Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai été tellement contente mais j’étais loin de savoir dans quel bazar je me lançais! Dès que tu annonces que tu es enceinte, on te demande tout un tas de papier et si en plus, tu souhaites accoucher à la maison alors là le parcours du combattant commence!
#351 L’accouchement de Cendrine
1 Mar#350 La naissance de K., dans l’Ardèche près de la Drôme
1 MarOn est parti vendredi à la mater parce que j’avais des contractions, une fois là-bas on m’a dit que c’était une infection urinaire et que dans 48h je serais rentrée à la maison.
On m’a installée dans une chambre double au bout du couloir (la dernière disponible), « l’agréable » SF a insisté pour que chéri rentre, j’ai passé la nuit perfusé avec antibio et spasfon.
7h30 « l’agréable » SF arrive et boom je romps la poche des eaux devant elle pile poil au moment où elle me dit qu’elle avait raison et que c’était pas des contractions.
Changement d’équipe à la mater, on me demande après un monito de 20 minutes de faire un suppo « pour me vider » et de prendre une douche, et là je ne verrais plus personne….
J’ai senti et reconnu la poussée comme pour la naissance de ma 1ère fille ce qui a sauvée K. sinon elle serait née dans les toilettes/sous la douche… donc je me suis allongée sur mon lit.
La nouvelle SF est arrivée pour se présenter: Bonjour madame… euh attendez je l’attrape…
J’ai douillé pas mal, mais rien d’insurmontable mais surtout je me sens comme un chien qu’on a laissé de côté.
Officiellement ma fille est née à 8h25 c’est à dire l’heure à laquelle on est arrivé dans la salle de naissance.
Et je ne vais pas vous faire flipper en vous parlant de mon séjour qui a été la catastrophe, à me dégouter de faire un n°3!
Pour parler de mon séjour en lui même, voici quelques exemples:
– gros souci d’anémie, ils m’ont fait 3 poches de fer alors que normalement ils auraient dû me faire une transfusion sanguine, qu’ils m’ont imposée au bout de 4 jours sinon ils me laissaient pas sortir de la clinique, un professeur est venu spécialement pour nous faire flipper mon mari et moi comme quoi à la moindre coupure j’allais mourir (pas de pression du tout…)
– aucune considération du personnel qui m’ont réveillée tous les jours à 7h30 pour le petit dej suivi par le ménage de la chambre, on laissait la porte du couloir ouverte pour que ça sèche donc n’importe qui pendant ce temps avait une vision de ma chambre et de mon intimité
– dans un moment de fatigue de ma part, mon mari a demandé au personnel un biberon et la puéricultrice « lui a bouffé le nez » en lui répondant que quand on choisit l’allaitement on ne donne pas de biberon
Le summum c’est qu’à la visite des 6 semaines après l’accouchement mon gynéco m’a annoncé qu’il me restait un morceau de placenta donc il me reste 1 semaine pour que mon corps l’expulse sinon c’est opération sous AG, d’ailleurs c’est la seule personne du corps médical qui s’est excusé pour mon accouchement et le reste.
Pour essayer de me « reconstruire » je viens de commencer des rdv avec une psy spécialisée dans ce domaine, depuis mon retour à la maison je ne pouvais pas dormir seule, en fait je ne peux plus rien faire seule, j’ai peur de l’abandon et j’en veux énormément à mon époux qui n’a pas su me faire confiance quand je lui disait que j’allais accoucher.
#349 Deuxième accouchement – En province, années 90
17 FévPays : France
CHU d’une ville moyenne de Province.
Deuxième accouchement
Aux alentours du terme, mon compagnon se blessa sérieusement … pompiers, hospitalisation … je pris les mesures « ad hoc » : une amie – qui devait prendre ma grande durant l’accouchement et mon séjour à l’hosto – prit ma fille immédiatement, afin de faciliter les choses. Et je me retrouvais seule, avec l’accouchement ultra proche, sans voiture – mais ça c’était pas nouveau – … seule dans cette grande maison, mais en paix … étrangement, je n’avais pas peur, j’étais en même temps apaisée et excitée par la proximité de l’accouchement. Mon premier accouchement me semblait avoir eu lieu dans une autre vie, et je me sentais en confiance avec la maternité. 12 ans et quelques jours s’étaient écoulés … ce n’était pas la même maternité, pas les mêmes personnes … les choses avaient dû évoluer, non ? Mon gros motif d’inquiétude allait vers mon compagnon … je savais qu’il souffrait, et je ne savais pas s’il pourrait être là à l’accouchement – même si nous étions dans le même hosto …
Le lendemain de l’accident de mon compagnon, j’ai passé l’après midi avec lui, à l’hosto ; en rentrant, j’ai lu, comme d’habitude, répété mes exercices de relaxation et soufflé doucement sur les contractions – pas besoin de faire semblant, les contractions s’enchaînaient mais sans être douloureuses. J’étais fatiguée …
Je m’endormis facilement. Et … à minuit tapante, réveillée par une douleur foudroyante dans les reins. Je me suis retrouvée 12 ans en arrière, exactement. La même douleur … la même heure ! Je sus de suite que le top départ venait d’être donné. Je me levais. Je savais d’expérience que rester couchée empirerait la douleur sans faciliter l’avancement du travail. Je savais qu’il fallait que je bouge ! Et je n’avais aucun besoin de me forcer : j’avais besoin de bouger. Et les contractions, exactement comme pour ma fille, se sont enchaînées de suite toutes les 5 min.
Je me suis habillée, après avoir vérifié mon col : effacé totalement, tête du bébé bombante que je sentais sous mes doigts – quelle émotion ! – … pareil que les semaines précédentes, pas de changement. Je marchais dans le couloir … durant des heures, j’ai marché dans ce couloir, avec une chanson mise en boucle sur la chaîne : « Puisque tu pars » de Jean-Jacques Goldman. Cela me semblait particulièrement de circonstance … je chantais à plein poumons en même temps, parfois je hurlais la chanson – pov voisins … au bout de 3 heures, les choses avaient bougé : le col s’était ouvert (une mandarine), le travail devenait plus fort, les contractions plus rapprochées et longues … je n’étais pas pressée de partir … mais je me demandais si en attendant trop je pourrais encore appeler les pompiers … finalement j’appelais mon amie qui s’occupait de ma grande – c’était convenu entre nous – pour la prévenir que j’allais partir à la maternité. Puis j’appelais les pompiers … rentrée brutale dans l’atmosphère « médicale », première grosse rupture de ma bulle …
Je fis le 18 :
Et les échanges, qui m’ont stupéfaits, ont donné quelque chose comme :
« Bonjour, voilà … je m’appelle xxxx xxxx, j’habite au ….., et je suis en travail. En train d’accoucher. Oui je suis sûre. Vous pouvez envoyer une voiture ?
– votre voix est trop calme ; vous ne paniquez pas … vous n’avez pas la voix d’une femme en travail, croyez moi j’en ai entendu !
– Contractions toutes les 4/5 mn depuis minuit, de plus en plus douloureuses et longues ; c’est mon deuxième. Si vous avez besoin, je peux crier et paniquer … mais je n’en vois pas la nécessité.
– Vous êtes seule ?
– Oui mon compagnon vient d’être hospitalisé suite à un accident. Ma fille est chez une amie. Personne pour m’emmener à proximité.
