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Lucie, la naissance de Nathan en novembre 2013

5 Mar

Amour ? Je crois qu’on a un problème . Je tends le test de grossesse à ton papa, et là je vois la joie illuminer son visage, il n’en sait pas plus mais il t’aime déjà , toi petit être qui grandit en moi . On fera ce que tu décides a-t’ il dit . Mais je savais , il n’a pas pu cacher ses sentiments. C’est à ce moment précis, mon cœur, qu’on est devenu tes parents .

Ca fait pourtant que trois mois que nous sommes ensemble mais ton papa est un homme incroyable, j’ai confiance en lui, je me sens en sécurité, aimée, pour la première fois de ma vie je suis en paix. Mais moi ta maman, est ce que je vais arriver a être à la hauteur, a prendre soin de toi , et a t’aimer autant que tu le mérites …

Première échographie, mon petit prince, tu as la taille d’un petit haricot, on entend ton petit cœur battre, papa est tellement heureux, ému qu’il ne peut s’empêcher de sourire . On est dans le noir, heureusement, personne ne voit mes larmes couler . J’ai si peur mon bébé, je ne suis pas prête pour tout ça . ..

Voilà quatre mois que tu es dans mon ventre et cette nuit j’ai rêvé de toi , tu avais de grand yeux bleus.

Mon ventre ne s’arrondit que très peu , est-ce parce que tu sens que je ne voulais pas t’avoir si vite a mes cotés ? Ton papa le voit bien, je n’arrive pas a être comblée par cette nouvelle, mais il ne dit rien, il me soutiens.

Et le temps passe mon bébé , mon ventre grossit peu à peu, et mes angoisses avec…

Lors d’une échographie , la gynécologue dit que tu es trop petit , que l’accouchement risque de ne pas très bien se passer peut-être qu’on devra me faire une césarienne , il se peut que tu ne supportes pas les contractions , mais elle se trompe elle ne sait pas à quel point tu es fort et déterminé a être parmi nous. Nous devons faire des échographies tous les 15 jours et à chaque fois c’est une épreuve en plus , j’ai si peur qu’il t’arrive quelque chose, tu ne prends toujours pas de poids. Est-ce que c’est de ma faute ? Est-ce que c’est parce que j’ai peur ?

On a commencé les cours a l’accouchement et ton papa vient avec moi, la sage femme est une personne formidable, elle est a notre écoute, je lui fais part de mon histoire, de mes peurs, elle est avec nous, nous soutient. Grâce à elle je commence a prendre conscience de mon état de maman. Le huitième mois est la, mais je ne veux pas que tu arrives c’est bien trop tôt, je veux pas que ma vie change, je n’y arriverai pas, mais papa est toujours là, à mes cotés, il nous aime si fort, il est tellement sûr que je serais une maman parfaite pour toi que je vais finir par le croire. Nous sommes le 18 novembre et tu es prévu pour le 13 décembre. Il est minuit, la première contraction arrive, mais ce n’est pas le moment j’attends patiemment dans le lit, papounet se réveille, il s’inquiète et m’oblige a appeler l’hôpital . La sage femme que j’ai au téléphone me dit que c’est un faux travail que je dois pas m’inquiéter. Mais ça continue toute la nuit, c’est de pire en pire mais ce n’est pas régulier, je rappelle l’hôpital il me maintiennent que ce n’est rien, que ça va passer dans la journée. Il est neuf heures, papa reste à la maison et ne va pas travailler, et heureusement car a neuf heures trente je perds les eaux, et là c’est la panique, je n’ai pas préparée la valise, je ne trouve pas mes papiers , je cours dans tous les sens, j’ai tellement mal, je commence à paniquer, à pleurer, je n’y arriverais jamais, ça fait si mal, si ton papa n’avait pas été là j’aurais accouchée sur le canapé. Il reste calme, posé, il me guide mais dans son fort intérieur c’est un tsunami qui se prépare, avec le recul la situation était très comique. Je n’arrête pas de répéter que tu vas venir au monde dans la voiture, que c’est pas le moment, que je veux pas aller à l’hôpital, tu ne dois pas arriver maintenant, ta valise n’est même pas prête. Arrivée à l’hôpital on m’allonge, on me met des fils partout, je comprend pas très bien ce qui se passe, je veux me lever, mais je peux pas, les contractions sont insupportables, j’ai tellement soif , mais les sages femmes ne veulent pas que je bois, elle veulent pas que je me lève. Et moi je veux rentrer à la maison tout de suite, je veux pas être la, je comprend rien a ce que me dit l’anesthésiste il a un drôle d’accent polonais russe, il m’énerve. Bon sang, je veux me lever, mais non je dois rester allongée là et je dois pas bouger sinon le monitoring ne fonctionne pas ! Je voulais aller dans la baignoire, mais la sage femme ne veut pas, elle a beau être adorable, a ce moment précis ils m’énervent tous. La péridurale mise en place tout vas mieux, je me calme, me détend, ton papa a mes cotés. Et voilà petit bout, tu arrives il est 12H55, je pleure, j’ai mal mais c’est supportable, les sages femmes son formidables et drôles, je sens ton papa me serrer fort dans ses bras. Il est 13h05 et tu es avec nous mon amour.

Nous sommes une famille !

Aujourd’hui tu as trois mois et de grand yeux bleus, je vous aime tellement fort tous les deux, toutes les angoisses, toutes les peurs , tout ça s’est envolé quand je t’ai eu dans mes bras. On est si heureux tous les trois. Tu es la plus belle chose que j’ai faite dans ma vie, je ne regrette rien, tu es fait pour nous et nous sommes fait pour toi.

De Lucie pour mon Nathan que j’aime.

« Tous les enfants qui naissent sont la preuve que dieu n’est pas encore découragé de la race humaine »

#341 La naissance de jumeaux, dont un petit ange – 2012

8 Fév

J’ai 25 ans, 1an 1/2 d’attente avant d’être enceinte. Le jour de la 1ère écho, trop pressée et stressée à la fois!! Super, le gynéco qui annonce des juju!!! Wahou, l’aventure commence. Jusqu’a 6 mois 1/2 tout roule pas malade rien du tout et des échos tous les mois. 6ème écho la bouche en coeur nous arrivons pour voir nos loulous à l’ecran!! La tête du gynéco change, il sort de la piéce, revient tout blanc… Il annonce le décès de ma fille…
Il explique la suite, donc je porterais mes 2 enfants jusqu’à terme et j’accoucherais naturellement.
10 jours avant ma DPA, contractions toutes les 5 minutes. Je décide d’aller a la mater, monito, on me dit c’est du faux travail. Ok.
Le lendemain toutes les 3 minutes rebelotte j’y retourne. Monito. Le col a peu bouger. On decide de me garder pour la nuit et que sa serait justement dans la nuit. On continue le monito. L’equipe de jour finit son service. Une sage femme rentre dans la chambre, ne se présente pas, elle me fait un examen qui me fait hurler de douleur! Elle me dit le col est trop haut, mais je ne sais pas ce que je touche, si c’est le crâne ou bien un orbite… bref elle part de la chambre me laisse sous monito. 5 minutes plus tard elle revient en furie dans la chambre, me hurle dessus en disant « degagez du lit, j’ai une femme à dilatation complète! Allez vous habiller dans le couloir ». Elle me tire du lit par les bras. Je fais ce qu’elle me dit, choquée par ses propos et au bout des larmes. Je lui demande: mais les contractions… pas pu finir ma phrase elle crie « allez voir ma collègue, elle va vous donner un suppo »…
Retour à la maison difficile. Pas dormi de la nuit.
Le lendemain je ne pouvais plus marcher. Je retourne a la mater! Et la un sketch total! J’ai eu le droit à 5 échos entre 15h et 21h. Et plus d’une 15aine de touchers et tous cela parce que personne ne savait se qu’il « touchait »…
Un stress, une angoisse depuis la veille, une peur qu’il arrive quelque chose a mon bébé vivant!
J’ai été finalement declenchée. Mise sous morphine pour la douleur.
Une péridurale qui ne marche pas du coté gauche…
Et au moment de la dilatation complète, une sensation étrange: quelque chose glisse de moi! Juste le temps de dire à mon mari d’apeller une sage femme qu’elle rattrape ma fille au vol! Une fois mise dans un sac « poubelle » elle me demande: « vous voulez la voir?! »
Mon garçon a eu du mal à sortir, il était trop haut, beaucoup d’effort et d’aide du gynéco.
Le placenta qui est sorti a plus de 30 min et bien sûr un début d’hémorragie…
Tout compte fait, AUCUNE personne du personnel soignant de la maternité ne savait que j’attendais 2 bébés! Ils m’ont laissée souffrir du jeudi au dimanche midi!
Voilà mon histoire… aujourd’hui mon fils va fêter ses 2 ans au mois d’avril et lui c’est ma plus belle fierté.

#340 L’accouchement de Justine, Belgique 2011

8 Fév

Nous sommes en 2010 quand mon compagnon et moi apprenons que je suis enceinte. Ayant très peur de l’accouchement, de l’hôpital, de l’acte médical, je ressens le besoin de suivre une préparation à l’accouchement. Cette préparation qui est l’haptonomie m’a vraiment rassurée dans le sens ou je me suis sentie capable d’accoucher, j’ ai pris confiance, nous étions serein.

Le 17 mars, je perds les eaux a 22h. Le papa et moi décidons de prendre notre temps avant d’aller à la maternité. Nous prenons les dernières photos à deux, …
Nous arrivons a minuit à la maternité. Je passe par l’admission et je me retrouve très vite dans une chambre ou on me dit d’essayer de dormir car les heures qui suivent vont être difficiles. Deux heures plus tard, les premières contractions arrivent, on m’apporte un ballon afin de me soulager. Mon compagnon et moi arrivons a bien gérer les contractions, Grace a notre préparation, je pense. Mais, je comprends très vite que le personnel est débordé, nuit de pleine lune ? Personnel insuffisant? … Je n’en saurais pas plus.
On m’envoie une stagiaire sage femme pour s’occuper de moi. Elle passe toutes les 1h30 plus ou moins afin de m’ausculter. Il est 12h la douleur est de plus en plus forte mais nous continuons a gérer les contractions tant bien que mal. Le travail est lent, mon col ne s’ouvre pas, je fatigue, … J’aperçois la sage femme, enfin, dans ma chambre, elle vient m’ausculter, la stagiaire sage femme m’ausculte aussi. J’avais mal, je ne voulais pas qu on m’ausculte une seconde fois mais je n’ai rien su dire.
Je comprends que mon col ne bouge pas, elles parlent entre elles mais ne me disent rien.
Dans la chambre d’a coté j’entends une maman en souffrance, qui crie beaucoup, j’ai peur mais je me concentre.
Vers 13heures, la sage femme me dit : ‘ la dame d’à côté demande la péridurale, si vous la voulez c’est maintenant car après je ne suis pas sûre que l’anesthésiste revienne’. Oui, j’aurais aimée essayer aller plus loin sans péridurale, oui je voulais un accouchement naturel, mais prise de panique, j’accepte.
Nous partons en salle de naissance, on me pose la péridurale qui fait très vite effet. On m’injecte une dose d’ocytocine, le travail n’allant pas assez vite à leur goût, je présume, on m’en injecte une deuxième.
Tout s’enclenche, je ne me sens pas bien, je ne vois plus, … Le rythme cardiaque de mon bébé chute, une dizaine de personnes rentrent dans la salle, mon compagnon était à côté de moi et tant bien que mal, il garde son calme, pour moi.
Personne ne m’explique rien mais je comprends que c’est grave. On me sonde, on me prépare … Mon gynécologue arrive … Enfin, un visage connu.
Et là d’un ton paternaliste, il m explique que ce n’est pas grave, le bébé va bien mais il ne faut plus tarder car il ne supporte plus les contractions, il pose sa main sur mon épaule et là d’un coup je me suis sentie en sécurité. J’avais besoin de ces explications, de ce ton rassurant.
Il accepte même la présence du papa en salle d’opération et nous partons en césarienne.
Arrive en salle d’opération on me prépare, et la je sens qu’on ouvre mon ventre, j’ai peur, je sens, je débats mes jambes, l’anesthésiste me fait respirer dans un masque, je m’endors. On sort mon fils de mon ventre, le papa accompagne la sage femme pour les premiers soins. Mon compagnon m’explique qu’il a dû insister pour que je vois mon fils avant d’aller en salle de réveil, on ne voulait pas me le montrer car j’étais endormie…. Pourtant je me souviens d’avoir entendu la voix du papa de loin m’appeler, je me réveille et je vois le visage de mon bébé à côté de moi quelques secondes, un moment rempli d’émotions.
Ensuite, on m’emmene en salle de réveil pendant deux heures.
Lors de mon réveil, on tarde a me ramener en chambre, une sage femme passe au bout de mon lit et me dit ‘qu’il est beau votre fils madame !’ Cette phrase résonne encore dans ma tête à l’heure actuelle, comment peut-elle se permettre de me dire ça à moi, qui a juste eu le droit que de l’apercevoir, moi qui n’attend qu’une chose c’est qu’on me remonte dans ma chambre afin de retrouver mon fils et mon compagnon?
Ce n’est que deux heures après sa naissance que notre histoire de vie à trois a pu commencer …
Il me manque des chapitres dans l’histoire de mon fils, j ai l’impression d avoir raté des choses, de ne pas avoir été là comme je l’aurais dû, comme je m’en étais fait l’idée…

