’aurais pas à endurer les douleurs de l’accouchement !). Je me suis présentée à la maternité le jour J pleine de courage et concentrée sur mon bébé à naître.
Je passe sur les affres d’une intervention chirurgicale majeure (avec tout de même la chance d’avoir eu mon conjoint près de moi et le bébé contre mon sein dès la salle d’opération et dans la salle de réveil) et d’un séjour prolongé à l’hôpital, la douleur physique intense et mal prise en charge, l’épuisement, le manque d’intimité, l’incompétence du personnel (dans un hôpital pourtant labellisé « ami des bébés ») pour m’accompagner dans la mise en route de l’allaitement. L’étendue des dégâts psychologiques (et sans doute physiques, même si on ne saura jamais dans quelle mesure la 1ère césarienne a déterminé la 2e, celle-ci décidée « en urgence ») causés par cette expérience ne m’est véritablement apparue que lors de ma grossesse suivante : profonde culpabilité (de ne pas avoir su réagir, protester, réclamer des explications…), stress et angoisse latents (malgré un suivi personnalisé à 1000 lieues de ce que j’avais connu la 1ère fois), peur phobique de l’hôpital, choc post-traumatique suite à une nouvelle césarienne qui a ravivé de manière dramatique les sentiments négatifs liés à mon « non-accouchement ».
Résonne en moi cette phrase terrible de la sage-femme qui m’avait « préparée » à mon premier accouchement, phrase dont je n’ai mesuré toute la portée que bien plus tard : « Si finalement vous subissez une césarienne, ne venez pas me dire après qu’on vous a volé votre accouchement. L’important, c’est que votre bébé soit en bonne santé. » J’ai deux petites filles magnifiques et en parfaite santé, je savoure ce bonheur chaque jour. Ma tristesse et ma blessure n’en sont pas moins profondes, et personne ne pourra me faire taire à ce sujet.

La naissance de ma grande fille est une naissance sans drame, sans transfert, sans contractions « à l’envers », sans peur de la déchirure (éléments qui ont conduit à ma 2e césarienne). C’est une naissance parfaitement maîtrisée et contrôlée… par l’institution médicale, une naissance dont j’ai été absente, physiquement (pas de travail, pas de sensations, bébé non pas conduit et expulsé par mon corps mais « extrait » par des mains étrangères) et symboliquement (drap tendu entre mon visage et mon ventre, aucune parole de la part des médecins qui opéraient – entre eux ils se sont répandus en bavardages…).
Je ne sais pas si j’ai bien rendu compte de l’intimidation (nourrie et acceptée socialement) que j’ai subie tout au long de ma grossesse jusqu’à la naissance. Pour avoir malheureusement vécu une agression sexuelle lorsque j’étais plus jeune, je peux sans hésitation faire le parallèle : j’ai laissé un tiers porter atteinte à mon intégrité physique et morale sous la menace, implicite ou explicite, de la mort de mon bébé. Un médecin (et ses acolytes), armé de son savoir, m’a privée de parole (cette parole que l’on dénie si ingénument aux femmes en leur assénant « l’important c’est que ton bébé aille bien! ») ; il a contourné mon consentement (obtenir le consentement « éclairé » du patient est pourtant obligatoire avant toute intervention médicale) et fait abstraction de mon désir et de ma capacité de décision.
Je peux le dire aujourd’hui : à travers cette naissance, j’ai subi un viol. J’ai été réduite à rien ou presque, un utérus sur pattes que l’on peut ausculter, triturer, charcuter à sa guise. Pourtant ce ventre a été parfaitement compétent pour porter et nourrir deux petites filles… en étroite relation avec mon cœur et ma tête. La violence (délibérée ou non, et à des degrés divers) est-elle un passage obligé pour devenir mère ? L’intervention médicale garantit-elle de meilleures conditions de naissance ? Les nombreux témoignages ici démontrent que non.

#287 Alexandra – Gironde – Avril 2013

24 Sep

Je m’étais beaucoup renseigné sur l’accouchement. Je voulais un accouchement naturel. Ma sœur et ma belle-sœur avait accouché sans péridurale et m’en avais vendu les avantages.
Je n’étais pas complètement opposé à la péridurale si cela devenait trop dur. Difficile de prévoir l’intensité de la douleur pour un 1er.

J’ai choisi une maternité avec le label « Amis des bébés », j’étais confiante sur le personnel médical de cette maternité.

Le jour J, les contractions ont démarré à 16h30. J’avais déjà eu 2h de contractions régulières et douloureuses la nuit précédente donc je m’enflammais pas trop. Mais je sentais au fond de moi que c’était le moment.
Je voulais rester à domicile quelques heures car je serais plus libre de mes mouvements mais en allant prendre un bain, j’ai « cru » perdre les eaux (maintenant que je sais ce que c’est, je ne me tromperais plus !!) j’ai donc été à la maternite plus vite que prévu, j’y suis arrivé à 21h.

Après examen, on me dit que je n’ai pas perdu les eaux mais que je suis dilatée à 3 et donc que c’est bien pour aujourd’hui. On me dit qu’on va m’installer dans la salle d’accouchement pour pose de la péridurale. J’annonce alors que je veux essayer sans. On me dit OK mais la sage femme veut quand même me poser un monito pendant 30min. Ça a été très dur de supporter les contractions allongée sur le dos sans pouvoir bouger. À la maison, je me mettais sur mon ballon, c’était nickel. J’ai fini les 30 min assise en tailleur car je ne pouvais plus rester allongée. Je demande ensuite à pouvoir sortir de la chambre et me promener un peu. Elle accepte mais me dit de revenir dans 30min !! Je me promène un peu, en fait, je vais dans la voiture avec mon mari pour regarder la fin d’un match de foot !! Vers 23h, je retourne dans la chambre. J’avais demandé un ballon (demande qui l’a un peu surprise) et on m’a donné un ballon taille moyenne alors que je fais 1,77m ! Assise dessus, j’avais les genoux sous le menton ! Si j’avais su, j’aurais ramené le mien.

La sage femme a voulu me refaire un monito, j’ai demandé d’abord à prendre une douche, elle a accepté.

Après la douche, de nouveau monito, les contractions étant de plus en plus douloureuses, il est encore plus difficile à supporter que le précédent.
Après environ 2h, je demande à reprendre une douche (la chaleur me soulage bien). La sage femme n’est pas trop d’accord, elle ne veut pas enlever le monitoring !! J’insiste un peu et elle accepte. Je traine un peu sous la douche, ce qui a tendance à l’énerver un peu.. Après la douche, je me rallonge sur le lit pour le monito, de toute façon, le ballon ne me soulage plus. Les contractions deviennent de plus en plus intenses ! Vers 2h du matin, les contractions sont tellement fortes qu’elles me font vomir et elles s’enchainent toutes les 2 min, pas le temps de récupérer entre deux. Je commence à envisager sérieusement la péridurale. La sage femme me fait un examen. Je dis : si je suis à 8, je tiens jusqu’au bout sinon je la prends. Et…je suis à 7. Je décide donc à contre coeur de prendre la péridurale. La sage femme a l’air soulagé de ma décision (il faut dire que toutes les heures, elle me demandait si j’étais sure de ne pas la vouloir, comme si elle savait d’avance que j’allais finir par la prendre). Elle me dit que l’anesthesiste n’est pas dispo de suite et me propose le gaz hilarant. Je ne connaissais pas mais j’accepte. J’aurais aimé qu’elle m’en parle plus tôt, j’avais pris la décision de prendre la péridurale donc dur psychologiquement de faire marche arrière.
Le gaz fonctionne bien, il me permet de me concentrer de nouveau sur mes contractions et de bien respirer, ce qui me les fait mieux supporter. Mais, au bout de 30min, les vomissements reviennent, presque à chaque contraction.
Au rythme que ça a pris, je me dis que je suis peut-être à 9. Je demande alors un nouvel examen : si je suis à 9, je tiens sinon je prends la péri et bien sûr, je suis qu’à 8..

L’anesthésiste me fait la péri, je demande une dose très très faible, elle me dit que c’est ce qu’elle va faire et que de toute façon, je pourrais doser après avec le bouton. J’attends environ 15min et je ne sens pas vraiment d’améliorations, j’appuie une fois sur le bouton et 10min après, je sens les effets, les contractions sont encore bien présentes mais deviennent supportables. (juste ce que je voulais !) Par contre, conséquences que je n’imaginais pas, cela a ralentit la fréquence des contractions et leur intensité. Avant, je montais à 130 sur le monito et c’était toutes les 2min. Avec la péri, je montais à 100 et toutes les 5min. Et pourtant, j’ai été vite dilaté complètement. Je crois que ça s’accélère à la fin. Si la sage femme m’avait dit ça, j’aurais tenu et pas pris la péri. Ils n’ont pas du tout essayer de me faire tenir mon choix. Avec le recul, je pense maintenant que ça les arrangeait bien car comme ça, ils ont pu me faire attendre longtemps.

Jusque là, mon accouchement est plutot était bien respecté, mise à part les monitoring pas très pratique et pas adapté (en termes de position) quand on ne prend pas la péridurale, et le ballon minuscule qu’on m’a donné.

A 4h du matin, nouvel examen, on me dit que je suis dilaté complétement. Super nouvelle, je me dis que dans l’heure qui vient, je vais avoir mon petit garçon dans les bras.
Mais, la sage-femme me dit qu’il faut maintenant attendre que le bébé descende. Elle me dit qu’on peut attendre 2h maxi. Je tombe de haut, je ne m’attendais pas à ça, tout ce que j’avais lu et vu, les femmes poussaient dès qu’elles était dilaté complétement. La sage-femme nous dit également qu’il y a 4 autres accouchements en même temps..

A ce moment, le temps devient long. A 5h30, la péridurale commence à cesser son effet (je n’avais pas rappuyer depuis la dernière fois, ca fait 2h30, je voulais sentir la poussée). Les contractions sont différentes mais toujours très douloureuses. Je sens mon bebe très bas, j’ai envie de pousser mais me retiens. Mon mari appelle la sage femme, elle arrive au bout de 20min pour me dire que je peux attendre encore un peu. On arrive à 6h, je me dis, c’est bon, les 2h sont écoulés. Ils vont venir. J’attends, 6h30, toujours rien. Je me réinjecte une dose de péri car je suis tres fatigué et commence à avoir peur des manipulations qu’on va me faire pendant la poussée. Je sais que bebe s’annonce « gros », environ 4kgs. Mon mari essaye de voir dans le couloir pourquoi personne ne vient. Il me dit qu’ils sont en plein changement de service.
Finalement, une nouvelle sage femme arrive à 7h30. Je lui demande pourquoi j’ai attendu autant. Elle me dit que c’est noté que je suis dilatée complète depuis 6h donc c’est bon. Je dis que c’était 4h mais elle relève pas et ce n’est pas trop le moment de parlementer..
On m’avait mis sur le côté gauche pour que le bebe descende plus facilement. J’avais tellement attendu qu’il était descendu très bas, je sentais ses cheveux ! Je demande à rester comme ça pour la poussée, elle refuse et me fait remettre sur le dos. Le bebe remonte instantanément ! Tout ce travail pour rien. En position gynécologique, je leur dis que je ne me sens pas a mon aise pour pousser. On me demande d’essayer quand même. Le problème est que, le bebe était resté sur mon côté gauche, il était pas en face ! Il se presentait de coté. J’ai du pousser 5 fois pour juste le faire redescendre au niveau ou il était avant qu’on me remette sur le dos. Je commençais à fatiguer, je n’avais plus de force. À 8h, la sage femme appelle le Gyneco. En le voyant arrivé, je pense épisiotomie et tout ça, j’essaye de pousser une dernière fois de toutes mes forces mais rien à faire.
Sans rien me demander, il prend les spatules et m’écarte le bassin. Depuis mon injection à 6h30 de péridurale, je n’avais pas touché, elle était très légère. Je sentais tout. J’ai donc hurlé quand il m’a écarté le bassin. Ils ont compris à ce moment, que ma péridurale ne faisait plus vraiment effet, l’aide soignante a donc rappuyer sur le bouton plusieurs fois mais il ne pouvait plus attendre que ça fasse effet. Ça a été très dur et très traumatisant. Je sens encore le bruit des spatules contre les os, je ne sais pas si c’était les os de mon bassin ou le crâne de mon bebe. En plus, a chaque « acte » du Gyneco, je me crispais de douleur et je me faisais engueuler parce que, du coup, je ne poussais pas bien. Mes cris ont alerté du monde et j’entendais plein de voix me parler. Je ne les voyais même pas.