– Donnez moi votre numéro de téléphone. Le médecin modérateur vous rappelle rapidement. »
J’attendis quelques minutes à tournicoter autour du téléphone. La douleur s’était amplifiée, je n’osais plus chanter avec la musique, de peur de louper l’appel. Le téléphone sonna enfin, et … re ! . Je dus recommencer à zéro, les mêmes infos … génial en plein travail ce genre de dialogue, surréaliste je dirais même. Le médecin commença à réagir comme mon précédent interlocuteur. Puis il eut l’intelligence de percuter que toutes les 4/5 mn environ, je cessais de parler pour souffler longuement fort. Il me promit d’envoyer une ambulance rapidement. Il fallait que je me tienne prête.
Aucun problème. Un dernier TV avant la route. Ca avançait bien !
Je vérifiais mes bagages pour la xième fois. Coupais l’eau, et disjonctais le compteur d’électricité. J’étais très calme ; je fermais la maison, je les sortis dans la rue et commençais à faire les cent pas. Je pensais que quand je reviendrais, bébé serait dans mes bras … cela me semblait invraisemblable !
Je ne pouvais plus chanter … le temps me semblait interminable à faire des allers et retours en attendant l’ambulance. Je savais que ce n’était pas évident à trouver ma rue, mais quand même … enfin je vis un véhicule s’arrêter à quelques 2 dizaines de mètres, au bout de la rue (qui faisait intersection avec une autre rue).
Une personne en descendit, et commença à lire les plaques des rues : perdue et cherchant sa route de toute évidence … je marchais vers le véhicule, et une fois assez près, j’appelais. La personne me regarda comme une extra terrestre …
« Vous êtes les ambulanciers appelés pour mme xxxx en travail ? c’est vous ?
– euh oui … me dites pas que c’est pour vous !
– si pourquoi ?
– ben vous avez pas l’air en travail … »
A ce moment une contraction me foudroie, je m’appuie en soufflant comme un phoque contre une voiture. Ca m’évite de répondre … punaise c’est quoi cet archétype qu’ils sont tous dans le crâne ? une femme en travail ne marche pas ? ne parle pas normalement ?
Je siffle « vous en voyez beaucoup des femmes enceintes là maintenant à cette heure à vous attendre dans la rue ? »
Il me demande :
« Vos bagages sont où ?
– Devant la maison, suivez moi. »
Je marche d’un bon pas, l’ambulance roulant doucement derrière moi. La situation n’est pas loin d’être comique … Je prends mes sacs pour les charger dans le véhicule, l’ambulancier – ils sont deux, un au volant avec qui je n’échangerais pas un mot, et mon interlocuteur – m’arrête net : c’est pas à moi à faire cela …. Ça commence déjà à me gonfler tout ça … je ne suis pas handicapée zut ! Ensuite, il me demande si il peut vérifier la dilatation – savoir si on a le temps d’arriver à la maternité, ou si il faut appeler le SAMU de suite. De mieux en mieux. Je me retiens de lui dire qu’on a le temps, que je dois être autour de 3 ou 4 selon mes dernières estimations : je crois que cela l’achèverait. Il faut retourner dans la maison. Génial … j’ouvre la maison, re joncte le compteur d’électricité, toucher rapide sur le canapé : mes estimations sont confirmées.
Sitôt le toucher fini, je me rhabille et redisjoncte le compteur avant de fermer la maison. Je le suis dans l’ambulance. A peine entrée dans le véhicule, je reste debout, un peu pliée, recherchant du regard à quoi je vais pouvoir me cramponner à chaque contraction. Je sens alors une pesée sur mes épaules :
« Couchez vous sur le dos, je vais vous sangler » …
QUOI ?
MEME PAS EN REVE !
Je me dégage brutalement, et trouve du regard ce que je cherchais : deux poignées pendent du plafond du véhicule. Je les cramponne en soufflant tandis que la contraction passe. Nous n’avons toujours pas démarré. L’ambulancier tente de me convaincre de me coucher. Je lui dis très nettement que je ne me coucherais pas, et que ce n’est pas négociable. Il me parle des assurances … j’oppose un visage totalement fermé à ses arguments. Au bout d’un moment, je lui dis que je vais rappeler le 18 : je ne vais pas passer mon accouchement à argumenter dans une ambulance ! Il percute qu’il a affaire à un mur … me dit de m’asseoir alors, de me caler sur la paroi … je dis « oui » mais à chaque contraction j’aggripe les poignées du plafond en me redressant … il frappe au carreau pour dire au conducteur de démarrer. Nous parlons un peu, entre chaque contraction. Le trajet dure entre 20 et 30 mn, autant le passer le plus agréablement possible. Rapidement, je le vois chronométrer les contractions, la durée entre et la durée de chaque. Il me demande si je ne me sens pas mouillée ; si je n’ai pas envie de pousser … je lui dis que non, qu’il se détende, que l’accouchement n’est pas imminent. Il ne semble pas convaincu, et frappe au carreau pour dire à son collègue d’accélérer. Il a gagné, il me fout le stress.
Il se gare près des urgences maternité. Je ne le sais pas, mais la meilleure partie de mon accouchement est derrière moi … ces heures où j’étais seule à marcher en chantant. Un moment dont je garde un souvenir intense et ému …
Je me couche sur le côté sur le brancard, le temps de le descendre de l’ambulance et de monter à la maternité. Dans l’ascenseur, je suis debout près du brancard – décidément, la position couchée et moi sommes incompatibles. L’a pas l’air heureux, mon ambulancier … une aide-soignante nous accueille … je sors de l’ascenseur avec une partie de mes bagages dans les mains, l’ambulancier sur les talons qui me répète de laisser tout ça, qu’il va s’en occuper … je me retourne pour lui dire que « ZUT je ne suis pas handicapée à la fin ! » … je suis l’aide-soignante pour ranger mes affaires ; l’ambulancier va faire les formalités, et nous nous serrons la main ; il me souhaite bonne chance en souriant.
L’aide-soignante est souriante, avenante. Elle me demande si elle peut vérifier la dilatation ? je lui dis que l’ambulancier l’a fait il y a une petite heure, que c’était à 4 environ. Elle lève les yeux au ciel d’un air de dire qu’il n’y connaît rien … oups une grosse contraction me cloue, je souffle appuyée sur la table d’examen, puis j’y monte ; je suis maintenant à 6 qu’elle me dit, ça avance vite … Je lui demande où sont les toilettes, j’ai besoin de faire une vidange sérieuse avant tout. Je sens que c’est le bon moment … un tit suppo de microval va m’y aider. Comme cela prend un peu de temps, elle vient aux nouvelles, je la rassure, je ne suis pas en train d’accoucher dans les wc !
Puis direction salle de travail. Je me mets en « tenue » … non je ne peux pas mettre le tshirt que j’avais emmené spécialement pour accoucher : il n’est pas ouvert dans le dos, ce n’est pas possible à cause de la péridurale. Comment ça je ne veux pas de péridurale ? enfin, elle me dit que je verrais avec la sage-femme … qu’elle va chercher, alors que je fais les cent pas dans la salle de travail, en m’arrêtant, m’appuyant et soufflant à chaque contraction. La sage-femme arrive … elle vient juste de se réveiller. Je suis la 4ème ou la 5ème de la nuit, et c’est sa deuxième nuit de garde. Elle me dit de monter sur la table, on va faire un monito et un TV pour savoir où ça en est … commencent à me bassiner avec les TV ! Je dis que sa collègue – oups pardon, l’aide-soignante – vient de m’en faire un, que je suis à 6 … elle accepte de surseoir au TV, mais c’est parti pour le monito. Et moi, j’entre en enfer. Dans la foulée du monito, on me pose une perf et le brassard de tension avant que j’ai eu le temps de dire ouf.