#339 Le deuxième accouchement de Anne, Belgique

7 Fév

Madame, Monsieur,

Le contenu  de cette lettre que vous êtes en train de lire avait été fait il y a 4 ans mais je l’avais jetée. En effet, écrire enfin cette lettre et vous l’envoyer est pour moi, la dernière étape d’un long cheminement sur une épreuve que j’ai eu à traverser. Je ne l’ai pas envoyée plus tôt car je savais que la réponse que vous me donneriez n’enlèverait rien à notre souffrance voir même la discréditerait probablement. Aujourd’hui, nous réclamons une justice…non pas pour moi égoïstement  mais surtout pour ma fille. En effet, depuis quelques mois, Emma a des difficultés comportementales. Bien logiquement, nous avons mis ça sur le compte de l’arrivée de sa sœur car ça a commencé lorsque j’étais enceinte. Aussi, après des mois et même des années de galères car Emma est une petite fille tourmentée depuis toujours, nous avons décidé de faire un bilan dans une ASBL pour enfants en difficultés. Là, une expertise psychologique, neuro-psychologique et logopédique a été réalisée par des spécialistes. Cette semaine, nous avons reçu le rapport et il semblerait qu’elle soit toujours traumatisée par sa naissance et qu’elle a des difficultés d’apprentissage type TDAH et des troubles de la compréhension verbale. Il nous semble très clair que rien ne peut dire formellement que sa naissance et la grossesse soit en cause mais rien ne dit l’inverse non plus. Aussi, elle ne m’a pas encore posé de questions sur sa naissance  mais au vu de ces circonstances, je vais devoir lui expliquer. Cette démarche vis à vis de vous nous semble difficile car je sais que notre vécu risque d’être discrédité mais tant pis…Emma a le droit de savoir que son papa et sa maman demandent des comptes pour elle, pour elle se construire plus tard.

Voici mon histoire de sa conception à la période post-partum… Il y a 5 ans après avoir traversé un AIT suite à une hypofibrinolyse modérée, j’étais enceinte d’un bébé attendu depuis très longtemps, une grossesse longtemps post-posée pour stabiliser ma santé. J’ai eu connaissance de ma grossesse le 18 octobre 2008. C’est Mme V. qui me suivait, nous avons eu un bon contact soignant-soignée mais elle m’annonce de suite qu’elle est enceinte et donc, elle ne pourra suivre en intégralité ma grossesse. Au premier trimestre, j’étais malade avec des nausées mais ça ne se passait pas si mal. Ensuite, vers 8 semaines, j’ai attrapé une bronchite qui m’a donné une dyspnée à l’effort invalidante. Lors d’une consultation chez Mme V., elle constate le problème et demande un avis cardiologique qui sera effectué dans l’hôpital le plus proche de mon domicile, l’examen sans particularité et le cardiologue (Dr L.) m’a ensuite envoyée chez le pneumologue (Dr H.) qui m’a diagnostiqué vers le mois de février une hyperréactivité bronchique. Il a instauré un traitement à base de Qvar. Début mars, j’étais donc à environ 23 semaines, Mme V. est partie en congé prénatal et j’ai donc été suivie successivement par Mme C. qui m’a accordé 10 min de consultation pour moi alors qu’elle ne connaissait pas et surtout que je n’étais pas spécialement bien. Devant ce manque d’intérêt, j’ai longtemps hésité avant de changer et en concertation avec la sage-femme indépendante qui me suivait, j’ai été dirigée contrainte et forcée par les secrétaires chez Mme J. à la consultation ONE car pas de place ailleurs. Début du suivi, à part des contractions et  toujours cette dyspnée importante à l’effort qui me ronge.  Je me suis plainte plusieurs fois d’être à court d’haleine et d’être oppressée…Mme J. m’avait fait un papier pour donner à mon pneumologue en disant que le Qvar contenait de la cortisone et que ça donnait un retard de croissance intra-utérin et qu’elle n’était pas vraiment contre mais pas pour non plus, elle voulait autre chose comme traitement. J’ai donc contacté le pneumologue qui s’est interrogé sur la raison de cette demande car il m’a dit que la corticothérapie est essentielle dans un traitement de l’asthme atopique, il a ajouté du Ventolin, il avait raison. J’avais également des contractions et j’ai donc été mise sous U********* 2 comp 3X/ jour ainsi que de l’A***** suivi d’un repos au lit car j’avais des contractions très fréquemment sans modification de mon col. A savoir que j’ai des antécédents de choléstase gravidique pour ma première grossesse et que le bilan hépatique n’a pas réalisé fréquemment semble t il. Le suivi a donc continué avec un test de O’sullivan positif, un triangle hyperglycémique réalisé également montrant juste la nécessité de suivre des mesures diététiques sans sucre. A signaler également, j’avais téléphoné 1X à Mme J. pour des contractions et l’accueil a été plutôt glacial. En consultation, je pesais mes mots à savoir que j’avais une sage-femme libérale qui venait à la maison me faire des monitos et elle avait envoyé un courrier avec le rapport de tous les monitos et elle m’a chargée de dire à la sage-femme que ses rapports ne servaient à rien alors qu’il lui était tout à fait possible de l’appeler et de lui dire directement. Bref, j’ai du entendre les doléances de Mme J. sur des autres praticiens en plus de la charge d’une grossesse déjà bien compliquée. Aussi, au vu de mon problème de coagulation, je prenais et je prends toujours de la cardioaspirine 100 mg à vie mais à 35 semaines, l’aspirine a été stoppée en vue de passer à la c******. Il existait un schéma fait par la coagulopathe(Mme M) avec une proposition de F******. J’avais pas forcément facile à me déplacer et j’y suis allée péniblement tout ça pour m’entendre dire qu’elle ne donnerait pas ce que Mme M. avait préconisé. Je ne savais pas vraiment comment je devais faire pour l’accouchement car elle ne m’a rien expliqué, ni à quel moment je devais arrêté la C****** et comment juger si je devais la faire ou pas chaque jour, à savoir que je contractais toujours énormément et que c’était très dur à juger à savoir que je ne suis ni médecin, ni sage-femme. A 36 semaines, j’avais tellement ras le bol de ce manque de sérieux car je contractais toujours, j’étais tellement dyspnéïque que je ne savais plus marcher 100 mètres sans devoir m’arrêter tellement j’étais tachycarde à 160-180 à l’effort. J’avais extrêmement mal partout du à l’alitement et aux dorsalgies chroniques. Je décide donc de reprendre mon dossier et d’aller ailleurs. Malheureusement, le lendemain de mes démarches…mon ventre a commencé à me gratter intensément et je me rends compte que mes médicaments habituels me rendent malades.  Donc vu les contacts que j’avais avec Mme J. j’ai contacté ma sage-femme qui me renvoie en urgence chez mon médecin traitant, celui-ci est très inquiet et me fait une prise de sang. Quelques heures plus tard, je reçois les résultats et le verdict tombe, mes enzymes hépatiques sont au plafond. Elle contacte donc la gynécologue sans arriver à lui parler et elle me le signale. Fin de cette journée, Mme J. m’appelle en me disant que je n’ai pas à la déranger en consultation, je lui signale que je ne l’ai pas appelée mais que c’était mon médecin traitant. Elle baisse immédiatement d’un ton et me demande ce qu’il se passe, je lui explique que mon ventre me gratte que mes enzymes hépatiques sont très élevés. Elle me dit que c’est très grave, qu’il faut que j’accouche la semaine d’après mais je dois avoir un monitoring fœtal journalier obligatoirement car je risque de perdre mon bébé. Je lui demande si c’est la seule solution et je doute un peu, je lui demande si c’est le seul traitement et elle me répond que si je refuse le déclenchement de mon accouchement, elle refuse de continuer à faire mon suivi. Contrainte et forcée, la mort dans l’âme et surtout dégoûtée, je n’ai pas d’autre choix que de me plier à sa volonté et j’annule toutes mes démarches pour aller ailleurs. A ce moment là, je n’ai donc plus été vue par Mme J. depuis 3 semaines…

 