Finalement, mon bebe est sorti à 8h31. Avec l’aide des spatules et d’une épisiotomie de 8 points ! Il a mis 1h pour me recoudre.

Yanis : 4,075kgs, 53cm et 37,5cm de périmètre crânien.

A sa sortie, on a posé mon bebe sur mon ventre. J’avais encore très mal, je me sentais ouverte (et je l’étais vraiment). Dans le reflet des lunettes du Gyneco, je voyais plein de sang, il en avait plein sur lui aussi. A ce moment là, j’étais encore choqué de ce qui venait de se passer et j’avais encore très mal. Je ne portais aucune attention à mon fils. La SF l’a repris pour le nettoyer puis nous l’a ramené, je lui ai dit de le passer à mon mari, déjà parce que je l’avais porté 9 mois et qu’il attendait ce moment avec impatience et puis, je ne me sentais pas encore assez bien pour le reprendre.

Après l’expulsion du placenta, le Gyneco m’a fait une anesthésie locale pour me recoudre. La douleur est enfin passé, j’ai retrouvé mes esprits, j’ai pris mon fils contre moi et j’étais bien.

A 9h30, on me remets dans une salle de travail.
1ère tétée : une auxiliaire puer m’aide à le mettre au sein. Il téte quelques minutes. C’est douloureux mais je me dis que c’est normal, c’est le début.
L’auxiliaire puer revient et me propose de le mettre sur l’autre sein. En le manipulant, elle touche mon mamelon qui venait d’être tétée, ça me fait mal. Je dis un petit « aie ». Et là, elle me dit : quoi, vous avez mal ?
Bah oui, un peu.
« C’est qu’il a mal pris le sein, il fallait pas le laisser s’il prenait mal. Maintenant, vous avez une crevasse. C’est fichu, vous allez arrêter, je suppose. »
Je comprend rien, je me dis non hors de question d’arrêter. Je comprenais pas pourquoi elle m’avait laissé seule si c’était compliqué.
Elle essaye de le mettre à l’autre sein mais il ne prends pas.
Pauv´ petit chou, il est KO par l’accouchement, il voulait juste dormir.
Vers midi, on me monte en chambre. Vers 14h, la SF vient me voir et me demande si j’ai fait pipi, je dis non, j’ai pas très envie. Elle me dit qu’il faut y aller, que je ressens pas l’envie mais que ma vessie est pleine. J’essaye d’y aller mais j’ai très mal à la cicatrice si bien que je me cripse. Je n’y arrive pas. Tant pis, je réessaierai plus tard.
Elle revient, je lui dis que j’ai pas réussi. Elle me dit qu’elle va me mettre une sonde urinaire, je ne veux pas, je dis que je vais réessayer, elle me dit non trop tard, je vous l’a pose. Et là, elle me fait affreusement mal. Souffrir pour accoucher, c’est normal mais là, je ne m’étais préparé. J’ai hurlé, j’ai pleuré, je lui ai supplié d’arrêter. Je revivais les souffrances du matin, c’est horrible. Elle termine quand même et me regarde d’un air étonné, « normalement, ça fait pas si mal ». Je lui réponds que j’ai été « charcuter » pendant 1h le matin même pour me recoudre. Cette zone est donc très sensible.
La fois d’après, sachant ce qui m’attendait, j’ai réussi a faire pipi. J’ai trouvé une technique en m’asseyant pas, ça marchait mieux. Je ne mettais pas de poids sur la zone périnéale.
J’aurais vraiment aimé qu’elle me laisse une 2eme chance d’y aller plutôt que de me poser la sonde urinaire comme si j’étais sous anesthésie.

Ensuite, à 16h, elle revient dans la chambre en me disant : « bon, il a tété quand ? »
– vers 10h ce matin
– ça fait 6h, il doit absolument manger, il ne doit pas rester sans manger plus de 6h.
– ah bon, fallait me dire.
Je le réveillé et tente de le mettre au sein. Sur le sein droit, il réussit pas à prendre. On essaye sur le sein gauche, là, il le prend mais la douleur est trop forte, je le repousse. Je crois que mon corps avait eu sa dose de douleur pour la journée. Je ne supportais plus rien.
Bien sur, je me fais engueuler par la SF. Elle me dit qu’elle va devoir le compléter avec du lait artificiel. Elle m’aura laisser que 5 min pour essayer de le mettre au sein.
Je pleurs, je ne veux pas rater mon allaitement. J’appelle ma sœur qui a eu 3 enfants et qui a déjà eu ce genre de problème à la maternité. Elle me dit de ne pas accepter. Mais, au retour de la SF, elle me dit qu’il faut absolument le compléter sinon il va être en hypoglycémie. Elle me propose sinon de lui faire une prise de sang pour voir son taux de glucose.
A l’idée qu’on pique mon bébé, j’accepte le complément. Elle lui donne alors la pipette de lait et me dit : « vous voyez, il avait faim ». Histoire de bien me culpabiliser.

La nuit, de nouveau, le complément. Je n’arrive pas à m’imposer. Je demande un tire-lait mais je crois que je ne le mets pas assez fort car quasiment rien ne sort. Je me dis alors que je n’ai peut être pas assez de lait.

Le lendemain, je demande à Papa de m’acheter des bouts de sein en silicone pour soulager les crevasses. Mais, on me dit que c’est nul, que ça bloque la montée de lait. Ça me fait peur, je n’ose pas les utiliser. Une auxiliaire puer réussit à mettre mon bebe au sein, en appuyant sur sa tête. Je trouve ça un peu brusque mais ça marche et je suis contenté qu’il ne prenne plus de complément.
Mais, il a perdu bcp de poids, un peu plus que les 10% autorisé. On me dit qu’il faut lui redonner du complément. Je refuse catégoriquement. Par contre, on me demande de faire du tire-lait pour stimuler ma montée de lait. En gros, les SF veulent attendre ma montée de lait pour voir s’il reprendra du poids à ce moment là.

Le 3ème jour, j’ai ma montée de lait, ouf ! Mais, il a toujours du mal à téter. Je n’arrive pas seul à le mettre au sein et il n’y a qu’une auxiliaire puer qui y arrive. Elle me pince le sein et fourre la bouge de bebe dedans en appuyant. La technique est tellement brusque et douloureuse que je n’arrive pas à la reproduire moi même. En plus, elle en a marre que je l’appelle tout le temps et le fais de manière de plus en plus violente. Une fois, mon bebe criait et elle l’a étouffé sur mon sein. Ça a été de trop, je ne voulais plus qu’elle vienne. Le soir venu, quand il a faim, j’appelle quelqu’un pour qu’on vienne m’aider. On m’envoie une étudiante qui, malgré sa gentillesse, n’y connaissait rien et disait juste « allez Yanis, tu vas y arriver ». C’est bien gentil mais ça m’aide pas. Et ensuite, on me dit qu’il doit pas avoir vraiment faim sinon il y arriverait. Et on me laisse comme ça. Je commençais vraiment à désespérer. Je voulais rentrer chez moi mais je ne savais pas nourrir mon bebe. J’étais perdu. Voyant mon fils crevé de faim et personne pour m’aider, je dis à mon mari, je vais utiliser les bouts de sein, ça va l’aider. On les lave, les pose et là, miracle, il réussit à prendre le sein direct et il tête pendant plus de 30min. Alléluia ! J’avais réussi.

Le lendemain, toutes les tétées ont été faites ainsi. Les SF voyait ça d’un mauvais œil mais j’étais contenté d’avoir réussi. En fait, mon téton n’était pas assez formé, trop plat donc il n’arrivait pas à le choper.
Le lendemain, soit 4 jours après sa naissance, ils nous laissent sortir malgré que son poids n’était toujours pas remonté.

2 jours après, visite de ma SF à la maison, je lui raconte l’accouchement en pleurs. Pèse du petit : youpi ! Ils commencent enfin à regrossir. Elle n’aime pas trop les bouts de sein mais me dit que c’est pas grave, qu’il faut que j’essaye de les enlever progressivement quand je le sens bien.
Visite 4 jours après, soit 10 jours après sa naissance, il a re-perdu du poids. Il pèse 3,760 pour un poids de naissance de 4,075kgs. Gros stress, je comprends pas. Elle me dit alors qu’il faut que je lui donne la tétée quasiment à chaque fois qu’il est réveillé.
Ah bon, c’est pas toutes les 4h ? Personne ne m’avait rien dit. Je ne comprends pas pourquoi, dans les maternités, tout le monde pense qu’on sait déjà tout, surtout pour l’allaitement !! En fait, mon bebe avait besoin de téter beaucoup. Je pensais que, quand il pleurait entre les tétées, c’était pour autre chose, alors qu’il avait juste faim.
A partir de ce moment là, je l’ai mis au sein dès que je sentais qu’il avait faim et il a de suite pris du poids bien comme il faut. A ses 1 mois, il faisait 4,8kgs.
Aujourd’hui, il a 4 mois et demi, il est toujours allaité exclusivement et pèse un peu plus de 9kgs !! (Moi qui pensait ne pas avoir assez de lait au début !)

Pour conclure :
Sur l’accouchement, comme on dit, maman et bebe vont bien, c’est vrai. Mais j’en garde un souvenir mitigé, le sentiment que ça aurait pu se passer autrement, que j’aurais pu faire mieux. Je pense déjà au prochain, ca ne m’a refroidi, au contraire, j’ai presque hâte d’accoucher une 2ème fois pour ne pas refaire les mêmes erreurs et ne pas me laisser guider autant par le personnel médical. Je sais que je pourrais tenir sans la péri. Ce qui est sur, c’est que je n’irai pas dans cette maternité. J’irai en maison de naissance, je pense que mes choix y seront plus respectées.

