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Mon accouchement à domicile

14 Jan
Je pensais me rendre à la maternité et faire « comme tout le monde » avais-je répondu à la sage-femme qui nous accompagnait à une préparation à l’accouchement…
Et puis, une lecture : « Naissance à visage humain », m’a parlé…. moi qui ai un rapport particulier au corps… et j’ai commencé à me renseigner sur les accouchements physio sans péridurale, et puis  j’ai fini par en parler, de ce rêve d’ado de donner la vie en piscine… dans l’eau quoi…
Et, j’ai fait la rencontre d’un obstétricien et d’une sage-femme qui ont convaincu mon conjoint du risque aussi important voire moins important encouru par le fait d’accueillir notre petit Héloïse chez nous… (à condition d’une grossesse sans risque) et il a dit oui alors que j’étais toujours en questionnement du où ? et avec qui ? hôpital qui respecte le lien mère-enfant et favorise les accouchements physio. Mais les dés étaient jetés, si ma grossesse continuait à bien se dérouler; ce serait à la maison !
Et fin février, 37ème semaine, quand l’obstétricien m’a confirmé que pour lui c’était ok et bien voilà, c’était parti ! Préparation matérielle en route ! J’ai alors beaucoup lu sur la douleur de l’accouchement pour disposer de plusieurs outils : chant avec sons graves, l’accueil de la douleur (qui était très conceptuel) et points d’acupuncture. J’ai aussi réalisé des massage du périnée à l’huile d’olive, moi !!????
J’étais intimement convaincue que ma volonté (l’intellect’) de ne pas faire de péridurale contribuerait à une bonne gestion de la douleur.
Et le vendredi 3 Mars, alors qu’un ami était venu partager un repas avec nous, j’ai senti des contractions… différentes de celles de la grossesse… j’ai rien dit, convaincue que mon premier accouchement durerait des heures et des heures… j’ai simplement dit avoir mal au ventre, et j’ai pris mon ballon pour me détendre alors que nous prenions l’apéritif… Notre ami est parti tôt et puis j’étais comme obsédée par le fait d’aller dormir pour être en forme pour le vrai travail !
J’ai dormi, comme on peut dormir en fin de grossesse… et puis… à 5h du matin, les contractions m’empêchaient de dormir alors… j’ai pris un 1er long bain. J’en suis sortie et j’ai indiqué à mon conjoint que c’était le jour… A 7h, j’ai appelé l’équipe d’accoucheurs : un obstétricien et une sache-femme et je leur ai indiqué que les contractions étaient régulières mais pas rapprochées. Le temps d’annuler leurs rendez-vous, ils sont arrivés pour 11h. Ils m’ont trouvée détendue… et m’ont conseillée de continuer ainsi, limite de ne pas penser à l’accouchement, au stress généré par ces nouvelles douleurs. Ils m’ont demandé de penser qui pourrait venir boire un thé avec moi l’après-midi… je n’en revenais pas… moi qui intellectualise tout, je devais ne pas penser à ce qui se passe…. mais j’ai exécuté les recommandations et j’allais au jardin quand les contractions arrivaient… Mon couple d’amis n’en revenait pas de mon état d’esprit. Eux qui 2 mois auparavant avaient vécu un accouchement hyper-médicalisé. Et puis, à 17h quand l’équipe est revenue, la sage-femme me disait que j’avais tellement décroché de ce que je vivais que le travail n’avait plus avancé. Le nouveau mot d’ordre était : concentration et là, j’ai commencé à entrer dans cette fameuse « bulle ». Doucement, les contractions se rapprochaient. Les heures passaient. Mon conjoint a éteint les lumières et allumé un feu de cheminée, j’ai pris un 2ème bain mais à minuit : pas de poche perçée et pas d’ouverture conséquente… je fatiguais bien sûr, alors ils ont décidé de percer la poche et là… oh oui que les vraies contractions de travail arrivaient ! ! ! J’ai utilisé ballon, écharpe pour me suspendre mais sur le tapis, je n’étais pas inspirée par les positions sur le côté…. peut-être plus tard me disais-je…. J’ai pris un 3ème bain dans le noir et je me rappellerai toute ma vie de cette atmosphère. J’avais convié mon conjoint à me suivre dans mes sons graves pour limiter la douleur. On aurait cru un temple boudiste avec nos :  » Oooaaaah » en stéréo. Au sortir du bain, tout a pris une autre dimension, je commençais à être à cours d’idées pour gérer la douleur. Le sol ne me permettait toujours pas d’être à l’aise et j’ai  alors demandé à mon conjoint le massage des points d’acupuncture sur les mains seulement les contractions m’empêchaient d’être dedans… j’attrapais mon conjoint assis sur le lit par les épaules à l’arrivée de chacune d’elles et le serrai très fort tout en continuant mon chant boudhiste dont le son commençait à monter ! J’ai voulu dormir donc nous avons dormi l’un contre l’autre entre deux contractions. Et puis, le moment de la délivrance approchait. La sage-femme me propose la baignoire, je lui dis non à la surprise de mon conjoint,  me sentant trop fatiguée pour l’atteindre et puis… c’est si peu confortable !  J’ai essayé une chaise physio avec laquelle visiblement je poussais comme il fallait mais l’obstétricien m’a arrêtée car mon flux sanguin était trop concentré dans mon bas ventre et il craignait une hémorragie, je re-tente le sol mais définitivement non et puis mes représentations m’ont rattrapées certainement et c’est le lit qui m’a interpellée. C’est bien le seul regret de cet accouchement ! Ensuite, j’ai « poussé » comme on dit, sans bien savoir si c’était comme ça… j’ai d’abord poussé avec mes abdos, ce qui ne sert à rien lors d’un accouchement comme tout le monde peut se l’imaginer…. Les contractions ressemblaient à de fortes vagues si puissantes qu’elles généraient chez moi comme un vent de panique. J’avais peur, si peur de laisser cet enfant mourir dans ce passage… ça a duré longtemps (je n’ose même pas l’écrire car JAMAIS on m’aurait accordé ce temps en hôpital) jusqu’à ce que l’obstétricien me crie : c’est comme ça ! Là, ma peur s’en est allé et mon intellect (je dis intellect alors que c’était sensoriel… je crois que j’avais à nouveau réuni corps et esprit) cela m’a permis de me concentrer pour reproduire à l’identique ce que je venais de faire… la tête était sortie, je n’y croyais pas ! tellement pas que je poussais alors que je n’avais plus de contractions. Ma sage femme m’a alors dit : tu n’as pas compris ? c’est la contraction qui fait sortir le bébé ! Oui je le savais mais non je ne l’avais pas encore intégré ! comme on dit on apprend en faisant ou plutôt quand tout est fini et que l’expérience nous a tout appris !
Le reste du corps est donc sorti sans aucune sensation avec la contraction suivante. Et là, c’est la rencontre !  Ma fille me regardais droit dans les yeux comme si elle savait que j’étais sa mère…. incroyable ! elle était là, vivante, en bonne santé, j’étais comblée, encore sous le choc mais comblée !
Ce que cette expérience m’a appris c’est que devenir mère ce n’est pas que dans le conscient… et que mon corps, si j’apprends à l’écouter peut m’aider à vivre les choses telles que je souhaite les vivre.  Il m’en a fait la démonstration. Ce temps que m’a accordé cette équipe pour que je trouve le chemin de la vie avec ma fille n’a pas de prix ! Moi qui ai vécu un trauma corporel avait inconsciemment dissocié corps et esprit depuis toujours… et ce vécu m’a permis de vivre pour la première fois un moment ou corps et esprit m’ont permis la plus belle réalisation qu’il soit donné : donner la vie dans la douceur.
Mon conjoint m’a avoué le jour qui a suivie l’arrivée de notre fille qu’il me remercié de l’avoir accompagné dans cette voie de l’intime car être à trois à la maison les heures qui suivent une naissance sont des moments uniques d’intimité.
Merci H., L., M. et M. pour ce cadeau que vous m’avez fait d’être avec moi pendant ces « longues » heures….
Je tiens à préciser que ce récit ne correspond forcément pas à la réalité dans la mesure où j’étais en train d’être actrice de mon accouchement et que j’en suis ravie de cet accouchement donc il doit y avoir des déformations, veuillez m’en excuser d’avance !

Linoa ou la renaissance d’une mère – Haute Garonne – 2013

28 Nov

Après avoir vécu deux accouchements traumatiques, j’ai vécu un dernier accouchement respectueux pour ma petite fille (en octobre 2013). Premiers récits ici :

https://moncorpsmonbebemonaccouchement.wordpress.com/2013/01/30/30-magali-naissances-dans-le-sud-de-la-france-2007-2010

Voici le récit :

"Linoa ou la renaissance d'une mère"

Linoa ou la renaissance d’une mère

Je suis née à nouveau grâce à ma dernière fille. Elle est arrivée chez nous et je me sens désormais, totalement différente. J’ai eu ma victoire, j’ai pu aller au bout de mon souhait et je sais que sans aide, sans soutien, je n’y serais pas parvenue.

Alors j’ai décidé d’assumer jusqu’au bout mes choix qu’ils plaisent ou qu’ils ne plaisent pas. Qu’on accroche ou qu’on n’accroche pas ; ceux-là restent mes choix. Avoir le choix aujourd’hui, relève presque de l’exploit, car le choix, finalement nous l’avons peu. Beaucoup le disent, la plupart du temps : « je n’avais pas le choix ; c’était comme ça, pas autrement … ». Eh bien, moi, j’ai eu cette chance d’avoir ce choix. Et ce choix, a bien failli m’échapper.

Après avoir vécu une césarienne, puis un accouchement par les voies naturelles, autrement appelé très poétiquement AVAC (accouchement vaginal après césarienne), puis une fausse-couche précoce, je suis retombée enceinte en début d’année 2013 et j’ai choisi un accompagnement tout à fait différent de ce que j’avais choisi pour mes autres grossesses. Tellement déçue, dévalorisée, infantilisée, humiliée, non respectée dans mon corps et le reste, je ne pouvais plus aborder la maternité comme quelque chose de purement médical. Il me fallait une approche humaine, saine, exempte de tout comportement intrusif et manipulateur. Je voulais du VRAI, de l’AUTHENTIQUE, du RESPECT à l’état pur. J’ai choisi un accompagnement global avec des sages-femmes libérales et j’ai vu là, toute la différence.

Dès le premier entretien, une confiance s’est installée, je l’ai senti tout de suite. Elle m’a expliqué comment ça se passait, comment elles fonctionnaient, c’était clair ; limpide même. J’ai dis « oui » pour le meilleur ou pour le pire car le pire, c’était de toute façon accoucher en structure et elles ne prennent aucun risque à ce niveau. C’était un contrat normal et moral entre elles et moi. J’ai eu la chance, de vivre le meilleur.

Début septembre 2013, une lettre parvient à chacune de mes sages-femmes, leur intimant de payer cette assurance responsabilité civile qui leur fait défaut car très élevée (20 000 euros par an et par sage-femme, sachant qu’elles gagnent à peine plus de cette somme sur une année complète). Cela fait des années qu’elles pratiquent les accouchements à domicile sans cette assurance, jusqu’à présent, plus ou moins tolérées, aujourd’hui plus du tout. La chasse aux sorcières vient de commencer…

Ayant vécu dans le doute tout le long de ma grossesse, avec des soucis de tous ordres entre soucis de santé au mois de mai, soucis de travail pour moi ensuite, déménagement, et j’en passe… j’arrivais en septembre, à me dire que je tenais enfin le bon bout, dernière échographie officielle faite avec une sage-femme fort sympathique, rendez-vous unique ; mon mari mis à contribution pour cette odyssée d’une heure et demi à voir notre enfant sous toutes les coutures ; elle, bien positionnée pour une sortie réussie ; enfin, tout devait enfin nous sourire !

Oui mais non.

Cette histoire d’assurances nous a plongés sous une nouvelle montagne de doutes, les sages-femmes ayant reçu ce courrier ne pouvant plus pratiquer d’AAD au delà de la date butoir du 1er octobre 2013. Mon terme étant au 11 octobre, d’un coup d’un seul, tout s’écroulait. Mon souhait, comme tous ces mois de préparation, à faire des trajets en train pour les rendez-vous mensuels, tout, tout, tout était encore remis en question. Ce dernier mois de grossesse a été vecteur de stress et d’inquiétude, j’ai espéré alors accoucher fin septembre, m’armant d’une volonté de fer et buvant 3 à 4 tasses de tisanes de feuilles de framboisier quotidiennement, prenant assidûment les granules d’homéopathie préparant mon corps à l’enfantement. Les derniers jours, malgré la douleur qu’insufflait mon corps, je marchais toujours un peu plus vite pour emmener ma grande à l’école, je m’acharnais mentalement contre cette assurance qui allait réduire à néant toutes mes attentes comme celles de nombreuses mères ayant fait ce choix tout comme moi … Je m’insurgeais me rangeant du côté de mes sage-femmes si ouvertes, si disponibles, si humaines …

Le 30 septembre, dernier jour avant la débâcle, je rédigeais un texte pour participer au soulèvement, au mouvement pour l’accouchement à domicile via le réseau social bleu, et je rédigeais un texte à faire parvenir à une émission de radio (je ne sais même pas si mon texte a été diffusé) mais cela a déchargé mon esprit et j’ai accepté finalement cet état de chose. Ma fille ne voulait pas naître en septembre et le moindre mal étant d’accoucher en plateau technique à une heure de mon domicile, dans un autre département, mes sages-femmes ayant encore et malgré tout ce recours, fort heureusement !

« Je suis une maman de deux enfants et enceinte de 8 mois et demi. Je viens vous parler de l’accouchement à domicile. Suite à deux accouchements en maternité qui se sont mal passés, j’ai fait le choix de vivre autre chose, et j’ai choisi un accompagnement global avec des sages-femmes libérales soucieuses de mon parcours, mon bien-être, celui de l’enfant que je porte, répondant à toutes mes questions sans limite de temps, respectueuses en tout et pour tout et connaissant bien leur métier. J’ai mis longtemps à me décider, ce n’était donc pas un caprice mais au contraire une réflexion profonde et je tenais énormément à l’aboutissement de mon projet en sachant néanmoins, qu’en cas de problème, je serais transférée dans une maternité.
Mon terme est prévu pour le 11 octobre 2013 et c’est tout mon projet qui tombe à l’eau à cause d’une réclamation d’assurance de 20 000 euros par an et par sage-femme. Evidemment, mes sages-femmes n’ont pas les moyens de s’assurer. Au-delà du 1er octobre 2013, elles ne pourront plus nous accompagner dans notre démarche sous peine d’amendes, et de radiation alors que cette assurance exorbitante ne correspond pas aux actes qu’elles pratiquent, vu le suivi qu’elles prodiguent, elles ne prennent aucun risque pour la mère et pour l’enfant puisque si problème il y a, il y a transfert immédiat. Oui, nos sages-femmes doivent s’assurer, mais que ces assurances soient en rapport avec ce qu’elles pratiquent !

J’ai espéré jusqu’à aujourd’hui, 30 septembre 2013, pouvoir accoucher chez moi mais mon bébé ne se décide pas. Alors, oui, c’est tout mon projet qui tombe à l’eau et ma colère est d’autant plus grande, que c’est encore mon choix de mère qui est bafoué, toute une préparation qui est totalement mise en échec. Une pétition sur change.org circule sur internet afin de changer tout ça. Pour moi, c’est foutu ! Mais je souhaite profondément que les femmes pourront continuer de choisir ce qui leur convient en matière d’accouchement, peu importe l’endroit ! Merci à tous d’intervenir !! »

Le 30 septembre au soir, après finalement avoir lâché-prise sur ce désir viscéral d’accoucher à la maison, et accepté le fait de faire le trajet jusqu’à la maternité avec plateau technique, des contractions douloureuses firent leur apparition. Je devrais même plutôt dire, des sensations désagréables comme me disait l’une des sages-femmes qui m’a fait les cours de préparation à l’accouchement, pour ne plus voir ces contractions comme des douleurs, quelque chose qui fait mal. D’ailleurs, au début, c’était plutôt vrai, c’était plus désagréable que vraiment douloureux.

Ces sensations désagréables ont duré toute la nuit, m’empêchant de dormir et s’accentuant d’heure en heure. A 4h51 du matin, je rédigeais un message à ma mère pour l’informer de la situation, sentant au final que les choses semblaient prendre une certaine envergure. Il était convenu qu’elle vienne s’occuper des enfants, je ne préférais rien laisser au hasard, quitte à ce qu’elle vienne pour rien, si les événements devaient se précipiter. De même, pour mon mari, il partait travailler ce matin-là, avec la consigne de rappliquer vite fait bien fait si bébé décidait finalement de se presser. Ma grande fille resta à la maison ce jour-là, me sentant incapable de faire le trajet jusqu’à l’école et je priais pour que ma mère prenne le premier train qui devait la mener chez moi !

Et ma mère prit le premier train, j’en fus soulagée car elle pensait au départ prendre, le second ! Mais je crois qu’elle comprit l’urgence et heureusement ! Elle insista aussi pour que j’appelle mes sages-femmes. N’étant pas certaine de l’avancement du processus, je n’appelais pas sur le numéro d’urgence mais sur le numéro ordinaire, celui d’H. Elle me rappela et me laissa un message pour me dire qu’elle passerait vers 17h30. OK, ça irait !