Le jour J à 6h(le 3 juin 2009), je suis arrivée mais la peur au ventre avec un asthme instable non contrôlé malgré le Q*** et le v*******, une choléstase gravidique aigüe, un utérus contractile, un diabète non insulino-requérant sans vraiment avoir eu un suivi correct et une écoute, des douleurs chroniques que l’ostéopathe n’est pas parvenu à contrôler vu la grossesse… sans même avoir été rassurée par la gynécologue. Mon médecin traitant étant aussi perplexe que ma sage-femme sur la qualité du suivi. Voilà, à ce moment là, je me suis dit que je n’étais pas dans les conditions optimales pour mettre au monde ma petite fille. Ensuite, vers 9h, on s’occupe de moi, La sage-femme m’examine et m’explique que mon col est ouvert à 2 cm et que ce n’est pas gagné car je ne suis qu’à 37 semaines. Elle me met donc un gel qui brûle et fait mûrir mon col…puis une seconde fois plus tard dans la matinée car pas de résultat…puis la perfusion avec les occytocines sont placées vers 11h30 puis vers 12h30, le cathéter péridural. Soudainement vers 14h environ au changement de service, j’ai eu affaire à une dénommée «C.» une jeune sage femme du quartier de naissance. Elle est entrée sans même m’avoir examinée, elle dit d’emblée que la péridurale ralentissait mon travail et m’a dit qu’il était désormais plus possible d’injecter l’anesthésiant dans le cathéter mais elle a augmenté la perfusion en doublant la vitesse de perfusion. Je n’ai rien dit et j’ai essayé de mettre en pratique ce que ma sage-femme m’avait appris en préparation à l’accouchement. Mais plus le temps passait et plus ça devenait ingérable. Sur 3 ou 4 heures de temps, je suis passée de quelques cc/h  à 125 cc/h de solution de synthocinon. Pour ensuite se terminer par moi à quatre pattes, en détresse respiratoire avec la perfusion qui coulait en écoulement libre avec la roulette à fond.  Ensuite, 2h avant d’accouchement, quand j’ai vu que je n’arrivais plus à respirer, je me suis mise à pleurer car je sentais que ça n’allait pas. J’ai dit à cette «C.» plusieurs fois que je n’allais pas bien avant…je n’ai jamais vu la gynécologue, jamais la sage-femme ne m’a mis de l’oxygène ni même pris ma saturation, je ne respirais pas bien du tout. Ensuite, J’ai senti l’angoisse m’envahir  et il n’y a rien de pire que ça… jusqu’à ce que je rassemble mes dernières mots de ceux que j’arrivais encore à prononcer à ce moment là à savoir qu’accoucher comme ça en 2009,c’est un scandale !! Que même une vache, on ne lui fait pas ça !! Cette soignante m’a répondu que je n’avais pas le choix, que j’étais là pour raison médicale, la raison médicale explique la brutalité ? Elle est partie quelques instants pour ensuite revenir, ouvrir la porte de la pompe et l’ouvrir à fond, me mettre à quatre pattes et s’en aller juste après. Je me sentie abandonnée dans ma détresse et pas que morale mais physique aussi. Je pleurais sans même savoir parler…et puis, je me suis remise sur mon dos car j’étouffais. Mon mari l’a rappelée et elle est revenue…elle a dit sans même m’avoir regardée en face et en regardant mon ventre et mon anatomie intime : »et bien voilà madame, à 4 pattes, ça marche bien pour faire descendre le bébé… » Elle a ensuite appelé Mme J. qui une fois entrée, s’est inquiétée de mon état respiratoire…ENFIN !!!  Elle s’est énervée sur la sage-femme en lui disant, il faut du V******* tout de suite, elle a couru voir dans sa pharmacie et elle n’en avait pas. Donc, elle nous a dit que ça n’irait pas si je n’avais pas mes puffs alors elle s’est tournée vers mon mari pour voir s’ il avait mon puff de V*******. J’ai essayé comme j’ai pu d’inspirer mes puffs mais tout n’est pas arrivé dans mes bronches donc, Mme J. a dit : « allez !!! Vous allez devoir mettre le paquet car ça risque de mal se terminer si vous ne poussez pas efficacement » J’ai donc rassemblé le reste de force qu’il me restait et j’ai poussé 3 fois et ça a suffit…toujours sans oxygène, sans monitoring, sans saturomètre… Quand j’ai accueilli ma petite fille enfin quand j’ai essayé de l’accueillir…je me suis dit que le bon dieu avait été avec nous ce jour là…que j’étais en vie et qu’elle aussi…La détresse respiratoire s’est levée car j’ai refait des puffs de v******** et que les contractions se sont arrêtées. Après cela, ma petite fille n’a pas été vue par un pédiatre car le poids était supérieur à 2kg 300. C’est la réponse qui m’a été donnée par les sage-femmes lorsque j’ai demandé si elle devait aller en néonatalogie.

J’ai accouché à 18h24 et je suis arrivée vers 22h30-23h dans ma chambre à la maternité. Ensuite, après m’être endormie vers 1h du matin, une sage-femme du quartier de naissance est revenue me faire signer les papiers pour le don de sang de cordon. Jusque là ok mais vers 6h, elle est revenue me réveiller, encore pour me faire signer les mêmes papiers signés 5h plus tôt car perdus… Tout ça pour apprendre 15 jours plus tard qu’ au vu du délai entre le prélèvement et l’analyse, le don n’avait pas pu être traité.

Le séjour en maternité s’est très bien passé et ça m’a aidé un peu à commencer ma reconstruction mentale et physique. Le lendemain, Mme J. est passée me voir visiblement embêtée et inquiète de mon état respiratoire et a reconnu verbalement qu’il aurait fallu un meilleur suivi pneumo, qu’elle aurait du insister. Il était un peu tard pour ça et Mme H m’a vue en post-partum et m’a instauré un traitement correct et je la remercie rien que pour ça ; J’ai eu un traitement à base de s******* 50/500, m********** 10mg, v******* et f******** a***.

Pendant des mois, j’ai vécu avec ce qu’on appelle un stress post-traumatique du à l’accouchement mais je ne savais pas qu’on pouvait en souffrir suite à un accouchement… J’ai fait des cauchemars pendant des mois du personnel soignant en train de me courir après pour me faire accoucher… j’avais des angoisses, je n’étais pas bien. En février 2012 donc 3 ans en vue de me lancer dans une autre grossesse et pour tourner la page, j’ai entrepris une thérapie par l’hypnose et ça a très bien marché. Je ne pleure plus le jour anniversaire de ma fille et je vais bien mais la route a été si longue. Aujourd’hui, je vais bien. Malgré tout, je viens d’avoir une 3ème petite fille le 27 juin 2013 après un combat acharné qui a mobilisé sage-femmes indépendantes, hospitalières, diabétologues, pneumologues et gynécologues. J’ai eu les mêmes complications pour cette grossesse que pour la grossesse d’Emma, hormis que cette fois, le personnel soignant m’a écoutée et suivie comme il se doit. Ce fût une expérience douloureuse mais tellement positive.  Je n’ai strictement rien à reprocher lors de ma prise en charge de cette 3ème grossesse. Mais quand on voit l’énergie que chaque soignant a dépensé pour que ma fille et moi, nous nous en sortions sans encombre. On peut être en mesure de se dire que Emma et Moi, nous sommes des miraculées. Cependant, cette dernière grossesse m’a donné les pires angoisses car on ne peut pas faire un black out sur tout. Cela dit, je tiens à dire que hormis la situation difficile que j’ai eu à traverser en 2009, Vous avez un personnel soignant qui est formidable mais comme partout il y a des personnes moins professionnelles à certains moments et quand vous tombez sur des personnes comme celles-là à un moment comme une grossesse et un accouchement, ça laisse une marque indélébile non pas que pour la maman mais aussi pour l’enfant et le futur adulte qui se construit. Pour ma dernière grossesse, elle a bien été préparée et je suis allée voir Mme H à Bruxelles, une spécialiste des grossesses à risque bien connue dans le milieu et elle m’a confirmé qu’il y a eu des manquements dans ma prise en charge.

Je suis désolée d’avoir été si longue mais tous ces évènements s’étalent sur des années…Nous n’attendons pas grand-chose de vous, mon travail sur moi-même est terminé mais celui de ma fille ne fait que commencer et la route sera très longue. Nous voudrions que les manquements soient reconnus et que vous reconnaissiez votre responsabilité. Nous voudrions que vous reconnaissiez la souffrance psychologique de notre fille et la nôtre même si nous avons dépassé ce cap. Je n’ai qu’un souhait que chaque femme enceinte ait droit à une prise en charge dans sa globalité. Que plus jamais une horreur pareille ne se reproduise…

Bien à vous.

Anne P.

Infirmière 32 ans

Maman de 3 petites filles.

#328 Accouchement non-respecté en Charente Maritime, 2004

14 Jan

Je m’appelle Héloïse, j’ai 38 ans, mon fils est né en 2004 à l’hôpital (…) en Charente Maritime.

Mon corps, mon bébé et mon accouchement n’ont pas du tout été respectés ainsi que le séjour qui a suivi.

J’avais alors 28 ans et le terme théorique était prévu pour le 31/10/2004; tout s’était très bien déroulé jusque là.

Le 15/10 en toute fin de journée, dernier examen chez le gynécologue-obstétricien, examen peu agréable et douloureux.

Le 16/10 à 08h15, dès le saut du lit en allant aux toilettes comme par hasard la poche des eaux s’est rompue d’un seul coup …

Deux heures plus tard, je pars à l’hôpital naïvement, confiante et joyeuse à l’idée de donner la vie et de voir enfin mon bébé.

Arrivée au bureau des sages-femmes, je suis accueillie par la doyenne qui me présente à sa collègue qui est de garde ce jour-là pendant 24h à l’époque.

Déjà je ne la sens pas enchantée dès le départ, nous sommes un samedi, c’est donc sa garde du week-end du samedi 8h au dimanche 8h. Elle n’est visiblement pas d’humeur et commence par me faire un monitoring, pour détendre l’atmosphère je lui dis que c’est sympa d’avoir la même sage-femme pendant 24h. Là elle enfile ses gants d’examen et me dit sèchement : « maintenant je vais être nettement moins sympa » puis elle m’enfile ses gros doigts entre les jambes en me faisant atrocemment mal.

Elle est particulièrement sèche et désagréable, brutale dans ses gestes, elle m’annonce avec dédain : « Pfff vous n’êtes dilatée qu’à un doigt, dans 48h on y est encore » …

Elle repart en m’indiquant que je vais devoir patienter dans une chambre, mon conjoint n’en revient pas de son attitude, et ma mère qui l’a vue l’a qualifiera de matronne.

Je n’avais ni bu ni mangé depuis la veille et les contractions se sont accentuées d’heures en heures, la sage-femme n’est revenue me voir à aucun moment, j’ai géré mes contractions seule dans ma chambre. Vers 19h à bout de forces, je demande au personnel si je peux manger quelque chose, ils me servent juste une soupe que j’ai vomie.