Pour la suite de couches, je trouve que pour une maternité « amis des bébés », ils ont failli faire rater mon allaitement. J’ai impression que, concernant l’allaitement, quand ça se passe bien, ils disent rien mais dès que c’est compliqué, ils préfèrent nous proposer le biberon que de nous aider. C’est bien dommage.
Et pour info, pour toutes celles qui, comme moi, ont des bébés qui ont du mal à prendre le sein, j’ai utilisé les bouts de sein jusqu’à 3 mois, jusqu’à ce que lui et moi soyons prêt à les retirer et cela n’a pas gêné ma production de lait.
En tout cas, en suites de couches, le personnel n’a pas été très à l’écoute. Pour l’anecdote, avant l’accouchement, j’avais déjà une forte douleur à l’aine gauche (à priori, cela arrive dans les cas de « gros » bébés car il appuie trop) et après l’accouchement, cette douleur était tel que je ne pouvais plus marcher, je pouvais me hisser avec l’aide d’une table de mon lit à la SDB mais rien de plus. Il m’a fallu 2 semaines pour réussir à porter mon bebe en marchant et 1 mois pour ne plus boiter. Eh bien, la SF ne me croyait pas et le 2ème jour, en apportant le p´tit dej, elle dit à mon mari : « par contre, c’est la dernière fois que je vous l’amène, demain, elle devra se lever et aller à la salle des p´tit dej comme tout le monde ». J’en revenais pas qu’elle ait dit ça mais effectivement, le lendemain, pas de p´tit dej ! Du coup, j’ai dû attendre le repas du midi pour manger !

Bref, voilà mon récit, j’espère que mon prochain accouchement se passera mieux même si je ne suis pas des plus à plaindre.

Naissance de Lilian – mai 2013, Région Centre

25 Août

Le 28 mai au soir, j’ai pris un bain. Depuis plusieurs jours, tous les soirs, il me fallait mon bain, car je faisais beaucoup de « faux travail » comme on dit, et un bain chaud est très efficace pour calmer les contractions utérines. J’étais très attirée par l’eau ces derniers temps, et je ne pouvais malheureusement pas aller à la piscine.
Alors j’appréciais énormément ce moment en tête à tête avec mon bébé et mon corps.
Me voici donc dans mon bain. Et je reparle au bébé, à travers mon ventre. En lui disant qu’il est libre. Libre d’arriver quand il le pourra, et quand il le décidera. Et que je suis prête à l’accueillir, au bout du chemin qu’il devra trouver dans les méandres de mon bassin. Je vais l’aider, au maximum de mes possibilités, pour souffrir avec lui. Je lui promets que je ne le laisserai pas seul dans la tourmente. Et après ce sera super, on se fera un câlin !
Je reste environ 2 h dans ce bain, je fais de la relaxation. Et en sortant de l’eau, tiens donc une contraction ! Mais une contractounette comme je les appelle. C’est-à-dire peu douloureuse, mais je suis surprise qu’elle se manifeste alors que je viens de me relaxer complètement.
On regarde un film avec mon chéri, puis on en entame un autre, car je n’ai vraiment pas envie de dormir. D’habitude à cette heure je dors déjà depuis longtemps. Au bout de 15 min du deuxième film, une contraction, de celles que j’attendais depuis des jours, celle qui te dis : « c’est pour cette nuit », une bien longue et puissante. Il est minuit et demi. Alors je demande à V. de minuter jusqu’à la suivante. : 5 minutes. Mais sur le coup je ne veux pas savoir le rythme. Je cherche à rentrer dans ma bulle avec mon bébé. Je commence à onduler du ventre et à faire des exercices de respiration. Tout en visualisant mon bébé, tête en bas, prêt à sortir. Je dis à V que je sens qu’il faut aller à la maternité tout de suite, le bébé pousse bien sur mon col !
Je gère bien les contractions qui s’enchainent. Mais elles me semblent très rapides. Vincent, finalise déjà le départ à la maternité, avec les dernières affaires à charger. Il appelle les urgences de la maternité pour leur dire qu’on arrive dans une demi-heure. J’entends qu’il dit « contractions espacées de moins de 5 minutes ». Wouahou, ça démarre sur les chapeaux de roue. Je sais déjà que cette délivrance sera très rapide et très intense.
Nous sommes dans la voiture. Il est 1h45. Je mets un cd de musique trip hop, un peu planante. Et je commence à faire du chant prénatal. Des sons bien graves, bien longs, bien forts. Et j’entends Vincent qui chante avec moi. Sa voix très grave me raccroche au sol. Car les vibrations de la voiture en position assise ont tendance à me stresser et à me faire couiner. Non, je reviens à mon bébé, j’imagine que nos deux voix grave sont un flux d’oxygène pour notre bébé, qui m’appuie déjà beaucoup tout en bas.
Nous traversons des bois interminables, avec des risques de croiser du gibier. V. klaxonne pour éloigner les éventuelles biches ou sangliers. Le bois se termine juste avant la maternité… Quand j’y repense maintenant, ils ont du nous entendre arriver : tut tut tut on arrive, tut tut tut on va avoir un bébé !!! C’était comme si Vincent annonçait au monde entier que son bébé allait naître ! tut tut tut !
Nous arrivons à la maternité. V. se présente seul à la sonnette, car je suis terrassée par une contraction et je me sens assez mal. Je reprends mes esprits, et je vois l’auxiliaire arriver à la portière en courant avec un fauteuil, « ca va madame ? le bébé est là ? » « Non, non, il va pas tarder mais je peux marcher » « ouf, vous m’avez fait peur ». Elle me plait cette auxiliaire, elle est rigolote et bienveillante.
Je m’engouffre dans la maternité, et là, la sage-femme de garde arrive avec un grand sourire : eh oui on se connait déjà, elle s’était occupée de moi pour une fausse alerte la semaine passée ! C’est Lydie. Elle me propose comme test : ascenseur ou escalier ? Je choisis les escaliers, car j’ai vraiment besoin de bouger après ce voyage de 30 minutes assise ! Ça fait du bien mais je sens que le bébé est très bas quand même…
On s’installe pour le monitoring, impossible pour moi de rester sur le dos. Je me connecte à cet instant aux millions de femmes à qui on a imposé cette position, eh bien, je ne peux pas rester sur le dos, je les admire toutes ces « anciennes », car la douleur est pour moi intenable. Heureusement on peut faire le monitoring sur le côté. Tout se passe bien pour bébé. On palpe le col : dilaté à 7 cm !!! Il ne me reste que 3 cm à ouvrir avant de pouvoir toucher et embrasser mon bébé !!! La sage-femme me félicite d’avoir pris les escaliers ! Et me dit « on va passer en salle de naissance directement » « ah bon ? le bébé arrive vraiment ? » « oui vous avez déjà bien avancé sans nous ! Voulez-vous un bain ? » Mais bien sûr ! Le bain c’est un cadeau pour mon corps à cet instant ! Alors on se met en marche pour la salle de naissance. J’ai choisi la salle nature. Un endroit pas trop grand, avec des lumières bleues (on peut choisir la couleur rouge vert jaune bleu…) , des gros ballons, deux écharpes pendues au plafond, et un lit immense, de 3 mètres sur 3 je crois. Au milieu trône la baignoire ronde et profonde. L’eau y coule déjà. Je me dépêche d’y entrer dans ce paradis d’eau ! Car je n’ai jamais été autant attirée par l’eau qu’en cette fin de grossesse et cette nuit d’accouchement. Après une heure, la sage-femme me propose de regarder ou en est la dilatation. Le col est ouvert à 9, et nous sommes arrivés depuis à peine une heure trente. C’est très rapide ! Je dis à mon bébé que le passage est ouvert, je me concentre sur sa descente. Les contractions défilent et sont très atténuées grâce à l’eau, et à mon mari qui est là, toujours là; Il me brumise, il me parle un peu, il met de la musique, je continue à chanter, dans mon monde avec le bébé. Et bam une énorme contraction qui me fait hurler « ça pousse ça pousse !!! » La sage-femme arrive et je viens juste de rompre la poche des eaux dans l’eau, ça a fait comme un nuage en forme de champignon… Et moi qui croyais que le bébé arrivait, eh bien non, pas encore… Et mauvaise nouvelle pour moi, il faut sortir de l’eau. C’est très difficile, je me souviens que ce moment a été un tournant dans l’intensité de cet accouchement… Je suis tombée à genou et j’ai fait la majorité du travail à genou ou à quatre pattes. Position idéale pour que mon chéri me masse. Il ne m’a jamais massé aussi fort, ni aussi bien, c’était exactement ce dont j’avais besoin : des grandes mains puissantes qui s’enfoncent dans mon dos, et qui répondent à ces contractions si intenses dans mes reins !
Je sens à un moment que je suis comme écartelée et la sage-femme m’encourage à pousser, mais je n’y arrive pas !!! Je fais des « ho hissss » en chant prénatal, mais ça ne me soulage plus. Alors j’arrête de chanter les deux contractions suivantes… Grosse erreur, la douleur est insupportable, je pense immédiatement à la péridurale (d’ailleurs impossible à ce stade de l’accouchement)!!! Je reprends donc mes sons graves au prochain spasme, et la douleur redescend très vite. Par contre je n’arrive toujours pas à sortir mon bébé. Je sens le monitoring permanent. Je me dis que mon bébé est là tout près, mais rien n’y fait. La sage-femme me dit « allez, il faut vraiment aider ton bébé » « oui je veux l’aider, de tout mon cœur, de tout mon corps », la sage-femme me propose de l’aide, que j’accepte. Alors il va falloir passer de la position à genoux parterre à la position allongée sur le lit, avec mon mari derrière moi, pour que la sage-femme ait accès à la délivrance. Cette position je la tiens deux secondes montre en main ; je me plains et roule sur le côté. Beaucoup plus confortable si je puis dire, alors que ce sont là les contractions les plus fortes. Je sens mon bébé faire le yoyo, car mes poussées ne sont pas assez fortes ! Et ça m’énerve vraiment, je deviens vulgaire et très en colère contre moi-même de ne pas être capable d’aider mon bébé !!! J’entends que la sage femme me parle, mais je ne comprends pas ce qu’elle me dit : la musique est trop forte !!! C’est Amy Whinehouse, choisi dans l’urgence par mon petit mari. Génial, mais là, ça ne m’aide plus ! Vincent baisse le poste… Ah ça va mieux, et je peux faire équipe avec Lydie ! Puis je parle à mon bébé je me souviens lui dire, enfin lui hurler plutôt « allez mon bébé sort !! » Le fait d’extérioriser cette colère permet finalement la sortie de la tête. Puis le corps sort comme sur un toboggan… A ce moment mon mari m’a dit par la suite qu’il a eu besoin de ses deux bras pour pousser contre ma main. C’est inimaginable, la force de cette poussée. Simplement, les corps parlent… Avec en fond le Cd d’Amy Whinehouse…
On me tend mon petit, avec ses grands yeux, je me souviens de son regard et de son cri rauque. C’est un petit garçon ! Je le savais ! On l’appelle Lilian ! Il est grand ! Le papa coupe le cordon puis prends notre fils sur lui car je dois maintenant repousser pour le placenta. Je trouve ça difficile, alors que c’est rien du tout comparé à ce qu’il vient de se passer ! L’auxiliaire note l’heure de naissance : 5h20, le 29 mai. Les filles me disent que mon mari a même poussé avec moi de toutes ses forces ! En fait, il a réussi à se faire sa place dans la bulle, et il a suivi jusqu’au bout !
Lilian crie toujours avec sa voix rauque, et je m’inquiète (déjà !). La puéricultrice m’explique qu’il a dû boire la tasse en sortant et que du coup quelques mucosités le gênent. Elle l’aspire un peu, et Lilian se calme par la suite. Elle me dit aussi qu’il s’est engagé avec une main sous le menton, à la façon d’un penseur ! Je comprends alors pourquoi on doit me recoudre un peu (2 points, ça va) ! Je grelotte, cet instant me parait très long. Je veux juste être au chaud avec mon bébé sur moi… Le papa discute déjà avec lui et avec humour… et je les vois tous les deux, c’est très émouvant, ce sont mes deux hommes à moi.
Les deux heures de peau à peau passent trop vite, je pense à chanter une belle chanson à Lilian pour l’accueillir. Celle que j’ai chantée depuis quelques semaines quand il était encore dans mon ventre. Le papa sort fumer une cigarette, il l’a bien méritée sa pause, car il s’est beaucoup donné dans cet accouchement. Il a pris son rôle au sérieux et m’a accompagnée de la meilleure manière qui soit ! Je le félicite et mon bébé aussi. Je leur dis que je suis très fière d’eux : on l’a fait ! Cet accouchement sans violence, on l’a fait !!! Puis, après la mise au sein très timide de la part de mon bébé, il finit par s’endormir. Contre moi. Bien au chaud, car depuis la sage-femme m’a ramené des couvertures. On remonte ensuite dans la chambre, avec mon bébé contre moi… Je ne le quitte pas, et je n’en reviens pas de le voir enfin. Je t’ai tellement imaginé, et tu es là, tout chaud, tout blotti contre moi. Tu dors paisiblement, et je t’admire sous toutes les coutures. Je n’en reviens pas que tu sois là. Je n’en reviens pas de tout cet amour qui vient de se déverser sur nous trois. Je me sens très forte ; Aucune envie de dormir, de me reposer. Juste envie d’être là, de t’écouter respirer.