Il faut que je me couche à plat dos. Pas le choix. Elle me dit une demi-heure de monito pour voir où ça en est. Je tape sur la table et jure à chaque contraction. Paraît que j’ai un sacré vocabulaire. Elle me propose la péri à plusieurs reprises, je refuse net. Elle me dit de me calmer – elle est gentille elle … je lui réponds que je me calmerais bien plus facilement si j’étais debout. Elle ne répond pas. La demi-heure est longue à s’écouler … Entre temps, je lui explique la situation : mon compagnon en chirurgie, opéré hier … peut-il être présent à la naissance de son enfant ? elle me répond qu’il est interdit de changer un patient de service. Oups, un sacré coup sur le moral. Voyant la demi-heure terminée, et que mon bb a un RCF parfait, je m’assois. Evidemment, ça sonne … j’ai fais bouger les capteurs. La sage-femme me dit de me recoucher … ah non alors, pas question ! Et même mieux, non seulement je ne vais pas me recoucher, mais je vais me lever. La sage-femme proteste, me parle de responsabilité légale si il arrivait quoique ce soit, l’enregistrement du RCF est obligatoire, et qu’elle a elle aussi des enfants, et ainsi de suite … Je réponds que c’est intolérable, insupportablement douloureux de rester couchée, donc je ne reste pas couchée. Point. Et je ré-attaque pour mon compagnon … je n’envisage pas d’accoucher sans lui ! Non que j’ai besoin de lui, mais je sais qu’il veut voir son enfant naître. J’ai mal choisi mon moment … je me rends compte aujourd’hui que j’ai fais une erreur de stratégie de taille. La sage-femme me re-dit ce qu’elle m’a dit précédemment. Mais ajoute :
« Cependant, si vous faites un effort, j’en ferais un aussi. Si vous vous couchez, j’appelle le service de chirurgie pour demander qu’on fasse venir votre compagnon. Et l’anesthésiste aussi, comme vous avez l’air de beaucoup souffrir » … Elle me regarde droit dans les yeux, la main posée sur le téléphone intérieur. Je suis suffoquée. Incapable de réfléchir, je dois avoir tout du poisson sorti de l’eau, bouche ouverte et yeux vides. Finalement j’acquiesce, la rage au cœur. Elle me demande de me recoucher, me fait un TV – je suis à 8 … une péri posée à 8 ? à la vitesse où le travail avance ? … elle me dit que l’anesthésiste arrive, ainsi que mon compagnon. Je jure comme un charretier en attendant, en tapant sur la table. Elle me répète de ne pas m’épuiser, et que ce n’est pas trop joli de dire cela alors que son enfant est en train de naître. Je ne relève pas. A un moment entre deux contractions, je dis que je ne veux pas d’épisiotomie. Elle répond qu’on verra. Je souffle, jure et dit que c’est tout vu. Que si je vois les ciseaux, je tape. Et si elle coupe sans que je m’en rende compte, on se parlera par avocats. L’anesthésiste arrive. Pas réveillé, encore moins que la sage-femme. Il râle … je suis sa 4ème – ou 5ème ? – de la nuit. Me dit de m’asseoir et faire le dos rond. Pas un bonsoir, rien … je m’assois, et une contraction arrive, je crie qu’il ne me touche pas durant la contraction. Il n’apprécie pas du tout … ensuite je me mets au mieux possible, il pique et je crie de nouveau : une douleur incroyable, inattendue, aigue, insupportable me fulgure dans le dos. Je lui dis de faire l’anesthésie locale, que ça fait trop mal. Il ne répond pas … une contraction de nouveau, alors qu’il va pour me piquer une deuxième fois. Je bouge, et me mets debout. Le monito sonne, la sage-femme l’arrête. L’anesthésiste râle et m’engueule, que j’arrête de faire du cinéma parce que lui voudrait bien aller dormir. Je souffle comme un phoque sans lui répondre, et me remets en position. Je suis tendue, j’ai peur d’avoir mal … et j’ai de nouveau très mal. L’anesthésiste me dit de me détendre, que j’ai le dos dur comme du béton. Je réponds que je peux pas me détendre vu comment il me fait mal, qu’il fasse la pré-anesthésie d’abord ! Il me dit que c’est déjà fait. Je réplique que c’est pas possible, j’ai déjà eu une péri, et je n’ai rien de rien senti. Là il me fait un mal de chien. Bref, de mots doux en noms d’oiseaux, deux ou trois contractions passent. Puis je me remets encore en position … il dit que c’est le dernier essai, qu’après il va chercher l’anesthésiste … je sursaute … QUOI ? il n’est pas anesthésiste ? non interne me répond il. C’est le pompon … je sers de cobaye …
Je sens ses mains dans mon dos, je souffle souffle souffle … le pieu qui entre, me fourrage le dos, c’est atroce … enfin l’impression que quelque chose cède, ça fait encore plus mal d’un coup puis plus rien. Il me dit que ça y est … je lui jette un œil noir de colère … il part. La sage-femme me fait me recoucher, remet le monito correctement, rebranche les alarmes. J’ai mal, très mal, je suis énervée, complètement sortie de ma bulle. La péri fait enfin effet … peu après, la sage-femme refait un toucher, car je lui dis que je sens une envie de pousser … elle me dit qu’effectivement je suis à complète. Elle arrête le débit de la péri … tout ce cirque pour quoi ? une demi heure de soulagement ? pffffffffff ….
Je reparle de l’épisio … et lui demande aussi d’éteindre le scialytique, que bébé ne soit pas ébloui à la naissance. Elle le fait.
Des bruits de voix dans le couloir, c’est mon compagnon. Nous échangeons une brève accolade, quelques mots. Il ne saura jamais le prix que j’ai payé pour sa présence. Très vite, il se sent mal, sort prendre un café.
Entre temps, échange houleux avec la sage-femme … je ne veux pas d’épisio. Non négociable … elle ne semble pas comprendre et me réponds « Je verrais » ; la réponse part de suite « C’est tout de suite vu : je vois des ciseaux, je tape, vous coupez en douce, je vous colle mon tonton avocat sur le dos » !!!
Le papa revient rapidement, car bébé arrive.
C’est le moment des « Inspirez bloquez poussez !!! » … je suis mal dans cette position, j’étouffe et j’ai l’impression de pas être efficace du tout. Je m’épuise … cela va durer une demi-heure, comme pour ma grande. Sans expression abdominale … et sans épisiotomie. Le scialytique est éteint ; bébé est en occipito sacré, comme sa grande sœur (je peux voir tout ce qui se passe entre mes jambes dans le scialytique éteint qui fait miroir), la sage-femme dégage la tête, les épaules et me dit de l’attraper. Il hurle de suite … il est couché sur moi, violet puis rouge écarlate, et il hurle, hurle, hurle … mes mains sont posées sur lui, je lui parle, cherche ses yeux mais il est crispé sur ses hurlements. Il est 5h30 … ce deuxième accouchement aura duré presque 3 fois moins que le précédent. L’aide-soignante le prend, dit qu’elle va lui faire « les soins » … je me tords pour la suivre des yeux, la sage-femme me tend un miroir en me disant « C‘est juste derrière vous » … et j’ai droit aux images en même temps que le son … je ne regarde pas longtemps, j’ai les tripes en vrac … je suis révulsée de ce qu’ils lui font subir, j’ai envie de balancer le miroir sur la femme qui torture mon bébé, me lever, cogner !!! La sage-femme me dit « Je vous fait un point, il y a une petite déchirure » … je m’en fous, mon bébé hurle … je sens une lassitude énorme m’envahir, et je suis tirée comme par un élastique 12 ans en arrière, où un autre bébé hurlait à s’en faire péter les cordes vocales, pour les mêmes raisons. Je me sens vide, je me sens mal … enfin les hurlements s’apaisent … la séance de torture est terminée, et la voix du papa réussit à calmer un peu bébé. Dès que la suture est finie, bébé revient sur moi. Et nous nous regardons enfin. Je me sens un peu mieux. Il est blond aux yeux bleus, comme sa grande sœur. Mais il ne lui ressemble pas du tout. Je me sens vibrer d’émotions pour ce bébé … c’est tellement nouveau. Et c’est tellement ce que j’avais espéré pour ma grande que cela me fait mal en même temps.
