Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai été tellement contente mais j’étais loin de savoir dans quel bazar je me lançais! Dès que tu annonces que tu es enceinte, on te demande tout un tas de papier et si en plus, tu souhaites accoucher à la maison alors là le parcours du combattant commence!
#351 L’accouchement de Cendrine
1 Mar#325 – Naissance de ma fille, novembre 2013
8 Jan06/11/13
RV au service gynéco-obstétrique du CHU.
Arrivée à 10:30 pour un contrôle, mon gynécologue me dit qu’il ne préfère pas me laisser continuer, souffrir, etc. Il me propose de me déclencher dans un 1er temps avec un tampon. (Qu’on m’a mis à 11:30). On attend 12 à 24h pour voir si ça mature mon col (qui n’est ouvert qu’à 1 cm et pas encore effacé). Après on verra pour utiliser d’autres moyens de déclenchement si besoin. Donc wait and see. La pose du cathéter a été show Time. Elles s’y prennent à 2 (1 sage-femme et 1 Ide) et me piquent 5 fois pour me poser la perf´… je passe du service urgences obstétriques au service grossesses pathologiques (à 13:00 où on me donne à manger) où je suis surveillée jusqu’à l’accouchement. Après choupetta et moi serons dans une chambre de mater’ pour nous deux.
Futur papa prend dès ce jour ses congés naissance pour être avec moi. Sa présence me rassure. La sage-femme me conseille de me reposer, prendre des forces pour quand le travail arrivera …
14h. Etat d’esprit : Oui … Se dire que ça va arriver, d’après la sage-femme au mieux dans la nuit; d’après Dr le lendemain semble probable ou même le surlendemain …
C’est curieux, être là à attendre, un nombre incalculable de pensées viennent à moi … Bientôt je vais enfin pouvoir serrer ma fille contre moi … la sentir … Je vais enfin être maman après toutes ces fausses-couches, toutes ces craintes … Et déjà je suis dans l’inquiétude de savoir si elle va bien, si elle a ce qu’il faut là où il faut …
15h. Après une micro-sieste, je suis réveillée par des douleurs continues au bas-ventre … Personne n’est encore venu me voir. J’attends encore … Je sais que mon col doit s’effacer et que je ne peux pas non plus passer de 1 cm à 10 cm aussi vite.
Les contractions douloureuses sont présentes depuis 14:45. La sage-femme passe à 15:30 et je suis sous monito. Bébé bouge beaucoup. Ma tension est basse.
16:15. Chéri revient. Ouf je suis soulagée de ne pas souffrir seule.
17h. Je sens bien la petite appuyer sur le col. La sage-femme dit qu’il faut attendre … Je viens d’aller marcher un peu dehors, et là je suis de nouveau dans la chambre.
Ça va pour l’instant, c’est les douleurs qui m’occupent le plus. Elles me prennent toute la sangle abdominale. J’ai l’impression d’avoir le dos coupé en deux.
17:45. Mal de tête, sensation de fièvre. On me branche le tensiomètre.
18:45. Tension légèrement supérieure, contractions ++. La sage-femme va demander à ce qu’on me voit.
19h51. Toujours personne n’est venu, je note mes contractions, chéri s’impatiente de savoir comment ça se passe s’il part, s’il peut revenir, etc. La sage-femme présente n’a pas l’air très efficace. Mes parents ont téléphoné, je leur ai dit être déclenchée, et qu’ils ont le temps de venir que quand j’aurais accouché.
21:30. La sage-femme vient m’examiner. Mauvaise nouvelle : mon col n’a pas bougé. J’ai un « faux travail » = douloureux mais inefficace. Je pleure de douleur.
22:00. On m’emmène au service urgences obstétriques, monito + tension et injection de Nubin, un dérivé morphinique. Là, je « plane » … ; je ne sens quasi plus les douleurs.
23:30. De retour dans ma chambre, je suis shootée, j’ai envie de dormir.
07/11/13
1h … 2h … Réveillée. Chéri est là, ça me rassure.
3h30. Une aide soignante rentre dans la chambre, semble étonnée de voir le papa et lui fait une remontrance car une autre maman doit arriver. » Dites donc monsieur, il va falloir partir, personne ne vous a autorisé à rester la nuit, c’est pas une chambre d’accompagnant. Ce « réveil » houspillant me fait monter dans les tours… je m’énerve aussi sur sa manière d’houspiller. « Ok mea culpa. Y’a pas mort d’homme. » Elle peut dire la même chose sans gueuler et encore moins prendre ce ton d’houspillade comme si on avait 5 ans, et qui de plus est, un autre soignant avait justement autorisé Monsieur à rester … Bref.
Finalement, chéri part, un peu à contre-coeur … ; mais ni lui ni moi, on a la force du débat…
4:30. Alors que je cherche le sommeil, j’ai quelques contractions … je perds les eaux. Je ne peux rien retenir. J’appelle les soignants. Je file aux wc. Je perds aussi le tampon … C’est la sage-femme qui est davantage présente. L’aide-soignante est là mais bon …
4:50. Le doc dit de me mettre sous monito / surveillance. Et en réunion doc à 8h ils décideront si on me remet un tampon ou s’ils passent à une autre méthode. J’espère la 2ème optique ! A présent les contractions sont plus intenses …
5:10. La sage-femme me fait une piqûre pour tenter soulager douleur, mais rien n’y fait.
5h30. la sage-femme relève le monito, bébé va bien. Elle m’explique qu’il n’y a pas d’autres choix que de faire en sorte de laisser maturer le col. (Jusque demain 😦 ) . D’ici là, ils peuvent essayer de calmer douleurs par le même dérivé morphine qu’hier soir (espacé de 8h) et tenter de remettre un tampon ou du gel de prostaglandine qui pourrait éventuellement aider. A ce moment précis, ils ne peuvent pas mettre l’ocytocine sous perf´ car le col n’est pas encore effacé, et on m’explique que quand ils le font c’est quitte ou double, la seule issue après c’est la césarienne.
7:30. La sage-femme me renvoie aux urgences obstétriques pour voir si on m’administre une piqûre, etc.
7:50. Aux urgences obstétriques, la sage-femme force mon 1 cm en 2 doigts car mon col est maintenant centré (et non plus postérieur). Elle me parle d’une éventuelle péridurale.
8:00. La sage-femme me fait une piqûre de dérivé morphinique, le même calmant que la veille au soir. Elle pense que le travail maintenant va commencer.
J’essaie de téléphoner à Chéri mais je crois qu’il est dans les bras de Morphée il n’entend pas le tél.
Là où je m’attendais à ne pas souffrir, ce n’est pas le cas. Je suis seule, les contractions augmentent, chéri n’arrive pas. Je ne veux pas accoucher sans lui. Le stress se mêle à la douleur. Ma mère téléphone … Mon dieu, c’est pas le moment, j’ai trop mal …
10:30. Arrivée du chéri. Je suis à bout… Attente de mon col à 3 cm pour avoir une péridurale.
11:50. 1ère péridurale : douloureuse, longue et inefficace.
14:00. Ma sage-femme s’énerve un peu contre l’anesthésiste et demande qu’un autre vienne.
14:40. Le 2ème anesthésiste arrive, fait le geste et s’en va… Donc 2ème péridurale qui, enfin, me soulage … Allant même jusqu’une petite sieste.
17:30. Travail en cours. Je ne m’attends pas à avoir quand même mal sous péridurale. L’anesthésiste me rajoute un produit … Dilatée à 5 cm … Il faut attendre encore … Côté état d’esprit : fatiguée par douleurs et manque de nourriture, et je commence à essayer d’imaginer Louise qu’on posera sur moi (histoire de me booster ) !