Merci à Lilian pour la belle descente qu’il a réalisée en 5h! Merci à V., mon chéri, qui a été ma béquille inestimable pendant cet accouchement. Merci à L la sage-femme passionnée par son métier, M l’auxiliaire puéricultrice, toutes deux pour leur douceur et leur professionnalisme. Merci à Anne, qui m’a appris et guidée dans le chant prénatal en quelques séances magiques. Merci à l’eau et au chant prénatal d’avoir pu m’aider à accompagner Lilian dans cette spirale de sensations fortes.

Naissance d’Eliah – Jura

1 Mar

Chloé, Naissance d’Eliah, Jura (Maternité Amie des Bébés)

Je suis à une semaine du terme de ma seconde grossesse, je suis Maman d’une petite fille de 14 mois. J’ai été plutôt active aujourd’hui et je me sens bien fatiguée ; ma famille vient me rendre visite et m’aider un peu à la maison..

Vers 2oh, ils sont toujours là et des contractions douloureuses surviennent ; les premières.. C’est largement supportable, mais je sens que c’est bien le début du travail.. Alors je préviens mon époux qui est aux champs que ce devrait être pour cette nuit ou demain.. Et ma famille emmène Magdalena qui passera la nuit chez eux, comme ça, si on veut partir, on n’a pas la puce à gérer et pas besoin de la réveiller..

Mon homme part en livraison jusqu’à 22h, et chez moi ça travaille toujours..
Quand il revient, on décide d’aller se coucher et on partira quand je le sens.. Je parviens à m’endormir, enfin à somnoler.. Jusqu’à 1h, là les contractions sont plus douloureuses et fréquentes donc on se lève, douche pour chacun, jambon beurre pour Mam’.. On ne se presse pas trop et on part à 2h..

On arrive à la mat’ vers 2h45.. J’suis ouverte à 2, eh beh c’est pas pour tout de suite !! Pff je me dis que j’aurais dû rester à la maison, m’enfin maintenant qu’on est là… Bref monito pendant 3/4 d’heure, ça contracte toujours toutes les 5 minutes, Bébé va très bien.. La Sage femme est super sympa, elle lit mon Projet de Naissance, tout lui va..

Ensuite je vais faire un ptit tour dans la baignoire, hum un bon bain hyper chaud, je m’y sens bien… et j’y passe le reste de la nuit.. Mon homme lui va en salle de naissance, je demande la verte, c’est celle ou j’ai donné naissance à ma fille, un an auparavant !
Et donc mon homme se repose sur le canapé de la salle de naissance…

Vers 7h15, je rejoins mon époux et demande un ballon ; à 7h30, changement d’équipe donc j’attends la nouvelle sage femme pour le toucher vaginal.. Je ne sais pas où j’en suis mais j’ai pas l’impression que ça ait bien avancé… Petit monito 15 minutes pour suivre le cœur de bébé en attendant, même si j’aime pas le monito, ça sert trop le bide et moi j’aime bien remuer !!..

Vers 8h, je suis à 3,5 cm eh beh, c’est toujours pas pour tout de suite, pas étonnant que les contractions soient peu douloureuses.. Mon homme espère que ce sera pour 10h mais je lui dis que ce sera pas avant midi !…

Bref, je demande un ptit déj’ qu’on m’apporte… Ça fait du bien de manger et, une fois n’est pas coutume, mon chéri me beurre mes tartines !!

Ensuite, je gère mes contractions sur le ballon, une fois assise dessus, une fois accroupie, une fois je me promène ; je tiens pas trop en place quoi..
Ensuite, je demande à retourner au bain, hop là et cette fois mon homme vient près de moi. Je suis bien dans l’eau pour gérer la douleur..

Vers 10h30 je retourne en salle de naissance avec mon époux ; la sage femme m’examine, j’en suis à 7,5-8. A nouveau j’alterne entre ballon et faire les 1oo pas dans la salle..

Vers 11h30 j’ai l’impression que ça n’avance pas trop et ça me saoule donc je discute avec mon homme, je lui dis que je voudrais que ça aille plus vite et on décide de percer la poche des eaux..

On appelle la sage femme et lui demandons son avis ; elle nous dit qu’en effet ça accélère en général le travail, mais pas à coup sûr et aussi que les contractions sont plus fortes ensuite ; j’suis ouverte à 8 et je me sens fatiguée, je veux en finir donc on perce.. Grr liquide teinté…

Bon par contre, du coup faut me laisser le monito pour surveiller le cœur de Bébé ; bref je reste sur la table d’accouchement et me repose un peu entre les contractions… J’agrippe le pied
orsqu’elle passe voir si tout va bien, j’explique à la sage femme que pour ma 1ère j’ai accouché accroupie et que je souhaiterais faire de même et qu’il y avait une sorte de hamac suspendu ; et comme là il n’était pas installé, je demande s’il est possible d’en avoir un.. Elle me dit que oui et installe ça avec mon homme.. Du coup je mets les pieds dedans ! Et je continue d’agripper le porte perf’..

Les contractions sont de plus en plus fortes et douloureuses, normal après la percée de la poche.. Mon homme vient près de moi et je lui tiens les mains quand ça contracte.. La sage femme me proposera du gaz anesthésiant, le protoxyte d’azote ; pour mon 1er accouchement je l’avais refusé, mais là je me sens plus faible… Du coup je tente ce gaz ; la sage femme me dit qu’en général ça convient tout à fait ou pas du tout.. Que l’effet anesthésiant agit quand on inspire, mais se dissipe très vite.. Du coup, quand surviennent les contractions j’inspire et pour sûr, ça me soulage…

Mmhm vers midi – midi 15 viennent (enfin) des envies de pousser… On bipe la sage femme pour qu’elle vienne. J’essaie de ne pas trop pousser car je sens que la tête n’est pas encore là et j’ai envie que Bébé s’engage au max tout seul ; je suis en position assise, à moitié accroupie et puis peu à peu je ne peux pas trop m’en empêcher, je dois pousser, je le sens ! l

Donc je me mets bien accroupie et mets mes bras dans l’espèce de hamac suspendu, je pousse quand ça contracte, mon homme est toujours à côté de moi, j’apprécie trop sa présence ! Je demande à la sage femme si la tête approche, elle regarde et me dis que oui qu’elle est à 5 cm de la sortie.. Ah ça donne du courage ce genre d’annonce ! Alors là, c’est plus la même je veux la faire sortir ma crapouille et je pousse pour de bon ! J’ai l’impression que ça va tout seul.. Je sens que la tête est juste là ! Je dis à mon homme que je souhaite qu’il sorte le bébé.. [Apparte : A mon premier accouchement la tête est sortie dans un hurlement (heu oui..) quand j’ai poussé sans trop y réfléchir et je me suis retrouvée avec la tête de bébé entre les jambes sans trop comprendre ; là je l’ai vraiment vécu de manière magique ! Cœur noir (cartes) ] A la contraction suivante, je fais sortir la tête.. Ah et là je panique un peu : elle est toute grise !! Je demande si elle va bien, on me dit que oui que c’est rien..

Mais ensuite, ça contracte, je pousse mais Bébé ne veut plus sortir, on me dit de m’allonger sur le dos, je m’exécute… La sage femme appuie sur la sonnette pour appeler la puér.. (Et moi je flippe grave) Elle tire sur le bébé pour le faire sortir.. Je demande au moins 1o fois s’il va bien (la relou) la sage femme dit que que oui, mon homme dit ‘tirez pas la tête’ oh la panique.. La sage femme dit à mon homme et à la puér de me lever les jambes.. Fiou ça va hyper vite, mais quelle angoisse !! Elle finit par sortir le Bébé et me le donne de suite..

Je pose mon bébé contre moi, oh mon Dieu, quelle émotion, j’ai eu si peur ! Je demande encore s’il va bien ! Bébé couine, un peu, heureusement tout va très bien, mais on a eu si peur…

Une fois remis de nos émotions, la sage femme nous explique ce qui s’est passé… Son épaule était coincée dans mon bassin, elle devait faire une manip’ pour la décoincer.. Elle a dit à mon homme qu’elle savait que c’était impressionnant mais qu’elle ne tirait pas la tête.. Rho la la ! La flippe !!
Enfin, on la nomme, notre fille d’amour, Éliah Cœur noir (cartes) !!

Je touche le cordon, il a cessé de battre et mon homme le coupe..

Je perds beaucoup de sang donc la sage femme me demande de pousser pour expulser le placenta à la prochaine contraction, ce que je fais.. Le placenta est tout bon, bien entier.. Elle nous explique les différentes parties…
Je ne suis pas déchirée, juste quelques petites éraillures, mais pas besoin de points ! J’en suis bien contente ..

Je continue à perdre beaucoup de sang et la sage femme craint une hémorragie.. On confie Éliah à Papa.. On nettoie tout le sang que je perds et on me demande de faire pipi… Pff j’essaie, la sage femme fait couler l’eau mais pas moyen, j’y arrive paaas… Du coup je suis sondée.. Ce ne me plait pas, mais il le faut..
Ensuite je reprends Éliah ; comme elle tète dans le vide, je l’approche de mon sein et c’est sa première tétée… Cœur noir (cartes)

La sage femme s’en va.. On est en famille un ptit coup mais mon homme doit partir.. Il doit travailler mais j’ai envie qu’il reste… Snif.. Du coup je reste seule avec mon bébé en peau à peau, pendant deux heures… C’est du bonheur !!