Ma mère arriva en début d’après-midi. Sa présence me soulagea grandement car après ma nuit blanche, j’étais bien en peine de répondre aux sollicitations de mes enfants ! Je regardais ma série préférée du moment « Les piliers de la Terre » tout en notant les heures et les minutes de mes contractions. Celles-ci n’étaient pas rapprochées, soit tous les quart d’heure, voire toutes les dix minutes, parfois moins, parfois plus ; bref, rien ne présageait que l’accouchement fut imminent. Je les notais, toutefois, cela m’aidait intérieurement, j’avais fais pareil pour mon fils, trois ans auparavant ! Ces contractions continuaient de s’intensifier en puissance, je commençais à faiblir sérieusement et le bonheur d’avoir sa maman proche, c’est qu’elle a toujours la bonne idée de rapporter des choses bonnes à manger. Juste avant de venir à la maison, elle avait pris soin d’aller à la boulangerie toute proche et de ramener des chocolatines et autres viennoiseries.

Je tentais une sieste histoire de me requinquer, mais au bout d’une demi-heure, je compris que les contractions m’empêcheraient de me reposer correctement.

En fin d’après-midi, toujours devant ma série, installée sur un petit matelas au sol, je vivais mes contractions de plus en plus difficilement. Je ne regardais plus vraiment, j’écoutais plus ou moins, j’attendais avec impatience H. qui tardait un peu, cinq minutes, dix minutes ; ma mère venant de temps en temps me voir, l’air un peu inquiet de me voir si mal, moi limite au bord des larmes, à me dire que sans plus de soutien, je ne tiendrai pas… 17h45, quelqu’un frappa à la porte et ma mère ouvrit ! C’était elle !! Elle arriva souriant, vint dans le séjour, déposa sa mallette, me regarda sur mon matelas, j’essayais de sourire mais en fait, je fondis en larmes. Elle s’approcha tout de suite vers moi et me prit dans ses bras, en me disant que ça irait, qu’elle allait rester, que je n’étais pas seule. Là, je fronçai les sourcils, quoi ? Elle restait ? C’était vraiment bon ? Elle me répéta que oui, le moment était vraiment là selon elle. Je me sentis instantanément en confiance. Elle me dit de laisser tomber ma feuille où je notais l’espacement de mes contractions, que je n’en avais plus besoin. Alors oui, je laissai tomber de bonne grâce ! Elle était là, plus besoin de tout ça ! Et elle me dit aussi, que j’allais faire ça, chez moi… ah bon ? Chez moi ?! C’est vrai ?!

Elle m’ausculta pour voir où j’en étais, et j’étais dilatée à 3. J’étais un peu surprise quand même, dans ma tête, je pensais faire comme pour mon fils, soit une éternité de contractions (des jours quoi) et là, même si ce n’était pas rapide non plus, ça avançait !

Je déménageai avec elle pour aller dans une atmosphère plus intime, direction ma chambre à coucher, que j’avais préparée pour mon accouchement à domicile, que j’avais décorée depuis peu dans ce sens-là. On avait emménagé durant l’été et ce fut la dernière pièce à être prête, j’avais acheté quelques accessoires courant septembre ; des bougeoirs, un plafonnier, quelques photos, de la musique, … Ambiance tamisée. H m’avertit qu’elle allait appeler sa collègue pour qu’elle vienne aussi. Et un peu plus tard dans la soirée, M., une autre sage-femme qui m’avait fait la préparation à l’accouchement et L., une étudiante sage-femme, sont venues nous rejoindre. J’étais très contente de voir M., je vins l’embrasser à la porte de chez moi et faire connaissance avec L., douce et agréable à première vue. H. m’avait demandé au préalable si sa présence me gênait et j’ai dis que si ça pouvait lui servir d’être là pour ses études et pour son expérience, je n’étais pas contre du tout.

J’étais bien, j’arrivais à vivre les contractions, je respirais, mes petites sages-femmes à m’aider en respirant avec moi, en faisant des AAAAAAH pour m’accompagner et pouvoir gérer au mieux. Ma mère gardait les enfants qui allaient et venaient tout joyeux du séjour à la salle de jeux ; ils savaient ce qui se tramait, ils étaient un brin surexcités et moi, heureuse de les entendre, de les savoir là tout proches alors que je voulais les faire partir au départ, l’un avec ma mère, l’autre avec ma belle-mère … chose qui m’a paru bien inconcevable le jour-même … En y réfléchissant, c’était plus simple de les garder à-côté ; ils étaient rassurés, et moi aussi ; complètement.

Mon homme rentra du boulot et il avait fait un détour pour aller chercher les sièges-autos qui nous manquaient pour faire le trajet jusqu’au plateau technique à 1h de route. H. et M. l’accueillirent dans la bonne humeur, moi j’étais toujours bien dans cette ambiance feutrée, savoir mon homme rentré enfin finit de me rassurer et je pouvais enfin me concentrer pleinement sur l’expérience numéro trois, mettre mon bébé au monde AT HOME sans aucune intervention et … sans péridurale ! Il se mit sur son 31 rien que pour moi, un bon jogging et des chaussettes haute-compétition et après avoir fait manger les enfants, il vint nous rejoindre pour se mettre au boulot et m’accompagner lui aussi dans cette expérience hors du commun. H. et M. me firent un petit monitoring pour savoir comment allait notre puce ; comme d’habitude, elle se portait comme un charme, comme d’habitude, elle n’aimait pas qu’on l’embête dans sa piscine qui allait bientôt faire un avis d’expulsion.

La soirée avançant, les contractions devinrent vraiment de plus en plus difficiles à gérer. Tantôt je hurlais aigu, tantôt je faisais comme un râle caverneux, mais l’épuisement d’une première nuit blanche, d’une journée complète de contractions allant croissant niveau intensité et la préparation d’une nouvelle nuit blanche m’apparaissait comme vraiment dur à vivre. Je n’avais plus qu’une hâte, que bébé sorte et que tout cela se termine au plus vite. Les enfants regardaient un dessin animé dans le séjour, où on avait préparé le canapé en lit en vue de les faire dormir tous les deux là-bas, soit suffisamment loin de la chambre pour qu’ils ne m’entendent pas. Et ils ne m’entendirent jamais tant ils dormaient bien. Ma mère, par contre, à quelques cloisons de là ne pouvait pas dormir. Elle était le témoin discret de notre accouchement à mon homme et moi, elle me dira plus tard qu’elle priait, cette-nuit là pour que je vive cet heureux événement le mieux possible, que je souffre raisonnablement si c’est possible de le dire ainsi … enfin bref, elle était avec moi corps et âme !! Elle m’avouera plus tard qu’elle avait aimé être là, précisément à ce moment-là, comme une petite lumière dans le noir, enchantée de vivre cet instant ultime de la rencontre avec notre enfant, chose, qui se faisait si naturellement dans le temps…

Et moi, en prise avec la douleur toujours s’intensifiant, surprise de constater que contraction après contraction, elle pouvait être encore plus forte, je soufflais et criait ce « Maman ! » telle une petite fille qui veut s’accrocher à une bouée de sauvetage ! Ce lien finalement, coupé à la naissance, reste et perdure au-delà des années …

Mes sages-femmes me massaient, m’encourageaient, me donnaient des indications, certaines à elles-trois que j’allais y arriver. Moi, je faiblissais, je ne demandais qu’à dormir, exaspérée par la longueur du travail, par la douleur, par le fait d’avoir si peur… Oui, je crois que c’était tellement long car je doutais cruellement en mes propres capacités, je doutais de mon corps … Et … c’était aussi la première fois que j’allais ressentir cette ultime étape, la naissance de mon enfant, la sortie et la fin du tunnel et la peur, la peur d’avoir encore plus mal me tenaillait et plus je luttais contre l’idée d’une douleur plus forte, plus la douleur persistait … au lieu de lâcher-prise …

A un moment, H. du partir car un autre accouchement était en cours ! J’étais contente d’apprendre qu’une maman qui était à son dernier jour du terme allait enfin vivre sa rencontre avec son bébé ! Elle n’eut pas à attendre longtemps par contre vu que son bébé est né avant l’arrivée de H. Tout allait bien pour elle et son petit, deux heures plus tard, H. revint vers moi pour finir de me soutenir dans mon combat personnel avec moi-même !

Mon mari, quant à lui, maître de lui, m’aidait au-delà de tout ce que j’avais espéré. Il assura comme un chef, sachant qu’il n’avait pas le droit de dormir, comme je lui avais demandé, tint bon malgré sa journée de travail. Il me massa, il resta près de moi à m’encourager aussi. Et dans les derniers moments, quand d’épuisement, je ne tins plus, que je demandais péridurale et césarienne, je lui pris le cou entre mes mains et je lui en voulus de m’avoir fait ce bébé que je désirais tant ! Pourquoi, est-ce toujours moi qui souffre !! Souffre, toi aussi ! J’ai dû serré un petit peu son cou … Oui, j’avoue !

Et ce geste malheureux, M. l’a vécu aussi, mais en souriant, s’esquiva de mes mains qui n’agissaient que par dépit. H. me parla un moment, un peu d’une façon autoritaire, elle me répéta que j’allais sortir ce bébé, qu’il fallait que je le fasse et que j’allais y arriver ! Toutes positions testées maintes fois, elles sortirent de je ne sais où, un petit siège spécial et comme une alternative non déplaisante, je m’installai sans force, soutenue par mon homme, derrière moi. Je sentis vaguement que nous y étions. Une envie de pousser irrépressible mais extrêmement douloureuse m’assaillait. Avec la gravité, je sentis d’un coup la tête du bébé descendre mais ce n’était pas fini. J’étais très surprise par cette sensation, mais je devais continuer même si ça me rebutait… M. me dit qu’elle voyait une petite tête pleine de cheveux, elle hallucinait sur les cheveux qui tombaient. Elle me demanda si je voulais toucher de ma main et j’ai refusé, je ne sais pourquoi … J’étais si fatiguée, une fatigue tellement présente, tellement écrasante que je me demandais où j’allais encore trouver la force de continuer … et pourtant, je n’eus vraiment aucun choix ; il fallait la chercher cette force, elle vint à moi de toute façon et je poussais encore une fois, un peu trop fort peut-être, les sages-femmes me disant d’y aller plus doucement … trop tard, elles réceptionnèrent un petit boulet de canon mouillé, qui trempa les pieds de tout le monde ! Un bref soulagement pour moi, épuisée de regarder ma petite fille aux cheveux noirs mais je refermais mes yeux. Mon mari réceptionna sa fille, il la compara à notre grande, née 6 ans et demi plus tôt, c’était vrai, un peu la même bouille ; moi aussi j’étais subjuguée !

On m’installa mieux sur le lit, mon homme toujours derrière moi avec notre fille fraîchement arrivée qui se soulagea très rapidement sur son père inondé de méconium. Puis, je pris aussi ma fille contre moi, et on attendit que le cordon cesse de battre pour que l’heureux papa le coupe. Puis vint le temps de l’attente pour la sortie du placenta. J’avais mal encore, j’avais espéré qu’une fois le bébé sorti, cette douleur me laisserait enfin tranquille mais ce ne fut pas le cas. J’avais du mal à la supporter après ces longues heures à souffrir sans cesse. Puis, dans une nouvelle contraction, le placenta sortit avec l’aide de M. qui m’avouera un peu plus tard avoir aidé à le chercher. Les deux sages-femmes mirent le placenta dans la bassine que j’avais réservé à cet effet et elles semblaient soucieuses. H, revint vers moi et m’affirma qu’elle allait devoir m’embêter encore un peu. Elle devait faire une révision utérine afin de vérifier que le placenta était sorti complètement et qu’il n’y avait pas de débris dans l’utérus. Cette intervention fut évidemment très douloureuse ; H. s’en excusa tout le long. Je fis une légère hémorragie qui s’arrêta spontanément.

Par précaution, elles décidèrent de me transférer à la maternité où j’étais inscrite en cas de problème. Elles appelèrent donc le samu. Entre temps, j’avais ma petite fille sur moi et elle tétait maintenant comme une chef. Toujours épuisée et ressentant mon corps comme une épave douloureuse, j’avais un peu de mal à savourer ces premiers instants. Le fait d’envisager de partir, ne m’aidait pas non plus, mais je sentais qu’il fallait, qu’elles avaient raison de ne prendre aucun risque. J’avais déjà vécu le plus beau, la naissance de mon enfant à la maison.

L’épisode à la maternité fut d’une nouvelle brutalité pour moi, rappelant des souvenirs de froideur, de regards distants et méprisants ; des paroles de dédains ; deux femmes m’invectivèrent : « Madame, c’est dangereux de faire ce que vous venez de faire, c’est totalement inconscient ! » et moi de lever les yeux au ciel, comme si c’était bien le moment pour moi de leur faire un cours d’humanité ! L’une d’elle m’appuya sur le ventre pour vérifier la tonicité de mon utérus et elle me fit un mal de chien ! Ne supportant plus aucune sensation douloureuse après tout ce que j’avais vécu, je retirais sa main par trois fois. Elle m’avertit que si je continuais, elle serait dans l’obligation de me refaire une révision utérine. Mon corps réagit aussitôt par des tremblements incontrôlés, des larmes de dégoût coulèrent de mes joues. Je restais silencieuse, ma gorge totalement nouée. Mais où était ma chère H. ! J’espérais tant qu’elle soit près de moi… Mais personne ne voulait la faire entrer. J’étais seule en proie à l’amertume. Me voyant si mal, les deux femmes se ravisèrent, se radoucissant, comprenant aussi le pourquoi de mon choix, me disant doucement que ce n’était pas ce que je voulais. Aaah Dieu soit loué, elles s’en rendaient donc compte !

Après quoi, on m’installa durant des heures dans la salle de réveil faute de chambre. J’attendis qu’on m’autorisa à sortir, ce qui fut le cas à 11h du matin seulement. Je devais pourtant rester deux heures m’avait-on dit… Et ce fut un dédale de passages en tout genre, de bruits, de femmes au téléphone ou discutant de tout et de rien. J’étais les deux bras attachés, le gauche au tensiomètre, le droit, à la perfusion. Toujours autant en proie à l’épuisement, je ne pus à aucun moment me reposer … et surtout, j’avais tellement envie de rentrer chez moi. Je pensais à mes enfants qui devaient être debout, à mon homme attendant avec notre fille dans le hall de la maternité entouré de mes deux sages-femmes qui attendaient, elles aussi… Je fis comprendre que je voulais rentrer chez moi et je signais une décharge afin de le faire le plus vite possible. J’allais bien, même si faible physiquement, mais j’étais heureuse au fond d’avoir réussi l’impensable pour moi ! J’étais si fière ! Même ce petit scénario d’enfer à la maternité n’enlèvera pas ce bien-être intérieur que je ressentais et que je ressens toujours.

Arrivés à la maison, nous montâmes vite voir mes enfants qui étaient toujours avec ma mère. Les deux, le sourire aux lèvres découvrirent leur petite soeur, fous de joie de savoir qu’elle était née pendant qu’ils dormaient !

Quant à moi, je remercie infiniment celles qui m’ont laissé ma chance. Je les adore.

Magali

L’arrivée de Zoé – Pays de la Loire – 2013

28 Nov

L’arrivée de notre petite Zoé, ce samedi 27 juillet 2013.          Pays de la Loire,  France .

Je rêvais secrètement d’un accouchement à la maison … Je suis plutot sereine dans la vie, et j’avais envie d’accoucher le plus naturellement possible …

En 2001 , j’avais 20 ans, j’ai accouché en centre hospitalier, avec une sage-femme que nous ne sommes pas près d’oublier, elle râlait  pour tout et n’importe quoi, si bien que, pour finir, mon mari lui a demandé de se mettre au travail pour m’aider à faire sortir  cette pitchoune, ce fut un accouchement rapide, mais difficile à digérer pour moi … et qui a certainement contribué à la relation que j’ai parfois eue avec ma fille.

En octobre 2012, nous nous marions, et nous mettons en route notre petite dernière, le début d’une course-secrète contre la montre pour trouver une sage-femme qui acceptera un accouchement à domicile, fin janvier, par le plus grand des hasards, je rencontre une maman sur le point d’accoucher qui a prévue d’accoucher chez elle avec une sage-femme, elle me donne son nom, et en rentrant à la maison, j’en touche un mot à mon mari … J’avais déjà évoqué avec lui ce souhait. Je revois son regard, j’ai comme l’impression qu’il m’encourage à l’appeler tout en pensant le contraire … dès le lendemain, j’appelle L (notre sage-femme). Un premier rendez-vous à la maison  est pris dans la foulée.