18:30. On trouve le bon dosage de péridurale pour soulager mes douleurs. Ouf je respire un peu … et surtout je dors … Je me prépare mentalement à accoucher.
19:30. La sage-femme de nuit vient se présenter et m’expliquer la suite : 1 visite par heure avec augmentation du Syntol + massage du col.
Là, s’alternent des phases où je dors, avec les phases où des soins me sont prescrits.
22:30. L’interne gynécologue présent ce soir là m’explique la possibilité d’une césarienne. Les indications médicales sont : le col qui ne bouge pas, le bébé macrosome, et aussi que j’atteins presque les 36h de déclenchement-travail …
23:30. On m’examine et le gynécologue me dit qu’il n’y a guère 36 autres méthodes. Et on me monte au bloc. Et là c’est trop bizarre j’ai la sensation de dormir éveillée … Je me souviens être allongée et attachée, entendre des voix de médecins autour de moi … Je panique, et réussit à me détacher les bras. Je bouge, les médecins s’énervent sur le fait que je bouge. J’entends la sage-femme me dire de ne pas bouger, puis plus rien. Je saurai plus tard que pour le bien de mon bébé et pour mon bien, ils m’ont rajouté un anesthésiant… Du coup, je dors … et du coup, je ne vis rien de mon accouchement.
08/11/13
00:14. Je suis réveillée par des claques, et des coups sur le front par la sage-femme qui me dit « Madame, Madame, embrassez votre fille ! » … Je suis attachée, je ne réalise rien, je vois (tout flou) mon bébé, j’embrasse ma fille, mais déjà, ils partent avec pour s’occuper de ma fille. 4,120 kg pour 54 cm…
2:30 J’émerge, en salle de réveil. Chéri est avec bébé et elle sous couveuse qui est prescrit pour toutes les césariennes mais aussi qui est là pour le transport. Je suis totalement à l’ouest. Chéri m’explique qu’il vient de passer deux heures avec notre fille, à m’attendre … que je peux la toucher … La sage-femme habille notre fille … Enfin, on me la pose sur moi … et nous avons le droit à un moment tous les trois avant qu’on ne nous transfère à notre chambre en maternité …
J’avoue que ces 36 h ont été très longues … À un moment, j’aurais voulu partir … Quand le travail était si pénible, avant la 1ère péridurale et la 2ème … en fait, j’ai vécu et subi à peu près tout ce dont je pouvais avoir peur … Rester des heures à souffrir pour rien … Ou vivre une césarienne …
#321 – 2 naissances au Québec en 2008 et 2011
7 Janrécit en plusieurs étapes
24 janvier 2011
J’écris ces lignes alors que je devrais dormir. Mon homme est parti pour une heure avec notre petite Charlotte qui aura 3 semaines demain. Il voulait que je me repose. Notre grande Zoé (2 ans) est à la garderie.
Mes deux filles, mes enfants. La première, issue d’une grossesse euphorique et insouciante, la deuxième, d’une grossesse angoissée et fatiguée de travailler à temps plein en m’occupant d’un petit monstre à l’aube de son terrible two et en faisant pousser des petits pieds. Deux êtres qui sont mon plus grand accomplissement : je les ai quand même conçues et portées et je les éduque du mieux que je peux. Deux petits êtres qui sont aussi mon plus grand échec : malgré toute ma bonne volonté, je n’ai pas été capable de les mettre au monde ni de les allaiter exclusivement.
Même si j’ai rencontré les deux au début de ma première grossesse pour faire un choix éclairé, la décision d’être suivie par une médecin généraliste ou une sage-femme s’est prise toute seule. Dès que j’ai mis les pieds à la maison des naissances, j’ai su que c’est dans un environnement comme celui-là que je voulais vivre un des événements les plus importants de ma vie, celui ce mettre au monde mon premier enfant. Je n’avais alors aucun doute en ma capacité d’accomplir ce que des millions de mammifères femelles font depuis la nuit des temps. Il allait aussi de soi que j’allaiterais. Ce n’était pas un choix, mais une évidence. Je trouvais les hauts taux de césarienne alarmants au Québec et même si je savais en théorie que certaines de ces chirurgies étaient nécessaires, j’y voyais surtout l’impatience du personnel médical et sa volonté à tout vouloir contrôler. En choisissant d’être suivie par une sage-femme, je me sentais, à tort, à l’abri.
J’avais bien sûr la crainte de devoir être transférée, particulièrement quand j’ai vu le symbolique 42 semaines approcher à grands pas. Finalement, le travail a commencé « naturellement » alors que, désespérée, je tentais de stimuler mes mamelons au tire-lait manuel à 41 semaines et 5 jours et demi, c’est-à-dire à un jour et demi d’une menace de déclenchement. Il était 22 h. J’étais encouragée lorsque les membranes ont rompu vers 4 h du matin. Vers 8 h, mes contractions étaient plus rapprochées et le premier examen de la sage-femme était encourageant, j’étais déjà dilatée à 6 cm. On est donc partis, mon homme et moi, pour la maison des naissances, certains que ce ne serait qu’une histoire de quelques heures. Mais l’examen vaginal (très douloureux, une façon de me sortir de ma bulle à coup sûr), le fait de quitter la maison et le trajet de 30 minutes ont sensiblement ralenti le travail. Malgré tous mes efforts pour changer de positions, utiliser la gravité, rester active, il m’a fallu près de 12 heures à atteindre 9 cm de dilatation. J’attendais alors avec impatience l’envie de pousser qui devait être imminente, mais à sa place est venue l’inquiétude sur le cœur fœtal qui s’emballait de temps à autre. Vers 22 h, la sage-femme nous a dit que j’avais fait tout ce que je pouvais, mais qu’il nous faudrait plus pour faire sortir le bébé qui commençait à montrer des signes de fatigue. Elle ne voulait pas me décourager, mais j’ai appris par la suite que la dilatation avait régressé d’un centimètre. Moi qui avais jusque-là réussi à gérer la douleur d’une façon qui nous surprenait tous les deux, mon homme et moi, je me suis aussitôt effondrée à l’idée d’être transférée à l’hôpital. Je ne savais pas encore ce qui m’attendait, mais déjà j’avais l’impression d’avoir échoué. Tellement, que je ne me souviens même pas avoir eu vraiment peur pour le bébé. Toute mon attention était centrée sur ce constat : je n’étais pas à la hauteur. Les événements survenus à l’hôpital ont été encore pires que ce je craignais. On a d’abord essayé le Pitocin, même si le gynécologue de garde estimait à 5 % les chances que ça fonctionne. J’ai demandé une péridurale. J’aurais toléré mes propres contractions pendant des heures sans broncher, mais l’idée de devoir supporter des contractions artificielles semblait psychologiquement au-dessus de mes forces. Voyant qu’il n’y avait toujours pas de progrès après une heure (j’ai su par la suite que la tête du bébé était défléchie, ce qui l’empêchait de s’engager dans le bassin et d’ainsi finir de dilater le col), je me suis résignée à signer l’autorisation pour la césarienne avec l’impression de m’enfoncer un tire-bouchon dans le cœur, pour citer Bob Dylan. Ils ont alors augmenté la dose de péridurale pendant que mon homme s’habillait pour assister à la chirurgie. Finalement, ils ne l’ont jamais laissé entrer. On m’a demandé à quelques reprises si je le sentais lorsqu’on appuyait sur mon ventre… puis je me suis réveillée. J’ai alors compris qu’on m’avait endormie et que mon bébé était née sans moi. On ne m’a pas demandé mon consentement pour cette anesthésie générale, ni même informée qu’on allait procéder ainsi. Mon dossier médical, que j’ai consulté par la suite, ne permet pas de comprendre où était l’urgence. Il y est noté : « AG (péri inadéquate) », tout simplement, et aucun monitoring du cœur pendant cette étape n’est rapporté. L’hypothèse la plus probable est que monsieur l’anesthésiste s’est fait réveiller en pleine nuit et qu’il n’a pas eu la patience d’attendre. Je me suis réveillée avec un ventre sans sensation que je devinais vide, seule, hormis des infirmières inconnues qui me croyaient encore endormie et qui discutaient de ma « belle petite fille », alors que j’avais spécifié vouloir moi-même découvrir le sexe du bébé. Lorsque j’ai été en mesure de parler, j’ai demandé à voir mon homme et mon bébé, ce qu’on m’a refusé, puisque mes jambes étaient toujours endormies (oui, la péridurale avait fini par embarquer!), ce qui bien entendu était pour moi un non-sens total, mais j’étais trop faible pour argumenter. Ce fut le début de notre vie de famille. Tom dans une pièce, Zoé dans une autre et moi dans les vapes. Génial. On dit que la première heure est critique pour l’attachement mère-enfant et l’allaitement. Et bien dans mon cas, cette séparation de plusieurs heures à la naissance s’est soldée en plusieurs semaines à n’aimer ma fille qu’en théorie et en une lactation qui malgré tous mes efforts, n’a jamais été suffisante pour allaiter exclusivement.