La sage-femme me demande si je veux allaiter. Je réponds que oui. Une puéricultrice vient pour la mise au sein. Ensuite elle me dit d’un air navré :
« Je suis désolée Madame …
– ?
– il n’y a plus de couveuse, vous allez devoir garder votre bébé sur vous jusqu’à votre installation en chambre.
– ?
– D’habitude, le bébé va deux heures en couveuse après la naissance, comme ça il peut se réchauffer et la maman peut se reposer …
– Et bien c’est une chance qu’il n’y ait plus de couveuse. Je n’aurais sûrement pas accepté cela !! Le meilleur endroit pour réchauffer bébé, c’est mon corps … et comment voulez vous que je me repose séparée de mon enfant ? »
Elle me regarde comme si j’étais une extra-terrestre, et c’est réciproque. Ils imaginaient peut-être que j’aurais laissé faire ça ?
Ce qu’ils feront subir de pire à mon enfant dans cette maternité, est à venir … toute l’après midi, on va me mettre doucement la pression pour que j’accepte que bébé aille en nurserie la nuit … au soir, usée, j’accepterais, avec la promesse que bébé me serait ramené dès qu’il demanderait, promesse que je ferais à mon fils. Il hurlera de 23 h à 6h30 du matin, sans s’arrêter … refusant les bibs, se débattant dans les bras … au petit matin, il me sera rendu rouge, épuisé, mais toujours hurlant … je mettrais longtemps à l’apaiser … je mettrais longtemps aussi à m’apaiser, car je suis bouleversée de savoir ce qu’il a subi …
S’ensuivront dix ans de difficulté de sommeil sérieuses pour mon fils : dès que je le pose dans son lit, il hurle, je mets des heures à l’apaiser, l’endormir … je le pose dans son lit, et une fois sur deux ça repart pour un tour.
Plus grand il verbalisera ses difficultés d’endormissement : « j’ai peur que des voleurs ne viennent m’enlever à toi » …
Rien ni fera, aucune de mes assurances, la porte fermée à double tour, le chien … RIEN.
Il a la peur chevillée au corps, et moi butée bornée qui ne comprend rien.
Il me faudra dix ans pour relier les difficultés de sommeil de mon grand avec cette première nuit.
Evidemment que je ne pouvais pas le rassurer : il SAVAIT qu’on pouvait venir le chercher et l’emmener très longtemps loin de moi (un nouveau-né n’a aucun sens du temps, il a du avoir l’impression d’appeler dans le vide durant une éternité) … il le savait parce qu’il l’avait DÉJÀ vécu.
Au final, je suis heureuse … j’ai une capacité d’enterrer ce qui s’est mal passé effarante, comme pour mon aînée. Je remercie la sage-femme ; évidemment, par rapport aux premières que j’ai connues, elle est formidable … évidemment par rapport à mon premier accouchement celui-là a été réussi … j’étais bien plus active, décideuse … il n’a pas duré trop longtemps pour m’user … surtout pas d’épisiotomie, et la rencontre avec mon bébé avait été émouvante et chaleureuse.
Oui, évidemment … mais quand j’ai été enceinte une 3ème fois, tout est remonté, en même temps, mes deux premiers accouchements, et toutes les émotions qui allaient avec.
J’ai tout fait – et réussi – pour ne pas remettre un orteil dans en hosto.
Je voulais – et je l’ai fais – accoucher, et ne plus me faire accoucher.
Je voulais être active, DÉCIDER, SUIVRE MES BESOINS et ne plus subir, négocier, dire amen et le regretter ensuite très longtemps.
Je ne voulais pas la lune … juste qu’on me foute la paix, et qu’on me laisse accoucher, par mes propres moyens.
Je n’ai pas eu la lune … j’ai eu bien mieux : j’ai eu la lune, le système solaire et la voie lactée en prime.
Ca n’a pas été comme je l’avais si souvent rêvé : ça a été mieux, à un point que je n’aurais pu imaginer dans mes rêves les plus fous.
La contre-partie : ce 3ème accouchement m’a fait prendre conscience de façon aigüe ce qui nous avait été volé, saccagé, pillé, piétiné à mes premiers accouchements.
Blandine
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Lien vers le premier récit de Blandine : #327 – Premier accouchement – Paris, années 80
#348 Karine, la naissance de joséphine en 2007
13 FévEn mai 2005, le CIANE a transmis à la haute autorité de la santé (HAS) un dossier de saisine afin qu’elle fasse une étude sur l’évaluation des risques et codification de la pratique de l’expression abdominale dans la phase deux et trois de l’accouchement.
En avril 2007, cette dernière a fait paraître un communiqué de presse, après 10 ans de recherche, sur cette technique, dans lequel, elle a rendu des recommandations.
Son argumentaire tournait autour de trois points :
1) Il n’y a pas d’indications médicalement validées pour réaliser une expression abdominale. Le vécu traumatique des patientes et de leur entourage et l’existence de complications, rares mais graves, justifient l’abandon de cet usage.
2) Dans les situations qui nécessitent d’écourter la 2e phase de l’accouchement, le recours, en fonction du contexte clinique, à une extraction instrumentale (forceps, ventouse obstétricale, spatules) ou à une césarienne est recommandé.
3) Si une expression abdominale est pratiquée malgré les recommandations précédentes, elle doit être notée dans le dossier médical de la patiente par la personne en charge de l’accouchement, en précisant le contexte, les modalités de réalisation et les difficultés éventuellement rencontrées.
Pourtant, le 7 septembre 2007, soit cinq mois plus tard, j’ai subi cette pratique, pendant plus d’une heure, sans raison apparente, qui aujourd’hui me laissent des séquelles neurologiques soulagées par aucune thérapeutique. En effet, le jour de mon accouchement, une personne, missionnée par la sage femme en charge de ce dernier, est entrée dans la salle, muni d’un tabouret pour la surélevée et a appuyé, de tout son poids et de toutes ses forces, à chaque effort de poussées, le haut de mon abdomen, pendant 2 heures. Pour cela, elle s’est servie de ses mains, ses coudes et /ou d’un drap l’entourant.
Depuis 4 ans je suis assistée dans tous les actes de la vie quotidienne. Je ne peux plus m’asseoir et m’occuper de ma fille de 6 ans sans aide. Deux équipes pluridisciplinaires, spécialisées dans les algies pelviennes et périnéales, m’ont diagnostiqué des lésions sur les nerfs pudendaux, ilio hypogastrique inguinal, phrénique, vague et autres neuropathies des membres supérieurs associés à un syndrome polyagique diffus. L’expression abdominale a un lien prédominant avec les séquelles dont je souffre aujourd’hui d’après ces spécialistes. Je suis suivie en centre anti douleurs depuis lors. Il est certain qu’avant cet accouchement, je menais une vie tout à fait normale.