Elle est calme, douce, et nous enfin, plutôt « je » décide de poursuivre l’aventure avec elle, nous nous reverrons tous les mois à partir de ce moment, pour faire connaissance, et préparer l’arrivée de bébé puis j’ai lu, je me suis informée sur les pour, les contres, et surtout je n’en ai pas parlé autour de moi, (officiellement j’accouche en clinique), seules quelques personnes sont au courant, comme ça, j’ai la paix, mais je suis grande, maintenant, je me connais bien, et je sais que le jour J , si je ne le sens pas , je ne prendrai pas de risque …

Ma  grossesse se passe très bien, j ai pu travailler jusqu’au congé de maternité, tout en faisant attention, même si j’ai un travail très physique , je m’y  sens bien, puis les jours passent, nous arrivons au jour du terme, et je suis toujours là, avec mon bidon. Bébé, n’est pas pressé de sortir, je me rends donc à la clinique pour l’examen de routine, où on m’explique ce qu’on y fait, et que si tout est ok, je peux rentrer à la maison, je leur reponds que de toute facon, travail en cours ou pas, je rentre à la maison,  je veux accoucher chez moi (j’ai bien sur eu droit à une belle discussion sur l’AAD, mais on respecte mon choix quand même) de toute façon l’écho et l’examen du col étaient ok,  je pouvais rentrer … pour revenir 2 jours après si rien entre-temps  ne s’était passé …

Me voilà de retour  2 jours après, mais rien de plus n’a bougé, je rentre donc à la maison, appelle ma sage-femme pour lui dire que tout est ok, elle me dit que de toute facon, je suis la seule de ses patientes à accoucher ces jours-ci,  qu’elle s’attend à ce que je l’appelle tres bientôt et qu’elle sera  prête … moi aussi je suis prête, mais rien ne se passe non plus pendant ces deux jours. Tout le monde attend cette naissance avec impatience, et inquietude aussi, on sent nos parents inquiets un peu (heureusement ils ne savaient pas pour l’AAD) j’ai envie d’avoir la paix, moi, mais il faut gérer tout ce petit monde. Je dois donc retourner aujourd’hui, à la clinique, pour 14 h et je sais pertinament, que l’on va me parler déclenchement, pour le lendemain, le protocole est de 5 jours après terme, ici.

Le stress monte pour aller à cette visite, c’est samedi, j’y vais accompagnée de Mr, en plus il fait très chaud, et j’ai 40 min. de route pour y aller,

Arrivée la bas, j’ai le droit encore à une nouvelle sage-femme, qui a déjà entendu parler de moi par ses collegues, elle a  l’air plutôt sympa, et a l’air d’avoir connaissance de mon dossier et de mon souhait, on en discute forcément, elle a cherché à savoir le pourquoi du comment, je lui ai donc raconté mon premier accouchement, mon séjour à la maternité, ils n ont pas l’habitude d’avoir des patientes qui souhaitent accoucher chez elle. Mais, elle, on la sent très ouverte sur le sujet, une fois le monito fait, elle me donne comme prévu la date de déclenchement, pour le lendemain matin à 8 h, à ce moment-là, j’ai craqué, ce n’était pas du tout ce que je souhaitais. Mon mari lui dit alors : « Et si demain matin, on ne vient pas ? que se passe-t-il? » On a senti un peu un malaise dans sa réponse, elle nous a dit que ca vexerai le doc de garde … Quelques minutes plus tard nous quittons  la clinique, il est quand meme plus de 17 h30, (elle a pris du temps pour nous, c’était une journée calme pour eux, elle nous a confié que la veille, ils avaient eu 17 accouchements en 12 h).

Je suis ravie de pouvoir rentrer chez moi, j’appréhendais d y rester, on previent nos parents que finalement ce ne sera pas pour aujourd’hui, sans parler de l’heure de déclenchement prévue pour éviter de les stresser plus … puis ,  je sens que Mr est perdu, il n’est plus très serein (en fait il ne l’a jamais été) de  rester  pour  l’accouchement à la maison, elle a réussi a lui mettre le doute en tête, … et s’il arrivait quelque chose ??? vous avez pensé aux risques ??

On en rediscute dans la voiture, moi de mon coté, je sens comme des picotements dans le ventre, puis à 10 mn de la maison, une premiere contraction,  enfin …… !!!!

Je comprends alors que finalement, le moment tant attendu n »est plus très loin, et que je vais pouvoir enfin donner naissance à ma pépette à la maison …

En arrivant à la maison, je remets un peu d’ordre dans mon dossier, puis je me pose un peu … Je sens que le travail a bien commencé, les contractions sont de plus en plus proches et de plus en plus fortes, j’hésite un peu pour appeler ma sage-femme, je ne voudrais pas la déranger pour rien, Mr commence à être stressé, je pense qu il a espéré jusqu’au bout que j’accouche en milieu médical.

Finalement vers 19h15, j’appelle L. je lui laisse un message, elle me rappellera vers 20 h, on fait le point sur la situation, elle me dit alors qu’elle prends la route car elle est à ce moment-là à 1h 30 de route de chez moi, elle me demande si je vais arriver à gérer d’ici son arrivée, je lui réponds que oui (j’avais bien repris du poil de la bête par rapport à ma sortie de clinique de l’après-midi) elle me demande donc, de me mettre dans ma bulle, de préparer mon petit cocon, et de prendre un bain si j’en ressens le besoin, me voilà rassurée, j’explique la situation à mon cheri qui me répond : « Comment veux-tu te mettre dans ta bulle avec les voisins partout autour dans les jardins? » On est en juillet, il fait beau, les voisins ont des invités c’est plus bruyant que d’habitude dans le quartier, mais moi, je m’en fous, je suis déjà dans ma bulle, il me dit qu’il est prêt à partir pour la mat’, qu’il a les clés de voiture dans ses poches, du coup on s’accroche un peu, et je lui réponds qu’il n’a pas compris. … il finira par me dire, que c’est à moi de décider, que c’est mon corps, et qu’il me fait confiance … du coup, je file dans la salle de bain, je me fais couler l’eau pendant que lui va se reposer un peu. En attendant l’arrivée de L. je me glisse dans l’eau en gérant sereinement mes contractions, vers 21h15, L. m’appelle pour me dire que d’ici 30 mn, elle serait là … et me demande comment ca va, moi, je suis dans ma bulle, les contractions sont assez rapprochées, je suis sereine, et concentrée aussi … j’attends quand même avec impatience son arrivée, j’ai comme l’impression que je commence à avoir envie de pousser. En effet, vers 21h 45, je sens que j’ai envie de pousser, j’invite chéri à me rejoindre dans la salle de bain, je vais avoir besoin de lui, on est encore tout seuls,  mais j’entends une voiture qui arrive, c’est certainement  L. Je le sens alors plus détendu, je crois qu’il est soulagé. L. arrive, tranquille, elle est détendue, mais s’excuse, elle est en tenue décontractée, short, tongs, mais peu m’importe, après tout je la dérange pendant le week-end, elle a aussi une vie en-dehors de son travail. Elle se met tout de suite au travail, et me demande où je veux accoucher et si elle doit m’examiner, pour voir où en est le travail, je suis restée dans la baignoire, la poche des eaux est arrivée très vite, elle m’a rassurée, me disant que je faisais bien ce qu il fallait et que bébé savait aussi ce qu’il devait faire, nous avons alors fait des vocalises avec chéri, il m’a aussi soulagée en me massant le sacrum, on a laissée L. manger un bout tranquille pendant ce temps,  puis peu de temps après, j’ai appelé L., la tête est apparue,  puis quelques poussées après les épaules, chéri a crié, tout ému : « C’est génial, c’est génial! » Bébé est arrivé à 23h40 avec le cordon autour du cou, en le sortant de l’eau, L.  m’a dit de ne pas m’inquiéter, elle l’a enlevé, puis a posé bébé sur moi, le temps pour papa de couper le cordon, j’ai pu profiter du peau-à-peau, jusqu’à la délivrance du placenta, qui devait se faire en dehors de la baignoire, mais qui s’est finalement faite dedans vu la rapidité. Je suis ensuite retournée dans le salon sur le matelas que nous avions préparé, et j’y ai passé avec ma puce notre première nuit. L. est restée jusqu’à 3h du matin.

Je me suis endormie avec ma puce dans mes bras, très sereinement, et ravie d’avoir pu vivre cet accouchement comme je le souhaitais, dans le calme, et chez moi … Dès le lendemain, nous nous sommes retrouvés avec nos filles, pour fêter cela, ce moment est gravé à tout jamais en moi, je me suis sentie respectée (je ne remercierai jamais assez notre sage-femme, L.), c’était magique, et je me sens grâce à tout cela de plus en plus proche de mes filles.

Cet accouchement a un peu réparé le premier …

Anonyme

Dans un petit coin du Finistère

25 Nov

Voici le récit tel que je l’ai écrit environ 12 heures après l’accouchement qui a eu lieu à cheval sur le 9 et 10 mai 2012. C’est l’histoire d’une naissance TRES respectée. Je ne sais pas si cela ne tient qu’à cela mais aujourd’hui, mon bébé de neuf mois est un exemple de bébé pas stressé qui n’a pas la moindre angoisse de séparation !

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Ici, tout va bien, Petit bonhomme dort encore beaucoup. On fait énormément de peau-à-peau pendant que le papa nous bichonne.

J’ai eu exactement l’accouchement dont je rêvais. Je vous mentirais si je vous disais que j’ai conservé mon calme. J’ai bien cru que je n’y arriverais pas comme ça : tout d’un coup, un accouchement physiologique me paraissait une idée sordide et je rêvais non pas d’une péri mais carrément d’une anesthésie générale. J’ai supplié mon homme de m’emmener à l’hôpital. C’était la phase de désespérance et histoire drôle, à la même phase, ma soeur qui était à l’hôpital a supplié son homme de la ramener chez elle !

Mon récit : Ma sage-femme m’a conseillé de l’appeler « histoire d’eaux »

Le mardi, une petite bonne femme en pleine forme passait sa journée à Océanopolis à Brest avec ses frères et soeurs, neveux et nièces à admirer les enfants admirant les poissons et à marcher peut-être un peu plus qu’elle n’aurait dû.

La nuit suivante, à deux heures et demie, elle se réveille avec un besoin imminent d’aller faire pipi, tellement imminent que ça coule sur la route. Elle a rompu la poche des eaux. Elle réveille son homme pour lui annoncer et bien sûr, le couple a du mal à se rendormir. A 4h, la petite bonne femme ressent les premières contractions, elles ne sont pas douloureuses mais comme elle n’en avait pas senti pendant la grossesse, elle se dit que ça commence et elle chronomètre : toutes les huit minutes, elle se dit que ça va aller vite. Elle annonce à son amoureux qu’il sera papa avant midi. Le matin, elle appelle la sage-femme pour la prévenir. Elles décident qu’elle la rappellera quand les contractions s’intensifieront. La petite bonne femme sait qu’au bout de 24h, elle devra aller à l’hôpital et commence à s’inquiéter quand à 14h, le travail s’est plutôt ralenti. Sur les conseils de la sage-femme elle va se promener en forêt avec son homme. Les contractions se font plus fréquentes et l’obligent à s’arrêter toutes les trois minutes. La balade dure une heure. Elle a parcouru 500 mètres ! Au retour, la petite bonne femme attend une heure ou deux avant d’appeler la sage-femme pour lui dire qu’il y a eu intensification du travail. Il est un peu plus de 18h, la sage-femme arrivera deux heures plus tard. Le temps qu’elle arrive, son homme masse la petite bonne femme pour lui soulager les reins et quand elle arrive, la sage-femme (qui vient de braver une tempête en voiture) est surprise que la petite bonne femme parle encore. Elle éteint les lumières ne conservant que les veilleuses, cache les horloges, demande à l’homme d’éteindre les portables… Et commence à masser la petite bonne femme. Elle propose à l’homme de masser aussi. Lorsqu’ils ont terminé la petite bonne femme va se plonger seule dans un bain pour se retrouver dans l’eau avec son bébé comme elle l’a tant aimé pendant la grossesse. Là, le travail commence à être plus douloureux. La petite bonne femme a faim, elle sort de son bain et demande à son homme de lui préparer à manger. Elle gère ses contractions à grands coups de souffle et est encore assez fière d’elle. La sage-femme s’est couchée dans la pièce d’à côté pour être vaillante lorsqu’il le faudrait. Quand la petite bonne femme a fini de manger, son homme se couche à ses côtés, la petite bonne femme souffle, souffle… et écoute le bruit de la pluie sur les velux, et savoure la présence sécurisante de son homme qui lui caresse la main doucement. La sage-femme vient écouter le coeur du bébé, tout va bien. Et puis les temps de pause se raréfient et la douleur commence à faire crier la petite bonne femme et à la faire suer, de la sueur froide. S’en suit de grands moments de douleurs, de cris et de sueur dégoulinante. La petite bonne femme a l’impression de se noyer. La sage-femme lui conseille des positions, la masse encore, crie avec elle de façon à mener ses cris vers les graves. Son homme la caresse sans cesse, lui essuie toute la sueur pour qu’elle ait moins froid. La petite bonne femme qui avait très bien préparé son accouchement gardait en tête la phrase de sa mère : «  Quand tu n’en peux plus, c’est que c’est presque fini. » Sauf qu’elle avait mal compris sa mère, pour la petite bonne femme « c’est fini », c’était « le bébé sort ». Et là, la petite bonne femme n’en peut plus alors qu’elle n’a pas du tout commencé à pousser, ça ne PEUT pas être presque fini. Elle est épuisée, elle est perdue car elle veut trouver une position où elle puisse supporter les contractions et où elle puisse se reposer entre deux, c’est très compliqué. Comment va-t-elle faire ? Elle a envie de pleurer, se dit qu’elle n’y arrivera jamais. Elle en fait part à la sage-femme, elle demande pourquoi c’est si long. La sage-femme lui répond qu’un bébé a besoin de temps pour faire son chemin et lui conseille de retourner prendre un bain pendant qu’elle va se reposer un quart d’heure. La petite bonne femme, perdue, l’écoute. Une fois dans son bain, son homme et la sage-femme disparaissent peut-être trois minutes mais ça semble long à la petite bonne femme qui se sent abandonnée. Son homme la rejoint très vite, ça va mieux. Il lui fait couler de l’eau chaude sur les parties de son corps qui ne sont pas immergées. Très vite, la petite bonne femme commence à sentir que ça pousse. C’est moins douloureux et ça rassure la petite bonne femme ; ça avance. Au bout de deux ou trois poussées, la petite bonne femme demande à son homme d’aller chercher la sage-femme. Il y va et la sage-femme prend place près de la baignoire, elle constitue un appui pour le pied de la petite bonne femme pour qu’elle puisse accompagner efficacement les poussées. La petite bonne femme crie toujours mais cette fois-ci, ce sont des cris très graves d’encouragement du bébé « AAAAAAAllllllezz, tu y es presque ! » La petite bonne femme voudrait que ça aille vite, elle est quand même très fatiguée. Un moment, elle sent que son homme n’est plus là. La tempête dehors a provoqué une inondation dans la cuisine, il s’est offert une pause-serpillère. Au fil des poussées, la petite bonne femme sent le bébé avancer de l’anus vers le vagin, elle est prête à accoucher dans son bain mais la position allongée n’est pas forcément idéale. La sage-femme lui propose de se suspendre à la barre de douche et éventuellement de remonter dans la chambre pour la mise au monde. Mais quand la petite bonne femme arrive à s’extraire de la baignoire, elle ne peut plus marcher, elle sent une tête de bébé entre ses jambes. La sage-femme, jamais à court de ressources, prépare un coin dans la petite salle de bain, un tabouret haut pour l’homme et des serviettes par terre pour la petite bonne femme. L’homme s’assoit, la petite bonne femme s’accroupit devant en se maintenant sur les cuisses de l’homme et la sage-femme s’installe en face, elle demande à la petite bonne femme si elle peut regarder où se situe le bébé, elle regarde et comprend pourquoi la petite bonne femme ne pouvait plus marcher ! Deux poussées encore et…… sensations de brûlure, de déchirement. On le supporte parce qu’on sait que c’est la fin. La contraction s’arrête, il n’y a qu’un bout du crâne qui sort. La petite bonne femme doit attendre la prochaine contraction pour la suite. Encore !! Et voilà ! La tête. « C’est encore aussi dur les épaules ? » « Non, c’est bien plus facile. » Encore. Et la petite bonne femme tient son bébé dans ses bras. Le calvaire est fini, on va pouvoir aller dormir. La petite bonne femme se tourne vers son homme pour voir s’il est émerveillé. Pas tout à fait. Comme la petite bonne femme, le sentiment dominant est plutôt le soulagement. Mais à part son crâne oblong, le fait qu’il soit violet foncé et qu’il soit recouvert de vernix, il a l’air beau ce bébé, la sage-femme constate que le père ne peut pas avoir de doute, il est bien de lui ce bébé ! Elle constate aussi que la petite bonne femme n’est pas du tout déchirée.

  • Quelle heure est-il ?
  • 5 heure et quart !

On a dépassé les 24h !!

Maintenant, la petite bonne femme veut aller dormir. La sage-femme n’est pas tout à fait d’accord, il reste le placenta. La sage-femme voudrait que ça soit vite fait dans la salle de bains, la petite bonne femme n’est pas d’accord, elle insiste. La sage-femme capitule. On monte à l’étage, alèse et cordon entre les jambes et bébé contre soi. La sage-femme est impressionnée de la capacité de mouvements de la petite bonne femme. Elle tâte l’utérus de la petite bonne femme et pense que le placenta est décollé, elle demande à la petite bonne femme de pousser et en même temps, elle tire sur le cordon, la petite bonne femme a l’impression qu’on lui arrache les entrailles. Elle stoppe tout et demande à la sage-femme de lui laisser le temps de se reposer. La sage-femme part dans sa chambre une heure et revient. Même expérience. La sage-femme commence à paniquer, elle craint qu’il soit nécessaire de transférer la petite bonne femme à l’hôpital, elle trouve ça trop bête, la petite bonne femme ne saigne pas. Elle laisse encore du temps à la petite bonne femme et va appeler des collègues qui auraient peut-être des pistes à lui donner. Quand elle revient, l’utérus de la petite bonne femme s’est vraiment modifié et l’homme est sorti discrètement de la chambre. La délivrance se fait enfin. Deux heures et quart après la naissance… La sage-femme est euphorique et invite la petite bonne femme à manger un bout du placenta. Un petit bout de rien du tout vite avalé. La petite bonne femme est contente mais elle veut dormir. Elle a bien profité de son bébé en attendant la délivrance alors quand elle a coupé le cordon (l’homme ne le souhaitait pas) et que la sage-femme a fait les soins du bébé et qu’elle est prête à partir, la petite bonne femme demande à son homme de prendre le bébé et dort deux heures. Elle en avait un besoin juste immense. Et son homme avait besoin de ce moment-là aussi. Il se sent définitivement papa. Au bout de deux minutes, bien sûr, le bébé n’était plus violet, au bout d’un quart d’heure, le traumatisme de son crâne était passé et le vernix a séché rapidement, C’est un magnifique bébé absolument pas fripé. Le plus beau bébé du monde ? Sans doute, c’est le notre ! En plus depuis, il est sage… En peau-à-peau avec maman. Papa s’occupe de nous. On est bien à la maison !