Ensuite, Éliah est pesée, 3kg72o, habillée.. Moi, j’ai encore perdu énormément de sang…
Pour aller dans ma chambre, on me propose le fauteuil que j’accepte sans hésitation.. Et finalement, je m’y assois et je tombe dans les pommes.. Chute de tension.. Donc on me remets sur le lit, on me lève les jambes, fiou, ça fait bizarre ! Et du coup j’irai dans ma chambre en brancard..

Je me sens hyper fatiguée et ne bouge pas du lit.. Je ne me sens pas du tout capable de changer mon bébé.. Ça m’attriste mais je me dis que l’essentiel est de me reposer pour être vite en forme.. La nuit, j’appelle qqn, pour essayer de me lever et d’aller au toilettes.. J’y parviens, en laissant la porte ouverte au cas où, puis quand je me lave les mains.. Je dis « ouh ça tourne là » et je tombe à nouveau dans les pommes…

Le lendemain on me fera une prise de sang, dont le verdict sera une grosse anémie en fer… Je ne donnerai pas son 1er bain moi même à Éliah, ce qui m’attriste et je ne la changerai pour la 1ère fois qu’en soirée…
Ensuite ça ira de mieux en mieux chaque jour : je me suis reposée au max et j’ai pu sortir au bout de 4 jours.

L’allaitement s’est mis en place très facilement et les sages femmes m’ont même dit que j’en savait bien autant qu’elles, ayant allaité ma première fille presque un an ; et une auxilière puéricultrice a vu mes couches lavable et m’a demandé comment cela fonctionnait car l’hopital prévoyait de s’équiper prochainement. Un personnel, qui comme lors de mon 1er accouchement était tout à fait respectueux.
La sage femme qui était en salle de naissance est même passée me voir dans ma chambre, ce qui m’a vraiment touchée.

Naissance de Magdalena:
https://moncorpsmonbebemonaccouchement.wordpress.com/2013/03/01/naissance-de-magdalena-2009-jura/

La naissance d’Anwen, dans le Jura

23 Fév

Le 23 juillet, journée calme pas trop le moral, j’attends ma puce, il fait chaud.
On se couche je rêve que j’ai des contractions, enfin je pense que j’en avais vraiment mais je dormais du coup je croyais que c’était dans mes rêves, 4h matt se réveille, il a fait pipi au lit il a pas voulu de couche la veille, on le change, je parle de mes rêves à jo il me dit qu’il en a rêvé aussi, on se recouche et 1 contraction, bon c’est une coïncidence, et 2 puis 3 je demande l’heure a jo je pensais qu’une heure s’était passée et non il est 4h30.
Je décide de me lever prendre du spasfon et une douche voir si ça passe, avant la douche ça s’intensifie j’appelle jo, il prépare le petit dej pendant que je me douche.
Contraction toute les 5 min mais on prend le temps on déjeune, on lève matt et vers 6h on l’amène à sa mamie, on lui dit que sa soeur va arriver, moi je cache ma douleur je veux pas qu’il ait peur.
On part pour la maternité on a une bonne heure de route je gère les contractions avec mon sifflet tout se passe bien, on approche mais les contractions s’espacent….
On arrive, une sage femme arrive elle nous dit que c’est le changement de garde qu’on doit attendre un peu, pas de souci je souffre peu.

Une autre sage femme arrive et la grand sourire c’est celle qui m’a reçue quand j’ai été hospitalisée je suis contente que ça soit elle, elle me demande si je veux une péri je dis non, et après ça elle ne me sera jamais re proposée.

Elle me demande de choisir ma salle de naissance. J’en choisis une orange avec un beau paysage au mur.
Je me sens bien dans cette atmosphère, elle m’examine et me pose le monito j’en suis à 3 cm, bof, mais le travail a commencé.

Je reste 1h sous monito, après elle me libère et me dit que je peux aller au bain ou marcher on va marcher il fait encore pas trop chaud je suis bien au soleil, je lézarde !

On remonte pour qu’elle me remette le monito une demi heure environ, pendant ce temps je vais sur le ballon ou à 4 pattes je fais un peu ce que je veux, bébé va bien mais le monito capte mal les contractions. Avec jo on rit bien j’ai le sourire, il me raconte des blagues et on parle d’homme préhistorique !! il est 11h je vais prendre un bain ! Le bonheur ! J’ai pas pris de bain depuis si longtemps, je me détends je ne sens quasi plus les contractions, j’y reste une heure.
On retourne en salle de naissance, on prend les dernières photos du bidon, et on se met dans le canapé, ouhhhh, je fais aie aie aie aie, jo se fiche de moi mais là je ne ris plus la douleur est bien là !
La sage femme revient et me réexamine j’en suis à 5 seulement mais le bain a bien aidé le col est tonique, remonito je vais sur le ballon, je commence à avoir mal mais je gère bien avec le souffle et mon sifflet.

Vers 13h 13h30, j’en suis à 7, elle me propose de me poser la voie d’entrée pour l’ocytocine je tourne de l’oeil et là le calvaire commence je ne gère plus, je crie à chaque contraction, la douleur est de plus en plus forte, je suis sur le ballon suspendue à l’écharpe, j’ai mal jo est près de moi, je vois à sa tête qu’il souffre de me voir souffrir mais je suis ailleurs, à chaque contraction je me dis que je vais pas y arriver mais entre chaque je me redonne du courage.

Je pense à Matt et à ma puce qui va arriver.

Au bout d’un moment une autre sage femme vient elle me dit que c’est elle qui va s’occuper de la petite quand elle naîtra elle est aussi très sympa et reste plus vers nous. Ma sage femme revient, j’en peux plus elle me demande comment je veux accoucher je sais pas, je sais plus, j’ai peur d’accoucher sur le ballon c’est con mais bon, je me mets accroupie sur la table, avec jo derrière moi, j’ai toujours horriblement mal, on attend.

Elle revient m’examiner j’en suis à 9 la puce est pas descendue mais elle me dit qu’elle pourrait passer elle me propose de pousser pour voir si elle descend, elle descend !

La poche des eaux se rompt. La sage femme me dit qu’une dame l’attend qu’elle revient, l’autre sage femme (qui a le rôle de l’auxiliaire puéricultrice) me dit de pousser quand je le souhaite, mais ma sage femme revient pas et la puce, elle, elle arrive !
Du coup on me dit d’arrêter de pousser mais je peux pas, la sage femme revient enfin elle enfile ses gants me dit d’arrêter de pousser (pour mon périnée) mais c’est plus fort que moi je hurle que j’ai mal et que je peux pas arrêter, tous ça en quelques secondes et elle était là enfin, elle hurle, ma fille est là je réalise pas je suis ailleurs. J’ai pas de déchirure ni rien. On nous propose de voir le placenta, on dit oui elle nous explique et nous propose même de le garder mais non on ne voit pas quoi en
faire.
On découvre la puce, 2h environ de peau à peau rien que tous les 3, puis la sage femme s’occupe de moi, mon homme s’occupe de la puce avec la seconde sage femme, j’ai vite pu les rejoindre (c’était dans la même salle mais j’ai pu aller voir). Et on est allés en chambre moi en marchant un réel bonheur !
Voilà a refaire;)

#100 Aurélie, Gironde, Octobre 2009

14 Fév

C’est l’histoire terriblement commune d’une maman qui tomba enceinte.

Quand la petite bande rose s’était affichée, son cœur avait pourtant palpité, déjà plein de cette aventure que devait être cette rencontre vers une autre vie portée en son sein pendant 9 mois. Il y a un petit bout en moi, pensait-elle, prenant conscience qu’un petit miracle était en train de s’opérer dans son corps, qu’un jour elle serait maman.

La famille fut en fête, les amis furent en joie. Elle, se sentait transportée par cette étape de sa vie ! C’est toute émue qu’elle se rendit au cabinet de son gynécologue habituel pour constater la grossesse. Ce vieil homme avait toujours été taciturne, l’annonce de l’événement ne le rendit pas plus loquace. Il proposa une échographie pour voir si l’embryon était visible, la pesa, lui délivra une ordonnance de prises de sang. Elle sentit en elle comme une déception en sortant de chez lui… C’était seulement « ça » le suivi de la grossesse ?

C’est ainsi que la magie de l’attente de son premier enfant se transforma bien vite en une routine parfaitement rythmée et cadrée par les consultations gynécologiques et les attentes au laboratoire d’analyses. Elle savait qu’en elle, poussait un petit d’homme, et pourtant il y avait comme un voile opaque sur cette vérité. Sa grossesse, c’était le monde médical qui la faisait aller. On lui disait si ça allait bien ou pas, ce qu’il fallait faire, ne pas faire.

On l’auscultait, on lui mettait des doigts dans le vagin, on mesurait son utérus, on la pesait, on l’incitait à prendre du poids quand elle n’en prenait pas, on la réprimandait quand elle avait pris plus d’un kilogramme en un mois, on disait « tout est bon » ou « tout est normal ». Elle ne s’en plaignait pas, mais il manquait quelque chose, qu’elle fut incapable de décrire à ce moment-là…

Les relations avec son gynécologue, à qui elle n’avait jamais rien reproché auparavant, commencèrent à lui peser. Il ne l’écoutait pas, il avait apparemment envie de lui parler d’une grossesse, avec ces termes techniques, comme une machine qu’il faut bien huiler pour qu’elle roule. Mais elle, elle voulait qu’il lui parle de SA grossesse, de SON bébé, de ce qu’elle ressentait au fond de son cœur de future maman en gestation… Mais il se contentait de constater, vérifier, s’assurer.

Elle se souvient encore de la façon parfois très impolie avec laquelle il la traitait.

Un peu avant l’échographie des 22 semaines, elle ressentait des mouvements en elle, elle s’était empressée de lui raconter qu’elle sentait son bébé bouger ! La réponse n’eut rien de magique et fut même très éloignée de toute émotion : c’est rare qu’on sente un bébé à votre stade, ce n’est sûrement pas de cela qu’il s’agit ! Quelle tristesse l’avait envahie à ce moment-là : ainsi donc, son ressenti de maman était faux… Quelle désillusion… Quelle perte de confiance en elle… Mais qu’elle ne fut son émotion quand, quelques semaines plus tard, l’échographie fit coïncider les petites sensations de bulles qui éclatent avec des mouvements du petit être qui remuait sur l’écran ! Cela l’avait remplie d’une joie et d’une fierté infinie : elle SAVAIT que c’était son bébé qu’elle sentait !