Bien évidemment, aucune trace de cette pratique n’apparait dans mon dossier médical malgré l’obligation qui en est faite par la Haute Autorité de la Santé.
Y figurent seulement ma fragilité psychologique au moment des faits car un an auparavant nous avions fait le choix mon mari et moi-même d’interrompre médicalement ma grossesse en raison de la trisomie 21 de ma première fille ; Prétexte souvent utilisé par l’équipe soignante pour se dédouaner de questions embarrassantes posées par mon mari ou bien par moi-même relatives à mes douleurs post accouchement et aux pleurs de notre fille au moment des repas et à la digestion. Il est vrai qu’il est tellement plus aisé de mettre sur le compte du psychologique pour expliquer les raisons de certaines douleurs inhabituelles après un accouchement, lorsque les mots manquent ou lorsqu’on se sent fautif ou bien peut-être que l’on a peur d’un contentieux.
Pour les ecchymoses sur l’intégralité de mon abdomen, les violentes douleurs ressenties en coup de poignard dans le bas-ventre côté droit, mes difficultés respiratoires etc. il m’a été répondu que tout était normal que mon accouchement s’était déroulé normalement, que je venais tout simplement de vivre un vrai marathon ; que les pleurs de ma fille qui buvait que 10 millilitres par biberon (ce qui faisait un sous total de 14 biberons par 24 heures), n’étaient qu’une question d’adaptation alimentaire et cela ne traduisait en aucun cas une souffrance de mon bébé.
Pourtant, après avoir fait une cyanose à 15 jours de vie, ma fille a été hospitalisée d’urgence, pendant plusieurs jours, pour une œsophagite sévère associée à un reflux Gastro-oesophagien. D’après les spécialistes du CHU, elle devait souffrir de cette pathologie depuis sa naissance. Elle a été soignée pour cela pendant 18 mois et a connu un régime alimentaire et position d’endormissement très particulier. Nous avons profité d’une légère accalmie après ces 18 mois de difficultés. Mais ce fut de courte durée, car peu de temps après, Joséphine s’est plaint de douleurs crâniennes, cervicaux brachiales, dorsales, pelviennes, périnéales et de douleurs dans la jambe droite. Si elle doit dessiner trop longtemps, elle ressent très rapidement des douleurs dans le bras droit l’empêchant de dessiner et colorier trop longtemps. Elle ne peut également faire de la trottinette car très rapidement elle ressent des douleurs dans la jambe droite.
Y a-t-il un lien de causalité avec l’expression abdominale ? Il semblerait que oui, d’après les examens passés, l’avis de certains médecins et le témoignage d’un ostéopathe que ma fille consulte. Il s’agirait de douleurs périnatales. Ils mettent en évidence la pression exercée sur le crâne de Joséphine lors de l’accouchement causée par l’expression abdominale.
Dans tous les cas, ce qui n’est plus à démontrer, c’est que de nombreux établissements de la naissance continuent à prendre trop souvent les dires ou actions des mamans pour des comportements hystériques ou anxiogènes. En l’espèce, il est probant, que l’équipe de mon accouchement et de son suivi a commis une grossière erreur en ignorant ou en minimisant notre inquiétude relative à mes douleurs et celle de mon enfant s’appuyant trop facilement sur une fragilité qui de surcroît était légitime, au moment des faits.
Aujourd’hui, pour avoir recueilli et lus plusieurs témoignages, via les forums autour de la naissance, je constate malheureusement et avec un grand regret que l’expression abdominale est toujours exercée, malgré la preuve de son inefficacité. Elle occasionne toujours autant de lésions sur le périnée et laisse à chaque fois un souvenir barbare et indélébile de l’accouchement pour les 2 parents : Sans écarter bien évidemment les risques encourus sur le bébé comme en témoignent de nombreux procès et spécialistes.
Pourtant, Juriste de formation, mon but n’est pas de porter cette affaire devant les tribunaux mais plutôt, au regard des éléments précités, utiliser mon énergie et mes compétences juridiques au profit d’actions visant à transformer les recommandations de la H. A S., en une interdiction formelle, voir légale de pratiquer l’expression abdominale. J’aimerais que les futures mères soient informées de cette technique barbare afin qu’elles puissent, le jour de leur accouchement, dire NON à l’expression abdominale ou du moins avoir le choix. Choix qui ne m’a pas été offert lors de mon accouchement.
Aujourd’hui, les procès ou bien les recommandations de cette autorité n’ont aucun impact sur certains acteurs de la naissance. Il est donc urgent d’agir.
Doit- on faire appel au quatrième pouvoir de la Vème république, pour essayer de mobiliser l’opinion publique et peut-être faire pression sur ces personnes ? Doit-on mobiliser le ministère de la santé ? Dénoncer certains hôpitaux ou cliniques qui continuent à couvrir leurs médecins ou sage-femme ignorant les recommandations de la haute autorité de la santé ?
Je ne sais pas mais ferais tout mon possible pour que cela s’arrête.
karine
#343 Servane, la naissance de Malou en 2010
13 FévNous apprenons ta douce présence courant novembre, je prends alors rendez-vous chez une gynécologue obstétricienne à Charleville Mézières pour vérifier que tout va bien et faire le suivi. Je ne sais pas trop comment tout cela se passe alors, je me laisse guider… Malheureusement, cette gynécologue est loin d’être une bonne guide, les consultations sont expéditives, elle ne prend jamais la peine de m’écouter, de répondre à mes questions. En réalité, les consultations se déroulent toujours de la même façon : elle me demande comment ça va et m’invite à passer dans la salle d’à coté pour faire une écho de contrôle. Une fois celle-ci réalisée, je retourne dans son bureau où elle me demande le règlement ! Une ordonnance de temps en temps mais c’est tout !!!
Je commence les cours de préparation à l’accouchement dans un cabinet de sage femme, les séances en piscine me font beaucoup de bien et les séances théoriques sont… théoriques ! Tout ce que me dit la sage femme me semble si lointain.
4 juillet 2010 : Je me réveille avec une grande douleur au ventre et au bout de quelques heures, ton papa insiste pour qu’on parte à la maternité. La sage femme nous accueille et me place le monitoring. Elle m’explique que je vais rester en observation pendant une heure et qu’elle m’auscultera après pour voir s’il y a du progrès ou pas. Pendant ce temps, elle remplit mon dossier d’admission et ton papa fait plusieurs allers-retours avec la maison car nous avons oublié plusieurs papiers… L’heure écoulée, la sage femme m’ausculte et m’annonce que mon col est maintenant ouvert à 1,5 cm et de ce fait, elle nous demande de passer en salle d’accouchement. Nous y resterons jusqu’au soir, seuls… Mon col ne s’ouvrant pas à plus de 2 cm, il s’agissait d’un faux travail. Nous avions vraiment cru que tu allais arriver, nous étions déjà tellement heureux et impatients…
Suite à cette journée, j’ai le sentiment que je ne veux pas accoucher là bas mais que faire d’autre ? La sage femme nous a conduit dans cette salle d’hôpital, pas du tout accueillante, pleine de machines et de tuyaux et nous a laissé seuls pendant des heures. Est-ce comme ça que je veux t’accueillir ?