Naissance de P., à la maison, près de la frontière belge

25 Nov

J’ai accouché de mon 1er enfant il y a 5 ans. Je souhaitais une naissance physiologique et me passer de péridurale, convaincue que la douleur faisait partie de l’accouchement, qu’elle était faite pour être vécue et supportée. Je m’étais renseignée, j’avais préparé un projet de naissance. Mais le jour J, je me suis laissée faire… Je n’ai pas osé m’affirmer face à l’équipe médicale. J’ai tout de même réussi à refuser une chose : l’utilisation de Syntocinon. Grâce à ça, aujourd’hui, je sais pourquoi, même si mon corps ne sentait rien, j’ai ressenti cette chaleur, cette douceur infinie lorsque ce petit être a glissé hors de moi. Je sais pourquoi j’ai pleuré, tremblé, souri lorsqu’il a été sur mon ventre. C’était un tsunami hormonal, une vague infinie et démesurée. J’étais bouleversée et c’est cela que je garderai en mémoire.

J’ai accouché de ma 2ème, il y a presque 3 ans. Dès le début de la grossesse, j’ai préparé mon projet de naissance. J’ai sollicité un RDV auprès d’une sage-femme. J’ai expliqué ma déception, ma frustration de ce premier accouchement indolore et passif. J’ai été écoutée. La naissance a été douce. La sage-femme qui nous a accueillis a été exactement comme je le souhaitais : discrète. Je ne l’ai presque pas vue. Lorsque ma fille est née, le cordon a été coupé après qu’il ait cessé de battre sans que je n’ai eu besoin d’exprimer ce souhait. Les soins ont été faits après le peau-à-peau sans que j’ai à le demander. La sortie précoce a été autorisée. Je garde de cette naissance un souvenir délicieux. La douleur, bien que présente, ne m’a laissé aucun souvenir.

Puis, j’ai attendu un 3ème bébé. Je me suis résignée à me faire suivre dans le même établissement où j’avais accouché deux fois. Pour réapprivoiser les lieux, pour me donner l’illusion d’un accompagnement global. J’ai vu une sage-femme différente à chaque rendez-vous… J’ai également décidé de ne rien lire, de ne pas me préparer à l’accouchement avec la conviction que mon corps sait faire. Les mois passent, je n’arrive pas à rédiger mon projet de naissance. J’ai l’impression d’être dans une situation un peu hypocrite : je dis faire confiance à l’équipe, mais je veux faire le travail chez moi et je veux retourner chez moi le plus vite possible. Je veux qu’on me laisse tranquille comme ça l’a été la dernière fois. Mais j’ai peur : et si la sage-femme de garde n’accepte pas cette manière de travailler ? Et si le scénario de la première naissance se rejoue ? Et si… Ca devient pour moi une source d’angoisse. Je me sens en train de préparer un plan de bataille. L’idée même de se battre me fatigue. Je n’arrive pas à me résigner totalement. Je veux une naissance aussi douce que la précédente. Je ne veux pas prendre le risque que cette naissance ne soit pas respectée. Je surfe sur le net et je tombe sur la page du collectif « Naître chez soi ». Le déclic est fait : la naissance aura lieu à la maison. Aucune sage-femme ne pratique des accouchements à domicile dans ma région. Je suis frontalière de la Belgique, malgré la barrière linguistique, je contacte toutes les sage-femmes exerçant en Flandres. Aucune n’accepte de se déplacer… Je suis déprimée. Et puis par bouche-à-oreille, j’apprends qu’autour de moi des femmes ont accouché chez elles. Une connaissance, qui deviendra une amie, est enceinte et se prépare pour un accouchement à domicile. Elle me met en contact ave le sage-femme qui la suit. J’ai beaucoup d’appréhension avec le fait que ce soit un homme. Une première rencontre est programmée. Ca y est, j’en suis sûre : j’accoucherai chez moi. J’ai trouvé la personne qui sera là mais qui saura me laisser faire.

Cet accouchement est un merveilleux souvenir. Je n’ai rien eu à négocier. Tout a été naturel, simple et chaleureux. Je n’ai pas été séparée de mes aînés, le papa a pu être là sans avoir l’impression de gêner (bien au contraire !) Mon bébé ne m’a pas quittée pour des soins qui n’étaient pas absolument nécessaires. Et surtout, j’ai pu déguster une crêpe au nutella dans l’heure qui a suivi !

Si un 4ème bébé s’annonce, ce sera à nouveau à la maison.

Noémie

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# Récits des deux premières naissances : http://wp.me/p37cjb-pn

Ludivine – Paris – Juillet 2013

24 Sep

Mardi 9 juillet 2013… Encore une fois je suis à terme et encore une fois je n’ai toujours pas accouché.
Définitivement, mes bébés ont besoin de toute la durée d’une grossesse. Et moi je désespère de jour en jour de n’avoir aucun signe… Plus le temps passe et moins j’ai de signes comme quoi le travail pourrait se lancer un jour… Depuis quelques semaines je prépare mon corps avec des tisanes de feuilles de framboisier, de sauge, avec des clous de girofle aussi… Depuis quelques jours je demande à mon mari de me masser le bas du dos avec des huiles essentielles qui sont sensées préparer voire déclencher le travail…
Ma sage femme m’envoie faire la consultation anesthésiste à la mater que j’avais « oublié », du coup, comme je suis à terme j’ai aussi droit à la visite du terme standard… Monito nickel, écho impec, quantité de liquide nickel, bébé estimé à 4kg. On s’y attendait, donc normal… Ils me donnent rendez-vous pour samedi matin, 4 jours après en me disant « et de toute façon, on vous gardera »… Vu que je dois préparer l’anniversaire de ma deuxième fille dimanche, c’est clairement hors de question « qu’ils me gardent »…
Le vendredi soir on décide d’oublier d’aller à ce rendez-vous.

Dimanche 14 matin. Ma sage femme passe faire un monito… Tout va bien, mais on s’approche de ses limites, mardi je serais à 42SA et pour elle, elle ne me suit pas plus loin, elle propose décollement de membranes puis si ça ne fait rien huile de ricin. Entre huile de ricin et déclenchement à la mater, je suis vraiment perdue, j’estime que c’est un « non choix » je ne sais que faire…
En plus normalement elle devait prendre l’avion pour partir en vacances mercredi ! Ce qui rajoutait de la pression… (Au final, il se trouve que n’ayant pas eu le passeport pour sa fille, elle ne part que le samedi d’après… Déjà une pression en moins…)

A force de souhaiter que la naissance se produise à une date le plus éloignée possible de l’anniversaire de ma puce, et mes deux premières ayant eu le chic de naitre à chaque fois à la date que je ne voulais pas, on finit par se persuader que le travail va se lancer dimanche après midi une fois l’anniversaire fêté…
Et au final…. RIEN ! Encore et toujours rien ! Ma sage femme me proposait de décoller les membranes mardi si rien ne se déclenchait tout seul, je finis par lui demander de revenir le faire lundi au lieu de mardi… On refait un monito, impeccable, mais elle observe quand même « à vue d’oeil » une diminution de la quantité de liquide par rapport à la veille…
Bébé étant encore un peu haut, comme on pouvait s’y attendre, ça ne déclenche rien du tout…
Mardi 16 juillet : 42SA je stresse, je déprime, je sieste, il faut une écho de contrôle si je veux pouvoir persuader ma sage femme d’attendre encore un peu… Je suis persuadée que mon bébé n’est pas prêt, mais le moindre argument me fait douter… Je refuse de le déclencher mais jusqu’ou je peux refuser sans « argument médical » à présenter ?
Impossible d’aller à la mater pour leur demander « juste » une échographie pour la quantité de liquide (le point principal que ma sage femme ne peut vérifier par elle même) il faudrait batailler pour ne pas me faire déclencher direct… Je rappelle une sage femme de la ville voisine qui remplace une collègue qui a un cabinet d’échographie. Elle n’avait pas voulu faire l’écho demandée la semaine d’avant, mais comme au final j’avais fait la visite du terme à la mater, j’avais pas insisté. Là, je l’appelle, lui demande si elle a de la place dans l’après midi, malheureusement, elle n’est pas au cabinet ce jour là… Elle me dit de l’appeler demain matin pour me prendre en deux rendez-vous ! Youhou ! Je gagne 12h au moins, ma sage femme est ok pour attendre l’écho mercredi matin !
Mardi soir, soirée massage calin et homéo/huiles essentielles/infusions détente tranquille… Toujours rien… Sauf un gros bout de bouchon muqueux qui part…
Mercredi, j’appelle, j’envoie un sms, pas de réponse, je décide d’y aller sur place directement. Je reçois une réponse quand on se gare. Ouf !
Echographie : tout va bien, quantité de liquide tout ce qu’il y a de plus normale, le placenta semble nickel (pas de suspicion de calcification ou autre), doppler nickel…. MAIS bébé n’a pas sa tête assez fléchie, ce qui explique qu’il soit encore aussi haut et qu’il n’appuie pas sur le col… Ca m’inquiète presque mais ma sage femme ne semble pas s’en soucier. Pour elle, dès que le travail commencera il la fléchira normalement… Du coup, rendez-vous est pris jeudi matin pour monito et (ce qu’elle me dira par la suite) si le monito est ok, elle attendra même 24h de plus ! Soit 3 jours de plus que sa limite qu’elle s’était fixée !

Mercredi soir, je déprime encore, j’ai l’impression que je n’accoucherais jamais, toujours aucune contraction ni quoi que ce soit, sauf peut être la suite du bouchon muqueux. Au bout de la troisième grossesse, je sais enfin à quoi ça ressemble lol ! On sort se balader avec les filles en vélo/draisienne, on se prend une pizza à emporter, on mange, on couche les filles un peu tardivement vers 22h30-23h…

Je surfe un peu sur internet, vers minuit, je m’affale à califourchon sur mon ballon, la tête dans mes oreillers sur le canapé… Je somnole un peu… Puis je m’allonge sur le canapé…. Mon mari se lance un film sur l’ipad, je l’entend en fond sonore… Un film qui me soule un peu en plus du fait du changement de doublage de l’acteur principal (ouais, super important sur le coup hein!)… Vers 2h du mat’ le film se finit, je me réveille un peu, on va ouvrir le canapé pour se coucher… Il me demande « alors ? Y a toujours rien ? » Je suis de mauvaise humeur, et lui répond que si j’avais eu des contractions je lui aurais peut être dit qu’il arrête de poser des questions stupides…
Je me lève pour aller aux toilettes et me rends compte que depuis un moment, quand j’entendais encore un peu le film je suis pas bien dans tout le ventre et par deux fois un semblant d’augmentation d’intensité…Comme maintenant… Je regarde l’heure du coin de l’oeil : 2h19… Je capte enfin que ça ressemble à mes douleurs quand j’ai mes règles, tout le ventre pris, gênant et désagréable, juste envie de m’allonger et que le temps passe… Je reviens des toilettes, contraction, je demande confirmation à mon mari (ah oui c’est bien dur là même !)
A tout hasard je regarde l’heure… 2h28… On se couche… 2h39… Je poste sur FB sur un groupe de copines de juillettes en disant que je n’ose même plus y croire, j’ai vraiment l’impression que je vais m’endormir et que ça va s’arrêter…. Alors que je n’ai jamais eu AUCUN prétravail pour aucun de mes accouchements…

Je somnole doucement, mais régulièrement ça revient, je jette un œil sur mon téléphone à chaque fois… Parfois 13 minutes, parfois 8 minutes… Je commence à me dire que bientôt ça va me souler de rester allongée et que je ne vais pas pouvoir dormir un peu avant que ça commence…

Je vois que ma copine binômette est connectée sur Facebook, je lui envoie un message. Et là on dit merci facebook qui permet de retrouver les heures !
3h34 :Bébé semblé s’être enfin décidé !
10-15 min d’écart… J’ai même eu 8min entre deux et du souffler pour la « supporter »…
Et vu mon stade je doute que ça puisse être un faux travail !

3H38 : L’homme dort (à peu près) je suis allongée pour l’instant je pensais somnoler un peu en attendant la suite mais je doute que j’y arrive lol !
Maintenant les questions qui se posent c’est la logistique piscine et appel sf… Est ce que je laisse tout ce p’tit monde dormir encore un peu ?

Ma copine me demande « Tu supporte encore bien ou ça commence à faire plus mal? »

3h40 : Ben ça fait mal quand même mais bon vu que j’ai jamais eu pendant la grossesse je me rappelle plus lol
Juste que je me dis que je vais bientôt avoir envie de pas rester dans mon lit et que si j’ai envie de prendre une douche ça risque d’accélérer les choses comme pour Adé et j’avais dit que j’attendrais la sf pour ça…
Mais bon ça fait 40min que je me pose la question… Ça peut au moins attendre 4h voire 4h30 je pense…

Elle me conseille de pas trop tarder, vu la rapidité pour Adé… Mais je m’attend à un peu plus long (cette histoire de tête non fléchie qui me fait réfléchir et calculer, décidément, le lâcher prise c’est vraiment pas pour moi hein!)

A 3h45 je commente « Oui c’est plus seulement mal de règles désagréable… Ça devient de « vraies » contractions douloureuses qui faut que je souffle un peu pendant… (Et que y en a même une qui vient de me stopper dans l’écriture de mon comm ! Ouch !) Bon, vais réveiller l’homme pour regonfler la piscine »

3h52 : message envoyé à ma sage femme pour la prévenir, je réveille José en lui disant que j’ai des contractions et que là j’en ai marre d’être toute seule… Il semble pas trop comprendre et continue à somnoler… Je lui dit que nan mais c’est pas juste pour le plaisir de discuter avec lui mais que le travail commence que je vais avoir besoin de lui pour la logistique…

Du coup il se lève, va gonfler la piscine, passer un coup de lingette dedans et commence à la remplir…
Je lui demande de refermer le canapé, me pose sur mon ballon en attendant… Je fais aussi des allers retours aux toilettes pour faire pipi et pour une fois pas juste 3 gouttes ! Les contractions deviennent très désagréables rapidement ! José me dit d’appeler la sage femme je lui dit que oui oui j’y vais… Entre temps je lui demande de me faire une infusion, je suis bizarre, j’ai mal au ventre et j’ai faim… Ou envie de vomir, je sais pas trop…

Bon, bah au final mon corps a tranché, c’était envie de vomir ! Je me précipite aux toilettes, et en sortant, une contraction me cloue sur place, me faut absolument m’accroupir pour la passer… Je vais boire une gorgée d’infusion… Vide la bouilloire encore chaude dans une grosse casserole, rajoute un peu d’eau chaude du robinet, peur que ça soit trop brulant, et m’installe une serviette sur mon ballon et hop, une lingette sur le bas du ventre, une sur le bas du dos et balancements sur le ballon en soufflant…. Je prends mon téléphone pour appeler ma sage femme mais le refile à José en lui disant « appelle là, j’arrive pas là »…
Il est 4h33. Elle lui demande quelques détails et dit qu’elle arrive. Mais comme sa voiture a eu un souci, elle ne prend pas de risques et appelle un taxi.

Je commence vraiment à ne plus bien supporter les contractions.. En plus entre les contractions, bébé donne des coups vraiment très douloureux. Me faut aller dans la piscine ! Je demande si c’est bon, elle est à moitié remplie, tant pis, je peux pas attendre là, ça ira !
Je plonge dedans, me positionne à 4 pattes plongeant mon ventre dans l’eau chaude… Que je trouve un peu tiède du coup, malgré les 39-40° ! Mais ça soulage un peu quand même. Je continue les lingettes sur le dos, mais c’est vraiment pas pratique de le faire soi même !
La piscine finit de se remplir, José coupe l’eau, enlève le tuyau et vient me mettre les lingettes quand je lui dis.
L’eau n’est vraiment plus assez chaude je lui demande d’aller rajouter une bouilloire !
Je commence vraiment à perdre pied là sans lingette brûlante sur les reins !

Je voudrais vérifier ou ça en est niveau col et touche directement ce que je pense être la tête à une phalange, une phalange et demi… Je sais qu’il n’y en a plus pour bien longtemps… Une heure grand maximum et heureusement vu comment je douille !

A partir de ce moment je garderais ma main pour vérifier l’avancement car c’est la seule chose qui me permet de « garder confiance » et de ne pas totalement perdre pied, qui me permet de ne pas sombrer dans cette fameuse phase de désespérance qui précède l’arrivée de bébé…
Entre temps José continue les lingettes brûlantes (même une un peu trop, ouch ! J’ai une belle cloque sur le haut de la fesse maintenant!) qui me soulagent encore un peu !
Et d’une autre main il tient la sage femme au courant de la rapide avancée des choses par sms.