J’ai donc sonné car je n’avais pas vomi une seule fois durant ma grossesse et cela m’a inquiétée, c’est la matronne qui est arrivée, visiblement je la dérangeais, « pfff ça arrive souvent avec les contractions, rappelez quand il y en aura toutes les deux minutes pendant 2h d’affilée » … Quel sens du dialogue et quelle écoute, quel soutien ! Vers 21h je pars enfin en salle de travail, je suis perfusée, cathétérisée, tensiométrisée, sans explication. La matronne se prend les pieds dans les fils de ma perfusion reliés à ma main et je hurle lorsque le pansement s’arrache. Pas une excuse, elle lève les yeux au ciel et repart. L’anesthésiste qui est beaucoup plus aimable vient me poser la péridurale à 3 cm de dilatation (trop tôt dans mon cas mais je ne le saurai qu’après). Au bout de 20 minutes elle ne fait aucun effet, je souffre horriblement car les contractions sont de plus en plus intenses. Je le dis à la sage-femme mais elle me dit que « non je ne peux pas avoir mal puisqu’on vient de me poser la péridurale »… Une fois de plus, je semble la déranger et elle ne me croit pas !! C’est mon corps, je sais si j’ai mal ou non, c’est tout de même incroyable de ne pas être crue quand on souffre !!! J’insiste et elle finit par rappeler l’anesthésiste qui lui me croit, et confirme que la péridurale a échoué, le produit ayant rebondi sur le nerf. Deuxième pose entre deux contractions douloureuses, le produit fonctionnera cette fois-ci mais pour une heure seulement, de 22h à 23h. Mon fils étant né à 01h15 je vous laisse imaginer la suite car à aucun moment je n’ai été informée de la durée des effets de la péridurale et de l’éventualité que je sentirai tout passer, à l’ancienne … Sanglée sur ce lit à l’horizontale (ce qui paraît aberrrant pour faire naître un bébé) reliée à des machines et à une sage-femme absolument odieuse, sans plus aucun effet de la péri, voilà comment j’ai fini les dernières heures de mon accouchement. De plus, lors des cours de préparation à l’accouchement, on a dit qu’il y aurait deux personnes maximum en salle de naissance (une SF et une Aux puer), et là il y avait 4 personnes, dont 3 dont j’ignorais totalement le statut médical puisque personne n’a pris le temps de se présenter. Des personnes entrent et sortent sans frapper, sans décliner leur identité ou sans même un simple bonjour alors que notre corps est à la vue de tout le monde en partie dénudé. A un moment deux des femmes sans identité se sont permis des remarques sur mon initmité comme si je n’étais pas présente : « tu as vu ça ? moi je n’avais encore jamais vu ça ! » … La nudité et la pudeur des patientes n’est pas respectée et il y a des remarques déplacées qui n’ont pas lieu d’être ! Le travail avançait lentement, environ 1cm par heure, ce qui semblait agacer la sage-femme ! Elle n’était pas non plus disposée à répondre à mes questions pourtant peu nombreuses durant le travail. Je lui ai demandé ce qui se passerait si mon bassin était trop petit, et elle s’est contentée de dire sèchement « mais pourquoi il serait trop petit votre bassin ? » A un moment elle a regardé sa montre et nous a dit « Bon je vais aller manger parce que j’ai pas que ça à faire! » Un comble pour une soit disant professionnelle qui est censée vous accoucher … De 23h30 à 01h15 mes douleurs sont devenues de plus en plus atroces, je ne m’attendais pas à une telle douleur, je ne maîtisais plus rien sauf la respiration que j’avais apprise aux cours de préparation. Là encore je n’ai pas été respectée, la matronne revenue de son dîner m’a fait comprendre sur un ton très autoritaire que la tête poussait et qu’on était à 1/2heure de l’expulsion donc il fallait oublier toutce que j’avais appris aupravant pour appliquer sa méthode. Les 4 se sont mises à me dicter en même temps leur façon à elle de respirer ou de pousser, sans aucun soutien, aucun encouragement, juste des informations contradictoires en me hurlant dessus. Quelle douleur, et rien d’apaisant autour, une position gynécologique imposée jambes écartées sous une lumière vive, avec des femmes censées vous aider mais qui vous crient dessus, aucune bienveillance, aucune empathie, rien ! C’est dans ce contexte que j’ai osé demander si j’allais avoir une épisiotomie et la sage-femme a alors répondu « mais c’est déjà fait! »… Un geste imposé, sans aucune discussion ni aucun consentement préalable ! J’ai l’impression d’avoir été trahie, découpée dans ma chair pour que ça aille plus vite, pour les arranger eux, parce qu’ils n’ont pas de temps à perdre … Là on est complètement dépossédées de notre  propre corps, ces instants nous sont volés à jamais, et aujourd’hui encore je porte cette cicatrice physique et psychologique, je me sens mutilée. J’estime que nos corps et nos âmes méritent un peu plus de considération et de respect, après tout c’est nous qui donnons la vie, non ? Lorsque la douleur a été au paroxysme, que la tête de mon bébé s’est engagée et que je voulais que tout s’arrête tant la douleur est aigüe, terrassante et irrationnelle, la sage-femme a prononcé cette phrase que je n’oublierai jamais : « Il y a un problème, il y a un problème … » On s’est regardés mon conjoint, les 3 autres femmes et moi avec inquiétude. La matronne a laissé passer quelques secondes qui ont paru des heures et a lancé un « c’est bon la tête va passer! »… Hillarant, très adapté à la situation, il fallait rire en plus ? Ce genre d’humour n’a pas sa place dans un moment pareil et c’est une honte d’être traitée ainsi dans un hôpital. Après cet épisode d’humour très déplacé, il restait encore les épaules de mon fils à faire passer, alors j’ai hurlé de toutes mes forces pour expulser cette douleur et aider mon bébé à sortir. Une des femmes a osé me dire « arrêtez de hurler vous allez faire peur à la maman d’à côté »… En plus on nous culpabilise, c’est révoltant d’être traitée ainsi dans un moment pareil ! Mon bébé arrive enfin et je peux le serrer dans mes bras, occultant tout le reste, je pleure en disant « Mon bébé, c’est mon bébé ! ». Il est bien au chaud tout contre moi, très calme, il me regarde et respire l’odeur de ma peau. Je l’aime tellement, c’est mon fils et il est enfin là ! Je tremble de froid et de fatigue, on me l’enlève déjà; moi qui allais très bien en arrivant, j’ai contracté un virus à l’hôpital et j’ai 39°5 de fièvre donc bébé part pour des examens, il me manque déjà, il n’a pas pu avoir sa tétée d’accueil comme je le souhaitais. Le placenta est expulsé entier dans le quart d’heure qui suit la naissance (je l’ai lu dans mon dossier). On me recoud la coupure de l’épisiotomie à vif …

Et j’ai droit à une révision utérine, manuelle, alors que mon placenta était entier !! C’est une douleur insupportable, cette main et ce bras dans vos entrailles qui semblent tout arracher de l’intérieur … « vous ne pouvez pas avoir mal, vous avez eu la péridurale » Décidéménent rien ne m’aura été épargné dans cet hôpital archaïque. Pourquoi tant de violence et d’irrespect envers les femmes ? On me ramène mon fils deux heures plus tard et enfin il, peut téter, allaitement maternel 100% réussi et qui durera 18 mois, et ce n’est pas grâce aux conseils que j’ai eus, contradictoires une fois encore, que j’ai réussi mon allaitement, mais grâce à ma seule volonté. La garde de la matronne se termine bientôt, elle me ramène dans ma chambre, veut vérifier avec sa collègue si je sais encore uriner, c’est le protocole, elles me regardent avec insistance assise sur les toilettes, il n’y aura pas une goutte, dans ces conditions ! Elles préfèrent aller voir le bébé, puis elles quittent la chambre, sans même un au revoir. Je ne reverrai jamais cette femme indigne de porter le qualificatif de sage, j’espère vraiment qu’elle a changé de métier depuis. J’ai croisé plus tard une de ses collègues dans un supermarché, elle m’a avoué que sa collègue en avait ras-le-bol des gardes de 24h … Merci de nous avoir gâché l’un des plus beaux moments de notre vie. Je ne reviendrai pas sur tous les détails du séjour qui a suivi tout aussi irrespectueux, 9 jours d’enfer, mon bébé ayant eu l’ictère du nourrisson et pour moi un virus inconnu, il a été placé d’officice en unité Kangourou avec les prématurés alors qu’il n’avait que 14 jours d’avance. Un matin il a été piqué 12 fois sur son petit bras parce qu’une étudiante qui ne savait pas faire les piqûres s’est acharnée sur lui … Les bébés et leurs mamans méritent le respect dans ce moment unique qui aurait dû être joie et douceur et qui s’est transformé en un moment de tristesse et d’amertume, tout cela parce que des personnes n’ont pas été à la hauteur de leur statut d’humain alors qu’on leur a donné toute notre confiance du fait de leur statut médical. Cet instant magique devenu une expérience traumatisante je ne souhaite à aucune femme de le vivre; j’attends mon deuxième enfant dont le terme est prévu pour le 28 janvier et 10 ans plus tard j’espère cette fois-ci une naissance respectée. Merci de m’avoir lue.

– Héloïse

#321 – 2 naissances au Québec en 2008 et 2011

7 Jan

récit en plusieurs étapes

24 janvier 2011
J’écris ces lignes alors que je devrais dormir. Mon homme est parti pour une heure avec notre petite Charlotte qui aura 3 semaines demain. Il voulait que je me repose. Notre grande Zoé (2 ans) est à la garderie.

Mes deux filles, mes enfants. La première, issue d’une grossesse euphorique et insouciante, la deuxième, d’une grossesse angoissée et fatiguée de travailler à temps plein en m’occupant d’un petit monstre à l’aube de son terrible two et en faisant pousser des petits pieds. Deux êtres qui sont mon plus grand accomplissement : je les ai quand même conçues et portées et je les éduque du mieux que je peux. Deux petits êtres qui sont aussi mon plus grand échec : malgré toute ma bonne volonté, je n’ai pas été capable de les mettre au monde ni de les allaiter exclusivement.

Même si j’ai rencontré les deux au début de ma première grossesse pour faire un choix éclairé, la décision d’être suivie par une médecin généraliste ou une sage-femme s’est prise toute seule. Dès que j’ai mis les pieds à la maison des naissances, j’ai su que c’est dans un environnement comme celui-là que je voulais vivre un des événements les plus importants de ma vie, celui ce mettre au monde mon premier enfant. Je n’avais alors aucun doute en ma capacité d’accomplir ce que des millions de mammifères femelles font depuis la nuit des temps. Il allait aussi de soi que j’allaiterais. Ce n’était pas un choix, mais une évidence. Je trouvais les hauts taux de césarienne alarmants au Québec et même si je savais en théorie que certaines de ces chirurgies étaient nécessaires, j’y voyais surtout l’impatience du personnel médical et sa volonté à tout vouloir contrôler. En choisissant d’être suivie par une sage-femme, je me sentais, à tort, à l’abri.

J’avais bien sûr la crainte de devoir être transférée, particulièrement quand j’ai vu le symbolique 42 semaines approcher à grands pas. Finalement, le travail a commencé « naturellement » alors que, désespérée, je tentais de stimuler mes mamelons au tire-lait manuel à 41 semaines et 5 jours et demi, c’est-à-dire à un jour et demi d’une menace de déclenchement. Il était 22 h. J’étais encouragée lorsque les membranes ont rompu vers 4 h du matin. Vers 8 h, mes contractions étaient plus rapprochées et le premier examen de la sage-femme était encourageant, j’étais déjà dilatée à 6 cm. On est donc partis, mon homme et moi, pour la maison des naissances, certains que ce ne serait qu’une histoire de quelques heures. Mais l’examen vaginal (très douloureux, une façon de me sortir de ma bulle à coup sûr), le fait de quitter la maison et le trajet de 30 minutes ont sensiblement ralenti le travail. Malgré tous mes efforts pour changer de positions, utiliser la gravité, rester active, il m’a fallu près de 12 heures à atteindre 9 cm de dilatation. J’attendais alors avec impatience l’envie de pousser qui devait être imminente, mais à sa place est venue l’inquiétude sur le cœur fœtal qui s’emballait de temps à autre. Vers 22 h, la sage-femme nous a dit que j’avais fait tout ce que je pouvais, mais qu’il nous faudrait plus pour faire sortir le bébé qui commençait à montrer des signes de fatigue. Elle ne voulait pas me décourager, mais j’ai appris par la suite que la dilatation avait régressé d’un centimètre. Moi qui avais jusque-là réussi à gérer la douleur d’une façon qui nous surprenait tous les deux, mon homme et moi, je me suis aussitôt effondrée à l’idée d’être transférée à l’hôpital. Je ne savais pas encore ce qui m’attendait, mais déjà j’avais l’impression d’avoir échoué. Tellement, que je ne me souviens même pas avoir eu vraiment peur pour le bébé. Toute mon attention était centrée sur ce constat : je n’étais pas à la hauteur. Les événements survenus à l’hôpital ont été encore pires que ce je craignais. On a d’abord essayé le Pitocin, même si le gynécologue de garde estimait à 5 % les chances que ça fonctionne. J’ai demandé une péridurale. J’aurais toléré mes propres contractions pendant des heures sans broncher, mais l’idée de devoir supporter des contractions artificielles semblait psychologiquement au-dessus de mes forces. Voyant qu’il n’y avait toujours pas de progrès après une heure (j’ai su par la suite que la tête du bébé était défléchie, ce qui l’empêchait de s’engager dans le bassin et d’ainsi finir de dilater le col), je me suis résignée à signer l’autorisation pour la césarienne avec l’impression de m’enfoncer un tire-bouchon dans le cœur, pour citer Bob Dylan. Ils ont alors augmenté la dose de péridurale pendant que mon homme s’habillait pour assister à la chirurgie. Finalement, ils ne l’ont jamais laissé entrer. On m’a demandé à quelques reprises si je le sentais lorsqu’on appuyait sur mon ventre… puis je me suis réveillée. J’ai alors compris qu’on m’avait endormie et que mon bébé était née sans moi. On ne m’a pas demandé mon consentement pour cette anesthésie générale, ni même informée qu’on allait procéder ainsi. Mon dossier médical, que j’ai consulté par la suite, ne permet pas de comprendre où était l’urgence. Il y est noté : « AG (péri inadéquate) », tout simplement, et aucun monitoring du cœur pendant cette étape n’est rapporté. L’hypothèse la plus probable est que monsieur l’anesthésiste s’est fait réveiller en pleine nuit et qu’il n’a pas eu la patience d’attendre. Je me suis réveillée avec un ventre sans sensation que je devinais vide, seule, hormis des infirmières inconnues qui me croyaient encore endormie et qui discutaient de ma « belle petite fille », alors que j’avais spécifié vouloir moi-même découvrir le sexe du bébé. Lorsque j’ai été en mesure de parler, j’ai demandé à voir mon homme et mon bébé, ce qu’on m’a refusé, puisque mes jambes étaient toujours endormies (oui, la péridurale avait fini par embarquer!), ce qui bien entendu était pour moi un non-sens total, mais j’étais trop faible pour argumenter. Ce fut le début de notre vie de famille. Tom dans une pièce, Zoé dans une autre et moi dans les vapes. Génial. On dit que la première heure est critique pour l’attachement mère-enfant et l’allaitement. Et bien dans mon cas, cette séparation de plusieurs heures à la naissance s’est soldée en plusieurs semaines à n’aimer ma fille qu’en théorie et en une lactation qui malgré tous mes efforts, n’a jamais été suffisante pour allaiter exclusivement.