23 juillet 2010 : C’est la nuit, il est plus ou moins 5 heures du matin. Je me réveille avec une douleur diffuse au ventre. J’ai comme un pressentiment mais je ne m’affole pas, je me dis qu’on verra bien. Depuis le 4 juillet et l’épisode du faux travail, je suis attentive à chaque douleur, à chacun de tes mouvements,… L’impatience est là, j’ai tellement hâte que tu arrives mais aussi un peu d’appréhension, comme toutes futures mamans. La douleur n’est pas constante, elle va et vient à peu près tous les quarts d’heure, je pense que ce sont des contractions, elles me réveillent souvent jusque 7 ou 8 heures du matin. Je n’en peux plus d’être couché, les contractions commencent à se rapprocher, j’ai le pressentiment que c’est aujourd’hui le grand jour mais je ne veux rien dire à Papa, il dort près de moi et aura besoin d’être en forme pour m’accompagner tout le long du travail… Les contractions sont pour le moment assez espacées donc pas de quoi lui faire de fausses joies, encore une fois. Je vais dans le salon mais la douleur augmente, Papa se lève, il sait qu’il se passe quelque chose… Je décide de prendre un bain pour voir si les contractions s’espacent ou pas. Papa est près de moi et note consciencieusement l’heure de chaque contraction. Je me plonge dans l’eau chaude, ça me détend car je sens de plus en plus que c’est pour aujourd’hui.
13h30 : Papa veut partir à la maternité mais je suis bien à la maison et je sais qu’être à l’hôpital va augmenter mon stress. Et puis, là bas, je ne pourrais plus bouger, rien manger ni boire : ici au moins, je peux faire ce que je veux ! Après quelques minutes, nous partons tout de même car la douleur commence à être de plus en plus forte et je ne trouve pas de positions pour me soulager.
Arrivée à la maternité : La sage femme nous installe en salle d’observation et me place le monitoring. Pendant ce temps, papa s’absente quelques minutes pour aller récupérer mon dossier que nous n’avons pas pris le temps de récupérer avant de monter. Les contractions deviennent vraiment douloureuses, je les ressens de mon dos jusque mon ventre, il faut que je me concentre pour ne pas crier, je sers le lit de toutes mes forces… Papa revient enfin, je peux serrer sa main dans la mienne, ça me soulage, ça me fait du bien qu’il soit à mes côtés. A présent, la sage femme m’ausculte : je suis déjà dilatée à 3 cm et je suis donc en travail ! C’est bel et bien le grand jour, c’est aujourd’hui que tu vas naître et qu’on pourra te serrer dans nos bras. La sage femme me passe une blouse et m’accompagne jusqu’aux toilettes puis à la douche avant de me conduire dans la salle d’accouchement. Elle me demande de m’allonger sur la table d’accouchement et me place de nouveau le monitoring.
14h30 : La sage femme tente de me poser une perfusion mais sa première puis sa deuxième tentative échoue, elle demande alors à sa collègue de prendre le relais, sans plus de succès : mon poignet se met à gonfler et me fait mal. L’anesthésiste arrive à son tour et me place la perfusion sur le dos de la main. Quelques minutes d’attente et il me posera la péridurale.
17h00 : La sage femme m’ausculte de nouveau : mon col n’est dilaté qu’à 4 cm… La sage femme décide de percer la poche des eaux pour accélérer le travail. J’apprendrais qu’elle m’injectera aussi du syntocinon dans la perfusion sans m’en avertir.
Je dois rester allongé sur le côté gauche car lorsque je suis sur le dos, ton cœur se met à ralentir. Le temps est long, papa et moi sommes seuls dans cette salle, personne ne vient nous expliquer ce qu’il se passe, si tout va bien… Je me sens abandonnée face à l’inconnu.
19h30 : On m’ausculte une nouvelle fois et la dilatation n’a guère avancé. Le médecin (enfin je suppose car il ne s’est jamais présenté) décide de réaliser un examen pour voir si tout va bien pour toi, un prélèvement de liquide dans ta boîte crânienne. Il prépare tout le matériel nécessaire et le personnel commence à s’amasser dans la salle : 3 sages- femmes, l’interne et lui. D’autres sages femmes sont à la porte et le médecin les invite à rentrer ! Tous ont les yeux braqués sur mon vagin, je me sens humiliée, Papa essaie de me rassurer en me disant qu’ils ont l’habitude mais cette situation me met tellement mal à l’aise, j’ai la sensation d’être violée et que mon esprit se détache à ce moment là de mon corps. Je suis allongée sur la table, avec une dizaine de personnes qui regardent mon sexe sans que personne ne m’ait demandé si cela me dérangeait ou pas… Je ne suis pas une personne pour eux, juste un objet sur lequel ils peuvent s’exercer et apprendre, il n’y a aucune humanité dans leur comportement, dans leur gestes, dans leurs paroles… L’interne m’explique tout de même qu’elle va prélever le liquide à l’aide d’un objet qui ressemble à un gros tampon, que ce ne sera pas douloureux ni pour moi, ni pour toi. Elle le fait délicatement mais à priori, elle ne parvient pas à réaliser un prélèvement suffisant. Le médecin décide alors d’essayer, sans plus de succès malgré le peu de délicatesse que lui prend pour réaliser ce prélèvement. Il mesure à nouveau l’ouverture du col : 7-8 cm ! Je me souviens encore de la phrase qu’il a alors prononcé, cette phrase qui m’a fait mal pendant des mois et qui m’a plongé dans la dépression : « Vous êtes à 7/8 cm, on va aller le chercher votre bébé. On passe en césa. »
Dans ma tête, plein d’émotions se mélangent : la joie que la dilatation avance enfin et que notre rencontre s’approche et soudain le choc de cette annonce que je ne comprends pas et qu’on ne prend pas la peine de m’expliquer. Le médecin est sorti sans un mot de plus, me laissant entre les mains des sages femmes qui n’auront pas un mot de compassion pour moi. Le monde s’écroule, elles me préparent sans rien dire, sans un regard alors que je suis en larmes. Elles m’enfilent des bas de contentions, me badigeonnent le ventre de Bétadine et me le rasent, me font avaler un médicament avec un goût amer sans explications. Papa a dû sortir dans le couloir et j’entends qu’il a fait un malaise. J’ai besoin de lui, besoin de lui parler. Elles m’annoncent que tout va bien et je pourrais l’embrasser avant d’aller au bloc : j’ai peur, je ne sais pas ce qui va se passer et j’aurais tellement aimé qu’il soit avec moi mais c’est impossible, je vais devoir affronter cette épreuve sans lui. On m’allonge sur le brancard et on m’amène jusqu’au bloc, au bout du couloir. Je croise papa dans le couloir qui tente de me rassurer rapidement mais je sens bien que lui aussi est inquiet et personne ne nous dit rien.