Et là j’ai vraiment du mal, je commence à essayer de pousser pour me soulager pendant les contractions… Ca m’aide un petit peu plus, mais je souffle de plus en plus fort et doit vraiment me parler dans ma tête et visualiser la contraction pour arrêter de la contrer puis pour l’accompagner le mieux possible…
José me dit que la sage femme sera là dans 20 minutes… Je lui dis qu’il faut que bébé soit né avant parce que j’ai trop mal, je ne pourrais pas attendre !
A chaque poussée je sens que la tête se rapproche de la sortie… Je commence à me redresser un peu, soulève un genou pour prendre appui sur un pied aussi et être mieux placée pour attraper mon bébé. Et là je sens quelque chose commencer à sortir ! Une petite boule toute molle qui tient dans ma main…. Non, ça n’est pas la tête, c’est plus petit et tout mou ! C’est la poche ! Juste la poche ! Alors comme ça mon bébé a décidé de naître coiffé !
Quelques contractions de plus, quelques poussées de plus, une intense sensation de brûlure, un peu de peur car l’impression que ça ne passera peut être pas ! Et mon bébé sort sa tête ! Je la caresse doucement, c’est vraiment superbe cette sensation d’avoir son bébé à moitié dehors, à moitié dedans, encore suspendu entre deux mondes… Je touche à travers la poche une petite oreille… Je laisse un doigt dessus afin de la prendre comme repère pendant la prochaine contraction et observer que mon bébé fasse bien sa rotation…
Entre les deux contractions j’ai un peu l’impression que la tête ne subissant plus de poussée rerentre légèrement… Je maintiens une certaine poussée pour la garder dehors (bien que je sache qu’elle ne rerentrera pas) Et une longue contraction arrive qui permet à mon bébé de naître en perçant sa poche. Je l’attrape et le sors de l’eau pour le mettre contre moi. Là je m’aperçois que son cordon part de son nombril, passe sur son épaule derrière sa nuque et revient devant. Et surtout qu’il est assez court ! Pour lui enlever, sans le remettre sous l’eau, je dois soulever mon bassin quelques secondes. Puis je m’affale la tête en arrière sur le rebord de la piscine, mon bébé dans les bras.. Il a les yeux fermés, il est tout zen avec quelques mimiques… Je lui frotte un peu le torse et le dos, il pousse un petit pleur très court, José me donne une serviette pour le couvrir…

Et là, Adénaïlis, mon petit bébé qui a fêté ses 3 ans et vient de devenir grande soeur se réveille dans la chambre à côté. José va l’accueillir dans le couloir et lui annoncer que son petit frère est né. Elle vient toute éveillée, me fait des bizoux, fait un bizou à son p’tit frère, demande à voir le cordon, me décrit ses petits pieds… Le bébé fouisse une peu, je lui propose le sein et il se met à téter toujours à moitié endormi… C’est adorable !
Du coup, José va voir Lorléana, notre grande puce, qui dort encore et lui demande si elle veut venir voir le bébé qui vient de naître… Elle lui répond endormie « nan tout à l’heure »
Il prévient la sage femme que le bébé est né. Il est 5h15.. Et il y a moins de 2h je doutais encore que le travail soit vraiment lancé !
5h30, une nouvelle contraction arrive pour le placenta… Puis quelques autres un peu plus efficaces… Je sens un grand flot sortir, pas encore le placenta mais quelques caillots de sang surement, l’eau de la piscine se trouve toute rouge ! Ca fait bizarre ! Le placenta sort à moitié… Je n’ose pas tirer dessus, mais j’arrive pas à le pousser entièrement dehors… Avec bébé dans les bras c’est pas pratique non plus, il faudrait que je me redresse plus…
La sage femme arrive, pour aider l’expulsion du placenta on décide de couper le cordon pour que papa prenne bébé et que je sois plus à l’aise pour me relever.
Lorléana tenait à couper le cordon et je le lui avais promis. José va donc la réveiller et l’amène toute endormie encore… Elle se frotte les yeux un peu puis se réveille bien… Une pince mise, Lorly prend les ciseaux spéciaux et coupe le cordon de son petit frère. C’est un moment très émouvant…
Papa prend son fils dans une serviette sèche sur lui, je me lève avec un peu d’aide et le placenta tombe direct dans l’eau !
Je vais m’allonger sur le canapé, bébé sur moi une serviette pour éviter de prendre froid et mes filles me calinent…

La sage femme va vérifier le placenta, il est entier tout va bien. Et surtout, il n’a en effet aucun signe de calcification ou de post terme ! D’après ma sage femme il a « une tête de 40SA, même pas de 41SA » Et à la naissance, mon bébé avait encore du vernix sur le visage et dans les cheveux ! Pour un bébé sensé être post terme de 9j quand même !
Ensuite, pendant que José s’occupe de la logistique (vidage de la piscine et premier nettoyage) on remplit les papiers, le pèse. 4,080kg, un beau p’tit bonhomme comme on s’y attendait.

On vérifie une dernière fois les prénoms…. Et voilà… Sylfaël, Emrys, Agenor, tu es enfin arrivé dans notre vie ! Tu as beaucoup joué avec ma patience mais tu m’as offert une superbe naissance ! J’ai pu accoucher dans l’eau et attraper moi même mon bébé ! Mes filles n’ont pas été éloignées de moi, elles ont pu découvrir leur petit frère dès son arrivée et ce fut magnifique !

1er accouchement:

Ludivine, Paris, Janvier 2009

2e accouchement:

Ludivine, Paris, Juillet 2010

Anonyme – AAD – Mai 2013

24 Sep

Vers 1h du matin, je ressens des contractions douloureuses et très régulières (toutes les 15mn). Je ne réveille pas encore mon mari, en me disant qu’il s’agit peut-être d’un faux travail. Néanmoins mon instinct me dit que c’est le jour tant attendu, l’arrivée de notre deuxième bébé, chez nous !
>>
>> En effet, il n’y a plus de doute, les contractions sont toujours très régulières. Je réveille mon mari et lui fais part de cette belle nouvelle.
>> Les contractions se rapprochent, je décide donc d’appeler ma sage-femme qui me suit depuis le debut de ma grossesse. Mais grosse panique, elle ne répond pas… Mon mari décide donc d’appeler l’autre sage femme qui travaille en collaboration avec elle. Celle-ci peut se rendre chez nous donc je suis un peu soulagée (au moins je n’aurais pas à me rendre à l’hôpital, chose tant redoutée…).

>> J’appelle ensuite mon père pour qu’il passe chercher notre fils de 22 mois, mais il n’est pas au courant de mon projet d’AAD, du coup il me propose de venir dormir chez nous sur le canapé, mais j’insiste pour qu’il vienne le chercher car je souhaite rester encore à la maison, le temps que le travail s’intensifie un peu plus… Mon mari arrive finalement à le convaincre, il arrive chez nous quelques minutes plus tard.
>> Pendant ce temps là, ma SF me rappelle pour me dire qu’elle venait d’assister à un accouchement à quelques kilomètres de chez nous, et qu’elle sera là dans pas longtemps ! Énorme soulagement, je peux enfin me détendre et me re-concentrer sur le travail qui avance vite, beaucoup plus vite que j’imaginais…
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>> Mon père passe prendre notre fils, il me donne du courage et s’en va discrètement, je fais un bisous à mon grand bébé, qui deviendra bientôt grand frère… Il est tout calme et s’endormira sans difficulté chez mes parents.
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>> À l’arrivée de ma SF, je suis sereine, je gère très bien mes contractions sur le ballon de grossesse. Ma SF croit même que le travail va durer encore longtemps… Elle me demande si je veux qu’elle me fasse un toucher vaginal, mais je refuse, je ne veux pas savoir où en est mon col, ce n’est pas important pour le moment, et je ne veux pas être découragée si elle m’annonce un col peu dilaté. Elle n’insiste pas du tout et cela m’apaise.
>>
>> En revanche, j’ai l’impression que la présence de ma SF fait ralentir le travail. En effet, les contractions s’espacent… Je décide donc de m’isoler dans notre chambre.
>> C’est là où je commence à parler à mon bébé. Je lui dit qu’on forme une équipe toutes les deux, qu’on va y arriver, que je peux la guider en bougeant mon bassin, en dansant, et c’est ce que je fais. C’est incroyablement agréable ! Cette sensation de lâcher prise pendant chaque contraction ! Cela faisait 2 mois que je devais restée le plus allongée possible dû à des contractions trop nombreuses, j’étais sans arrêt dans la retenue, c’était très frustrant… Et là je peux enfin me lâcher, sans contrainte. C’est magnifique.
>>
>> À un moment, ça ne va pas fort, je ne trouve plus la bonne position pour me soulager lors des contractions, je vais donc voir ma SF pour lui en parler. Elle m’aide beaucoup en me conseillant de bien plier les jambes car je suis trop cambrée, et de basculer mon bassin de chaque côté. Ça fonctionne plutôt bien, donc je repars m’isoler dans la chambre.

>> Je reste connectée à ma fille.

>> J’écoute la pluie dehors, et le silence de la nuit. C’est si beau. Les contractions s’intensifient. Je commence à gémir doucement, j’adore ça.
>> J’appelle mon mari pour qu’il me soutienne. Je suis tellement heureuse d’être dans ses bras, et de gémir lors de la contraction, tout en douceur…
>>
>> Puis ma SF decide d’écouter le cœur de notre bébé avant d’aller faire une petite sieste dans la chambre de notre fils. Elle dit que notre bébé est bien bas et cela me réconforte.
>>
>> Soudain, j’ai une forte sensation de coup de chaud. Je fais part de mes craintes à ma SF, j’ai peur que ce soit dû à mon manque de sommeil depuis plusieurs jours (j’enchaînais les insomnies), j’ai peur de ne pas avoir la force de continuer si les contractions devaient s’intensifier…
>> Je me dirige donc vers la salle de bain. Une douche pourrait peut-être me faire du bien. Ma SF me passe un gant d’eau fraîche sur le visage et cela me fait beaucoup de bien. Il est 5h04. Lorsqu’elle s’apprête à partir faire sa sieste, je pousse un fort gémissement qui la fait revenir. À ce moment elle me demande si j’ai besoin de pousser, et bizarrement dans ma tête, je viens d’entendre « tu as besoin de pousser », comme une affirmation. C’est le déclic. Oui, j’ai besoin de pousser.
>> Je gémis plus fort et je dis à mon mari de retirer le bas de mon pyjama. Tout s’accélère, et en quelques secondes je vois le bouchon muqueux sortir et ma SF qui plonge sous mes jambes pour y déposer l’alèse.
>> Je suis prise par la douleur de l’expulsion, j’ai peur, je sens mon corps s’ouvrir de toutes ses forces, et d’une extrême intensité ! Ma SF me conseille d’ouvrir grand la bouche afin de faciliter l’ouverture de mon vagin, sans trop pousser, et cela fonctionne bien. Mais ça brûle, ça fait mal, et je hurle !
>> Puis ma SF voit que mon bébé remonte. Elle a le cordon autour du cou. Il faut donc pousser, et je m’exécute. Notre fille sort d’un coup ! Il est 5h07, la poussée n’aura duré que 3mn. Ma SF la pose sur l’alèse pour que je puisse la prendre dans mes bras. Elle est recouverte de vernix, c’est impressionnant ! Sur le moment je n’arrive même pas à réaliser ce qu’il vient d’arriver, je n’arrive pas à la prendre. Je demande à mon mari de le faire mais lui n’y arrive pas non plus ! Alors d’un coup je la porte contre moi, je me relève et me dirige vers notre chambre, sur notre lit, et là je me rends enfin compte de ce qu’il vient de nous arriver. Que nous venons de réaliser un rêve. Que ce bébé, nous l’avons accueilli chez nous, sans intervention médicale, et ce dans la plus grande simplicité et la plus belle douceur qui soient. Une sensation d’immense fierté et d’amour m’envahie.
>>
>> Cet AAD a été l’une des meilleures décisions que j’ai jamais prises de toute ma vie. Je ne peux plus concevoir l’accouchement autrement aujourd’hui.

1er accouchement:

#177 Anonyme

Angelina, à Sahorre, en mars 2013

13 Sep

Après quelques mois de lutte acharnée avec les banques, on a enfin signé, le 14 mars,  l’acte de propriété de notre belle et grande maison.

Je suis enceinte jusqu’aux yeux, et me suis battue comme une diablesse pour tout ça, car mon souhait le plus cher était de faire naître notre enfant dans notre maison, comme pour la sacraliser, nous ancrer dans la terre qui nous accueillait.

 Le 24 nous emménageons, mon compagnon, ma grande fille de 12 ans, les bébés, qui ont un peu plus d’un an pour l’un et un peu plus de deux ans pour l’autre et moi-même, la petite Maria blottie dans mon ventre.

Mes derniers mois de grossesse ont été consacrés à la bataille pour le crédit, ainsi qu’à un sujet que me tenait à cœur depuis la naissance de ma 2ème fille et qui me permettait également de me rapprocher du domaine de la naissance, vu que je n’avais pas le temps de le faire dans mon corps, un projet militant de recueils de témoignages d’accouchement, Mon Corps, Mon Bébé, Mon Accouchement.

Mes proches, ainsi que les autres participantes au projet, se sont souvent demandés si c’était bénéfique pour moi de lire –de me prendre en pleine face, plutôt- des récits souvent extrêmement difficiles et parfois, quand même, absolument magiques. J’ai toujours réussi à faire la part des choses, même si je ne compte pas le nombre de fois où je me suis effondrée, en larmes, devant mon ordinateur, au grand désarroi de mon chéri.

 Nous emménageons le 24, le terme est prévu le 27 mars, mais je me dis qu’au vu des circonstances, ça ne m’étonnerait pas qu’elle reste au chaud un peu plus, histoire que j’aie bien le temps de me poser dans la nouvelle maison.

 Le 26 mars au soir, je trouve que la pièce que l’on a choisie pour l’accouchement est encombrée, et mon compagnon la range, il est 10 heures du soir, je monte dormir en culpabilisant un peu de le laisser ranger si tard alors qu’on aurait pu le faire le lendemain.

 Je m’endors, et dans mon sommeil j’ai des douleurs, des douleurs d’accouchement mais qui font partie de mon rêve, rêve dans lequel Lucia, une des autres administratrices du projet de témoignages que je n’ai jamais vue « en vrai », me soutient, me masse, elle est cette épaule maternelle sur laquelle je peux me reposer.

 Une des contractions a dû être un peu plus forte puisque je me réveille cette fois-ci, et me rends compte que oui, c’est pour aujourd’hui !

Je réveille mon compagnon, il est 2 heures du matin.

« Chéri, je suis en train d’accoucher ! »

Il se lève, me demande si on doit appeler notre sage-femme, mais je me dis que la pauvre, on va pas la réveiller maintenant si en fin de compte j’accouche à 10 heures du matin… Allons plutôt préparer la pièce.

Les contractions sont bien présentes, mais je peux les vivre puis reprendre ce que j’étais en train de faire –mettre le chauffage, préparer une play-list, une tisane ortie/framboisier…

Vers 3 heures, on décide quand même d’appeler notre sage-femme, histoire qu’elle se prépare à l’éventualité de venir, elle habite à un tout petit plus d’une heure de route.

Elle me dit de manger si je peux, je peux, et de la rappeler quand le travail sera plus intense.

Je suis très gênée de la déranger dans son sommeil, je lui dis « je te rappelle dans 2 heures ? »

«  Tu me rappelles quand tu sens qu’il faut que je vienne ». Ok

Je mange donc un bon plat de pâtes, il est 3 heures et quart, je me mets en condition, un peu à la manière d’un sportif avant l’épreuve.

Les bébés dorment là-haut, mon fils de 15 mois, qui avait rejoint notre lit avant notre lever est maintenant accompagné par ma fille de 26 mois, qui s’est réveillée et est venue le rejoindre sans rien nous dire.

Tout est parfait, je mets la musique, Françoiz Breut, bien sûr, sa voix m’a sauvée alors qu’on me maltraitait pour mon accouchement à l’hôpital de Perpignan puis m’a accompagnée pour la naissance de mon fils, au domicile d’une amie, elle est donc incontournable. Je n’ai pas eu le temps de charger plus de musiques dans mon téléphone, on fera donc avec ce qu’il y a, Général Alcazar, Joy Division et surtout la voix chaude et puissante de Johnny Cash.

Je vis les contractions beaucoup plus intensément à présent. J’ai dans la tête les mots de Michel Odent, ou leur interprétation : « pour accoucher, une femme a besoin d’obscurité, de chaleur et d’accompagnement ».

Je suis dans le noir, il y a le chauffage, pour le moment ça va.

Mon compagnon va se raser, « pour accueillir le nouveau bébé », me dit-il. Mais je maudis son absence, j’ai besoin de lui maintenant, c’est comme si j’avais peur de vivre toute seule la douleur.

Il revient, je lui demande de me couvrir, il me met une couverture sur le dos. Une autre, je n’ai pas assez chaud. Il m’en apporte une autre, mets la mieux, là, sur mon cou… Il la replace comme je le souhaite.

Et d’autres contractions, que je refuse, dans un premier temps.

En fait je crie, mais c’est un cri qui dit ARRRRGH. Et j’ai mal. Puis je me rappelle un témoignage glané je ne sais plus où, où une sage-femme conseille à la maman d’accepter la contraction comme un bienfait, et mon cri se transforme en cri de joie, presque de jouissance (à la Sally dans la fameuse scène du restau avec Harry)… et la contraction devient fluide, file et s’évanouit doucement.