Je savais dès la naissance de Zoé que je voulais un AVAC pour la prochaine grossesse. Le gynécologue se faisait encourageant, il ne voyait même pas d’objections à ce que je sois encore suivie pas une sage-femme, ce qui est bien, considérant que plusieurs d’entre eux proposent encore systématiquement des césariennes itératives. J’ai dès lors commencé à m’informer sur l’AVAC. Encore une fois, je n’ai pas eu à prendre de décision, c’était pour moi la seule option envisageable. J’étais seulement contente que mes lectures viennent confirmer à ma tête ce que mes tripes sentaient déjà : l’accouchement vaginal était dans la plupart des cas (dont le mien) la façon la plus avantageuse et sécuritaire de donner naissance, même après une césarienne. J’espérais aussi que cela viendrait en partie réparer mon premier accouchement raté, me confirmant ainsi que j’étais une vraie femme, capable de donner naissance et, je l’espérais, de nourrir mes enfants.

Je suis tombée enceinte une première fois lorsque Zoé avait 11 mois. Une semaine de bonheur. Je ne saurai jamais si c’est mon corps qui n’a pas su le garder ou si c’est le petit qui était mal formé ou qui n’a pas tenu le coup, mais pendant quelque temps, il a existé dans mon ventre un petit amas de cellules que je ne connaîtrai jamais. Pourtant, il m’aurait appelé « Maman »…

Les quelques cycles suivants viendront avec des règles amenant un nouveau genre de déception. Ce n’est plus juste la hâte d’être enceinte, mais aussi la peine de ne pas l’être. Quatre mois plus tard, ça y est de nouveau. J’avais décidé d’attendre deux semaines de retard pour faire le test afin d’avoir au moins dépassé le stade de la grossesse précédente, mais je flanche au bout d’une journée. Je suis trop fébrile, j’ai peur de ne pas être enceinte et en même temps, j’ai peur de l’être et de le perdre à nouveau. Je décide donc d’éliminer au moins une des peurs, et voilà! un beau « + » rose sur un bâtonnet de plastique blanc.

24 août 2011
Charlotte s’est endormie dans l’auto et je suis assise sur le siège passager en attendant qu’elle se réveille. Elle aura 8 mois dans une dizaine de jours. Je viens de tomber sur mon récit inachevé. C’est un bon moment pour le continuer.

J’ai passé le premier trimestre enceinte de Charlotte à angoisser. J’avais peur de perdre mon bébé une seconde fois et j’ai eu une frousse lorsqu’il y a eu des cas de 5e maladie à la garderie de Zoé et qu’il a fallu 3 semaines avant de savoir si j’étais immunisée. Mais plus encore, j’angoissais au sujet de la naissance. J’étais au bureau, incapable de me concentrer sur mon travail, à chercher des articles scientifiques sur l’AVAC.

La naissance de Zoé tourne en boucle dans ma tête et j’arrive toujours au même point de départ. Si j’étais restée à la maison, ça se serait peut-être passé autrement. C’est aujourd’hui tellement évident que l’accouchement à domicile est la meilleure option. Je m’en veux d’avoir choisi la maison des naissances seulement pour le luxe de ne pas avoir à gérer le ménage et les repas pendant deux jours. J’en veux aussi à ma sage-femme de ne pas avoir confronté mon choix. Je lui avais pourtant fait part du fait que ma seule crainte était d’être transférée et elle n’aurait eu qu’à me dire qu’il y avait plus de transferts en maison de naissance qu’à domicile, que le trajet cause souvent un ralentissement du travail, pour que je brandisse mon stylo en disant « Où est-ce que je signe? »

Ma sage-femme (la même) m’informe que l’Ordre des sages-femmes émettra de nouvelles recommandations concernant les AVAC à l’automne. Je ne saurai donc pas avant le 3e trimestre si je peux espérer un accouchement à domicile, ou même avec une sage-femme. Je devrai aussi attendre à 36 semaines de grossesse pour faire mesurer ma cicatrice afin de voir si le risque de rupture utérine est acceptable. Cette étude est encore expérimentale, mais après quelques recherches, je trouve que c’est prometteur. Si tout est favorable, ça me donnera un argument en défense de l’AVAC si je dois terminer mon suivi à l’hôpital et j’aime l’idée de contribuer à faire avancer la recherche sur l’AVAC.

Finalement, l’Ordre des sages-femmes ne change pas ses directives. Une bonne chose de réglée, mon accouchement à domicile n’est pas compromis. Ma sage-femme principale quitte la région et j’en ressens un grand soulagement. Je repars vraiment à neuf. L’environnement, le personnel présent, tout sera différent du contexte entourant la naissance de Zoé.

Je « magasine » entre-temps une accompagnante (doula). Je croyais avant que ce rôle était entièrement assumé par la sage-femme, mais je comprends maintenant qu’un biais venant de leur formation médicale et de leur responsabilité est inévitable. J’ai besoin d’une personne dont la seule fonction est de m’assurer une présence réconfortante, à l’abri des considérations médicales. Les accompagnantes sont rares dans la région, mais je finis par choisir Cathy (nom fictif). On partage la même vision et le fait qu’elle ait vécu elle-même de beaux accouchements légitimise mon désir d’en vivre un.

Je fais plusieurs lectures : témoignages sur l’AVAC, récits d’accouchements naturels… J’essaie aussi de me garder en forme. Je marche pour aller travailler. J’ai quelques rendez-vous en ostéopathie afin de favoriser une bonne mobilité du bassin.

À 36 semaines, nous nous rendons à Québec pour la mesure de cicatrice. Je suis très angoissée, mais finalement, les résultats sont excellents. Le risque de rupture est faible et même si j’ai catégoriquement refusé qu’on chiffre mes chances de succès (ou qu’on me donne un estimé du poids du bébé), le gynécologue responsable de l’étude est très optimiste. Je suis encouragée.

Mon accompagnante et ma sage-femme m’incitent à faire des exercices de visualisation de l’accouchement. C’est très difficile pour moi qui suis une personne rationnelle ayant peu d’imagination, mais je m’y exerce.

J’arrête de travailler à 38 semaines de grossesse. Je suis énorme, j’ai de la difficulté à marcher et j’ai vraiment hâte que le travail commence. Je n’ose pas encore parler d’accouchement, je trouve ça présomptueux. Je parle plutôt de la naissance ou de l’arrivée du bébé, mais je commence vraiment à croire que ça se passera bien.

J’ai cependant peur de dépasser le terme. Le gynécologue que j’ai vu pour la mesure de ma cicatrice était plus encourageant que ce que je croyais concernant les déclenchements. Ce n’est pas contre-indiqué si le col est complètement effacé et dilaté à au moins 2 cm, mais je ne suis pas encore là. J’ai accepté le décollement des membranes à partir de 39 semaines (même si je suis contre en théorie), parce que cela réduit les risques de dépassement et que je ne veux pas ajouter une source de stress.

À 40 semaines et 4 jours, je me lève pour aller aux toilettes vers minuit. Je constate qu’il y a beaucoup de liquide. Les membranes ont rompu. Je suis d’abord soulagée. Cette fois-ci, je n’aurai pas le stress d’approcher les 42 semaines. Mais je réalise rapidement que le compteur commence à tourner. Si le travail ne commence pas dans les 24 prochaines heures, il faudra me transférer à cause des risques d’infection (sont-ils vraiment documentés?). J’appelle Louise (nom fictif), la sage-femme qui est de garde. Elle vient m’examiner. Il n’y a pas de progrès depuis le dernier décollement. Elle nous conseille d’essayer de nous reposer pour l’instant et d’attendre au matin avant d’essayer de stimuler le début du travail. Je réussis à dormir un peu malgré l’anxiété.

Vers 7 h, toujours pas de contractions. J’appelle Cathy pour lui faire part des derniers événements. Elle arrive chez moi environ une heure plus tard. Louise repasse aussi nous voir en début de matinée. On explore les différentes options. Je fais plusieurs séances de tire-lait électrique. Même si je suis sceptique, on se procure des granules homéopathiques et on prend même rendez-vous chez l’acuponcteur. On s’y rend à pied, espérant que le mouvement et la gravité feront leur œuvre. Je craque pendant la première séance. Ça fait deux ans que je me prépare pour ce grand moment, pour enfin avoir une chance de me racheter. Pourtant, je n’aurai peut-être même pas l’opportunité de l’essayer! Cathy et Louise voient ma détresse et me demandent ce qui me ferait le plus de bien à ce stade. J’ai seulement envie de prendre ma guitare et de chanter. On retourne donc à la maison et je m’installe sur le ballon avec ma guitare. Comme d’habitude, ça me fait du bien, ça m’apaise et ça libère mon surplus d’émotions. Mais je ne me sens pas du tout sur le point d’accoucher. La présence de Zoé commence à être dérangeante. Ma mère l’emmène chez mon père. J’aurai deux autres traitements d’acuponcture durant la journée, sans aucun résultat. On parle d’huile de ricin. Louise n’est pas convaincue. Elle dit que c’est violent et qu’on ne sait pas trop l’effet que ça peut avoir sur un AVAC. Je réponds qu’une césarienne, je trouve ça très violent aussi, mais en réalité, je ne suis pas du tout à l’aise avec l’idée de perdre le contrôle de mes intestins. On décide finalement de ne pas le tenter, choix que je conteste encore aujourd’hui. Louise croit qu’on serait mieux de transférer à l’hôpital en fin d’après-midi plutôt que d’attendre en pleine nuit. On risque ainsi de trouver un personnel plus accommodant. Je refuse. Si je dois transférer, ce sera à la dernière minute. En fin d’après-midi, Cathy nous suggère de monter la piscine de naissance qu’on a achetée pour l’occasion. Le fait d’être dans l’eau aura peut-être pour effet de me relaxer et de suggérer à mon corps qu’il est temps qu’il fasse son travail. On passe près de trois heures dans la piscine. Tom, que je trouvais très distant ces derniers temps, est soudainement présent. Il m’aide à faire mes exercices de visualisation. Je réalise tout de suite qu’il a été coaché par Cathy et je lui en suis reconnaissante. Les filles reviennent vers 7 h. Louise m’examine encore. Rien n’a bougé. On se met d’accord pour transférer à minuit s’il n’y a pas de nouveau. Cathy nous suggère d’aller marcher. On opte pour Rocher Blanc. C’est sur le bord du fleuve, c’est tranquille. On s’y promène pendant près d’une heure avec le vent de janvier qui pince en répétant I will give birth comme mantra. Je trouve que ça « punch » plus en anglais. Une partie de moi trouve ça ridicule, mais je n’ai vraiment rien à perdre. Finalement, on revient chez nous vers 22 h et on décide de se reposer.