Je savais dès la naissance de Zoé que je voulais un AVAC pour la prochaine grossesse. Le gynécologue se faisait encourageant, il ne voyait même pas d’objections à ce que je sois encore suivie pas une sage-femme, ce qui est bien, considérant que plusieurs d’entre eux proposent encore systématiquement des césariennes itératives. J’ai dès lors commencé à m’informer sur l’AVAC. Encore une fois, je n’ai pas eu à prendre de décision, c’était pour moi la seule option envisageable. J’étais seulement contente que mes lectures viennent confirmer à ma tête ce que mes tripes sentaient déjà : l’accouchement vaginal était dans la plupart des cas (dont le mien) la façon la plus avantageuse et sécuritaire de donner naissance, même après une césarienne. J’espérais aussi que cela viendrait en partie réparer mon premier accouchement raté, me confirmant ainsi que j’étais une vraie femme, capable de donner naissance et, je l’espérais, de nourrir mes enfants.
Je suis tombée enceinte une première fois lorsque Zoé avait 11 mois. Une semaine de bonheur. Je ne saurai jamais si c’est mon corps qui n’a pas su le garder ou si c’est le petit qui était mal formé ou qui n’a pas tenu le coup, mais pendant quelque temps, il a existé dans mon ventre un petit amas de cellules que je ne connaîtrai jamais. Pourtant, il m’aurait appelé « Maman »…
Les quelques cycles suivants viendront avec des règles amenant un nouveau genre de déception. Ce n’est plus juste la hâte d’être enceinte, mais aussi la peine de ne pas l’être. Quatre mois plus tard, ça y est de nouveau. J’avais décidé d’attendre deux semaines de retard pour faire le test afin d’avoir au moins dépassé le stade de la grossesse précédente, mais je flanche au bout d’une journée. Je suis trop fébrile, j’ai peur de ne pas être enceinte et en même temps, j’ai peur de l’être et de le perdre à nouveau. Je décide donc d’éliminer au moins une des peurs, et voilà! un beau « + » rose sur un bâtonnet de plastique blanc.
24 août 2011
Charlotte s’est endormie dans l’auto et je suis assise sur le siège passager en attendant qu’elle se réveille. Elle aura 8 mois dans une dizaine de jours. Je viens de tomber sur mon récit inachevé. C’est un bon moment pour le continuer.
J’ai passé le premier trimestre enceinte de Charlotte à angoisser. J’avais peur de perdre mon bébé une seconde fois et j’ai eu une frousse lorsqu’il y a eu des cas de 5e maladie à la garderie de Zoé et qu’il a fallu 3 semaines avant de savoir si j’étais immunisée. Mais plus encore, j’angoissais au sujet de la naissance. J’étais au bureau, incapable de me concentrer sur mon travail, à chercher des articles scientifiques sur l’AVAC.
La naissance de Zoé tourne en boucle dans ma tête et j’arrive toujours au même point de départ. Si j’étais restée à la maison, ça se serait peut-être passé autrement. C’est aujourd’hui tellement évident que l’accouchement à domicile est la meilleure option. Je m’en veux d’avoir choisi la maison des naissances seulement pour le luxe de ne pas avoir à gérer le ménage et les repas pendant deux jours. J’en veux aussi à ma sage-femme de ne pas avoir confronté mon choix. Je lui avais pourtant fait part du fait que ma seule crainte était d’être transférée et elle n’aurait eu qu’à me dire qu’il y avait plus de transferts en maison de naissance qu’à domicile, que le trajet cause souvent un ralentissement du travail, pour que je brandisse mon stylo en disant « Où est-ce que je signe? »
Ma sage-femme (la même) m’informe que l’Ordre des sages-femmes émettra de nouvelles recommandations concernant les AVAC à l’automne. Je ne saurai donc pas avant le 3e trimestre si je peux espérer un accouchement à domicile, ou même avec une sage-femme. Je devrai aussi attendre à 36 semaines de grossesse pour faire mesurer ma cicatrice afin de voir si le risque de rupture utérine est acceptable. Cette étude est encore expérimentale, mais après quelques recherches, je trouve que c’est prometteur. Si tout est favorable, ça me donnera un argument en défense de l’AVAC si je dois terminer mon suivi à l’hôpital et j’aime l’idée de contribuer à faire avancer la recherche sur l’AVAC.
Finalement, l’Ordre des sages-femmes ne change pas ses directives. Une bonne chose de réglée, mon accouchement à domicile n’est pas compromis. Ma sage-femme principale quitte la région et j’en ressens un grand soulagement. Je repars vraiment à neuf. L’environnement, le personnel présent, tout sera différent du contexte entourant la naissance de Zoé.
Je « magasine » entre-temps une accompagnante (doula). Je croyais avant que ce rôle était entièrement assumé par la sage-femme, mais je comprends maintenant qu’un biais venant de leur formation médicale et de leur responsabilité est inévitable. J’ai besoin d’une personne dont la seule fonction est de m’assurer une présence réconfortante, à l’abri des considérations médicales. Les accompagnantes sont rares dans la région, mais je finis par choisir Cathy (nom fictif). On partage la même vision et le fait qu’elle ait vécu elle-même de beaux accouchements légitimise mon désir d’en vivre un.
Je fais plusieurs lectures : témoignages sur l’AVAC, récits d’accouchements naturels… J’essaie aussi de me garder en forme. Je marche pour aller travailler. J’ai quelques rendez-vous en ostéopathie afin de favoriser une bonne mobilité du bassin.
À 36 semaines, nous nous rendons à Québec pour la mesure de cicatrice. Je suis très angoissée, mais finalement, les résultats sont excellents. Le risque de rupture est faible et même si j’ai catégoriquement refusé qu’on chiffre mes chances de succès (ou qu’on me donne un estimé du poids du bébé), le gynécologue responsable de l’étude est très optimiste. Je suis encouragée.
Mon accompagnante et ma sage-femme m’incitent à faire des exercices de visualisation de l’accouchement. C’est très difficile pour moi qui suis une personne rationnelle ayant peu d’imagination, mais je m’y exerce.
J’arrête de travailler à 38 semaines de grossesse. Je suis énorme, j’ai de la difficulté à marcher et j’ai vraiment hâte que le travail commence. Je n’ose pas encore parler d’accouchement, je trouve ça présomptueux. Je parle plutôt de la naissance ou de l’arrivée du bébé, mais je commence vraiment à croire que ça se passera bien.