C’est à cette même échographie qu’elle et son compagnon attendirent qu’on leur révèle le sexe de l’enfant. Le gynécologue faisait ses mesures en silence, elle n’osait pas le déranger ni lui poser de questions. Une notice en salle d’attente exposait d’ailleurs très clairement qu’il fallait respecter le silence du praticien dans cette tâche, que l’échographie était un examen qui requerrait tout son attention et qu’il donnerait ses conclusions au moment opportun. Il se contentait donc d’évoquer les parties qu’il mesurait et vérifiait. Quelque part, elle s’en foutait un peu de rester silencieuse, regarder l’ombre de son bébé suffisait à la combler d’un bonheur immense ! Elle attendit pour l’annonce du sexe que le gynécologue se prononce, jusqu’à ce qu’il éteigne son appareil en déclarant que tout allait bien. Son compagnon et elle-même se dévisagèrent, parfaitement surpris. Elle osa quand même un fébrile : « et… pour le sexe ? ». Le médecin la regarda étrangement en répondant par une autre question : je ne vous l’avais pas dit à l’écho précédente ??? Ca m’étonne… Bien sûr que non, il ne lui avait rien annoncé, il lui avait même déclaré qu’on ne pouvait se prononcer à ce stade-là ! Elle ne lui poserait pas la question si elle le savait enfin, pensa-t-elle. Le gynécologue prit un air songeur, plongea la tête dans le dossier de la jeune femme en murmurant « c’est bizarre, je croyais vous l’avoir dit… ». Il tourna alors le dos aux futurs parents, sortant de la cabine d’échographie, et avec la voix la plus monocorde et la moins enthousiaste qu’elle n’avait jamais entendue, il annonça, entre deux portes : « c’est un garçon ». La femme et son compagnon étaient restés à se regarder, cloués sur place dans une attitude des plus dubitatives. Elle demanda même confirmation au gynécologue, lui demanda s’il était sûr de lui, osa lui faire remarquer la manière peu réjouissante avec laquelle il lui avait fait l’annonce. « C’est parce que j’étais sûr de vous l’avoir déjà dit » répéta-t-il.

Ainsi continua la grossesse, dans son ballet de consultations, de piqûres et de pipis dans un bocal. La grossesse se déroulait parfaitement bien, sans aucune complication. Elle avait de plus en plus le sentiment de vivre quelque chose de banal, de commun. Banal oui, c’était le mot. Ce n’était pas vraiment sa grossesse, c’était celle des examens, dont elle attendait les résultats pour savoir si tout se passait bien, mais au final jamais elle n’avait l’impression de s’approprier ce temps inédit dans sa vie. A quoi servaient tous ces examens qu’on lui faisait ? Elle ne le savait pas toujours. Etait-elle au courant que la majorité de ces examens n’étaient pas obligatoires ? Etait-elle au courant qu’elle aurait pu être suivie par une sage-femme ? Pas le moins du monde. Tout lui était présenté comme formant partie d’une mécanique bien en place, imperturbable et puissante.

Elle croisa quand même dans ce parcours une sage-femme dont la grandeur d’âme et l’altruisme la touchèrent droit au cœur. Elle commença alors à comprendre qu’il existait des spécialistes de la grossesse « différents », qui mettaient au cœur de leur suivi la Femme dans la splendeur et le miracle de ce qu’elle vivait ! Des personnes humaines, qui lui demandaient l’autorisation de pouvoir examiner son intimité. Des personnes qui savaient écouter les doutes et les douleurs, qui lui dédiaient plus de 5 minutes de consultations, qui la rendaient enfin actrice de sa grossesse. Elle n’oubliera jamais cette rencontre…

Arriva le temps de l’accouchement. Accoucher… Voilà quelque chose qui ne pouvait pas être banal ! La grande inconnue de cet événement le rendait à la fois excitant et effrayant. C’était le moment ultime, unique, qui allait la conduire à la rencontre de son bébé ! Ca ne pouvait être qu’un moment exceptionnel ! Et il le fut. Mais peut-être pas toujours au sens où elle l’avait imaginé.

Elle se rendit à l’hôpital le plus proche de chez elle un soir d’octobre 2009, elle avait rompu la poche des eaux. Il s’agissait d’un établissement au label « Ami des bébés » et elle avait eu un très bon contact avec le personnel des lieux lors d’une visite ultérieure. Elle fut accueillie par une chaleureuse et douce dame. On proposa à la jeune femme et son compagnon d’aller se reposer en chambre tant que le travail ne se serait pas mis en route.

Ce fut le lendemain à 6h30 qu’une douleur l’éveilla. Tout de suite puissante, tout de suite déstabilisante. Les douleurs se répétèrent toutes les 15 minutes pendant une heure et elle appela le personnel. « Il faut plus d’une heure de contractions pour annoncer que c’est le travail madame ! » lui annonce la sage-femme qui répond à sa requête. Perdue et un peu apeurée, ne sachant comment gérer cette douleur qui la mordait intérieurement, elle se retrouva de nouveau seule dans la chambre avec son compagnon. Tous les deux se sentaient parfaitement impuissants à gérer ces phénomènes qui se rapprochaient de plus en plus. Elle avait besoin d’aide, elle appelait les sages-femmes mais on lui répondit plusieurs fois : c’est l’heure des transmissions madame, quand quelqu’un sera disponible on viendra. Ce n’était pas dit méchamment, des voix douces et bienveillantes répondaient, mais combien elle se sentait seule face à ces réponses… Elle ne demandait pas grand chose, quelque chose qui calme la douleur, un spasfon, rien de plus… Mais aux deux ou trois appels, la réponse fut la même.

Deux ou trois heures après le début des contractions, arriva une jeune femme dans sa chambre qui se présenta comme une élève sage-femme. Elle venait lui annoncer qu’on allait venir la chercher pour aller en salle de travail et lui proposa de prendre une douche chaude en attendant. Enfin une personne qui venait juste lui montrer qu’on allait prendre soin d’elle ! Elle se sentit un peu plus sereine. Mais l’épisode de la douche continua de la perturber, rien n’apaisait sa douleur, rien ne calmait sa peur, son compagnon à ses côtés ne trouvait rien pour la tranquilliser, elle se sentait terriblement seule, terriblement mal ! Un feu intérieur consumait son corps, une douleur inconnue, insurmontable, incompréhensible. Et dans cette chambre, elle faisait les cents pas, attendant qu’on lui vienne en aide… Les contractions la forcèrent à vomir, ses membres épuisés ne la portaient plus, elle était à bout de forces, quand ENFIN la jeune étudiante ainsi qu’une sage-femme plus vieille arrivèrent pour l’emmener en salle de travail.

Le travail était déjà bien lancé. En arrivant en salle de travail, on lui fit un toucher vaginal, sans lui en demander la permission bien sûr. Elle était dilatée à 4-5, la sage-femme essaya de la rassurer en lui expliquant que la douleur des contractions ne devrait pas s’intensifier. Mais il était trop tard pour la jeune femme, la solitude et l’impuissance face aux douleurs ressenties avaient eu raison de tous ses espoirs d’accouchements sans péridurale : elle réclama l’anesthésiste. La sage-femme préparait la salle, la future maman restait allongée sur le côté à encaisser les effroyables douleurs qui l’envahissaient. Une vingtaine de minutes après leur arrivée en salle, la sage-femme procéda de nouveau à une vérification du col, toujours sans aucune question ou demande de permission. En même temps, qu’aurait répondu la jeune femme ? Elle n’aurait pu dire que « oui », comme elle pensait que tout cela était bien normal et que c’était à EUX, les membres du personnel médical, de lui dire comment ça se passait pour elle ! Et oui, c’était logique dans son esprit à ce moment-là de sa vie… Dépossédée. Toujours dépossédée.

Elle était dilatée à 9, plus le temps d’une péridurale pour elle. La sage-femme lui annonça cela sur un ton enjoué. Elle aurait voulu mourir en entendant cette nouvelle ! Elle ne comprenait même pas pourquoi la sage-femme se réjouissait en clamant « votre bébé sera bientôt là », il était évident pour elle qu’elle mourrait avant de le voir ce bébé… Avec le recul, cette femme prend conscience du manque de compréhension que la sage-femme avait pour elle, un manque d’empathie et de compassion flagrant. Pour autant, elle n’en était pas moins bienveillante, sa main posée sur le front de la parturiente déboussolée, sa voix douce et posée au creux de son oreille. Mais était-ce ce dont la jeune femme aurait eu besoin, dans ce moment de désarroi et d’angoisse totale ?

Son corps commençait à s’étirer étrangement et une envie de pousser la submergeait à présent à chaque contraction. La sage-femme était prête pour passer à l’expulsion. La femme commença à pousser en soufflant comme elle l’avait vu avec la sage-femme qui l’avait suivi pendant les cours de préparation à l’accouchement, un souffle long et venant de l’abdomen, tout en essayant de garder en tête l’image de son bébé qui descend. Elle avait enfin le sentiment de reprendre ses esprits et d’avoir entre ses mains la possibilité de gérer la fin de l’accouchement comme elle le sentait. Mais au bout de deux poussées de cette manière, la sage-femme l’arrêta brutalement en déclarant que « ça ne fonctionne pas ! » et lui ordonna de « bloquer, pousser » sur la prochaine contraction. La jeune femme s’exécuta le plus servilement du monde. Parfois elle prévenait la sage-femme que son corps poussait, son interlocutrice lui répondait : non, ce n’est pas le moment, ne poussez pas maintenant !!! Il lui semble bien qu’elle lui répéta cela plusieurs fois en attendant le gynécologue. Et oui, la sage-femme l’avait appelé pour aider le bébé à sortir. Et son corps poussait, poussait, comme pour sortir son enfant, mais on lui répétait de ne pas pousser, qu’il fallait attendre l’obstétricien.

Ce fut avec grand fracas que cet homme entra dans la salle : « Mais enfin, ça va pas la tête de m’appeler sur le fixe, appelez-moi sur mon portable, et si je n’avais pas été dans mon bureau à ce moment-là vous auriez fait comment ??? ». La femme se demanda si elle n’hallucinait pas ! Comment ce mec pouvait à ce point manquer de respect aux personnes présentes dans cette salle !!! Il manquait de respect non seulement à la sage-femme qui l’avait appelé, mais aussi à elle, elle qui était en train d’accoucher et qui souffrait terriblement !!! Tout devient alors presque cauchemardesque, surréaliste, digne d’une sorte de comédie loufoque, mais qui n’aurait fait rire personne… Dans une pure démonstration de supériorité, le médecin passa son temps à rabaisser les deux sages-femmes et l’auxiliaire puéricultrice qui nous entouraient. La jeune femme, à l’agonie, pleurait intérieurement de voir la tournure que prenaient les événements. Le gynécologue se planta entre ses jambes et la prévint qu’il allait faire un forceps. Personne ne la prévint de l’épisiotomie qu’il pratiquerait au même moment. Et le gynécologue qui ordonna en même temps : « Poussez madame ! » La femme s’était subitement redressée en hurlant de toutes ses forces quand il pratiqua son acte, un cri de douleur mêlé à un torrent de larmes de désespoir. Mais pourquoi lui faisait-on subir tout cela ??? Pourquoi devait-elle souffrir autant ??? Une seconde ou deux, interminables, où elle aurait voulu mourir ! C’en était trop…

« Mais arrêtez de crier madame !!! Poussez !!! » continua à ordonner l’obstétricien.

Je ne peux pas !!! hurla-t-elle en sanglots.

Mais si, allez, poussez !!!