À minuit, on se rend à l’hôpital. Je fonds en larmes pour la Xième fois. Louise et Cathy nous rejoignent. La gynécologue qui nous reçoit accepte d’attendre au lendemain avant de planifier une césarienne à condition que je sois sous antibiotiques pour prévenir la plupart des infections. Mais elle nous explique que cela ne sera efficace que quelques heures. On se repose un peu tous les deux collés sur le minuscule lit d’hôpital.

6 juin 2012
Charlotte a eu 17 mois il y a deux jours. Je nage dans mes souvenirs d’enfantement depuis quelques semaines. J’ai fait visiter la Maison De Naissance à une amie à nous qui aimerait y être suivie pour sa grossesse. Je me doutais que ce serait émotif et j’avais raison. Surtout lorsque je lui ai présenté les deux sages-femmes en disant que Louise  était là quand j’avais essayé de donner naissance à Charlotte et que les deux sages-femmes m’ont répondu en même temps : « Ben non, dis pas que t’as pas accouché! » (!&!*&!?*!&?!! Que je le dise ou non, un fait demeure : JE N’AI PAS ACCOUCHÉ!) J’ai justement aussi écrit un article sur les phrases plates (celle-là en fait partie) à dire aux femmes ayant subi une césarienne pour la revue En attendant bébé et je suis en train de considérer pour la première fois de porter plainte contre l’anesthésiste qui m’a endormie sans mon consentement. C’est en essayant de formuler un premier jet que je tombe sur mon récit inachevé.

Les contractions que j’espérais tant ne sont pas venues avec le matin. Nous attendons que la nouvelle gynécologue de garde passe nous voir. Mon col n’a pas bougé et la gynécologue n’a rien de neuf à proposer. Mon col n’est toujours pas assez mûr pour un déclenchement et elle reparle des risques d’infection qui supposément sont trop élevés pour attendre plus longtemps. Pourtant, ce risque n’est apparemment pas connu ni des sages-femmes ni des gynécologues. J’accepte donc une autre césarienne, parce qu’on réussit à me faire assez peur avec un risque mal documenté. J’en veux à Louise de ne pas avoir été plus informée, mais je m’en veux encore plus de ne pas avoir fait de recherche sur le sujet. J’avais prévu plein de scénarios (peut-être trop), mais pas celui-là. La césarienne est donc planifiée pour la matinée. J’ai établi un plan de naissance très clair. Il n’est pas question de reproduire le même scénario qu’à la naissance de Zoé. Au final, ce plan est loin d’être respecté dans sa totalité, mais je sens quand même que le personnel y est sensible.

8 décembre 2012
Je ne vais pas très bien. Il y a un peu plus d’un an, j’ai pris conscience que je n’avais pas à pardonner (à moi, à la sage-femme, au gynéco, à l’anesthésiste, aux infirmières, à la société et à la vie en général) ce qui s’est passé, parce que c’est à mes yeux impardonnable. Tenter d’accepter serait comme une trahison envers moi-même. Suite à cette révélation, je réussissais à garder mon traumatisme sous contrôle, sauf deux ou trois épisodes mensuels que je gérais assez bien. Mais dans les derniers mois, j’ai été confrontée à beaucoup d’autres sources de stress d’origines diverses et mes batteries sont à plat. Pendant 3 semaines, les 2-3 épisodes par mois se sont transformés en 2-3 par jours. Je voyais la dépression s’installer et j’ai eu peur. J’ai décidé de réduire toutes mes activités au minimum, de me concentrer sur l’essentiel et de revoir la psychologue que j’ai vue en trois phases déjà depuis la naissance de Zoé. En une semaine, je me sens déjà beaucoup mieux. Mais c’est de courte durée, et après un autre trois semaines, j’ai encore l’impression de sombrer. Je savais très bien que la naissance de mes filles n’était pas une histoire réglée, mais je ne m’attendais pas à ce que ça ressurgisse avec autant de force quand je suis à terre pour d’autres raisons. Comme si une bête attendait dans un coin que je sois fragile pour pouvoir mieux attaquer. Je suis très active sur la page Facebook de Momma Trauma, une page dédiée à la violence périnatale et au syndrome de stress post-traumatique suite à l’accouchement. Je m’en doutais déjà, mais c’est de plus en plus clair pour moi que c’est le bon diagnostic. Plus que jamais j’envisage de porter plainte contre l’anesthésiste en particulier et les pratiques obstétricales du centre hospitalier en général. Ce témoignage me servira de base dans mes démarches. Zoé aura quatre ans dans une semaine. C’est un bon moment pour continuer.

Je veux avoir l’assurance que je ne serai pas séparée de mon bébé et que je pourrai allaiter dans la salle de réveil. On ne peut pas me le garantir. L’infirmière dit qu’elle amènera le bébé dans la chambre de réveil si elle a le temps. Je la sens sincère et compatissante, mais elle a quand même un travail à accomplir et elle est débordée. Je mange un peu en cachette avant de me faire dire que je dois rester à jeun. Ça m’insulte. Je sais que c’est au cas où ils « doivent » faire une anesthésie générale, mais sachant très bien que ce n’est pas ce qui a arrêté l’anesthésiste la dernière fois (j’avais mangé et bu comme je voulais avant d’arriver à l’hôpital), j’ai l’impression qu’on rit de moi. On veut que je mette une jaquette d’hôpital et que j’enlève mes sous-vêtements. Je n’en vois pas la nécessité à ce stade et je trouve ça humiliant. On argumente, mais il n’y a rien à faire. C’est apparemment le protocole.

Je pars sur une civière pour la salle d’anesthésie. Je pleure silencieusement, Tom à mes côtés. Le technicien essaie de se faire rassurant : « Ben oui, je le sais que tu as peur, mais tu vas voir, ça va bien se passer. » J’ai envie de hurler que je n’ai pas peur, mais que je suis triste, fâchée, indignée, désespérée, détruite!!!!!!! Mais à quoi bon? Lui aussi, il fait juste son travail. J’insiste beaucoup pour que Tom assiste à l’anesthésie. Rien à faire. Je me retrouve encore une fois seule entre les mains du personnel médical en qui je n’ai aucunement confiance. On procède à la rachidienne. Bientôt, j’ai de la difficulté à respirer et je suis un peu paniquée. Ça ne semble pas les impressionner, ils sont habitués. Tom revient pour l’opération. On a tenté de négocier qu’il reste avec bébé si je dois en être séparée, mais que Cathy m’accompagne en salle de réveil. Là aussi, on se bute à un mur. Je devrai encore une fois vivre cette étape seule. Ils procèdent à la chirurgie. Ils sortent le bébé et cette fois, je peux moi-même découvrir que nous avons une autre petite fille. Je dois insister pour qu’on la mette sur moi tout de suite. Je crie. Tom insiste en français du mieux qu’il peut. Est-ce qu’ils font exprès ou quoi? Pas besoin de l’essuyer! Ils la déposent finalement sur mon cou pendant quelques minutes, ou quelques secondes? C’est le seul endroit de mon corps que je sens encore. Un des membres de l’équipe m’informe qu’il est en train de me mettre un suppositoire pour la douleur. La raison pour laquelle il ressent le besoin de m’en avertir m’échappe complètement. Est-ce que ça pourrait être plus humiliant? Visiblement, ce n’est pour eux que de la routine.

Finalement, je réussis à avoir ma fille quelques minutes en salle de réveil. Elle doit déjà avoir une vingtaine de minutes de vie. Ses 20 premières minutes, et je les ai manquées encore une fois! J’essaie de la mettre au sein. Elle tète un peu, mieux que Zoé à cet âge. Je suis un peu encouragée. Mais c’est de courte durée. Pas plus de 24 heures plus tard, je commence déjà à angoisser au sujet de la montée laiteuse. L’accouchement que je désirais tant n’a pas eu lieu. Je suis très consciente qu’il me faudra ajouter un autre deuil par-dessus celui de la naissance de Zoé, mais je n’ai pas le temps d’y penser pour l’instant. Je dois me concentrer sur l’allaitement. Je sais très bien que la montée laiteuse peut prendre plusieurs jours et encore plus dans le cas des césariennes, mais ça ne m’empêche pas d’entrevoir le pire. Au bout de deux jours, on m’informe que ma fille fait de l’hypoglycémie et qu’il « faut » commencer à la supplémenter. Après, c’est une jaunisse. Il lui « faut » de la photothérapie. Je suis très consciente que si elle était née à la maison comme prévu, tout cela aurait pris des proportions moindres. On m’aurait encouragée à allaiter plutôt que de s’énerver avec des tests bidon. Mais je n’ai pas l’énergie pour argumenter. On rentre chez nous au bout de quatre jours. Je n’aurai finalement pas de montée laiteuse encore une fois. Césarienne, séparation mère-bébé, stress, fatigue, grand état de tristesse et d’angoisse. Pas exactement un départ optimal une fois de plus.

En résumé, je croyais que mon corps était fait pour enfanter et que la naissance de mes enfants ferait les plus beaux jours de ma vie. Ce fut les pires. Je croyais que comme tous les mammifères, je nourrirais mes enfants exclusivement de mon lait pendant leurs premiers mois de vie. J’ai persévéré avec l’allaitement mixte (préparation commerciale et don de mes amies) au DAA, en tandem même, et je suis fière de dire que je les allaite encore toutes les deux aujourd’hui. La dimension affective est clairement prédominante sur la dimension nutritive, mais bon, c’est une petite victoire dans un océan d’échecs et de déceptions.

Nous avons décidé, pour plusieurs raisons, de ne plus avoir d’enfants. J’essaie de me faire à l’idée que je ne connaîtrai jamais ce que c’est de mettre au monde son enfant et d’avoir un départ optimal pour l’attachement et l’allaitement. Maintenant que cet espoir n’est plus, il ne me reste que la colère, la tristesse, la culpabilité et le ressentiment. Je sais que c’est cliché, mais je ne suis pas prête à les laisser aller. Voilà.

10 novembre 2013
Je me trouve présentement dans un chalet sur le bord d’un lac. Je fais une retraite de  48 heures avec 1 seul point à l’ordre du jour : terminer de rédiger ma plainte. Quelle bonne idée j’ai eue! Je procrastine depuis beaucoup trop longtemps en me disant que ce n’est pas le moment de me mettre à terre. Évidemment, il n’y a jamais de bon moment pour ça. Aussi bien en finir.

 

– Eli Blanc

#316 Accouchement en juillet 2012 dans l’Eure

22 Déc

Voici mon témoignage sur mon accouchement ! J’ai accouché de façon « classique » comme la société veux que l’on accouche. Tout s’est bien passé, mais c’était forcé…

Je voulais accoucher à la maison, mais faute de renseignement, de contact, et les pressions familiales et de l’entourage, j’ai du me tourner vers la maternité… La famille se trouve à 700 km, j’étais donc seule avec une amie qui me soutenait et mon chéri.

Premier bébé, premières appréhensions, et un accouchement non maîtrisé… Retenus de force à la maternité, après la naissance (je ne voulais pas mais on m’a dit vous êtes obligé de rester 3 jours au moins), bref, j’espère faire mieux au prochain !!! Un vrai accouchement comme je le souhaite….