J’ai cependant peur de dépasser le terme. Le gynécologue que j’ai vu pour la mesure de ma cicatrice était plus encourageant que ce que je croyais concernant les déclenchements. Ce n’est pas contre-indiqué si le col est complètement effacé et dilaté à au moins 2 cm, mais je ne suis pas encore là. J’ai accepté le décollement des membranes à partir de 39 semaines (même si je suis contre en théorie), parce que cela réduit les risques de dépassement et que je ne veux pas ajouter une source de stress.
À 40 semaines et 4 jours, je me lève pour aller aux toilettes vers minuit. Je constate qu’il y a beaucoup de liquide. Les membranes ont rompu. Je suis d’abord soulagée. Cette fois-ci, je n’aurai pas le stress d’approcher les 42 semaines. Mais je réalise rapidement que le compteur commence à tourner. Si le travail ne commence pas dans les 24 prochaines heures, il faudra me transférer à cause des risques d’infection (sont-ils vraiment documentés?). J’appelle Louise (nom fictif), la sage-femme qui est de garde. Elle vient m’examiner. Il n’y a pas de progrès depuis le dernier décollement. Elle nous conseille d’essayer de nous reposer pour l’instant et d’attendre au matin avant d’essayer de stimuler le début du travail. Je réussis à dormir un peu malgré l’anxiété.
Vers 7 h, toujours pas de contractions. J’appelle Cathy pour lui faire part des derniers événements. Elle arrive chez moi environ une heure plus tard. Louise repasse aussi nous voir en début de matinée. On explore les différentes options. Je fais plusieurs séances de tire-lait électrique. Même si je suis sceptique, on se procure des granules homéopathiques et on prend même rendez-vous chez l’acuponcteur. On s’y rend à pied, espérant que le mouvement et la gravité feront leur œuvre. Je craque pendant la première séance. Ça fait deux ans que je me prépare pour ce grand moment, pour enfin avoir une chance de me racheter. Pourtant, je n’aurai peut-être même pas l’opportunité de l’essayer! Cathy et Louise voient ma détresse et me demandent ce qui me ferait le plus de bien à ce stade. J’ai seulement envie de prendre ma guitare et de chanter. On retourne donc à la maison et je m’installe sur le ballon avec ma guitare. Comme d’habitude, ça me fait du bien, ça m’apaise et ça libère mon surplus d’émotions. Mais je ne me sens pas du tout sur le point d’accoucher. La présence de Zoé commence à être dérangeante. Ma mère l’emmène chez mon père. J’aurai deux autres traitements d’acuponcture durant la journée, sans aucun résultat. On parle d’huile de ricin. Louise n’est pas convaincue. Elle dit que c’est violent et qu’on ne sait pas trop l’effet que ça peut avoir sur un AVAC. Je réponds qu’une césarienne, je trouve ça très violent aussi, mais en réalité, je ne suis pas du tout à l’aise avec l’idée de perdre le contrôle de mes intestins. On décide finalement de ne pas le tenter, choix que je conteste encore aujourd’hui. Louise croit qu’on serait mieux de transférer à l’hôpital en fin d’après-midi plutôt que d’attendre en pleine nuit. On risque ainsi de trouver un personnel plus accommodant. Je refuse. Si je dois transférer, ce sera à la dernière minute. En fin d’après-midi, Cathy nous suggère de monter la piscine de naissance qu’on a achetée pour l’occasion. Le fait d’être dans l’eau aura peut-être pour effet de me relaxer et de suggérer à mon corps qu’il est temps qu’il fasse son travail. On passe près de trois heures dans la piscine. Tom, que je trouvais très distant ces derniers temps, est soudainement présent. Il m’aide à faire mes exercices de visualisation. Je réalise tout de suite qu’il a été coaché par Cathy et je lui en suis reconnaissante. Les filles reviennent vers 7 h. Louise m’examine encore. Rien n’a bougé. On se met d’accord pour transférer à minuit s’il n’y a pas de nouveau. Cathy nous suggère d’aller marcher. On opte pour Rocher Blanc. C’est sur le bord du fleuve, c’est tranquille. On s’y promène pendant près d’une heure avec le vent de janvier qui pince en répétant I will give birth comme mantra. Je trouve que ça « punch » plus en anglais. Une partie de moi trouve ça ridicule, mais je n’ai vraiment rien à perdre. Finalement, on revient chez nous vers 22 h et on décide de se reposer.
À minuit, on se rend à l’hôpital. Je fonds en larmes pour la Xième fois. Louise et Cathy nous rejoignent. La gynécologue qui nous reçoit accepte d’attendre au lendemain avant de planifier une césarienne à condition que je sois sous antibiotiques pour prévenir la plupart des infections. Mais elle nous explique que cela ne sera efficace que quelques heures. On se repose un peu tous les deux collés sur le minuscule lit d’hôpital.
6 juin 2012
Charlotte a eu 17 mois il y a deux jours. Je nage dans mes souvenirs d’enfantement depuis quelques semaines. J’ai fait visiter la Maison De Naissance à une amie à nous qui aimerait y être suivie pour sa grossesse. Je me doutais que ce serait émotif et j’avais raison. Surtout lorsque je lui ai présenté les deux sages-femmes en disant que Louise était là quand j’avais essayé de donner naissance à Charlotte et que les deux sages-femmes m’ont répondu en même temps : « Ben non, dis pas que t’as pas accouché! » (!&!*&!?*!&?!! Que je le dise ou non, un fait demeure : JE N’AI PAS ACCOUCHÉ!) J’ai justement aussi écrit un article sur les phrases plates (celle-là en fait partie) à dire aux femmes ayant subi une césarienne pour la revue En attendant bébé et je suis en train de considérer pour la première fois de porter plainte contre l’anesthésiste qui m’a endormie sans mon consentement. C’est en essayant de formuler un premier jet que je tombe sur mon récit inachevé.
Les contractions que j’espérais tant ne sont pas venues avec le matin. Nous attendons que la nouvelle gynécologue de garde passe nous voir. Mon col n’a pas bougé et la gynécologue n’a rien de neuf à proposer. Mon col n’est toujours pas assez mûr pour un déclenchement et elle reparle des risques d’infection qui supposément sont trop élevés pour attendre plus longtemps. Pourtant, ce risque n’est apparemment pas connu ni des sages-femmes ni des gynécologues. J’accepte donc une autre césarienne, parce qu’on réussit à me faire assez peur avec un risque mal documenté. J’en veux à Louise de ne pas avoir été plus informée, mais je m’en veux encore plus de ne pas avoir fait de recherche sur le sujet. J’avais prévu plein de scénarios (peut-être trop), mais pas celui-là. La césarienne est donc planifiée pour la matinée. J’ai établi un plan de naissance très clair. Il n’est pas question de reproduire le même scénario qu’à la naissance de Zoé. Au final, ce plan est loin d’être respecté dans sa totalité, mais je sens quand même que le personnel y est sensible.