Pourquoi lui parler ainsi, avec autant de désobligeance, de suffisance, de supériorité, et sans la moindre compassion dans le son de la voix ??? Ne se rendait-il pas compte de ce qu’elle était en train de vivre ??? Elle se sentit se remplir de haine ! Peut-être pour de ne plus subir ces remarques des plus déplacées, peut-être pour en finir avec toutes ces douleurs qui l’irradiaient, en tous cas pas pour obéir au crétin qui campait entre ses jambes, elle réunit une énergie phénoménale dans tout son corps et poussa avec la force du désespoir pour que cette mise en scène grotesque cesse au plus vite. Elle poussa fort, avec rage, son compagnon la regarda devenir rouge, puis violette. Il se sentit partir et réclama un tabouret pour s’asseoir. L’étudiante sage-femme lui rapprocha au plus vite le siège. Mais en même temps qu’il accueillait la tête du bébé, le gynécologue se mit de nouveau en colère et fit un scandale auprès de la jeune fille qui tentait d’aider le futur papa, en la traitant d’inconsciente, que le monsieur allait tomber du tabouret, qu’il faudrait le recoudre après, que ça allait encore être pour sa pomme, qu’il fallait l’allonger au sol en lui mettant les pieds en hauteur !!! L’étudiante et le mari s’exécutèrent sans comprendre… C’est ainsi que la femme sortit de son corps son bébé sans la présence de son compagnon à ses côtés.

Une fois son bébé hors de son corps, envahie par un soulagement intense et un amour déjà infini, ses mains se dirigèrent irrésistiblement à lui et elle le prit dans ses bras. Son bébé, son petit bébé d’amour, elle avait eu la capacité de le mettre au monde, elle, et ça lui prodiguait une fierté immense ! Elle chercha du regard son compagnon, toujours allongé par terre, lui demanda s’il se sentait bien. La voix du crétin résonna à son oreille « Madame ! Madaaame ! Vous voulez coupez le cordon ? »

Tout allait trop vite pour elle, elle était surprise de la requête du gynécologue, qui a présent lui tendait une paire de ciseaux, elle pensa bien sûr à son cher et tendre qui aimerait tant le faire lui-même, mais dans l’ambiance surréaliste de cette salle d’accouchement plus rien n’avait de sens. Elle coupa le cordon.

Son compagnon avait enfin eu le droit de se redresser, à présent ils admiraient ensemble leur petite merveille qui venait de naître. Mais l’auxiliaire puéricultrice le prit et l’emmena dans une salle à côté. On leur dit rien des soins que le petit reçut.

La jeune maman dut demander combien il pesait et l’heure exacte de sa naissance, car personne ne jugeait apparemment bon de le lui dire…

En attendant, l’expulsion se fit, assez simplement, mais dans l’immédiat. Entre temps, son fils lui avait été rendu, emmailloté dans la couverture qu’elle avait choisie, un bonnet provenant de l’hôpital vissé sur la tête, le front et les yeux d’une teinte orangée, dont elle ne reçut aucune explication, et sur laquelle elle ne posa aucune question, malgré son étonnement.

Puis il fallut s’atteler à recoudre l’épisiotomie. Le médecin prit la peine d’expliquer qu’il allait lui faire une petite piqûre d’anesthésiant au niveau de la vulve. Au bout de quelques minutes, il lui demanda si elle sentait lorsqu’il la touchait. Il appuyait grossièrement avec ses doigts à un endroit précis et elle lui répondit en toute sincérité qu’elle n’avait pas forcément mal sur ce point, mais que c’était très sensible et qu’elle avait un peu mal partout en fait. L’homme redevint désagréable :

* Non, vous ne pouvez pas avoir mal, je vous ai injecté un anesthésiant ! Alors dites-moi seulement si vous sentez !

* Ben j’ai mal partout… Alors oui je sens quand vous touchez.

* Non, je vous le répète, vous ne pouvez pas avoir mal !

« Allez, c’est ça, t’as raison, j’ai pas mal, tu sais sûrement mieux que moi ce que je ressens !!! » pensa-t-elle, fatiguée du comportement de ce gynécologue imbus de sa personne. Pour qu’il la laisse tranquille, elle répondit qu’elle n’avait pas mal. Plus vite ça sera fini, mieux ça vaudra pour elle ! Et puis, elle avait tellement envie qu’il se taise, elle ne pensait plus qu’à dévorer des yeux son bébé et à regarder son compagnon les yeux pleins d’amour. Ils refaisaient peu à peu le déroulement de la naissance, il la félicita, lui avoua comme il avait trouvé ça dur pour elle, et elle répéta à quel point elle était étonnée et fière d’y être arrivée ! Et l’imbécile de gynécologue les perturba une fois de plus : « Oui je le dis toujours, nous les hommes ne pouvons imaginer à quel point c’est douloureux pour une femme d’accoucher, et blablablablabla ». Elle ne l’écoutait plus, elle croit bien que son compagnon aussi ne l’écoutait plus. Ils n’étaient plus que trois sur leur planète de rêve !

Une fois l’obstétricien parti, les sages-femmes et l’auxiliaire de puériculture se firent les plus discrètes possible pour les laisser savourer les premières heures de vie de leur nouveau né. Mais la jeune maman ne put que s’attrister des larmes de l’étudiante qui relâchait la pression après s’être faite traitée comme une moins que rien par son supérieur… Il n’y a pas que les parents qui sont maltraités dans les services de maternité.

Elle resta trois jours. Trois jours au cours desquels des soins furent pratiqués sur son petit toujours en son absence. On ne lui proposa jamais d’accompagner son bébé.

Au niveau de l’allaitement, elle fut épaulée à merveille, on l’aida même à pratiquer le co-dodo en toute sécurité.

Le gynécologue de garde se comporta comme un goujat lui aussi, débarquant dans sa chambre aux aurores, allumant toutes les lumières de la pièce plongée dans le noir, alors qu’elle et le petit dormait, et en parlant tellement fort qu’on entendait tout ce qu’il disait dans les chambres voisines !

Et lorsqu’elle rentra chez elle, elle avait l’énorme chance de pouvoir compter sur la sage-femme qui l’avait suivie pour la préparation à la naissance, ce qui lui permis de surmonter assez rapidement quelques ennuis.

Cette maman dont je parle, c’est moi.

Me remémorer tout cela fait remonter beaucoup de colère et d’incompréhension. Mais je ne peux nier que cette expérience a forgé une force en moi. Car après cela, je me suis beaucoup renseignée et j’ai compris que j’avais vécu beaucoup de choses que je n’aurais pas dû vivre. J’ai compris à quel point il manque un vrai point de vue humain dans le suivi de la naissance et la grossesse !

Ainsi, l’histoire se termine bien : la maman retombera enceinte et donnera naissance à un second petit garçon dans l’intimité de son foyer, enveloppée dans un sentiment de sécurité beaucoup plus profond, et dans la grande confiance de ce pouvoir de femme que la Nature lui a confié.

Julie, Paris, Juillet 2012. Accouchement respecté dans une maternité « Amie des bébés »

10 Fév

Bientôt 7 mois qu’elle est arrivée ma petite crevette. Et souvent, en m’endormant je repense à ce jour de Juillet 2012 où elle est venue au monde.

C’est un merveilleux souvenir, les heures les plus intenses de toute ma vie. Un de ces moments où l’on se sent «vivant».

Beau, puissant, violent, transcendant.

Le plus beau moment de ma vie évidement car j’ai donné naissance à mon premier enfant, que je suis devenue mère, que je me suis enfin trouvée. Le plus beau aussi car j’ai la fierté d’être allée, encouragée et accompagnée par mon compagnon, au bout de mon projet : accoucher sans péridurale.

En France en 2012, prendre la péridurale n’est pas un choix, c’est une normalité. Choisir de ne pas la prendre c’est être une extraterrestre.

Mener à bien ce projet ne pouvait donc se faire qu’à certaines conditions : être très bien préparée, être soutenue et comprise par mon conjoint et bien évidement accoucher dans une maternité où ce projet serait respecté et encouragé.

Pour le conjoint, pas de problème. Le cheminement que j’ai fait au sujet de la péridurale il l’a suivi, compris et encouragé. Il a toujours été très impliqué dans notre couple, dans la gestion du quotidien et naturellement dans la grossesse.

Je lui ai quand même mis pas mal la pression, car j’avais la conviction qu’il aurait un grand rôle à jouer dans cet accouchement.

La préparation, elle, a été multiple.

Les cours d’accouchement à la maternité, bien évidemment, mais pas franchement transcendant.

Les livres, Isabelle Brabant « Vivre sa grossesse et son accouchement » bien évidemment, LE LIVRE à lire pendant sa grossesse. Et aussi « J’accouche bientôt . Que faire de la douleur » de Maïtie Trélaün.

Et puis également des cours de préparation avec une sage-femme libérale qui faisait de la sophrologie. Ces cours ont été très importants pour moi. Nous avons également eu une séance avec mon conjoint où la sage-femme lui a montré pleins de trucs pour m’aider et me soulager pendant l’accouchement, ça nous a énormément servit !

Il y a eu aussi haptonomie, ostéopathie, acupuncture et homéopathie 🙂

La maternité que j’ai choisie a le label « hôpital ami des bébés ». Elle est connue pour respecter les mamans et leurs bébés, les césariennes et les épisiotomies y sont bien moins nombreuse qu’ailleurs. Je savais que mon projet de naissance y serait respecté et encouragé.

Me voilà donc au début du huitième mois de grossesse, avec l’impression d’être aussi prête qu’on peut l’être et l’envie d’en découdre !

J’ai dit à la sage-femme que je me sentais comme un boxeur avant un match. Elle a trouvé l’analogie un peu bizarre mais c’était pourtant ça.

Je n’allais pas me battre contre mon corps ou mon bébé mais contre la peur, le découragement et la facilité.

J’avais tous les outils, j’étais prête et j’avais hâte de m’y confronter à cette douleur !

Il a fallu que je patiente ! J’étais persuadée que mon bébé naîtrait en avance, ce ne fut pas le cas !

Une semaine avant le terme, mon col était toujours fermé. Là j’ai commencé à tourner en rond et à avoir un peur. Peur du déclenchement surtout, qui aurait mis mon projet au placard et peur que quelque chose n’aille pas chez mon bébé. Pourquoi ne sortait-elle pas ?!

Mais non, ma fille est juste très à cheval sur la ponctualité. 41 SA, c’est 41 SA ! Elle est donc arrivée pile à l’heure !

Le jour du terme donc, à 3h17 du matin très exactement, j’ai rompu la poche des eaux.

Ce que j’ai ressenti alors est assez difficile à décrire. Mais il y avait de l’excitation, de la peur, du soulagement, enfin on allait la rencontrer !

J’ai réveillé mon chéri, les contractions ont tout de suite commencé. C’était doux au début, j’aimais sentir que les choses se mettaient en route. J’ai pris en douche, ça faisait du bien. Mais très rapidement je me suis rendu compte que les contractions devenaient plus intenses, plus rapprochées.

Je me suis donc dis qu’il ne fallait pas trop tarder à mettre dans la valise les dernières petites choses qui n’y étaient pas encore. Sauf que cette valise je n’ai pas pu la terminer. Des contractions toutes les minutes, la douleur qui augmente, je me suis accrochée à mon ballon et j’indiquais comme je pouvais à mon chéri ce qu’il manquait dans cette fichue valise.

J’appréhendais le voyage en voiture. Je savais que je serais mal installée et que je gérerais certainement beaucoup moins bien la douleur. J’avais raison.

Le trajet jusqu’à la maternité, vingt minutes, fut assez horrible. Je n’arrivais plus à me relaxer. Les contractions s’emballaient, la douleur aussi.