Je suis sur le canapé, les avant-bras sur l’accoudoir, et quand j’accepte la contraction je me relève, et fais onduler mon bassin en une sorte de hula-hop, en visualisant mon bébé qui y prend place, j’ai dans la tête un autre témoignage, où la sage-femme dit au compagnon de la femme qui accouche : « regarde, on dirait qu’elle danse »…

Mon compagnon me demande : « ça va ? »

« NE ME DEMANDE PAS SI ÇA VA, SI ÇA VA PAS JE TE DIRAI ! »

Puis j’ajoute, d’une petite voix contrite : « et toi, ça va ? »

On éclate de rire, il y a une chanson de Joy Division, on parle de la manière de danser du chanteur (Trapped butterfly dance – la danse du papillon captif) et il l’imite… et moi aussi, mais très vite et pour le fun, parce qu’une autre contraction arrive, et là, à la fin de mon cri, je dis « oooh », sur le ton de « houla on passe aux choses sérieuses les amis… ».

Il est 4h30, mon compagnon rappelle notre sage-femme, qui dit qu’elle s’habille et qu’elle arrive. J’ai dans la tête un témoignage de procidence du cordon, alors j’ai peur de me lever et que ça arrive, je n’ai toujours pas perdu les eaux, je suis dans la phase intense de l’accouchement, et me force à ne pas penser à la suite, à la phase de désespérance par exemple…

On appelle ma maman pour qu’elle vienne s’occuper des bébés, ils ne se sont pas réveillés mais j’ai peur qu’ils le fassent, or j’ai le besoin vital du contact physique avec mon compagnon, qu’il me tienne les mains, rien de plus, surtout pas plus.

Je commence à avoir bien mal, et Johnny Cash chante « Hurt » (Douleur, en anglais), et je pense qu’il ne sait pas de quoi il parle….

Ma maman arrive vers 5h20, remplace mon compagnon qui est parti rendormir les bébés, et se met à me parler du brouillard, de la route… CHUUUTTT ! je lui dis, en lui écrasant les mains dans les miennes.

A ma demande, mon compagnon rappelle la sage-femme, et il me dit « oh, elle est pas loin, elle arrive… »

Je perds les eaux, j’ai toujours mon bas de pyjama, il m’aide à l’enlever, je demande « mais elle est OÚ, exactement ? » et je crie «AAAAAAAAAAANNNNE !!!!!!!» « Pas loin, elle arrive je te dis ».

Je me souviens que ma sage-femme, lors de mon dernier accouchement, m’avait dit de pousser pour soulager la douleur, alors je pousse, je touche mon sexe et je sens la tête de ma fille, je pousse encore et je dis à mon compagnon, calmement « allez passe derrière, viens prendre ta fille. »

Et Maria naît.

Mon compagnon ne dit rien, je lui demande, angoissée « elle bouge, elle respire ? » il ne répond pas, j’insiste « ELLE BOUGE ??? » au bout d’une demi-seconde, qui m’a paru une éternité, il me dit, jovial, « mais oui mais oui ! »

On a gagné. (il m’expliquera plus tard qu’elle lui avait presque glissé des mains tellement elle était sortie vite, qu’il avait juste pu l’accompagner pour la poser sur le canapé et ensuite la reprendre dans ses bras pour me la passer.)

J’enlève vite mon t-shirt, « passe-moi-la par-dessous, attention au cordon » et je la vois, et je la prends dans mes bras pendant que mon chéri attrape une serviette pour l’essuyer, elle a l’air sonné, j’apprendrais plus tard qu’elle était en train d’atterrir et de profiter des derniers bienfaits du placenta, mais sur le coup j’ai peur, je la secoue un peu, lui aspire le nez avec ma bouche (comme un baiser, me souviens-je d’avoir lu dans un témoignage en espagnol).

On se met dans le lit, bien au chaud, qu’est-ce qu’elle est belle ! Une peau veloutée, un teint magnifique, plein de cheveux … Je n’en reviens pas qu‘elle soit déjà là, qu’on ait réussi cette aventure juste tous les trois, et que ça ce soit fait aussi naturellement qu’une respiration… J’ai du mal à réaliser, en fait, que ça y est, que c’était « que » ça, qu’il n’y a pas eu de phase de désespérance, et qu’à la place on a ce petit bébé qui nous regarde puissamment…

Elle ne veut pas téter tout de suite, alors mon compagnon rappelle notre sage-femme, qui lui dit de se préparer à l’expulsion du placenta. Très pro, il installe une alèse jetable sous mes fesses, je sens une contraction, le placenta sort, on attendra la sage-femme pour couper le cordon.

Il va chercher le reste de la fratrie et ma maman, qui est arrivée il y a à peine 20 minutes, n’en revient pas que Maria soit déjà là !

Quand notre sage-femme arrivera, Maria sera en train de téter goulûment entourée de toute sa famille.

Elle vérifie le placenta, il manque un morceau de membrane, l’ombre de la révision utérine traverse mon visage, mais un peu d’homéopathie, beaucoup de savoir-faire, et tout se termine aussi harmonieusement que ça a commencé.

Dans le village, le bruit s’est répandu comme une trainée de poudre, les anciens ayant vu la lumière allumée toute la nuit s’étaient doutés de quelque chose… Une nouvelle-née au village, ça rend tout le monde heureux…

Aujourd’hui, presque 6 mois après, Maria est un petit soleil qui nous porte chance, elle passe ses journées à rire, à sourire et à observer ce qui se passe autour d’elle.

Plusieurs personnes nous ont dit combien elles admiraient notre courage d’avoir d’une part choisi d’accoucher à domicile, et d’autre part d’y être parvenus sans accompagnement, mais moi je n’arrive pas à trouver cela extraordinaire, tout s’est passé tellement naturellement… J’admire plutôt celles qui prennent le risque d’aller accoucher en maternité avec une équipe inconnue, mais ça c’est une autre histoire…

 

 

 

 

 

 

3 naissances à domicile, dans l’Essonne

7 Mai

LA NAISSANCE D’ANGELINA

Nous sommes dans la nuit du 18 au 19 février 2009, il est 2h00 du matin et je suis réveillée par une sensation dans le bas du ventre. Je me dis que j’ai du prendre une mauvaise position en m’endormant, je me retourne en pensant que ca va passer et que je vais me rendormir… mais 15 minutes plus tard ca revient, je pense évidemment à une contraction, et rebelote 15min plus tard, mais je n’ai pas mal.

A 3h, je me décide à me lever, mon chéri dort tranquillement. Je prends un spasfon, je me mets dans mon bureau, devant mon ordinateur et je papote avec ma copine sur MSN, je lui dis que j’ai des contractions mais que c’est très certainement un faux travail puisque je n’ai pas vraiment mal. Un petit tour sur Docti 😀 , je suis hyper détendue, je note mes contractions qui reviennent maintenant toutes les 6 minutes, je les note consciencieusement sur un papier. Mais je ne souffre toujours pas, donc pour moi ce n’est pas sûr que ce soit le grand jour.

La nuit se poursuit au même rythme, je suis dans mon salon et je zappe à la télé. Je contracte toujours toutes les 6 minutes, je suis toujours aussi zen et pas vraiment de douleur, juste cette tension dans le bas du ventre, mais à chaque contraction, je me mets genoux à terre et écartés, la tête dans les bras, posée sur le canapé, tout en respirant calmement. Je trouve cette position très agréable. Je me souviens de tout ce que j’ai lu pendant ces 9 mois sur la façon de gérer la douleur, et même si elle n’est pas du tout forte, je me dis que ça me fait un petit entrainement 😀 . Je visualise donc mon col qui s’ouvre, mon bébé qui descend… même si je ne suis toujours pas certaine que ce soit pour aujourd’hui, je me sens prête à accepter cette douleur qui mènera à la naissance de ma puce.

A 5h00, je me décide à réveiller Dimitri. Je lui explique que j’ai des contractions, je gère très facilement mais que j’ai un doute sur le début du travail… sa réponse : bah je peux dormir encore un peu alors 😆 .

5h15, les contractions se rapprochent, elles sont là toutes les 4 minutes. J’hésite à appeler ma sage-femme, je ne veux pas la faire venir pour rien et en même temps il lui faudra environ 1 heure pour arriver. A 5h30, monsieur se lève, chouette ça va me faire de la compagnie, parce que franchement y’a pas grand-chose à la télé ! On décide de quand même prévenir Francine, je lui explique ma nuit, je lui demande de se préparer tranquillement à venir mais pas la peine de se speeder, je n’ai pas mal, donc tout va bien ! Elle me propose de reprendre un spasfon et de la rappeler dans 1h.

6h05… je perds les eaux !!!! Alors là grand moment de joie, cette fois c’est sûr et certain, dans quelques heures j’aurai Angélina dans mes bras, je suis euphorique !!!! Je rappelle Francine : Tu peux venir ! A cette heure-ci, les routes sont tranquilles, elle sera là dans 30 à 45 minutes. Je me recentre sur mon bébé et moi pendant les contractions, car comme j’ai dit à Dim, cette fois finie la rigolade, la poche des eaux est rompue, donc la douleur va s’intensifier. Mais ça ne nous empêche pas de préparer tranquillement la chambre, de papoter et de rigoler entre chaque contraction… j’ai même droit à des petites papouilles dans le dos… ça fait un bien fou !

Et en effet, elles sont plus douloureuses, mais rien d’atroce, loin de là et elles sont aussi plus fréquentes, toutes les 2 minutes désormais. Il me suffit de me remettre dans la position à genoux et ça passe. J’ai un sourire que je n’arrive pas à enlever, je vais bientôt voir mon bébé et je suis chez moi !!!! J’ai imaginé et attendu ce moment tellement souvent que ça me parait irréel ! Je suis une pile électrique 😆 .

Je me demande quand même où j’en suis. Je ne sais pas si je vais demander à ma sage-femme où en est la dilatation, je ne veux pas me décourager mais il faut aussi que je puisse m’organiser pour Tatyana, si elle me dit que je suis à 3 je vais devoir la réveiller pour qu’elle s’en aille, mais si je suis à 9, elle pourra rester dormir tranquillement… ce que je souhaite par-dessus tout évidemment !

6h15 tout s’accélère, la douleur est vraiment forte… et surtout je sens que ça pousse, je le dis à Dim… et lui : Tu déconnes ??? Moi : Non… et sourire jusqu’aux oreilles 😀

Et là, grosse contraction, je suis sur une autre planète, je me sens transportée, je sens la tête d’Angélina qui arrive, je suis à genoux, je la vois entre mes jambes je prends sa petite tête dans mes mains… mes premiers mots seront « ohhh merci mon bébé t’as pas fait mal à maman !!!! », je dis à son Papa qui nous regarde émerveillé : TU AS VU CA, ON EST RIEN QUE TOUT LES DEUX !!!!! ON L’A FAIT TOUT SEULS !!!!! Une autre contraction et le reste de son corps est là… OUAH !!!… elle est dans mes bras…

Il est 6h30 et ca y est, je n’en reviens pas, ça a été trop facile. Il y a encore 30 minutes je me demandais si c’était le bon jour, et elle est là toute chaude et toute moite au creux de mes bras. Nous faisons connaissance avec notre princesse, elle est toute calme, elle est magnifique, elle sent divinement bon, je suis totalement retournée par ce qui vient d’arriver, tellement surprenant et inattendu… et surtout tellement conforme à ce dont je rêvais !!!! Et mon homme a été comme j’espérais, pas du tout paniqué, heureux tout simplement !

6h50, Francine arrive (Dim l’a prévenue au téléphone que notre bébé était là), et me dit :
« Tu vois, je t’avais dit que quand on laisse faire la nature ça va tout seul. 😉 ) Elle voit qu’Angélina se porte à merveille. Papa coupe le cordon. Le placenta n’est pas sorti, elle me dit qu’il ne tient plus à grand-chose, je pousse un peu et il sort très facilement. Je n’ai aucune déchirure, je ne saigne pas, tension nickel… tout est parfait! On pèse mon petit ange et elle retourne bien au chaud contre moi. La grande sœur doit avoir senti que quelque chose se passait, on l’entend qui baille bien fort, histoire d’être sûre qu’on l’a bien entendue. Dim va la chercher, elle arrive dans la chambre et ouvre de grands yeux… OOH Angélina est née !!! Elle vient se blottir contre moi… c’est un moment magique, tout c’est déroulé comme j’espérais, ça pouvait pas être plus parfait !

La sage-femme part vers 8h30… la vie reprend son cours comme si de rien n’était.

LA NAISSANCE DE JOHANNA

Le 4 mai 2010 :

10h30 : Ça travaille là-dedans… J’ai plusieurs contractions par jour depuis plusieurs semaines déjà mais zéro douleur. Depuis hier, ce n’est plus la même sensation, douleurs de règles, vraiment pas grand-chose, mais c’est clairement pas les même contractions que ces derniers temps… en fait en y réfléchissant bien, ça ressemble aux 1ères contractions que j’ai eu au tout début du travail pour ma petite n°2.
J’essaie de pas m’emballer et en même temps faudra que je me décide vite si c’est le grand jour ou pas pour prévenir ma sage-femme à temps cette fois ci.
Quand je me mets debout ça me fait mal… du coup je me rassois, Dim est parti en courses avec Angélina, je me demande si je ne vais pas lui dire de rentrer rapidement…
11h00 : Je l’appelle, il était en chemin… je commence vraiment à y croire !!
12h00 : Plus rien de rien !! Je suis un peu dégoutée, je suis à 4 jours de mon terme et je désespère ! Je n’ai jamais eu de faux travail, dur dur d’y croire pour rien.
15h30 : Quelques contractions mais pas douloureuses… en même temps, je termine de nettoyer mon sol à fond… au grattoir et à quatre pattes… ceci explique peut-être cela lol !!
20h00 : retour des contractions douloureuses pendant le repas… mais qui repartent… snif !

Le 5 mai 2010 :

06h30 : Et c’est reparti… depuis 5h30 contractions toutes les 10 minutes et elles durent 1 minute, pas fortes, mais elles sont là ! Même questionnement que la veille… ça me saoule !! En plus Dimitri reprend le travail le 8 mai, il faut vraiment que j’accouche maintenant ! On ne pensait vraiment pas que j’irai au bout. Pour mes deux premières filles, j’ai accouché environ 10 jours avant le terme, et en enchainant deux grossesses, je pensais que j’avais encore plus de chance de voir ma petite puce fin avril…
07h00 : Devinez quoi ?? Plus de contraction… Je suis blasée !
08h00 : Devinez quoi ?? Elles sont de retour… et c’est qui qui va devenir gaga ?? Résolution du jour : c’est mercredi, je vais profiter de mes deux puces… quoi qu’il arrive c’est un de nos derniers jours avant bébé, alors autant en profiter ! On fait des crêpes, des jeux de société, on va se balader, la journée passe vite et je fais à peine attention aux contractions qui vont et viennent… je commence à y être habitué hihihi. Ah quand même une petite nouveauté… contractions dans les reins en prime… euh ca je m’en serais bien passé…
15h30 : Alors là j’ai confirmation que ça bosse dans mon bidou… je perds le bouchon muqueux, youpi !!! Pour Angélina je l’avais perdu la veille de sa naissance…
20h30 : J’ai comme une impression de déjà-vu : contractions toutes les 10 minutes, mais cette fois je prends du spasfon, si ça agit c’est que ce n’est pas le grand jour… et en effet 1 heure après c’est fini. Ras le bol de tous ces faux espoirs, je commence à stresser, je me demande bien comment je vais faire pour pas appeler ma sage-femme pour rien ou trop tard… Et avec la fatigue par-dessus (et oui réveillée depuis très tôt ce matin) ça n’aide pas…
22h30 : Au dodo pour un repos bien mérité !