8 décembre 2012
Je ne vais pas très bien. Il y a un peu plus d’un an, j’ai pris conscience que je n’avais pas à pardonner (à moi, à la sage-femme, au gynéco, à l’anesthésiste, aux infirmières, à la société et à la vie en général) ce qui s’est passé, parce que c’est à mes yeux impardonnable. Tenter d’accepter serait comme une trahison envers moi-même. Suite à cette révélation, je réussissais à garder mon traumatisme sous contrôle, sauf deux ou trois épisodes mensuels que je gérais assez bien. Mais dans les derniers mois, j’ai été confrontée à beaucoup d’autres sources de stress d’origines diverses et mes batteries sont à plat. Pendant 3 semaines, les 2-3 épisodes par mois se sont transformés en 2-3 par jours. Je voyais la dépression s’installer et j’ai eu peur. J’ai décidé de réduire toutes mes activités au minimum, de me concentrer sur l’essentiel et de revoir la psychologue que j’ai vue en trois phases déjà depuis la naissance de Zoé. En une semaine, je me sens déjà beaucoup mieux. Mais c’est de courte durée, et après un autre trois semaines, j’ai encore l’impression de sombrer. Je savais très bien que la naissance de mes filles n’était pas une histoire réglée, mais je ne m’attendais pas à ce que ça ressurgisse avec autant de force quand je suis à terre pour d’autres raisons. Comme si une bête attendait dans un coin que je sois fragile pour pouvoir mieux attaquer. Je suis très active sur la page Facebook de Momma Trauma, une page dédiée à la violence périnatale et au syndrome de stress post-traumatique suite à l’accouchement. Je m’en doutais déjà, mais c’est de plus en plus clair pour moi que c’est le bon diagnostic. Plus que jamais j’envisage de porter plainte contre l’anesthésiste en particulier et les pratiques obstétricales du centre hospitalier en général. Ce témoignage me servira de base dans mes démarches. Zoé aura quatre ans dans une semaine. C’est un bon moment pour continuer.
Je veux avoir l’assurance que je ne serai pas séparée de mon bébé et que je pourrai allaiter dans la salle de réveil. On ne peut pas me le garantir. L’infirmière dit qu’elle amènera le bébé dans la chambre de réveil si elle a le temps. Je la sens sincère et compatissante, mais elle a quand même un travail à accomplir et elle est débordée. Je mange un peu en cachette avant de me faire dire que je dois rester à jeun. Ça m’insulte. Je sais que c’est au cas où ils « doivent » faire une anesthésie générale, mais sachant très bien que ce n’est pas ce qui a arrêté l’anesthésiste la dernière fois (j’avais mangé et bu comme je voulais avant d’arriver à l’hôpital), j’ai l’impression qu’on rit de moi. On veut que je mette une jaquette d’hôpital et que j’enlève mes sous-vêtements. Je n’en vois pas la nécessité à ce stade et je trouve ça humiliant. On argumente, mais il n’y a rien à faire. C’est apparemment le protocole.
Je pars sur une civière pour la salle d’anesthésie. Je pleure silencieusement, Tom à mes côtés. Le technicien essaie de se faire rassurant : « Ben oui, je le sais que tu as peur, mais tu vas voir, ça va bien se passer. » J’ai envie de hurler que je n’ai pas peur, mais que je suis triste, fâchée, indignée, désespérée, détruite!!!!!!! Mais à quoi bon? Lui aussi, il fait juste son travail. J’insiste beaucoup pour que Tom assiste à l’anesthésie. Rien à faire. Je me retrouve encore une fois seule entre les mains du personnel médical en qui je n’ai aucunement confiance. On procède à la rachidienne. Bientôt, j’ai de la difficulté à respirer et je suis un peu paniquée. Ça ne semble pas les impressionner, ils sont habitués. Tom revient pour l’opération. On a tenté de négocier qu’il reste avec bébé si je dois en être séparée, mais que Cathy m’accompagne en salle de réveil. Là aussi, on se bute à un mur. Je devrai encore une fois vivre cette étape seule. Ils procèdent à la chirurgie. Ils sortent le bébé et cette fois, je peux moi-même découvrir que nous avons une autre petite fille. Je dois insister pour qu’on la mette sur moi tout de suite. Je crie. Tom insiste en français du mieux qu’il peut. Est-ce qu’ils font exprès ou quoi? Pas besoin de l’essuyer! Ils la déposent finalement sur mon cou pendant quelques minutes, ou quelques secondes? C’est le seul endroit de mon corps que je sens encore. Un des membres de l’équipe m’informe qu’il est en train de me mettre un suppositoire pour la douleur. La raison pour laquelle il ressent le besoin de m’en avertir m’échappe complètement. Est-ce que ça pourrait être plus humiliant? Visiblement, ce n’est pour eux que de la routine.
Finalement, je réussis à avoir ma fille quelques minutes en salle de réveil. Elle doit déjà avoir une vingtaine de minutes de vie. Ses 20 premières minutes, et je les ai manquées encore une fois! J’essaie de la mettre au sein. Elle tète un peu, mieux que Zoé à cet âge. Je suis un peu encouragée. Mais c’est de courte durée. Pas plus de 24 heures plus tard, je commence déjà à angoisser au sujet de la montée laiteuse. L’accouchement que je désirais tant n’a pas eu lieu. Je suis très consciente qu’il me faudra ajouter un autre deuil par-dessus celui de la naissance de Zoé, mais je n’ai pas le temps d’y penser pour l’instant. Je dois me concentrer sur l’allaitement. Je sais très bien que la montée laiteuse peut prendre plusieurs jours et encore plus dans le cas des césariennes, mais ça ne m’empêche pas d’entrevoir le pire. Au bout de deux jours, on m’informe que ma fille fait de l’hypoglycémie et qu’il « faut » commencer à la supplémenter. Après, c’est une jaunisse. Il lui « faut » de la photothérapie. Je suis très consciente que si elle était née à la maison comme prévu, tout cela aurait pris des proportions moindres. On m’aurait encouragée à allaiter plutôt que de s’énerver avec des tests bidon. Mais je n’ai pas l’énergie pour argumenter. On rentre chez nous au bout de quatre jours. Je n’aurai finalement pas de montée laiteuse encore une fois. Césarienne, séparation mère-bébé, stress, fatigue, grand état de tristesse et d’angoisse. Pas exactement un départ optimal une fois de plus.
En résumé, je croyais que mon corps était fait pour enfanter et que la naissance de mes enfants ferait les plus beaux jours de ma vie. Ce fut les pires. Je croyais que comme tous les mammifères, je nourrirais mes enfants exclusivement de mon lait pendant leurs premiers mois de vie. J’ai persévéré avec l’allaitement mixte (préparation commerciale et don de mes amies) au DAA, en tandem même, et je suis fière de dire que je les allaite encore toutes les deux aujourd’hui. La dimension affective est clairement prédominante sur la dimension nutritive, mais bon, c’est une petite victoire dans un océan d’échecs et de déceptions.
Nous avons décidé, pour plusieurs raisons, de ne plus avoir d’enfants. J’essaie de me faire à l’idée que je ne connaîtrai jamais ce que c’est de mettre au monde son enfant et d’avoir un départ optimal pour l’attachement et l’allaitement. Maintenant que cet espoir n’est plus, il ne me reste que la colère, la tristesse, la culpabilité et le ressentiment. Je sais que c’est cliché, mais je ne suis pas prête à les laisser aller. Voilà.
10 novembre 2013
Je me trouve présentement dans un chalet sur le bord d’un lac. Je fais une retraite de 48 heures avec 1 seul point à l’ordre du jour : terminer de rédiger ma plainte. Quelle bonne idée j’ai eue! Je procrastine depuis beaucoup trop longtemps en me disant que ce n’est pas le moment de me mettre à terre. Évidemment, il n’y a jamais de bon moment pour ça. Aussi bien en finir.
– Eli Blanc
#246 Prisca, Nogent-sur-marne en Janvier 2013
17 Mar« 28 Janvier 2013, 5h du matin; en plein sommeil, je suis surprise: je perds les eaux.
#222 Anonyme – Hérault
3 Mar« Je suis rentrée à la maternité le 7 novembre pour déclencher l’accouchement suite à un dépassement du terme de 5 jours. N’étant pas prioritaire mon mari et moi avons attendu pendant 3h que quelqu’un s’occupe de nous. C’est pendant cette attente que contre toute attente, les contractions ont débuté et durant toutes la nuit elles se sont intensifiées et régularisées. Moi – qui m’étais préparée au déclenchement et à ses conséquences – étais heureuse, je prenais chaque contraction avec sérénité, le grand moment était venu.