L’arrivée à la maternité, deux heures pile après la rupture de la poche des eaux, fut aussi difficile. Il y avait eu des travaux depuis notre visite des lieux et le chemin pour aller aux salles d’accouchement avait changé. On s’est un peu perdu, ça a rajouté du stress, les contractions sont devenues plus douloureuses.

Dans la salle d’attente, j’étais à quatre pattes accrochée aux chaises. Une élève sage-femme est arrivée et m’a naïvement demandé si ça allait…

C’était un jour d’affluence mais heureusement il restait une salle d’accouchement et avec baignoire ! La baignoire, on me la dit, dit et re-dit, ce sera ta petite péridurale 🙂

Me voilà dans la salle d’accouchement. Je ne contrôle plus rien, les contractions s’enchainent, je suis en train de me faire dépasser par la douleur et le stress. Immédiatement je me dis que je ne réussirais pas à tenir, si ça ne se calme pas, je n’y arriverais pas sans cette fichue péridurale.

L’élève sage-femme rajoute à mon stress en me disant qu’il va falloir faire un examen d’urine puisque j’ai perdu les eaux. Je ne peux pas parler mais j’ai juste envie de lui hurler dessus… Heureusement qu’elle est encore élève, pour le soutien aux patientes il va falloir qu’elle révise !

Elle part. Une (vraie) sage-femme arrive : soulagement. Je lui dis qu’il y a un projet de naissance dans mon dossier, elle l’a lu. Ouf. Je lui demande tout de suite la baignoire, je ne vais pas y arriver sinon. Elle me rassure, ça va aller, je vais tenir.

Il faut d’abord faire un monitoring, trente minutes. Si tout va bien, elle enlèvera le monitoring et je pourrais aller tranquillement dans la baignoire. Il n’est plus question d’examen d’urine, sale petite étudiante !!!

La sage-femme est débordée. Elle ne peut pas rester. Elle voit tout de suite qu’on est bien préparé, que mon mec assure un max. Elle reviendra dès qu’elle pourra.

Alors on reste tous les deux. Et c’est vrai qu’il assure mon chéri.

J’étais persuadée qu’il aurait un rôle important à jouer et ça se confirme. Heureusement qu’il a été bien briefé. Il ne panique pas devant ma douleur. A chaque contraction il appuie sur les points d’acupuncture que nous a montrés la sage-femme libérale. Ça me fait du bien, ça m’aide à tenir.

Il a l’impression que je suis ailleurs et c’est vrai mais sa présence m’encre dans la réalité. Son aide, sa bienveillance, ça me soulage.

Bien accompagnée, la peur se dissipe. On a trop oublié dans en France qu’avant d’avoir un analgésique, on a surtout besoin de quelqu’un qui vous tient la main, qui vous rassure.

«Une femme, une sage-femme», ce slogan entendu dans les manifestations de la profession, ce n’est pas du confort, c’est juste le minimum que chacune d’entre-nous est en droit d’exiger.

Quand on accouche, toutes le diront, on perd totalement la notion du temps. Ces trente minutes auraient pu durer un instant ou trois heures, je ne saurais dire… Mais heureusement tout va bien, le bébé est ok. A moi la baignoire.

Et là… Le calme. Cet enfer se calme. A peine immergée, tout se calme. Je reprends le contrôle. Je suis presque bien. Les contractions s’espacent, j’arrive à les gérer. Je me laisse prendre par ces vagues douloureuses. Je suis tout à elles. Elles ne me font plus peur.

Combien de temps je suis restée là, impossible à dire. Mon chéri a branché les petites enceintes, j’entends vaguement la musique mais je suis dans «ce monde intérieur» si souvent décrit par les mamans en devenir.

Les contractions se font plus douloureuses. J’ai cette très désagréable sensation d’avoir été aspirée dans une tornade. Je suis broyée et en même temps je comprends qu’il faut que j’aille au bout de ce tunnel. Au bout, il y a ma fille. Au bout, je deviens mère.

La voici, la phase de désespérance, ce moment où l’on se dit qu’on n’y arrivera pas. Que c’est trop dur.

Une nouvelle contraction me prend. Je me demande à quoi bon, à quoi bon souffrir, il faut que l’anesthésiste vienne, je n’y arriverai pas !

La contraction terminée, je murmure a mon chéri : «Je la veux. Dis à la sage-femme d’appeler l’anesthésiste !»

Il faut dire qu’avant l’accouchement, on avait évoqué cette phase. Je savais que viendrait un moment où je lui dirai cette phrase. On avait donc décidé que son rôle à ce moment-là serait de me rassurer et de me rappeler pourquoi j’avais fait ce choix, et surtout pas d’appeler l’anesthésiste ! On avait quand même prévu, au cas où, un mot de passe si jamais la douleur devenait souffrance, dans ce cas plus de discussion.

Il m’a donc dit les mots que j’avais besoin d’entendre. «Tu vas y arriver. Ce projet te tient à cœur, il faut que tu ailles jusqu’au bout, tu seras tellement déçue sinon».

Je ne dis rien, une autre contraction arrive, j’ai envie de passer ma colère sur lui, mais il a

tellement raison.

Encore une autre contraction, plus forte encore. Je le sollicite encore, «Va chercher la sage-femme, dis-lui que j’ai changé d’avis». La sage-femme arrive à ce moment-là. Il lui explique la situation. Cette fois encore elle trouve les mots qu’il faut. Elle dit qu’elle va m’examiner, «Vous êtes peut-être déjà à 8». Je n’y crois pas une seule seconde, je dois être à 4, j’ai trop mal, je ne vais pas y arriver.

Je sors tant bien que mal de la baignoire, elle m’examine, je suis à 7. Semi-victoire !

Elle doit partir, elle a fini sa nuit de garde. Elle m’encourage une dernière fois. «C’est un beau projet que vous avez, vous allez y arriver».

Une nouvelle sage-femme arrive, elle se présente, elle a lu mon projet. Re-ouf. Elle repart, débordée elle aussi.

A peine quelques minutes se passent et l’envie de pousser est là. Je n’arrive pas à m’en empêcher. La poche des eaux finit de se rompre, des litres coulent sur le lit.

Je me marre intérieurement pendant la contraction car mon chéri s’active pour tout éponger. Je trouve ça mignon ce besoin de garder propre et rangée la salle d’accouchement, aussi futile que ce soit 🙂

La sage-femme arrive, le col est complètement dilaté. C’est partie pour l’étape 2 !

Ce coup-ci, la sage-femme ne repart pas, heureusement.

La douleur change. Je suis fatiguée. Après tout je n’ai dormi que trois heures. Je sens que je manque d’énergie et pourtant c’est maintenant qu’il faut tout donner.

Alors je donne, à chaque poussée je m’étonne des forces qui me restent.

Quand je pousse je n’ai plus mal, mais dès que je dois reprendre de l’air, la douleur est là, saisissante.

Les contractions s’enchaînent, j’ai à peine quelques secondes pour me reposer.

Mais ça coince, ma petite puce est coincée dans le bassin. Elle fatigue me dit la sage-femme, si elle n’a pas bougé dans quelques poussées, il va falloir faire venir le médecin.

Là c’est le déclic. Hors de question de voir un médecin dans cette salle d’accouchement !

Alors je pousse avec tout ce qui me reste d’énergie. Une infirmière vient aider, elle me tient une jambe, mon chéri une autre. Semi-assise je donne plus que je n’ai jamais donné, je transcende la douleur, la fatigue et je pousse.

Trois poussées, elle a passé le bassin. Ils voient ses cheveux. J’y crois à moitié, je pense qu’ils me racontent des cracs pour me motiver mais mon chéri, confirme. «Elle est toute brune, elle a plein de cheveux». Regain d’énergie.

Je sens mes chair s’étirer. La tête vient de passer, en un clin d’oeil, les bras sortent. L’infirmière me dit «sortez votre bébé». Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. J’attrape cette petite chose visqueuse, je la pose sur mon ventre.

Je suis ailleurs, toute concentrée que j’étais à pousser, j’ai besoin de quelques instants pour réaliser. C’est fini, elle est là.

Elle pleure, elle me regarde, ce fameux «proto-regard», si perçant, si profond.

Elle pleure toujours, je comprends que le passage dans le bassin a été difficile pour elle aussi. Mais elle va bien, très bien. Moi aussi d’ailleurs.

Je garde de ces instants un fort souvenir de son corps sur le mien, le poids de ce petit être sur mes seins, la chaleur de sa peau.

On attend que le placenta ai fini de battre et mon chéri coupe le cordon. Et voilà, ma fille a quitté son monde aquatique et je suis mère.

Et j’ai cette merveilleuse sensation que l’on a mis au monde notre fille ensemble. J’aime dire que «nous» avons accouché.

Dans cette maternité « hôpital ami des bébés », le peau-à-peau fait partie du protocole. On me laisse mon bébé, évidemment.

Trois heures seuls pour profiter de ces instants. Son poids, sa taille, on s’en fiche. Quel besoin de la laver ?

Comme j’ai mal quand je pense à ces mamans que l’on prive de ces moments. Et comme cela peut parfois porter préjudice à l’attachement mère-enfant, sans parler de l’allaitement.

J’ai eu la chance de pouvoir choisir cette maternité réputée pour respecter les mamans et les bébés. Mais malheureusement même là, il est difficile pour les sage-femmes d’apporter le soutien nécessaire aux mamans. On leur en demande toujours plus avec toujours moins de moyen.

J’étais très bien préparée et accompagnée par un conjoint génial, je n’ai donc pas pâti de l’absence des sage-femmes mais une autre maman en aurait surement souffert.

Mon accouchement s’est très bien passé, j’ai pu le mener comme je le souhaitais. Mais au-delà du choix ou non de la péridurale, ce qui compte c’est d’accueillir au mieux son bébé.

La sage-femme libérale avec qui j’ai fait ma préparation m’a dit une chose qui m’a marquée «Vous avez un projet de naissance sans péridurale, mais n’oubliez pas que ce qui compte avant tout c’est de bien accueillir votre bébé. La péridurale, la césarienne, ce sont des outils. Tant mieux si vous n’en avez pas besoin mais ils seront peut-être nécessaires, il faut vous y préparer car il ne faut pas que ces outils gâchent la rencontre avec votre bébé». Je m’étais donc préparée à ces éventualités et je les avais acceptées. Mais j’ai pu les accepter car je savais que dans la maternité où j’accouchais, le personnel n’y aurait recours qu’en cas d’extrême nécessité. Pas par confort ou pour faire du chiffre. Je crois qu’il n’y a rien de plus terrible pour une mère que de se rendre compte que l’accueil de son bébé a été perturbé pour de mauvaises raisons. Je reste persuadée que cette première rencontre marque d’une façon ou d’une autre la relation à venir. Bien vivre son accouchement n’est donc pas essentiel mais vital.

Cependant pour mon deuxième enfant je ne souhaite pas accoucher en maternité. Je veux bénéficier d’un suivi global et savoir que la sage-femme qui m’accompagnera ne sera là que pour moi.

Je ne souhaite pas non plus accoucher à la maison, j’attends donc comme tant d’autres que le projet des maisons de naissance voit enfin le jour en France.

Au-delà du corps médical, il est également temps que l’Etat nous laisse le choix de la mise au monde de nos bébés.