#309 Naissance de J. – Haute Savoie

28 Nov
Par où commencer? Le travail a commencé le soir vers minuit chez moi, 2 jours avant le terme et a été très supportable et rapide pendant un bon moment, j’étais tranquille chez moi sur l’ordinateur, sur mon ballon, plus tard j’ai rejoint mon conjoint dans le lit en me disant que si je n’arrivais pas à dormir j’allais le réveiller pour le grand départ à la maternité.
Bien briefée sur le fait « qu’un premier c’est long » nous sommes partis à la maternité peu après 4h (et comme ça j’ai laissé dormir un peu monsieur!)
Nous sommes arrivés à 4h30 et une gentille sage-femme nous a installés en salle d’examen, j’étais dilatée à 3 cm, les contractions étaient toutes les 2 minutes donc le travail avait bien commencé. J’ai rapidement perdu les eaux à 4h50 et là j’ai commencé à avoir du mal à gérer les contractions.

A 5h30 enfin quelqu’un est venu nous voir et j’ai demandé à aller aux toilettes et après un toucher de peur que ce soit une envie de pousser (5cm) j’ai eu le droit d’y aller, et d’y rester! J’ai été abandonnée dans ces toilettes desquelles je n’arrivait plus à me relever tellement les contractions étaient fortes.

Ensuite nous sommes passés en salle d’accouchement et je ne tenais plus du tout, je ne savais plus comment gérer la douleur et personne ne me disait quoi faire, on nous a juste laissés dans la salle tout les deux (trois!) et mon pauvre homme me regardait souffrir sans pouvoir aider.
On m’a proposé un bain mais j’avais trop peur qu’on m’abandonne dans un bain sans aucun accompagnement. Du coup j’ai demandé une péridurale.
Au vu de plusieurs témoignages, on dirait que l’on fait exprès de nous laisser souffrir encore un bon moment avant d’y avoir droit afin d’être reconnaissante envers l’anesthésiste même s’il n’est pas sympa!

L’anesthésiste ayant pris son temps arriva à 6h30, après 3 tentatives et une engueulade de sa part car « mon dos n’était pas facile », je retrouvais le sourire! Par contre je n’ai pas eu le choix alors qu’en cours de préparation on m’avait parlé de péridurale ambulatoire.
Il était 7h et j’étais à 9 cm et une nouvelle sage-femme se présentait: « N’ayez pas peur si je ne trouve pas tout tout de suite c’est la 1ère fois que je travaille ici »… ok c’est rassurant!
On a laissé le travail continuer tranquillement, sur le côté, j’étais un peu déçue car je ne sentais vraiment plus rien du tout, même pas mes jambes, mais je préférais quand même ça à ce moment-là.
J’ai donc eu droit à une aide pour vider ma vessie sauf que pour cela j’ai du me mettre sur le dos et bébé n’a pas aimé du tout.. Donc retour sur le côté pour moi plus oxygène dans le nez.
Encore un grand moment seuls seuls seuls, la sage-femme était au téléphone avec mon gynécologue.
Il est arrivé un moment après, il a constaté que bébé était assez bas pour tenter de pousser mais par contre que la position n’était pas idéale, elle regardait les étoiles.. Et après son épisode de baisse de rythme cardiaque il a décidé que nous allions faire ça au bloc césarienne au cas où, et tout de suite.

Chéri était allé boire un café j’ai eu peur qu’il ne remonte pas à temps! (Et oui personne n’est allé le chercher.. En même temps quand il n’y a qu’une sage-femme de garde)

Du coup, une fin un peu violente à mon goût, j’ai poussé 3 fois et ma fille est arrivée à l’aide du docteur, ses forceps et une épisiotomie.
Je savais même plus ce que je devais faire, le docteur parlait à la sage-femme mais pas à moi…
Il s’est même loupé la 1ère poussée avec les forceps (il manquait une pièce je crois …) et est parti en arrière, a failli tomber et a engueulé tout le monde (moi aussi?) parce qu’il manquait cette pièce..
Je crois que j’étais préparée tellement « zen » pour mon accouchement que ça m’a un peu trop bousculée …
Finalement je me dis que je suis contente d’avoir eu la péridurale vue la suite des événements!
Mon conjoint est resté prés de moi du début à la fin, un soutien  indispensable dans un moment pareil.

Notre petite J. est arrivée a 10h30, elle pesait 3,420 g et mesurait 50 cm.

Pour la suite, mise en route de l’allaitement pourrie aussi … Je pense que bébé n’a rien mangé jusqu’au 3ème jour où, vue sa perte de poids, les sage-femmes et auxiliaires de puériculture ont commencé à se poser des questions … Et se sont finalement occupées de moi, sans que j’ai l’impression de les déranger constamment. Seulement, mes seins étaient déjà dans un sale état… Moi j’avais très mal à ma cicatrice aussi…

Je ne sais pas comment mais je me suis accrochée. Même quand elles ont proposé un complément j’ai réussi à avoir un tire-lait et une seringue au lieu du biberon … Mais bon, bébé avait quand même déjà du mal à téter, et ce encore aujourd’hui. Je ne sais pas si c’est leur faute mais je leur en veux beaucoup quand même. (Aujourd’hui à 5 mois je l’allaite toujours 2/3 fois par jour et c’est un vrai plaisir!)

Évidemment celles qui m’ont bien aidée ont mis la faute sur le manque de personnel.

Je suis désolée pour ça, mais une femme qui devient maman pour la première fois devrait être beaucoup plus accompagnée que ça.
Sans mon envie d’allaiter je serais sortie de la maternité déjà au biberon.
Sans mon envie d’accoucher par voie basse, je serai peut être allée directement en césarienne..

J’ai vraiment eu l’impression que j’aurais déjà tout du savoir faire avant d’accoucher et que c’était logique et évident pour tout le personnel mais pas pour moi. Et puis la phrase qui tue, à laquelle j’ai eu droit mille fois : « Le principal c’est que tout le monde est en bonne santé! »…
Heureusement je suis tombée sur une super sage-femme à domicile à mon retour à la maison qui a passée des heures et des heures avec moi.

Pour la suite, 3 mois après l’accouchement je pleurais encore quand j’en parlais et on m’a conseillé d’aller voir quelqu’un à Genève dans un centre périnatal car mon accouchement avait l’air de ne pas être « digéré » du tout. (J’habite à la frontière)
Heureusement en Suisse on se soucie un peu plus des mamans et en 2 séances c’était réglé, nous en avons conclu principalement que je n’avais jamais eu peur de l’accouchement durant toute ma grossesse et au final j’ai eu très, très peur sans forcément l’exprimer. (D’ailleurs, je crois que dans mon récit on ressent plus la solitude et l’incompréhension que la peur.)
Il y avait aussi tout un mélange de sentiments ressentis en même temps qui avait été très dur à gérer.

J’espère que si j’ai un deuxième enfant cela se passera mieux!
Merci de m’avoir lue.
Sophie

#305 Accouchement déclenché mal vécu‏, Nancy, 2010

25 Nov

J’ai « accouché », oui je mets les guillemets car pour moi, je n’ai pas mis au monde ma fille, mais on me la sortie du ventre, en juillet 2010, à Nancy.

On dit c’est le plus beau jour de votre vie, or pour moi ce ne fut pas le cas, le plus beau moment, c’est lorsque j’ai pu avoir ma fille contre moi et l’allaiter.
Ma grossesse s’est bien passée, mis à part chevilles gonflées en fin de grossesse due à la rétention d’eau… Mon terme était prévu début août, mon gynécologue qui me suivait partait en vacances et me l’avait dit, malgré tout, lors de mon dernier contrôle, il a préféré déclencher l’accouchement, parce que j’étais gonflée à cause de la rétention d’eau. (Je me demande aujourd’hui si ce n’était pas parce qu’il partait en vacances la semaine avant mon terme) Je n’étais pas en danger, mon col était bien fermé, et ma fille en forme… Je ne savais pas, j’ai dit oui, et mon mari trouvait l’idée plutôt bien, car ça nous évitait le stress du départ à la maternité, tout était programmé! Il m’a donné RDV à la maternité un dimanche de juillet à 20h.
A 21h, on m’appliquait le gel pour avoir des contractions. Et on m’installa dans une chambre. « Prenez une douche, détendez-vous » me dit une sage-femme… J’ai pris une douche, j’avais mal dans les reins, mais je ne savais pas ce que c’était… Des contractions?? peut-être, peut-être pas… j’avais mal en continu (aujourd’hui je ne pense pas que c’étaient des contractions…)… Mon mari, impuissant fasse à cette douleur qui m’ennuyait, appela une sage-femme (ou infirmière) et demanda à ce qu’on me donne quelque chose pour calmer cette douleur, à 23h, on m’installa dans un « box », oui c’est comme ça qu’on appelle les pièces pour accoucher… comme les chevaux, hop dans un box, avec le foin… On m’a allongée, branchée, monitoring, tension  ….etc…
Les sages femmes ont alors pris la décision de m’introduire un produit dans les veines « Pour accélérer le travail » m’ont-elles dit… Je me laissais faire…
Puis on m’a fait la péridurale (ou avant) je ne sais plus, mais ce que je sais c’est que mon col n’était pas dilaté, ah, la, je n’avais plus mal dans les reins, je ne sentais plus mes jambes…
Et à partir de ce moment là, je n’ai plus eu de contractions… J’ai passé la nuit allongée, branchée, pourtant je n’était pas malade, je venais juste mettre au monde mon enfant…
A 7h du matin, mon col se dilatait un peu (quand même), ils ont pris la décision de me percer la poche des eaux…
A 10h30 mon col était enfin dilaté, on m’a demandé alors de pousser, j’ai le souvenir qu’une sage-femme m’ait appuyé sur le ventre et m’a fait mal, pour forcer (oui, toujours forcer…) le bébé à venir…
Mais rien n’y a fait, à 11h15 le gynécologue m’annonça très serein : « On va faire une césarienne, enlevez tous vos bijoux »… le monde venait de s’écrouler autour de moi, juste à l’annone de ces quelques mots… Pourquoi… ?? était-ce de ma faute, je n’ai pas su pousser comme il fallait, je mettais en danger mon bébé? toutes ces questions dans ma tête… sans réponse… j’ai eu une nouvelle fois à faire avec l’anesthésiste, on m’a mise sur un brancard, je pleurais… mais on ne s’en souciait pas…
Arrivée au bloc, j’étais encore plus inquiète, la panique m’envahissait, je pleurais, je n’arrivais pas à me contenir, les sages-femmes présentes près de ma tête, me mirent un masque, quelle idée, je ne respirais plus!! elles m’ont tenus les bras. Je n’ai que le souvenir du regard de mon mari sur moi, impuissant, et autant affolé que moi mais qui essayait tant bien que mal de me soutenir, de me rassurer…
J’ai été rassurée et lui aussi, quand nous avons entendu les premiers cris de notre fille… « ça y est!! elle est là!! Tu l’entends ? » me disait-il…
Puis, une sage-femme est passée avec mon bébé, dans la couveuse, en me disant : « Regardez c’est votre fille », j’ai vu la boîte passer, dedans une petite poupée yeux grands ouverts et pleins de cheveux sur la tête… Et mon mari suivre la boîte… il était midi. On ne me l’a pas posée sur moi, je ne l’ai pas embrassée, je ne l’ai pas sentie, je ne savais même pas si elle allait bien…
Je me suis retrouvée seule, on m’a recousue… emmenée en salle de réveil… j’ai dormi, à 13h30, je me réveillais, j’avais froid, très froid, à-coté de moi, un vieil homme qui avait du subir une chimio, en face une dame s’est mise à crier, avec un tube dans la gorge… où étais-je? Nous étions au moins 10 brancards les uns à-coté des autres… Et les infirmières, à-coté de moi, près de la fenêtre discutaient.
Tout de suite j’ai demandé une couverture, et on m’a mis le chauffage dans les jambes, puis elles m’ont appuyé sur le ventre… ça faisait mal… Mais tout ce que je voulais c’était voir ma fille. « Où est ma fille? et mon mari?? Quand puis je la voir? » questions que je ne cessé de poser aux infirmières… les réponses :  » vous aurez tout le temps de voir votre fille après, vous avez toute la vie; elle doit aller bien, on ne sait pas. »
Je pleurais, je voulais savoir, je voulais la voir, la toucher, la sentir, l’embrasser… J’ai pleuré jusqu’à 15h30 quand enfin, on m’a dit : « Vous allez pouvoir voir votre fille », on m’a alors emmenée au milieu de la pièce toujours sur le brancard avec un vieillard qui dormait encore à moitié, et une dame, tous 3 sur brancards, en travers…
Un jeune homme est alors passé devant la salle, une infirmière l’a interpellé : « T’es tout seul aujourd’hui? – oui , répondit il, aujourd’hui je suis le seul brancardier, là je suis en pause, je reviens après… »
J’ai attendu, à 16h enfin, ce jeune homme est revenu, « C’est à qui le tour, qui dois je emmener? » j’ai tout de suite crié « MOI!! » … il vérifia sur nos brancard, et dis « Non, c’est au tour de Monsieur », j’ai cru que j’allais devenir hystérique… « Je veux voir ma fille!!! Emmenez-moi en premier, ça fait depuis 13h30 que je le demande », alors l’infirmière est intervenue, et a dit au jeune brancardier de m’emmener…
On a pris l’ascenseur, je suis rentrée dans une chambre, où il n’y avait personne, j’ai failli encore pleurer, quand soudain à peine le brancardier parti, la porte s’ouvrit, c’était mon mari, et ma fille !!!!! Quel soulagement, qu’elle était belle!!! Tout allait pour le mieux pour elle, et là ce sont non plus des larmes de tristesse mais des larmes de joie qui ont pu s’échapper de mes yeux… On me l’a mise au sein, j’ai adoré cet instant, le plus beau de ma vie…
Malheureusement, les heures de repas pour elle ne se sont pas bien passées, car les auxiliaires stagiaires ne me mettaient pas ma fille correctement au sein, j’ai eu tout de suite des crevasses douloureuses, et ma césarienne me faisait souffrir, j’ai du arrêter l’allaitement, avant les premières montées de lait… Mon séjour n’était pas des meilleurs, j’avais été tellement déçue par l’équipe médicale que je n’avais plus confiance, je dormais mal (les sages-femmes avaient leur bureau en face de ma chambre, et bien sûr n’étaient pas discrètes)…
Bref, une expérience comme je n’en souhaite à personne… Je n’ai pas accouché de ma fille, j’en garde des « séquelles » psychologiques et physiques. J’ai voulu témoigner, car je suis enceinte du deuxième aujourd’hui (un petit garçon), je dois accoucher pour Noël, dans une autre maternité (j’ai déménagé) mais ayant vécu une mauvaise expérience,  j’espère ne pas revivre ces moments là, je veux accoucher, et le plus NATURELLEMENT possible, sans me mettre en danger, ni mettre en danger la santé de mon bébé. Ce qui est certain, c’est que je ne me laisserai plus faire comme ça a pu être le cas il y a 3 ans…