Vers 6h du matin je me décide enfin à appeler une sage-femme lorsque l’intensité est telle (bien qu’aujourd’hui je n’ai pas le souvenir qu’elles étaient si fortes) que je m’évanouis et vomis le vide de mon estomac à chaque contraction. On m’installe alors en salle de travail et les heures passent tranquillement, j’ai droit au gaz pour soulager les douleurs et éviter vomissements et évanouissements. Le gaz me fait rigoler et mon mari se moque de moi. Nous sommes sereins et heureux. Vers 10h l’anesthésiste arrive enfin, maintenant je sens les contractions mais je n’ai pas mal, les effets du gaz disparaissent et je peux profiter un peu mieux de l’évènement. Toutes les heures la sage-femme vient vérifier l’avancée du travail. Il y a même une gynéco stagiaire qui l’accompagne. Elles sont très gentilles et sont de bons conseils. Le travail avance bien mais mon fils est trop haut et la poche des eaux ne se rompt pas. Seulement si la sage femme fissure la poche des eaux, le cordon risque d’être attiré vers le bas au moment où elle le ferait et mon fils ne pourrait plus sortir. Alors avec mon mari on parle à notre fils on lui demande de descendre et de venir nous rencontrer. Finalement lors d’un examen cette poche se rompt. Ça avance bien…
Et puis vient le moment où la sage-femme commence à m’interroger sur le poids estimé de montre bébé, sur le poids de mon frère et moi à la naissance et si ma mère a accouché par voie basse. Ces questions auraient du nous mettre un peu la puce à l’oreille ou du moins nous inquiéter un peu plus sur l’issue de ce travail. Puis soudain je commence à re-sentir douloureusement les contractions, la sage-femme tente alors de réinjecter de l’anesthésiant mais sans succès. On me redonne le gaz. Je recommence alors à perdre le fil de cet accouchement. Je sais que je crie, à plusieurs reprises je m’en excuse auprès de la sage-femme. Je commence aussi à raconter n’importe quoi… Sous l’effet du gaz j’entends les personnes parler « dilatation 6» depuis 3h le travail est arrêté. On me demande de pousser pour aider le bébé à descendre. Je change de position, une sage-femme vient me faire de l’acupuncture. L’anesthésiste revient et ne comprend pas pourquoi les nouvelles injections d’anesthésiant ne marchent pas, elle décide alors de me refaire une autre péridurale, qui marche. Il est surement vers les 16h30 et je reprends conscience de ce qui se passe autour de moi. C’est aussi le temps du changement d’équipe. Et là les choses se corsent, ils ne sont plus d’accord. La première équipe veut poursuivre l’accouchement par voie basse et me réinjecter de l’ocytocine. La deuxième ne veut pas car mon fils ne récupère pas assez bien. Consciente j’ai peur, mon mari aussi. Puis vient le gynéco en chef il m’ausculte, regarde le monito et demande qu’on prépare le bloc, si ça continue comme ça il ouvre. La sage-femme que j’ai eu toute la journée vient et me rase. Elle m’explique que s’est une précaution au cas où.
C’est la dernière fois où je la vois ce jour là, quelques minutes après le gynéco déclare qu’on va au bloc. Il est 17h45 environ. A ce moment il y a toute une nouvelle équipe autour de moi. Je ne saurais en reconnaître aucun. On me déplace sur un autre lit. On me demande de quitter mes lunettes et d’embrasser mon mari. On lui demande de sortir dans le couloir qu’on le préviendrait au moment venu. Dans ce lit roulant je traverse tout le service, les larmes aux yeux, je me sens si seule. Et je suis seule.
Seule. Plus personne ne s’occupe de moi, de moi en tant que personne. Je ne suis qu’un corps qu’on va ouvrir. On ne s’adresse plus à moi sauf pour me demander de tendre mon bras le droit puis le gauche. Autour de moi on s’agite dans tous les sens pour installer le matériel. Je ne sais pas ce qui se passe, on ne m’explique rien et je ne connais personne. Soudain je sens qu’on m’ouvre. Je demande si c’est normal que je « sente » la lame et les pressions exercées sur mon corps, pas de réponses. J’entends parler d’études de médecine, de centre de loisirs, des derniers achats d’une femme. Et moi je suis seule sur cette table, je ne vois rien, je sens des choses sur mon corps mais je ne sais pas ce qui se passe. Je pense alors à mon fils et à mon mari.
Et puis vient le moment de soulagement où j’entends mon fils pleurer. Je pleure aussi. En seulement 10 min il était né… On me le laisse apercevoir 2sd mais je n’aperçois qu’un infime bout de peau bleue. Aujourd’hui je me demande même si je l’ai réellement vu ou pas. Mais je l’ai entendu crier et je me raccroche à ça alors qu’on est déjà en train de me recoudre. Je ferme alors les yeux pour ne pas me concentrer sur ce qui se passe derrière ce tissu. Puis j’ai la nausée, on m’ordonne de me retenir que ce n’est pas le moment. Mais je n’y peux rien. Je me mets alors à fredonner un air inventé. Les femmes derrière moi rigolent, mais je n’ai trouvé que ça pour ne pas vomir ! Puis le chir’ se vantent de la rapidité du travail qu’avec deux stagiaires avec lui c’est trop rapide. Il quitte le bloc et je ne le revois plus. Il a fait son travail, il a sorti mon fils. Les femmes autour de moi s’affairent à ranger. Je reste les yeux fermés à attendre. Puis l’anesthésiste arrive au bloc et lance à l’assemblée « vous savez combien il pèse ce bébé ? 4kg 210 (alors qu’il était estimé à 3kg500)» je souris mais j’aurais aimé qu’on s’adresse à moi, qu’on me dise qu’il allait bien, qu’il était avec son père. Mais rien. Et puis je commence à avoir très froid. Je tremble. Je le dis. Mais on me répond que c’est normal. On continue de ranger. Puis j’ouvre un peu les yeux et dans un battement de porte, j’aperçois mon mari et mon fils dans la pièce en face du couloir. Je lui fais un signe de la main pour le rassurer. Je vais bien. Notre fils aussi va bien.
Il est 19h00 et je suis amenée auprès de mes deux hommes. Notre fils est en peau à peau avec son papa. Pendant qu’on me branche de partout, tremblante de froid, je les regarde tous les deux. Je suis apaisée. Mon mari me le présente je peux enfin le toucher du bout des doigts. Je suis faible et frigorifiée. Il me faudra bien une bonne heure pour ne plus trembler mais aussi pour reprendre mes esprits. J’appelle ma maman et je lui dis combien mon fils est beau et que je vais bien. Sa voix me fait du bien mais j’aimerai retourner dans ma chambre et ne plus avoir tous ces fils sur moi, pouvoir tenir mon fils contre moi.
Après 10h dans cette salle de réveil, on vient s’occuper de nous. On débranche une partie des fils, on me change, je me sens mieux. Et puis surtout on nous autorise à retourner dans notre chambre en famille.