Le 6 mai 2010 :

03h00 : La nuit fut courte, je suis de nouveau en mode contraction, toutes les 7/8 minutes environ et elles durent 1 minute… et toujours pas douloureuses ! Au bout de 30 minutes, pas de changement, je prends du spasfon… et pendant ce temps Monsieur ronfle mdr !!
05h20 : oh miracle, la spasfon n’a pas fait effet… je décide d’attendre encore une contraction avant d’appeler Francine ma sage-femme… Mais j’ai vraiment peur de la déranger pour rien. Je tremblote de partout, c’est incontrôlable, mélange d’émotion et d’excitation, ça m’avait fait la même chose pour mes autres accouchements… j’espère ne pas me faire une fausse joie !!!!
05h45 : Après avoir finalement attendu plusieurs contractions (et oui toujours très hésitante) je me décide vraiment à l’appeler, si j’appelle trop tard elle va avoir droit aux bouchons sur la route et pourrait bien mettre 2 heures à venir. Je réveille mon chéri… vraiment juste réveillé pour lui dire où j’en suis… je le laisse comater un peu, j’aime bien être tranquille pendant les contractions qui sont toujours très douces. En attendant je papote avec mes copines sur docti 😀
06h00 : Francine est en route… et comme par hasard mes contractions se calment !!! Je lui ai dit que je n’étais vraiment pas sur de moi, mais elle me rassure : le 3ème accouchement est souvent plus long, moi qui ai vécu des naissances relativement rapide (4 heures en moyenne) j’ai du mal à imaginer ça. Et nouveau dilemme, moi qui ne voulait pas demander à combien je suis, là je sais que je ne vais pas avoir le choix, il va bien falloir savoir si le travail a bien commencé ou pas…
07h00 : Francine est là, et après examen… dilatée a 3cm !! Je suis trop heureuse !!! Enfin c’est le bon jour, après tous ces faux travails je commençais à ne plus y croire. Les contractions sont anarchiques mais elle me dit de ne pas m’inquiéter, ça va repartir. On écoute le cœur de ma puce et nickel, tout va bien pour elle aussi.
Tatyana, qui d’habitude a le réveil difficile, est déjà debout et habillée… elle a entendu Francine arriver… elle regarde mon gros ventre… dépitée : « Oh je pensais que tu avais accouché » lol !
08h15 : Tatyana est prête à aller à l’école, elle est toute excitée, la pauvre la journée va être longue…
Angélina prends son petit-déjeuner avec Papa…
Ma sage-femme finit sa nuit dans le canapé.
Et moi je suis toute joyeuse, les contractions sont pas trop douloureuses, alors je reste devant mon ordi, je tiens mes amis au courant… il n’y a pas que moi qui suit toute excité hihihi !!!
J’espère que ça va pas être trop long et que Johanna nous aura rejointe avant que Tatyana ne rentre de l’école.
Je ne sais pas la fréquence de mes contractions, j’oublie de les noter une fois sur deux.
Comme je vais toujours très bien, j’en profite pour faire le bain d’Angélina… le dernier en tant que petite dernière de la famille 😀
09h30 : je me goinfre de Pépito pendant que mon chéri me prépare un smoothie, orange, banane et kiwi… miam miam, je vais faire le plein de vitamines et là dans ma tête j’entends la chanson de Rocky mdrr !!
10h15 : Contractions toutes les 5 minutes, ça se rapproche gentiment, mais toujours trèèès facile à gérer ! Depuis qu’elle est arrivée, ma sage-femme me fait prendre des granules d’homéopathie toutes les 30 minutes, ça agit sur le col et les contractions. En attendant je n’ai pas vraiment besoin d’elle, je continue mes papotages et elle tricote. Ah et aussi je vais regarder mon courrier… j’ai reçu le dossier pour la demande de la carte famille nombreuse, arrivé pile poil le bon jour, ça nous fait bien rire.
11h30 : Elle me propose un bain aux huiles essentielles… alors là le méga pied d’enfer !! Je suis tellement détendue que les contractions disparaissent totalement ! Un vrai bonheur ! Je somnole pendant 1 heure. Ça fait du bien d’être chouchoutée. Pendant ce temps, Dimitri fait manger notre petite puce. Depuis le début de la journée elle est adorable, elle essaie de piquer les affaires de Francine dès qu’on a le dos tourné… je suis ravie de l’avoir avec nous, elle me parait si grande en cette journée si spéciale.
13h00 : Angélina est au dodo, mon chéri nous prépare à manger… humm ça sent bon la tartiflette ! Francine me propose de regarder où j’en suis… j’hésite puis accepte… mais j’ai peur que ça n’ait pas bougé, les contractions ne sont pas régulières… mais non ça avance, dilatée a 5cm. J’ai fait la moitié sans avoir trop mal, je suis super contente !!
Les contractions sont un peu plus fortes mais vraiment rien d’atroce. J’ai droit à une petite séance d’acupuncture pour me donner de l’énergie… en même temps je me trouve sacrément en forme alors que je suis réveillée depuis 3 heures du matin !
Et comme pour mon deuxième accouchement, je me demande si je suis zen parce que ça se passe facilement ou si ça se passe facilement parce que je suis zen… Avec le recul, j’imagine que c’est surement un peu des deux.
14h00 : ça va toujours, contractions plus fortes mais je gère toujours, je grimace juste un peu plus.
Là je vais aller me balader un peu au soleil avec Dimitri… histoire de faire d’essayer d’avoir un peu plus de contraction…et de digérer un peu.
15h15 : On revient de notre balade, ça fait du bien un peu de soleil… contractions plus douloureuses, je devais m’arrêter de marcher, mais ça va quand même… déjà 12h de contraction mais j’ai rien vu passer! Moi qui étais habituée à des accouchements express. Je continue de marcher mais dans l’appartement. De temps en temps je descends et monte plusieurs fois les escaliers, je vais aussi sur le ballon, ça fait du bien, je ne sens plus les douleurs dans le dos qui me font souffrir depuis plusieurs mois déjà… l’heure de l’école approche et j’ai vraiment envie d’accoucher avant.
16h00 : Angélina se réveille tranquillement, moi toujours pareil, je me demande si je vais arriver à faire sortir Johanna un jour ! Francine commence à s’activer dans la chambre, elle prépare notre salle de naissance… Dimitri lui demande si elle pense que c’est pour bientôt, elle lui répond : « Regarde ta femme… tu ne trouves pas qu’elle a changé de tête ?? ». Lui qui me regarde bien : « Ah oui t’as raison !! ». Moi je n’ai pas l’impression d’avoir changé depuis ce matin, je suis juste plus dans ma bulle pendant les contractions qui sont de plus en plus douloureuses mais c’est toujours facile à gérer. Je demande a Francine de voir où j’en suis, Tatyana arrive dans 30/40 minutes et je pense que la pauvre va être déçue en rentrant … Génial je suis dilatée a 8/9 cm !!! Je sens que la puce est bien descendue et je n’en reviens pas d’avoir fait tout ce chemin si facilement même si c’était long ! A chaque contraction je me mets à quatre pattes sur le lit… et à un moment je sens que ça coule… la poche des eaux est rompue je pense ! Je l’avais complètement oublié celle-là mdr !
16h40 : On aperçoit Tatyana à la fenêtre, on lui dit que sa petite sœur est encore au chaud dans mon ventre mais qu’elle sera très bientôt là ! Elle est toute excitée en arrivant à la porte et tout sourire. Dimitri fait goûter les filles, j’explique à Tatyana que dans très peu de temps Bébé sera parmi nous. On en a déjà souvent parlé pendant ma grossesse et je lui demande si elle veut rester avec nous ou si elle préfère partir pendant l’accouchement, sa réponse : « Si tu n’accouches pas maintenant je veux bien partir, si c’est maintenant je veux rester ! » Je suis morte de rire… je lui dis que là c’est sûr et certain je vais accoucher. Elle sait que je risque de faire des bruits bizarres, de crier… mais elle s’en fiche elle veut être là ! Alors c’est d’accord, au moment M elle ira jouer dans sa chambre avec sa petite sœur.
17h00 : Entre chaque contraction, je les rejoints dans la cuisine, je ne veux pas que Tatyana s’inquiète alors je vais la rassurer, je lui montre que je vais bien… et au début des contractions je lui dis… ah attends je reviens j’ai une contraction, et hop je me mets à quatre pattes sur mon lit, ma sage-femme est là et me masse le bas du dos… et je retourne dans la cuisine… sauf que plus ça va et moins j’ai le temps entre chacune d’elle d’y arriver, ça nous fait rire et je dis a Francine que là c’est vraiment tout proche !
17h10 : la douleur s’intensifie, Tatyana et Angélina vont jouer dans la chambre, on les appellera pour venir voir leur sœur ! Tatyana est super contente, elle m’épate, elle trépigne d’impatience et n’est pas du tout inquiète… on se croirait a Noël juste avant d’ouvrir les cadeaux mdr !
Me voilà de retour dans la chambre, je suis à quatre pattes en travers de notre lit, Dimitri est devant moi et Francine derrière. Les contractions sont maintenant intenses et très rapprochées… ce n’est pas trop tôt… et surprise… cette fois je perds vraiment les eaux, tout à l’heure c’était juste une fissure !! Je suis dans un état second, mais avec un sourire énorme sur les lèvres, je sais que je vis mes dernières minutes avec mon gros ventre, que dans très peu de temps je vais enfin découvrir la bouille de ma chérie, en plus les grandes sœurs sont tout prêt !!! Je pense très fort à mon bébé qui entame sa descente, et je sens que ça pousse, quelle sensation unique !!! Mais je sens aussi que ça ne sera pas aussi facile que pour ces grandes sœurs qui étaient sorties très rapidement en 2 poussées, là c’est bien différent, et je m’y attendais un peu, elle est restée en moi 1 semaine de plus que les filles, elle a eu le temps de bien grossir ! Mais il va bien falloir la faire sortir, heureusement que Francine est là, elle me « coache », m’encourage, et moi je pousse, je pousse comme jamais, Dimitri me regarde et j’arrive encore à lui sourire malgré tout, je sens mon périnée qui s’étire comme pas possible, je me dis qu’il y aura forcément des « dégâts » à l’arrivée, mais tant pis, j’ai peur d’être déchirée mais la sensation est trop forte, je continue de pousser de toutes mes forces !! Je ne crie pas vraiment, des sons rauques, incontrôlables sortent de ma bouche, je l’appelle : « Allez viens mon bébé, viens voir Maman. Ca fait trop longtemps que je t’attends !!! » Et je sens enfin sa tête qui sort, je vois ses grosses joues à bisous, elle est magnifique, je pleure de joie, je sais que ce n’est pas fini mais de la voir me donne les dernières forces dont j’ai besoin pour que le reste de son « petit » corps suive… je suis maintenant à genoux, je tiens sa tête dans mes mains et je pousse de nouveau plusieurs fois, ça me parait une éternité, et ça y est, enfin elle est dans mes bras, il est 17h20 !!! Elle ne crie pas tout de suite, Francine me dit de ne pas m’inquiéter, que ma fille va bien… elle est belle comme un cœur, toute potelée, je la contemple, je la caresse et je la sens… aaahh cette odeur… à cet instant je me remémore aussi la naissance des grandes sœurs, cette délicieuse odeur est la même… je rêverais d’avoir une petite boite pour l’emprisonner et pouvoir ressentir ça a tout moment… même si on ne l’oublie jamais 😉 Papa fait connaissance avec sa puce, il voit aussi que ce n’est pas une crevette lol !
Je supplie Dimitri de vite allez chercher les filles, Francine m’aide à m’allonger, elle nous recouvre… et ça y est nous sommes réunis tous les cinq, Tatyana est aux anges devant sa nouvelle petite sœur et Angélina est très intriguée par ce petit bébé tout mouillé qui n’était pas là tout à l’heure… c’est adorable… Le cordon a cessé de battre, Dimitri le coupe, Tatyana regarde de près, c’est énorme qu’elle puisse assister à tout ça, voir sa petite sœur dès ses premières minutes de vie encore « attachée » à sa maman !
Francine nous laisse profiter de ce nouveau bonheur… «Certains moments ont un goût d’éternité »… c’est exactement cette sensation que je ressens à ce moment-là, je photographie dans ma tête chaque instant… Je ne veux rien oublier !!
Les filles retournent à leurs occupations, Francine revient près de moi, le placenta est toujours en moi. Elle tire un peu sur le cordon, il ne tient plus à grand-chose, je pousse un peu et il est dehors. Je lui demande si je suis déchirée… et non, je n’en reviens pas, même pas une égratignure… j’ai un périnée de compèt’ mdr ! ! Tension parfaite, bref tout va bien ! On pèse mon petit cœur… 3kg800 !!
Francine repartira vers 19h, je la remercie pour cette journée magnifique. Heureusement que des sages-femmes comme elle ont encore l’envie de pouvoir offrir un accompagnement humain pendant 9 mois et une naissance aussi douce et respectueuse.
Ça y est, j’ai encore vécu une naissance parfaite, différente car bien longue, mais je n’ai souffert qu’à la fin, j’ai vraiment beaucoup de chance.

LA NAISSANCE D’ADRIANA

Après une grossesse plutôt fatigante et surtout avec un mal de dos insupportable où je comptais les jours qui me rapprocheraient de la délivrance, je passe finalement un dernier mois très sereinement, c’est ma dernière grossesse et je veux savourer ces moments si incroyables de future-maman, les manifestations de bébé a travers mon gros ventre vont me manquer c’est certain. Malgré tout, je trouve qu’elle est vraiment passée vite !!
Cerise sur le gâteau, pour la première fois nous découvrirons le sexe de notre merveille à la naissance !
Le pré-travail s’est mis en place depuis quelques jours, quelques séries de contractions mais qui s’essoufflent. Et cette fois ci je ne m’emballe pas comme pour la fin de ma 3ème grossesse, je suis juste heureuse de savoir que le moment approche gentiment, que mon bébé et mon corps commence à s’entrainer.
1er mars :
Contractions douloureuses mais supportables depuis hier soir, plutôt anarchiques dans le rythme mais je sens que ça se prépare doucement Cœur noir (cartes) Peut-être pour cette nuit ou demain… Je m’autorise un moment détente avec un bon bain chaud pendant l’après-midi, et que c’est agréable !
J’ai aussi une furieuse envie de cuisiner, l’heure du goûter approche, alors je fais une tarte poire-chocolat et du pain. Avec ce troisième accouchement chez moi, je ressens encore plus le besoin d’avoir des occupations ordinaires, de continuer ma petite vie tranquillement, et la douce odeur de chocolat et de pain chaud qui se balade dans la maison est enivrante. A la fin du goûter, je me décide à appeler Francine, ma sage-femme, pas pour qu’elle vienne mais pour qu’elle s’attende à devoir nous rejoindre dans quelques heures. Elle veut venir tout de suite, elle a en mémoire mon premier accouchement à domicile où elle est arrivée 20 minutes après la naissance de ma petite fée mais je n’ai pas besoin qu’elle arrive tout de suite. Vu l’heure, comme elle vient de Paris, elle mettra 2 heures pour arriver donc autant attendre, en plus elle est invitée alors je préfère qu’elle profite d’un repas paisible avant de partir et ça m’embête vraiment de la déranger. Je lui propose de la rappeler vers 20 heures, sauf si un gros changement survient.
19 heures, toujours en mode contraction, un peu plus rapprochées, toutes les 5-7 minutes mais pas plus douloureuses, je rappelle ma sage-femme d’ici 1 heure! Je reçois plein d’encouragement de mes amis sur facebook, docti, par sms, ça fait chaud au cœur de savoir qu’autant de bonnes ondes positives arrivent jusqu’à mon bébé et moi!!!! Pour l’instant je gère très facilement. Et je crois de plus en plus que nous sommes bien le jour J, j’ai pris du Spasfon plusieurs fois et les contractions ne partent pas ^_^ J’ai hâte que Francine me dise où j’en suis quand même… en attendant, un petit repas bien light est en préparation… pizza hihi (pour rappel, c’était tartiflette avant la naissance de ma 3ème puce, c’est peut-être ça finalement le secret de mes accouchements si faciles !). Je me dis que c’est notre dernier repas a cinq. Aaahhhhh ce que j’aime ces quelques heures où on sait que tout va changer, on imprime chaque moment dans sa mémoire, l’atmosphère est chargée d’une sensation que quelque chose d’extraordinaire se prépare et en même temps on fait les choses les plus banales qui soient !
19h15 Francine me rappelle pour prendre la température et se prépare tranquillement à venir.
20h30 Les filles sont prêtes à dormir, on leur a expliqué que bébé allait bientôt sortir. Nous préférons attendre que Francine arrive avant qu’elles se couchent et qu’elles ne soient pas surprises si elles entendent papoter. Je suis heureuse, j’ai pas du tout envie de devoir bouger mes trois petites chéries, je veux les savoir tout près de moi, savoir qu’elles seront les premières à faire connaissance avec leur sœur ou leur frère et là avec un accouchement en soirée, c’est juste parfait !!
21h Francine arrive, on explique une dernière fois aux filles pourquoi elle est avec nous ce soir. On couche nos puces, j’ai les larmes aux yeux, elles seront très certainement grandes sœurs à leur réveil demain matin. Je les embrasse fort, histoire de prendre une bonne dose d’amour à ressortir pour le grand moment.
Francine me propose de voir où j’en suis. Je vais m’allonger sur mon lit et je tremblote, remplie d’émotion, a ce moment précis je suis sûre que c’est le grand jour… confirmé par ma sage-femme : oui c’est bien pour aujourd’hui, et pas qu’un peu : 7CM !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Je n’en reviens pas, j’espérais juste avoir atteint 4cm ! Et je suis toujours aussi bien, c’est juste hallucinant !! Tellement bien que je ne change pas mon programme, j’avais prévu de faire des yaourts pour qu’ils prennent pendant la nuit et après forcément bah j’aurai pas le temps… Mes copines me prennent pour une folle (ou plutôt elles en ont définitivement confirmation mdr !!) Oui je suis en train d’accoucher, dilatée à 7cm et je fais des yaourts hihi !!!!
Mais Bébé est encore haut alors ça ne va pas être si rapide… En attendant je continue de papoter avec mes copines, Dim regarde la télé et est fidèle à lui-même, d’une « zénitude » sans faille ! Francine tricote (la sage-femme qui tricote, voilà, c’est comme ça que je les aime, elles laissent faire et surveillent du coin de l’œil sans intervenir.), mange un morceau de ma tarte, la pauvre n’a du coup pas mangé, elle papote avec sa fille au téléphone… bref chacun s’occupe a sa manière ^_^
22h Francine me prépare sa potion magique, je ne me souviens plus ce qu’elle y met mais une chose est sur c’est pas terrible, je lui dis que si j’avais su je ne lui aurais pas proposé une part de ma délicieuse tarte hihihi !!!! Je prends aussi régulièrement des petites granules d’homéopathie et des gouttes a base de plantes.
23h je me décide à couper l’ordi, c’est bien joli de papoter, mais faudrait songer à accoucher quand même ! J’ai besoin de me recentrer sur mon bébé et moi. Je me pose un peu sur le canapé avec Dim et Francine, je zappe à la télé et je tombe sur Retour vers le futur, j’adore ce film alors je me détends devant, à lancer les répliques que je connais pas cœur, ça nous fait bien rire. Le rythme des contractions est le même, ça avance très doucement et je m’épate car au jeu des pronostics, j’ai voté pour le 2 mars assez tôt pendant ma grossesse et ça va se confirmer ^_^
Purée c’est fou mais à chaque fois je les aime mes contractions, ce sont mes amies, mes alliées, j’ai hâte qu’elles soient plus présentes en moi, je n’ai pas peur d’elles, je les attends même avec impatience !!! Mais pendant un long moment elles se stoppent, je somnole un peu…
A partir de ce moment, je n’ai plus vraiment notion du temps qui passe. Après un petit temps calme, je fais les 100 pas entre ma cuisine et la chambre, je ressens un besoin impérieux de marcher et marcher encore, les contractions sont plus présentes, plus fréquentes. Moi qui ai tant souffert avec mon dos au moindre effort, très bizarrement là je n’ai plus mal malgré les kilomètres que j’ai l’impression de parcourir. Par contre mes chevilles n’aiment pas ça, elles n’y étaient plus habituées, mais tant pis, je veux marcher ! Je sens la bulle qui petit à petit se forme autour de moi, je mets autour de mon poignet le bracelet symbolique confectionné avec des perles que mes amies m’ont donné il y a quelques semaines, je compte aussi sur lui pour me donner de la force, je ne vois plus trop ce qu’il se passe autour, il y a juste mon bébé, mes contractions et moi. Je ne veux pas savoir où en est mon col, mes sensations me suffisent amplement, Francine écoutera juste 1 ou 2 fois le cœur de bébé pour s’assurer qu’il supporte bien le travail et me laisse déambuler à ma guise sans contrainte.
Il me semble que vers 2h30 environ, je suis allée dans notre chambre. Cette fois je le sais, bébé s’est engagé, je rentre dans une sorte de transe, on l’appelle souvent la phase de désespérance mais je ne la ressens pas du tout comme ça, c’est plutôt la phase d’espoir, je sais que la douleur est intense comme jamais, mais je bosse pour les dernières minutes, c’est super boostant. Je reste debout un certain temps, je prends appui sur le mur et je bascule mon bassin, je fais des ronds. Je ne crie pas, c’est plutôt des sortes de gémissements rauques, mes yeux sont fermés, je ne suis plus vraiment là. C’est a ce moment où je perds les eaux, mes contractions sont quasi non-stop, je vais sur mon lit, à quatre pattes, je vois dans le regard de mon chéri qu’il sent que c’est dur et fort, il me caresse le dos tendrement, ça me donne le dernier élan dans j’ai besoin pour que mon bébé naisse. Je pousse de toutes mes forces, j’appelle mon bébé, je l’encourage, le temps est suspendu, je touche sa tête qui commence à sortir, je pleure, je vais enfin faire la connaissance de mon quatrième amour…