#304 – Accouchement en 2006 – Essone

25 Nov
J’ai accouché le 3 avril 2006, à O., dans l’Essonne. Selon mon médecin, et le personnel : c’était un bel accouchement et tout s’est bien passé.

Sur le moment, je l’ai plutôt bien vécu : trop heureuse de serrer mon bébé dans mes bras, trop heureuse d’être en bonne santé, et d’avoir un bébé en bonne santé.

Néanmoins, je ne peux pas dire que ce fut un accouchement sans nuages…

Je suis arrivée tôt le matin, vers 7h, après rupture de la poche des eaux. Pas de stress, de très bonne humeur : j’étais sur le point de vivre le plus beau moment de ma vie, que pouvait-il m’arriver de mieux?

Après examen, la sage femme annonce à mon compagnon qu ce n’est que le début (je ne suis même pas en travail), qu’on me garde à cause de la rupture, mais qu’il peut aller travailler tranquille, on a le temps…

Evidemment, bourreau de travail, il saute sur l’occasion d’être déculpabilisé par le corps médical, et me laisse, seule.

Je suis d’abord installée dans ma chambre. Je regarde la télé, je lis. On me laisse gérer les premières contractions de travail : de toutes manières, j’ai dit que je ne souhaitais pas de péri.

Vers 10h on m’installe en salle d’accouchement. Je trouve les contractions très gérables. Je n’embête personne, on vient me voir à intervalles réguliers. J’ai faim, mon estomac se tord dans tous les sens, à la rigueur, c’est presque plus désagréable que les contractions!
13h : le travail avance bien, très bien, la sage-femme cherche à joindre le papa (il lui faut 2h pour rentrer) pour lui demander de rentrer vite, car bébé risque d’arriver dans l’après-midi.
à 14h : on me conseille la péri : je redis que je n’en veux pas. Le travail avance bien, je me sens en forme, je trouve cela gérable.
L’anesthésiste qui est là pour une autre maman vient me voir, et me gronde presque : dans une demi-heure, elle monte au bloc pour une opération, après il sera trop tard pour la demander, hors de question qu’elle descende en urgence si je ne gère pas. Elle me dit que les contractions là, ce n’est rien à-côté de celles que j’aurai à la fin, que je suis peut être là encore pour 7 ou 8 heures, que ce ne sera pas la peine de pleurer ensuite, que je suis mazo de préférer avoir mal.
Je demande si je peux à la rigueur avoir une toute petite dose, car je veux sentir ce qui se passe, je veux mettre au monde mon bébé (et non être accouchée par quelqu’un… je veux être active).
Elle me pose la péri à 15h, avec une dose de 12mg/heure (je crois, je me souviens du 12!), en me disant qu’elle est peu dosée.
Entre-temps mon compagnon est arrivé.
Une demi-heure après, je ne sens plus rien à partir de la taille, et mon corps non plus d’ailleurs : les contractions deviennent inefficaces, bébé s’endort…
Vers 18h, la sage-femme appelle l’anesthésiste pour changer la seringue de la péri (à tiens, je croyais qu’elle passerait le reste de la journée au bloc… étonnant).
A son entrée, je lui demande à ce qu’elle soit moins dosée, car je ne sens rien. Elle râle en disant qu’elle est déjà pas beaucoup dosée, que dans ces cas là, autant pas avoir de péri (ben tiens, mais au départ, je vous rappelle que je n’en voulais pas!) et dose à 9 (mg/heure?).
Le travail ne progresse pas plus pour autant. Alors vers 19h on m’installe pour accoucher, car le bébé fatigue, fait de l’arythmie, et moi je monte en fièvre, sans qu’on sache pourquoi.
J’ai du mal à sortir bébé, parce que je ne sens rien, même pas les contraction : on me dit quoi faire et quand, et je m’exécute en bon soldat, à l’aveugle, parce que je ne sens rien du tout. Bébé est potelé (4k110), ne sort pas vite, fatigue, alors on appelle le gynéco (ouf, le mien est de garde), et on y va aux forceps + expression abdominale. J’ai ouvert de grands yeux quand la sageefemme est montée sur la table, effrayée. Elle m’a rassurée me disant que ça ne me ferait pas mal avec la péri. A moi non, mais le bébé, lui n’est pas sous péri!!!! j’ai dans ma tête l’image de son petit squelette tout comprimé contre mon coccyx, et je me dis que ça ne doit pas être bien. Mais on me rappelle qu’il faut qu’elle sorte, maintenant!

Je dois reconnaître à mon gynéco d’avoir prévenu qu’il me faisait une épisio, et de m’avoir promis qu’elle serait toute petite. De fait, je n’ai eu que deux points.

Par la suite, j’ai vécu deux autres moments désagréables.

Après avoir eu 15 minutes de peau à peau avec bébé, et une première têtée, le papa l’a accompagnée pour les soins.

J’attendais la fin de la péri pour retourner en chambre. L’équipe de nuit à fait son entrée dans la salle (auxiliaire puer, et aides soignantes), en râlant sur l’état dans lequel la précédente équipe avait laissé la salle, en employant le terme de « boucherie » (à la délivrance, mon placenta a échappé des mains du gynéco et est allé s’écraser au sol éclaboussant entièrement la salle, je reconnais qu’on a refait la peinture… mais nous en avions bien ri!), tout cela sans même me dire bonjour! Finie la magie de la naissance, retour au monde réel et trivial : tout cela s’est envolée avec un seul mot : c’était une « boucherie ». Je passe l’humiliation pour moi, et la culpabilité (je me suis excusée 20 fois, et je voulais quitter cet endroit).

Dans la nuit qui a suivi, j’ai découvert après plusieurs sensations de malaise lorsque j’étais allongée que mon lit était bizarrement réglé : tête plus basse que le corps, et pieds surélevés.

J’ai cherché pendant une demi-heure comment le régler sans succès. Je me suis donc résignée à déranger encore le personnel. La personne qui est venue m’a répondu qu’elle ne savait pas comment le régler, qu’elle n’était pas mécanicienne. Elle a parlé tout fort et réveillé bébé. J’ai proposé alors de faire mon lit à l’envers (tête aux pieds, pour être couchée plus confortablement). Je me suis fait envoyer balader, car ce « n’était pas son travail »!!!

Alors à 2h du matin, j’ai défait et refait mon lit, avec bébé dans les bras, alors que j’avais accouché 6 heures plus tôt…

Le reste du séjour s’est bien passé. La surveillante ayant appris mes mésaventures est venue s’excuser pour son personnel peu diplomate, et j’ai été chouchoutée… ce qui m’a permis de garder de tout cela un bon souvenir malgré tout.

Cependant aujourd’hui, alors que je m’apprête à faire le projet d’un bébé, de nouvelles questions arrivent : sans péri, est-ce que les contractions seraient restées efficaces, est-ce que ma fille serait née plus « naturellement » (sans avoir été poussée d’un côté, tirée de l’autre).

J’ai constaté que de nombreuses mamans dans mon entourage ont vécu des choses similaires avec la péri (contractions moins efficaces, forceps pour finir, …).

J’ai eu le sentiment qu’on décidait pour moi (parce que eux savaient). J’ai eu le sentiment d’avoir été poussée au-delà de mon désir vers ce qui convenait aux équipes.

Je fais l’impasse sur les conseils catastrophiques en matière d’allaitement que j’ai reçu par la suite. Ou le fait qu’on ait donné du lait maternisé à mon bébé contre ma volonté, parce que la montée de lait tardait (elle est arrivée quelques heures après…).

Si mon mari (qui n’est pas le papa de ma première fille) n’était pas aussi paniqué par l’acte, j’aurais aimé accoucher à domicile pour le futur bébé. Aujourd’hui les restrictions d’assurances risquent de décourager les Sages-Femmes qui le pratiquaient encore, rendant mon projet impossible à mener à terme.

En revanche, je suis plus forte, plus sûre de moi, et j’aurai mon mari à mes côtés, pour imposer mes souhaits, et les faire respecter, me faire respecter.

Je pense que certains établissements sont plus à l’écoute que d’autres pour cela, et je prendrai le temps de faire un vrai choix!

H.