La suite du séjour n’a pas été évidente non plus. D’un point de vue physique je n’avais pas à me plaindre, j’ai bien supporté l’opération. Le vendredi après midi, je me levais et marchais jusqu’aux toilettes. J’ai aussi pris une douche! Les sages-femmes étaient étonnées que je ne prenne pas de calmants. Mais je n’avais pas mal. J’avais du mal à faire les choses mais je n’avais pas mal. La première journée s’est bien passée, mon mari et moi tentions de nous reposer entre les visites du personnel. Et puis cette nuit là notre fils a fait de la température. On nous l’a prit pour des examens, on nous a parlé néonat’ et j’ai eu peur, je me suis dis pourquoi encore nous. Puis finalement au beau milieu de la nuit, le pédiatre est venu nous dire qu’il n’y avait pas de quoi s’alarmer mais qu’il fallait surveiller l’évolution d’une infection. Au final rien de grave puisque dans les jours suivants les analyses revenaient à la normale. Mais ce fut une nuit de plus de gâchée, une nuit de plus de fatigue. Le lendemain, la puéricultrice venue s’occupée de mon fils me reproche de ne pas mettre assez mon fils au sein. Elle est bien gentille mais seule je n’y arrive pas. Je ne peux pas le porter et le placer seule. Et lorsque quelqu’un le fait pour moi c’est toujours avec une position sur le ventre, merci pour la cicatrice ! Mais comme je tenais à allaiter – qu’au moins j’arrive à faire quelque chose – je m’accrochais. Mon mari m’aidait tant bien que mal. Les premières visites m’ont fait du bien, j’ai pu voir mes parents et cette présence était agréable. Mais le soir une fois seuls le cauchemar semblait revenir. Mon mari trop fatigué ne se réveillait pas aux pleurs ni à mes appels, j’appelais pour qu’on m’aide à la mise au sein, personne ne venait et mon fils pleurait de faim. Le lendemain épuisée, j’ai demandé qu’on amène des biberons que j’arrêtais. Seule je n’y arrivais pas, la montée de lait n’arrivait pas, j’avais envie de dormir. J’ai beaucoup regretté de faire ce choix mais plus personne ne me soutenait, même mon mari m’incitait au biberon. J’avais encore échoué dans la maternité que je voulais avoir. On a amené des biberons et mon fils s’est calmé. On m’a aussi donné des cachets contre la montée de lait. Je croyais qu’enfin nous allions être tranquille… si j’avais su. Le dimanche après midi, je me suis sentie comme aspirée vers le néant alors que je m’étais endormie. Puis malaise et vomissements sont venus s’ajouter à cette terrible sensation. Une sage-femme est venue, mais elle n’a rien pu faire. 2h après alors que j’étais toujours souffrante, elle revient et me parle de crise d’angoisse. Sur le coup je ne dis rien. La nuit rebelote. L’autre sage-femme me fait le même topo je fais des crises d’angoisse. Et je commence à y croire. Lendemain après midi à nouveau je ne suis pas bien. Maintenant je les crois. J’en viens à ne plus oser toucher mon fils de peur de lui faire du mal. Je me retranche dans la salle de bain et tente de penser à autre chose. Je veux partir de cet hôpital, il va me rendre folle. Je me crois folle et je le dis même à mon mari. J’ai la sensation de perdre la tête. Et puis on réfléchit car mon mari ne peut pas croire à des crises de panique. Et il s’aperçoit que j’ai été malade à chaque fois que j’ai pris le médicaments pour la montée de lait. Dans les 10min qui ont suivies. On en parle à la sage-femme qui nous assure que c’est impossible. On fait alors le test lundi soir. Je prends le cachet mais si je me sens mal on ne prévient personne car on a des chances de sortir le mardi matin. Evidemment je suis malade. Le mardi midi je ne prends pas le cachet – en plus nous avons l’accord pour sortir – je n’ai pas été malade. De retour à la maison et un détour à la pharmacie, nous achetons le produit en question car je dois continuer le traitement 15jours. On regarde la notice et en effets secondaires, il a tous les symptomes que j’ai eus pendant les derniers jours… Non, je ne fais pas des crises d’angoisse, je vais bien, je ne suis pas folle et je vais être une bonne mère… »
Anonyme – France, Hérault
#17 Deena – 2010 – Ottignies
29 JanTout a commencé lors d’un simple monitoring de routine un vendredi après-midi, j’étais enceinte de 39 SA. Pendant le monitoring, la sage-femme vient me dire que j’ai trop de protéines dans les urines, mais elle ne m’explique pas ce que cela signifie et s’en va.
Après le monitoring, je vais chez mon gynécologue, qui lui commence à me poser un tas de questions: si je vois des étoiles devant les yeux, si mes pieds/jambes/mains sont gonflé(e)s depuis longtemps, … Il m’explique qu’il y à trop de protéines dans mes urines, mais que cela pourrait avoir plusieurs explications, donc je dois aller faire des examens supplémentaires.
Après une prise de sang, un test d’urines et un monitoring supplémentaire, le gynécologue m’annonce que j’ai une pré éclampsie et il m’explique ce que cela signifie.
Pendant ce temps, je remarque sur le monitoring que j’ai des contractions toutes les 10 minutes et je lui demande si la pré éclampsie pourrait déclencher le travail naturellement, ce qu’il confirme.
A partir de ce moment on me place dans une chambre à la maternité et on m’annonce qu’on déclenchera l’accouchement le matin suivant. Comme c’est le week-end, mon gynécologue me présente la l’obstétricienne de garde et me dit rapidement qu’il y aura une possibilité que l’accouchement finira par une césarienne.
Le matin suivant (je n’ai quasi pas dormi), j’ai des contractions toutes les 6 minutes et 2 cm d’ouverture, mais on décide quand même de m’injecter de l’ocytocine pour faire avancer le travail vu que le bébé doit sortir dans les 24 heures. On me fait immédiatement une péridurale parce que « les contractions seront insupportables à cause de l’ocytocine » et parce que « cela nous évitera de perdre du temps s’il faut pratiquer une césarienne en urgence ». C’est vraiment très rassurant ce que me disent ces gens… Lorsque l’on m’injecte l’ocytocine, on m’injecte aussi les antibiotiques pour le streptocoque contre lequel je n’étais pas immunisée et à partir de ce moment-là j’ai vomi pendant tout le travail et jusqu’à 2 jours après la naissance.
En effet, l’ocytocine fait bien son travail et les contractions deviennent de plus en plus insupportables, sauf que la péridurale ne suit pas et endort complètement mes jambes et pas mon ventre. Pendant tout le travail je suis accrochée à la machine de monitoring et à un tensiomètre qui se met en route toutes les 10 minutes. Je ne sais pas bouger, donc au revoir les exercices que j’ai appris pendant ces agréables séances d’haptonomie. Je reste constamment couchée sur le dos ou le côté.
Durant l’après-midi, une sage-femme vient rompre les eaux artificiellement pour faire avancer le travail.
Vers 20h, l’ouverture du col coince depuis 3 heures à 7cm et la tête du bébé présente une bosse et on estime qu’il ne passera pas.
A ce moment-là, la douleur a complètement pris l’emprise de mon corps et de mon esprit et je suis tellement dans un état second que je me laisse faire et je m’enfou de ce qui se passe, du moment qu’on me sorte ce bébé et que je ne souffre plus.
La gynécologue décide de faire une césarienne en urgence et lorsque j’apprends que mon compagnon ne peut y assister, je panique complètement. Il avait été d’un grand soutien pendant tout le travail et je m’imaginais mal vivre la naissance de notre premier enfant sans lui.
Les sages-femmes m’emmènent jusque dans une salle à côté du bloc opératoire et heureusement mon compagnon peut rester avec moi le temps d’entrer en salle d’opération.
Arrivée sur la table d’opération, on m’attache les deux bras. Cela prend une demi-heure avant que la péridurale prenne vraiment au niveau du ventre et on place un écran devant mon visage de sorte à ce que je ne vois rien de l’opération. La gyné explique un petit peu ce qu’elle fait pendant l’opération. On doit pousser sur mon ventre pour faire sortir le bébé parce qu’il est trop coincé dans mes intestins, une sensation des moins agréables. On me dit que mon fils est sorti de mon ventre, mais ils l’emmènent immédiatement faire les premiers soins. Je l’entends pleurer au loin, ce qui me rassure, mais je pourrais le voir que 10 minutes après.