20h30 : J’arrive au bloc opératoire, j’ai la gorge nouée et les larmes aux yeux, plein d’émotions que je ne peux pas sortir : peur pour toi, peur de l’opération, tristesse d’être seule, de ne pas avoir réussi à t’accueillir correctement,… Le personnel dresse un drap au niveau de ma poitrine pour que je ne voie pas l’opération, place le capteur cardiaque sur mon index et un masque à oxygène près de mon visage. Ils m’attachent les bras en croix avec des sangles, je ne comprends pas pourquoi, je ne comprends pas ce qu’il se passe et là encore personne ne prend la peine de me parler, de me rassurer, de m’expliquer. Toutes ses émotions me donnent la nausée, j’arrache le masque que l’infirmier maintient sur mon visage et, à peine le temps de lui dire que j’ai envie de vomir que le médicament avalé quelques minutes auparavant ressort dans le haricot. Il me détachera alors le bras gauche pour que je tienne moi-même le haricot, je vomirai tout le long de l’opération… Le médecin commence, je les entends parler de leurs vacances, du temps qu’il a fait,… Ils n’ont aucune considération pour moi, je n’existe pas pour eux et tout d’un coup, je ressens comme un poids en moins dans mon ventre, je sais que tu es dehors et soudain, j’entends ton premier cri : il est 20h42. Je suis soulagée, tu vas bien, tu es vivante. On t’enveloppe dans un drap et je peux enfin te découvrir, tu es si petite que j’ose à peine te toucher. Je te regarde un instant puis le chirurgien me dit que je peux te toucher, je te caresse le visage, tu as la peau déjà tellement douce… Je ne ressens pas ce coup de foudre de foudre dont toutes les mamans parlent, pour moi tu n’es alors qu’une étrangère, je ne me rends pas compte que tu n’es plus en moi et que c’est toi ce bébé qu’on me présente. Ils t’amènent rapidement pour les premiers soins. Quant à moi, il faut terminer l’opération. Je te retrouve un quart d’heure plus tard dans les bras de ton papa. Le chirurgien propose de faire une photo de nous 3, la première de notre famille. Malheureusement, encore aujourd’hui, j’ai du mal à regarder cette photo : je suis là allongée sur un brancard, avec des fils de partout, fatiguée. Une fois installée en salle de réveil, la puéricultrice te place au sein pour une première tétée. Elle m’explique qu’elle revient dans 20 minutes pour te changer de sein mais elle ne reviendra qu’une heure plus tard. Encore une fois, je me sens abandonnée, désemparée. Tu es si petite, si fragile et moi, je suis encore toute engourdie par l’anesthésie et j’ai peur de mal faire.
Le séjour se passera moyennement bien : les sages femmes et puéricultrices me donneront des tas de conseils divergents concernant l’allaitement qui me conduiront à son arrêt quelques jours après le retour à la maison. Le lien se fait peu à peu entre nous, on apprend à se connaître doucement, à s’apprivoiser mais je me sens coupable de ne pas avoir eu ce coup de foudre. J’ai aussi beaucoup de mal à accepter la façon dont se sont déroulées les choses, pourquoi est ce que j’ai eu cette césarienne ? Je n’ai jamais eu la moindre explication de la part du personnel médical et j’ai dû demander mon dossier médical pour avoir certaines réponses à mes questions.
#342 Deux récits de césarienne dans le 92, France
8 FévMa deuxième grossesse s’est aussi bien passée que la première, pas de problème de santé et en pleine forme jusqu’au bout. Seul l’accouchement a été « problématique ».
Lors de la première, j’avais prévu un accouchement à domicile avec mon mari et une sage-femme. J’étais aussi suivie à l’hôpital afin d’avoir un dossier là-bas, au cas où je ne puisse pas accoucher à domicile. J’avais fait un projet de naissance physiologique, très mal accueilli par le responsable du service de maternité. Malheureusement j’ai dépassé le terme (41SA+5jours) et comme à l’hôpital les monitorings ont montré des anomalies de rythme cardiaque, j’y suis restée et j’ai été déclenchée sur un col non mature. Je m’inquiétais pour mon enfant et j’ai demandé une césarienne qui m’a été refusée au motif que ce n’était pas à moi de décider mais à eux. Je crois plutôt qu’il voulaient suivre mon projet de naissance voie basse, ce qui était absurde puisque j’avais bien écrit dedans que je ne voulais cela qu’en l’absence de tout risque. Au bout de 36h finalement j’ai eu une césarienne d’urgence (mon bébé fatigant vraiment) pour échec de déclenchement, après avoir subi la totale: perçage de la poche des eaux, perfusion, ocytocine, péridurale, etc, avec un défilé de personnes dans la salle. Cela dit je n’ai pas souffert mais c’était bien loin de mon idée d’un accouchement de rêve. Ça a été hyper-médicalisé. Mon fils ainé pesait 4,360kg à la naissance. Je l’ai à peine vu, et j’ai du aller attendre seule pendant 2 heures en salle de réveil avec des gens malades qui se réveillaient d’opérations diverses, 2 heures avant de pouvoir mettre mon fils au sein. J’ai eu une cicatrice de travers, avec un gros bourrelet de chair qui s’est formé au-dessus, car la cicatrice était trop basse et les peaux ont adhéré. Difficile de cacher ce bourrelet, visible même sous un maillot de bain.
Pour cette deuxième grossesse, j’attendais des jumeaux. Cela a remis en cause tout ce que j’aurais voulu pour l’accouchement: j’aurais enfin voulu accoucher à domicile, cela n’allait encore pas pouvoir être le cas.
J’avais fait une FIV. Le gynécologue qui me suivait, dans une clinique privée des Yvelines où j’habite, m’a tout de suite dit qu’avec lui ce serait une césarienne programmée à 38SA. Quand j’ai voulu argumenter il m’a dit sur un ton sec que je ne trouverai personne qui accepte autre chose et que, si je n’acceptais pas, il faudrait que je trouve un autre gynécologue, qu’il ne me suivrait plus car il ne suivait que celles qui accouchaient avec lui. Sympa!
Je suis ensuite allée voir l’hôpital public d’à côté, où j’avais accouché la première fois, sans beaucoup d’enthousiasme, vu la façon dont avait été accueillie mon projet de naissance de mon ainé. Le même gynécologue responsable de la maternité m’a accueillie et, quand j’ai parlé de ma volonté d’accoucher par voie basse, ce qu’on appelle un AVAC (accouchement voie basse après césarienne), il a été méprisant et très autoritaire, me prenant de haut et me disant que ce n’est pas moi qui décidait, que ce serait une césarienne à 38SA et rien d’autre. J’ai voulu lui donner mes arguments mais il n’a même pas voulu les écouter, pourtant je m’étais longuement documentée sur les risques d’une voie basse sur utérus cicatriciel et sur les risques comparés d’une 2ème césarienne, et j’avais fait mon choix en connaissance de cause, mais il m’a prise de haut en me disant que je ne trouverai personne qui accepte. Il m’a ensuite fait un toucher vaginal, inutile à ce stade, sans ménagement et douloureux.
Ça a été difficile de trouver une équipe qui accepte une voie basse. Grâce aux forums de césarisées, j’ai trouvé dans d’autres départements 2 hôpitaux qui acceptaient une voie basse mais médicalisée (péridurale, puis extraction du 2ème jumeau en allant le chercher à la main). Et j’ai trouvé un groupe physiologique dans le 92 qui acceptait une voie basse non médicalisée, une naissance physiologique. J’ai donc été suivie par une sage-femme libérale de ce groupe, connue pour faire des accouchements à domicile, et j’ai vu à 3 reprises le gynécologue qui participerait. L’accouchement était prévu en plateau technique dans une clinique privée. Le tarif était très cher, et non remboursé par la sécurité sociale.
Le suivi s’est bien passé, hormis le fait que la sage-femme est particulière: elle est persuadée que toutes celles qui ont eu une césarienne ont été victimes d’inceste. Elle essaiera de me « psychologiser » mais sur les forums on m’avait prévenue alors je ne m’en formaliserai pas. J’aurais dû!
Au début mon projet de naissance a été accepté. Le gynécologue m’avait même dit qu’il ne me mettrait jamais la pression sur le dépassement de terme et ne me déclencherait pas et qu’au pire ce serait une césarienne à 42SA.
Puis quand j’ai approché du terme, vers 38SA, je les ai senti se raidir. Tout d’un coup ils voulaient relire mon projet de naissance et remettaient en cause plusieurs choses. Le gyneco voulait me faire des touchers vaginaux inutiles et s’énervait que je refuse (alors que c’était dans mon projet de naissance) et disait que c’était indispensable sans me fournir un argument médical, et se vexait que je demande des explications. Pour lui c’était un manque de confiance de ma part. Alors que j’avais toujours dit et écrit que j’accepterai tout à partir du moment où on me donnait un argument médical. Je les avais choisi pour être intégrée au processus de décision et ne pas subir mon accouchement comme à l’hôpital et j’étais bien déçue.
Ils ont parlé de déclenchement à partir de 39SA et je ne voulais pas. J’avais l’impression de m’être fait avoir: au début ils m’avaient dit que mon projet de naissance ne posait aucun problème, puis à la fin ils remettaient tout en question.
À 40SA+1 jour, les contractions se déclenchent. La sage-femme, qui avait promis de venir chez moi vérifier le col et faire le pré-travail à domicile, refuse et me demande sur un ton directif d’aller à la maternité. J’arrive avec une accompagnante (une mère de 8 enfants rencontrée virtuellement sur Facebook, et ayant accouché chez elle de jumelles). La sage-femme est désagréable, agressive. Je lui dis que j’ai été contrariée qu’elle ne vienne pas chez moi comme prévu, elle me rétorque qu’elle n’avait pas envie que je veuille rester accoucher chez moi. Je lui demande pourquoi un tel manque de confiance, elle me répond que comme je n’ai pas confiance en eux, eux non plus. Je dis que ce n’est pas parce que je refuse certains actes non justifiés que je n’ai pas confiance, et que c’était dans mon projet de naissance, et que je veux clarifier la situation avec elle, qu’on en parle avant que j’aille en salle de travail sinon ça va me bloquer, elle refuse catégoriquement de parler et s’énerve.
Puis elle me fait un toucher vaginal, je ne suis quasiment pas dilatée, et elle râle comme si c’était ma faute!
Je passerai 23h avec elle faisant la gueule, agressive parfois, et me disant des choses désagréables (« de toute façon tu n’y arrivera pas », « le deuxième jumeau ne va pas sortir », etc). A chaque fois que j’étais dans la même pièce qu’elle mes contractions ralentissaient, puis quand elle sortait pour fumer sa cigarette, le travail recommençait à s’intensifier.
Heureusement ma copine m’encourageait.
Quand j’en suis arrivée à 3 de dilatation, le gynécologue est passé pour m’engueuler car je refusais la voie veineuse, et m’a dit que je les « utilisais » (j’appris plus tard qu’il n’avait toujours pas digéré mon refus du toucher vaginal). J’étais en larmes, je ne comprenais pas pourquoi ils m’agressaient alors que si je les avais choisi c’était pour vivre un moment intime et entourée de gens bienveillants. J’essayais de lui demander la raison médicale de me poser à ce moment là une voie veineuse, aucun argument ne me fut donné, ils étaient outrés que je pose la question. L’anesthésiste est venu, m’a expliqué en quoi ça pouvait lui être utile (enfin une personne respectueuse et qui consent à me donner des explications) et bien qu’il n’y ait pas d’utilité absolue (c’est plus du confort pour eux), j’acceptais pour leur faire plaisir.
Puis les heures qui ont suivies je fis tout mon possible pour dilater (montée des escaliers, etc).
La sage-femme vérifie et je suis presque à 7 de dilatation. Elle veut qu’on quitte la salle nature très intime et confortable pour aller en salle de naissance, ce dont je n’ai pas du tout envie. J’ai peur que ça bloque la progression du travail et je demande à rester encore un peu. Refus catégorique de la sage-femme qui m’ordonne de la suivre. Arrivée en salle naissance, elle m’interdit d’en sortir et de continuer à monter et descendre les escaliers. Elle veut que je monte sur la table, je refuse. Ma copine met une couverture par terre et je m’accroupis en me tenant au lit. La sage-femme me fixe d’un air toujours aussi désagréable et mes contractions ralentissent, le travail stagne. Elle s’éclipse sans aucune explication. Je sors dans le couloir et l’entend dire au gyneco qu’elle fait préparer le bloc pour la césarienne. Elle ne m’en aura même pas parler avant! Pourtant je vais bien et le monitoring montre que les bébés aussi vont bien.
Le gyneco revient, il n’est plus agressif et dit vouloir m’aider. Je vient de fissurer la poche des eaux. Il propose de finir de la percer et j’accepte. Je dilate à 8. Alors il me dit qu’il va essayer une manœuvre manuelle et sinon c’est la césarienne. Je demande pourquoi vu que le monito est bon, il ne me donne aucune raison mais exige que je fasse un choix entre les 2 options qu’il me donne. J’accepte la manœuvre mais je demande la péridurale ou un anesthésique, il refuse (pourtant il n’y avait pas urgence et l’anesthésiste avait dit qu’il pouvait venir à tout moment). Je lui dit qu’avec la péridurale si le travail ralentit il peut quand même utiliser de l’ocytocine puisqu’il l’a fait pour une autre patiente avec qui j’avais sympathisé, qui m’avait raconté son accouchement, et qui avait comme moi stagné à 7. La sage-femme me dit que ça ne me regarde pas ce qu’ils ont fait avec elle ( sauf qu’elle m’a tout écrit en detail!) et le gynécologue marmonne que moi c’est différent (pourquoi? je ne sais pas).
J’accepte donc la manœuvre. Deux sages-femmes m’écartent et me tiennent les jambes et lui plonge sa main profondément et tente d’écarter le col avec ses doigts. La douleur est atroce. Il me dit de pousser pendant les contractions, mais comment pousser alors qu’il enfonce son bras… c’est impossible et trop douloureux, surtout allongée sur le dos. Je lui crie d’arrêter. J’en suis à 9 de dilatation. Je lui redemande la péridurale pour réessayer mais il refuse.
Je me demande dans quelle mesure cette manœuvre n’était pas faite exprès pour que j’accepte la césarienne.
Je suis donc charcutée pour la deuxième fois. Mes bébés vont bien et je peux les allaiter de suite après avoir été recousue, mais la déception de n’avoir pas pu les mettre au monde naturellement est grande, et je suis mortifiée des moments si importants de la naissance qui ont été si tendus et stressants.
Je me sens heureuse de ce que j’ai pu faire pendant cet accouchement. J’ai réussi à gérer sans péridurale les contractions jusqu’à dilatation quasi-complète. Mais je suis en colère contre ma sage-femme qui a été vraiment nocive et m’a gâché ce moment. Je me demande si j’aurais réussi avec une autre équipe en acceptant une péridurale d’office, je ne le saurais jamais.
C’était à 41 ans sans doute mon dernier accouchement et raté encore une fois. Et si jamais je devais tomber enceinte dans 3 ou 4 ans (très peu probable), j’ai un utérus ayant eu 2 césariennes et aucun gynécologue ne m’autorisera à tenter une voie basse. Cela veut donc dire que tout espoir de vivre ce moment naturellement est fichu.
J’ai vite mis de côté cet accouchement décevant et me suis consacrée à mes bébés.