Vu que mes deux bras sont attachés, je ne peux même pas le toucher. La sage-femme plaque sa joue contre la mienne, mais je suis tellement déçue par cette césarienne et son déroulement qu’après une minute je l’ordonne de l’amener chez son père faire le peau à peau vu que je ne peux rien faire pour lui. Elle avait l’air très étonnée de ma réaction, mais a respectée mon choix.
Après m’avoir « recousue », je suis encore restée 1h30 dans la salle d’éveil en observation. Je me sentais bien et j’ai demandée plusieurs fois de monter dans ma chambre parce que je ratais les premiers instants avec mon fils, j’étais pratiquement sûr qu’il serait déjà endormi lorsque j’arriverais dans ma chambre, mais ma demande à été ignorée à chaque fois. J’ai donc été séparée de mon fils pendant 2 heures.
Arrivée dans ma chambre, j’ai brièvement pu le mettre au sein, mais il était quasiment endormi.
En plus de la pré éclampsie et la césarienne, j’ai fait de l’anémie et étais très faible. Je suis restée 7 jours en total à la maternité.
Au niveau de l’allaitement, cela a été très difficile. La montée de lait s’est fait attendre et les avis différents des sages-femmes, infirmières, etc… ne m’ont pas aidée. Entre l’une qui me donne une téterelle parce que mon fils a soi-disant un menton trop renfoncé et l’autre qui me sermonne parce que je l’utilise, pas toujours facile de savoir qui il faut croire…
Au 5ième jour, mon compagnon et moi-même décidons de passer au biberon de LA, je suis épuisée, mon fils hurle de faim et la montée de lait ne s’est toujours pas manifestée. Après avoir fait part de cette nouvelle à l’équipe, une infirmière entre dans ma chambre et me dit que le lait maternel est ce qu’il y à de meilleur pour mon enfant et qu’elle même ayant fait une prééclampsie pour des jumeaux à 36 SA a persévérée et qu’elle les a allaités 6 mois, ELLE. J’ai fondu en larmes, elle croyait vraiment que j’avais pris cette décision à la légère? Mon homme l’a ordonnée de sortir de ma chambre. Pour finir, je n’ai jamais eu de montée de lait, chose assez rare, mais pas exceptionnel dans mon cas selon le gynécologue…
Cette césarienne m’a laissée des séquelles psychologiques assez profondes. Jusqu’à aujourd’hui, je ne sais pas parler de la naissance de mon fils sans que les larmes me viennent aux yeux.
J’ai beaucoup souffert du fait que je n’ai pas vu mon fils « sortir » de moi, j’ai eu beaucoup de mal à établir un lien avec lui alors que son père n’avait aucune difficulté d’adaptation. Vu mon état après l’accouchement, il a été un peu « forcé » de s’occuper de notre fils jour et nuit le temps que je récupère. La césarienne et le fait que je n’ai pas pu l’allaiter ont fait que je sombrais de plus en plus, sans parler du fait que je ne savais même pas m’occuper de lui (le changer, lui donner son bain, le porter plus de 5 minutes, etc…) en rentrant à la maison. Une sage-femme à la maternité a remarquée que je faisais plus qu’un baby blues et a discrètement fait appel à une psychologue périnatale qui m’a un peu aidée à surmonter cette épreuve.
Par la suite, le gynécologue m’a conseillée de faire une pelvimétrie. Il s’est avéré que la sortie de mon bassin est un peu trop juste. Je suis assez fine et mon fils pesait 3kg780 pour 53cm à la naissance, sans parler de son tour de tête de 37cm. On m’a fait croire qu’il ne serait jamais passé, mais je n’en suis toujours pas convaincue…
#05 Sandra – 2009
28 JanBonjour,
Je m’appelle Sandra j’ai 27 ans et deux enfants.
je veux vous raconter mon premier « accouchement ».
Tout a commencé le 18 avril 2009 à 4h du matin avec les premières contractions, déjà bien douloureuses et espacées tout de suite de 5 minutes !
vers 12/13h on décide de partir pour la maternité.
Les souvenirs restent vagues, mais la journée s’est passée, elle fut longue, vers 22h, ils demandent si je souhaite la péri ou non, je leur dis que je veux attendre car je ne sais pas pourquoi mais ma hantise c’est qu’elle ne fonctionne plus au moment de l’expulsion.
Vers 23h je n’en peux plus et la demande.
J’avais vraiment peur de cette grosse piqûre et faire le dos rond avec un gros bidou et 35 kg en plus ce n’est vraiment pas facile, la sage-femme me sort sèchement « et bin dis donc heureusement que l’anesthésiste est gentil, ça aurait été un autre, vous ne l’auriez pas eu !!! » :0
Bref la péri posé, maintenant on attend, mon col s’ouvre vraiment doucement. La nuit passe et la travail avance, on me demande de me mettre sur le côté pour faciliter la descente de mon fils, mais il n’apprécie pas et son petit cœur ralenti donc je me remets sur le dos.
Aux alentours de 8h45, mon gynéco prend sa garde et viens me voir, et là, ça chuchote, des messes basses.
Le gynéco me dit « ça ne passera jamais, on vous fait une césarienne » !!!
A ce moment là, tout s’accélère, je suis entre deux, soulagée peut-être parce que j’en ai marre, je suis fatiguée et aussi parce que je me dis que je n’arriverai sûrement à sortir mon bébé naturellement, que je ne sais pas comment faire.
Mais j’ai aussi très peur et je suis très frustrée d’en être arrivée à dilatation complète « pour rien ».
J’arrive au bloc, une pièce horrible , froide pas accueillante pour un sou pour l’arrivée de mon petit bébé d’amour !
On m’attache les bras et l’OPERATION commence.
Là, ce fut les plus horribles minutes de ma vie, je ne pensais pas qu’une telle douleur pouvait exister, je sens tout, la péri ne fonctionne plus : le bistouri, les écarteur, je les sens me farfouiner dans le ventre..
je hurle, je leur dis que j’ai trop mal qu’il faut arrêter, là, l’infirmière anesthésiste me dit que c’est normal de sentir mais que je n’ai pas mal !!
Je me débats, ils finissent par me faire une anesthésie générale après d’interminables minutes de souffrance…
Mon amour de bébé Noann naîtra à 9h23 le 19 avril 2009 il pèse 3,540 et 49 cm.
Je suis endormis, on me monte en salle de réveil, et là j’entends parler mais je ne peux pas réagir, j’entends une femme dire « et bin dis donc elle a craqué de partout celle là » 😦
Je finis par me réveiller avec bcp de stimulations aux alentours de 13h, je pleure, je ne sais pas ce qu’il m’arrive et je me demande ce que je fais là !
On me dit qu’on va m’amener mon fils ! mon fils ??? quel fils ? je n’ai pas accouché, ce n’est pas le mien, je ne veux pas le voir !!!
Finalement ils me l’apporteront et là je tombe amoureuse pour la 2ème fois de ma vie ❤
j’ai mis 1 an et demi à me remettre psychologiquement de cette naissance, pour mon fils, ça été très dur aussi, moi je n’étais pas bien donc lui non plus !
je pensais ne plus pleurer en repensant à ce jour et à cette « accouchement » mais en écrivant les larmes me montent…
Heureusement j’ai connu par la suite j’ai tout l’inverse avec la naissance de ma fille Yaëlle le 15 mai 2012, ce fût le jour le plus magique ! un accouchement par voie basse comme tout le monde en rêverait (mise à part la déchirure lol)