3h05 Un dernier effort et bébé est là, tout chaud, tout moite dans mes bras, je l’embrasse, le caresse, admire sa bouille d’amour… mais on entend un peu de bruit dans la chambre des filles, Dim part vite là bas pour recoucher Johanna… et là grand moment de « torture psychique » lol !!! J’ai évidemment ardemment envie de savoir enfin qui se cachait dans mon bidon, mais hors de question de le découvrir sans Papa, quelques minutes s’écoulent qui me paraissent des heures… c’est fou d’avoir son bébé tout contre soi, de ne pas savoir comment il s’appelle, si c’est une fille ou un garçon et de l’aimer déjà si fort… à ce moment je sais encore mieux que jamais à quel point je me fiche du sexe de bébé, j’ai un bébé en pleine forme pelotonné dans mes bras c’est tout ce que je demandais ! Mais n’empêche, je ne tiens plus, je demande à Francine de vite aller chercher mon Amour. J’ai attendu facilement pendant de longs mois mais là c’est juste impossible. Le revoilà, Francine s’éclipse comme elle sait si bien faire j’allonge bébé sur mes cuisses, j’écarte le cordon et voilà, c’est notre petite Adriana qui est arrivée dans notre famille. Je suis aux anges, mon homme aussi, 4 filles rien que pour nous, c’est magique !!!!
Francine revient pour voir comment on se porte, elle pèse 3kg400 et mesure 50cm, elle est aussi jolie que ses sœurs, de mon côté tension impeccable et aucun dégât! Elle prépare le cordon qui ne bat plus, Dim le coupe et elle va dans la pièce a côté pour remplir la paperasse. On découvre notre nouveau petit bonheur, je lui propose le sein qu’elle prend facilement, Papa filme ce paisible moment et prend des photos…
Ma douce et bienveillante Francine partira vers 5h00 et après un petit peu de repos à trois, les grandes sœurs se réveillent, elles sont ravies de faire connaissance avec la nouvelle venue, les yeux grands ouverts devant ce tout petit bébé, déjà avide de faire des tas de bisous et de câlins à leur petite sœur. C’est émouvant de voir ces quatre enfants, qui ont grandit en moi là, réunies sur notre lit. Le corps humain est vraiment surprenant.
Nous sommes au complet, Tatyana bien que déçue car elle voulait un frère, ne la quittera pas de la matinée. Papa prendra soin de son Girl’s band pendant plusieurs jours sans que je n’ai rien à faire, toute cette aventure ne serait pas aussi accomplie et parfaite sans lui, j’ai une chance énorme de l’avoir Cœur noir (cartes)
Je ne remercierai aussi jamais assez Francine, qui m’a permis de vivre cette sensationnelle aventure dans le respect, la douceur, la simplicité… Adriana a un troisième prénom tout trouvé…

 

Naissance de Violette et Eugénie – 2007 et 2009

26 Avr

Naissance de Violette 2007:

Jeudi 1 mars 2007, il est 5H08 je suis sortie de mon rêve, dans lequel quelque chose venait de heurter mon ventre, par une douleur au ventre puis une sensation d’être très mouillée (c’était la première fois que je perdais les eaux), je réveille Nicolas et vais prendre une douche. Les contractions démarrent tout de suite. Je les reconnais et suis ravie de savoir que le travail a vraiment commencé. Je reste sous la douche et m’accroupie entre les contractions. Parfois je m’impatiente lorsque la contraction n’arrive pas, j’aime la sensation qu’elle m’envahisse. 5H30 je suis toujours dans ma douche, Nicolas appelle Isabelle. Je sors de la douche et m’assoie sur un petit tabouret dans la salle de bain, Nicolas vient me voir et je sens que l’intensité des contractions est moindre, j’explique à Nicolas que je préfère rester toute seule, que je n’ai pas envie qu’il me touche. Il est un peu déçu de ne pouvoir m’aider mais bon c’est comme ça. Isabelle a du arriver un peu avant 6H. Je lui demande si elle veut m’ausculter, elle me répond que c’est plutôt pour moi que cela peut être intéressant de savoir. Oui c’est vrai j’ai envie de savoir ! Pendant ma douche, Nicolas avait installé le salon de mise au monde. Je m’assoie par terre et Isabelle m’ausculte le bébé est à droite et je suis à 6/7 cm. Isabelle me dit que c’est bien parti. Les contractions repartent de plus belle, après l’auscultation je me suis retournée et mise à genoux les coudes posés sur le canapé face à Nicolas qui y est assis. Il me semble qu’isabelle me propose de changer de positions mais je ne réponds pas, si l’idée me plait, le faire me semble difficilement réalisable. J’arrive à étendre une jambe pendant une pause puis reprend ma position, je tape du coude sur le canapé et je m’accroche aux hanches de Nicolas qui n’a que la peau sur les os… Je n’ai plus beaucoup de temps entre les contractions, Nicolas me masse la tête, Isabelle est derrière moi et s’occupe de faire des vibrations avec sa main dans le bas de mon dos. Isabelle m’a raconté que j’ai émis l’idée d’aller aux toilettes et aussi peut être que je n’en aurais pas le temps ce à quoi elle m’a répondu que c ‘était la tête de mon bébé que je sentais, je n’ai absolument aucun souvenir de cet échange…Je dis à Nicolas que les contractions sont presque jouissives, il rigole. Je suis contente je sens que j’y arrive. Au même moment une contraction me transporte, je me tends vers le plafond comme si je cherchais à y attraper quelque chose, j’appelle ma maman, je fais un cri genre le brame du cerf, je dis il faut que cela s’arrête. Et je sens au même moment la tête de mon bébé qui descend, une libération, j’y suis presque… J’essaie de pousser encore pour que cela aille plus vite mais je n’ai plus beaucoup de force et je sens qu’il faut que j’attende la prochaine contraction pour m’aider. Avant l’expulsion, Isabelle nous a demandé si nous voulions l’attraper mais ni Nicolas ni moi ne lui avons répondu, nous étions tous les deux sur une autre planète. La tête sort, puis il y a eu un temps d’attente qui m’a paru très long, je me sentais écartelé, et j’ai repoussé puis plus rien, j’étais vidé, notre bébé était né il est 6H30.
J’ai regardé Nicolas qui me regardait et nous nous sommes retourné pour découvrir ensemble notre bébé dans les bras d’Isabelle. Nicolas l’a enveloppé dans une serviette je me suis assise et l’ai pris dans mes bras. Quel calme et que de sérénité. Personne ne disait rien. J’ai regardé à plusieurs reprise entre les jambes de mon bébé mais le cordon me gênait et puis cela n’avait pas d’importance, j’ai réussi à voir quelques instants après et j’ai pu annoncer à Isabelle que ce bébé se prénommait Violette. Nous avons attendu que le cordon cesse de battre puis Nicolas l’a coupé ce qu’il n’avait pas fait pour les filles. Le placenta est sorti tout seul alors que j’avais un mauvais souvenir de cette délivrance à la maternité, là il a glissé tout naturellement. Je me suis installée sous une couette dans le canapé et j’ai mis Violette au sein.
Et nous sommes restés comme cela dans le silence, Nicolas et Isabelle remettant en place le salon dans la pénombre. Vers 7H30, Salomé s’est levée, est restée devant la porte vitrée du salon en nous regardant, a hésité puis s’est avancée, Violette était cachée sous la couette et elle ne pouvait la voir, elle est venue sous la couette et est restée contre moi. Elle m’a dit qu’elle avait entendu un bébé crier et avait pensé que c’était la radio. Elle était toute sereine comme nous tous. Agathe s’est levée plus tard et Nicolas l’a invitée à me rejoindre pour découvrir sa petite sœur mais elle lui a répondu qu’elle préférait déjeuner (sacrée Agathe !). Nicolas a fait déjeuner les filles, puis nous les avons habillés avec l’aide d’Isabelle et elles sont parties à l’école. Isabelle a du partir vers 8H30. Et voilà j’avais mon bébé. Quand Nicolas est revenu, nous m’avons transféré avec ma petite violette dans mon lit où j’ai passé toute la journée en peau à peau avec elle, un régal. Les jours suivants, je n’ai rien fait (ou presque…) j’ai pu me reposer, je n’ai pas senti la montée de lait (si douloureuse pour les filles), Violette, toujours collée à moi dans le lit, dans l’écharpe…Un vrai bonheur…
Isabelle est revenue le lendemain puis le lundi suivant, j’ai pu à ce moment lui raconter tous les doutes que je n’avais pu lui exprimer pendant neuf mois, elle m’a écouté attentivement et m’a comprise. Nous avons longuement échangé sur le sujet. Elle trouvait aussi que je ne lui parlais pas beaucoup, mais était convaincu de mon choix et de ma détermination pour y arriver. Et elle n’avait donc pas besoin d’en savoir plus. Quant à l’épisode du samedi fausse alerte, elle m’a expliqué qu’elle ne pouvait pas à ce moment là me dire si oui ou non mon bébé allait naître puisqu’elle ne le savait pas et que le travail aurait pu repartir. Voilà la boucle était bouclée et je n’aurais pu être bien si je n’avais pas eu ce précieux échange. Le mercredi, elle est revenue pour la dernière fois, c’était étrange.
Notre nouvelle vie à 5 commence…

Naissance d’Eugénie 2009:

Lundi J+5, je suis contente aujourd’hui j’aurais mon bébé dans les bras et je suis soulagée. Nous prenons notre petit dej avec les filles et leur expliquons ce qui va se passer pourquoi le bébé ne naitra pas à la maison mais que nous serons rapidement tous ensemble. Les filles sont sereines, cela nous aide. Nicolas les emmène à l’école et reviens en me disant que la maîtresse de Violette prendra chez elle les 3 filles ce soir si besoin. Une nouvelle qui me soulage encore plus, une chose de moins à organiser. Je mets deux trois trucs dans un sac et nous partons.
Arrivés à 9H00, une sage femme vient vers nous notre dossier à la main, elle a l’air soucieux. Elle nous demande ce que l’on veut. En fait sur notre dossier, il était indiqué que je ne voulais pas être déclenchée, donc elle se demandait comment elle allait nous faire changer d’avis. Nous avons tout de suite expliqué la situation, et le sourire de la sage femme d’accueil est revenu. Après un monito, une prise de sang, un test d’urine, et autre on nous installe dans une jolie salle lumineuse. Je demande même si c’est ici que le bébé va naître, on me répond oui, je suis étonnée ce n’est pas du tout le souvenir que j’ai d’une salle d’accouchement, les choses se présentent bien je trouve. Et quelques temps après la pétillante Anne sage femme de son état a fait son entrée. Très agréable, elle me demande où je souhaite m’installer sur le fauteuil, sur le lit j’opte pour le lit, je pourrais un peu dormir. Puis elle sort une affreuse blouse blanche, là je dis que je n’ai pas trop envie d’enfiler cela que je préfère rester en débardeur, elle m’explique que pour la perf c’est plus simple, je lui demande pourquoi les manches longues sont plus simples que pas de manches, elle dit « oui d’accord » et laisse tomber sa moche blouse. 11H pose de la perf et analyse de notre dossier, Anne: « Je vois que vous ne voulez pas d’antibio (streptocope A) », et j’ajoute : « et je ne veux pas non plus que l’on fasse de prélèvement gastrique sur mon bébé, qu’une prise de sang lui sera faite si il y a un doute sur son état de santé ». Elle se retourne et dit « bon d’accord ».Puis elle nous demande comment nous voyons cette naissance, comment je pense accoucher, je n’ai pas de réponse et elle ajoute : « parce que moi les accouchements acrobatiques, cela me va tout à fait. », je trouve cette phrase super chouette et suis de plus en plus ravie d’être là. La journée se passe, je ne trouve pas les contractions assez douloureuses et j’ai peur que même cela ne va pas aider mon bébé à venir au monde. Anne passe de temps en temps pour voir si nous allons bien et nous demande de quoi nous avez besoin.Il y a un poste dans la salle et nous avons mis radio classique, Nicolas a acheté la presse à scandale et on se rend compte qu’on ne sait plus qui sont les people d’aujourd’hui, on trouve quand même le temps long. Nous avons eu le temps d’expliquer notre désir de rentrer rapidement chez nous le lendemain, voir le jour même si je m’en sentais capable. Cela a paru difficile mais on ne nous pas dit non, donc on en a parlé dès que nous pouvions. Anne nous a dit que le jour même, ce n’était pas sûre mais qu’elle serait là le lendemain matin et qu’elle s’occuperait de nous pour que nous puissions sortir. Pas besoin de se battre, juste d’expliquer, d’argumenter, de discuter sereinement.
Pendant tout ce temps, j’ai aimé parlé par la pensée avec mon bébé, lui expliquer pourquoi on en était arrivé là et comme nous l’attendions.
Dans l’après midi, une aide soignante est venue nous demander de signer un papier pour autoriser les soins au bébé, je lui ai demandé ce qu’étaient ses soins, et où elle comptait les faire. Elle m’a dit qu’il y aurait un prélèvement du cordon, qu’il était possible de le faire sur moi et que le bébé ne me quitterai pas si je le désirais, Nicolas signe le papier.
A 16H Anne me demande ce que l’on fait, si l’on perce la poche ou pas, la question était est ce que l’on perce si on est à 6 cm de dilatation ou si l’on attend encore. Je lui ai demandé de me dire à combien on était et que l’on prendrait la décision ensuite. Elle m’ausculte, on est à 7 cm, on décide de percer, Anne me prévient qu’à partir de ce moment je vais avoir beaucoup plus mal. On y va quand même. Elle perce puis vide la poche ce qui n’a rien d’agréable, mais Anne s’excuse de me faire mal et nous explique mais cela lui permet de voir comment le bébé pousse et elle nous dit que le bébé à le dos postérieur et la tête mal placée. Elle m’explique qu’il faut que je prenne des positions ventre en avant pour aider mon bébé à mieux se placer. Je m’installe sur le ballon, et parle à mon bébé pour qu’il m’aide lui aussi. Je pousse pendant les contractions, cela me soulage et puis ensuite tout est assez flou. J’ai été prise d’un instinct primaire de cri animal, sentant mon bébé tentant de se frayer un chemin. J’ai bondi du ballon, je me suis mise debout et me suis jetée sur le lit, restant allongée sur le ventre quelques secondes priant Nicolas d’arrêter tout cela, que je n’y arriverais pas. Anne de sa voix pétillante et rassurante, m’a dit que tout allait bien que je ne devais pas paniquer que je savais le faire et que j’allais le faire que j’allais l’aider à venir au monde parce que je savais le faire. Je me suis mise à quatre pattes, et Anne m’a dit que le col n’était pas totalement effacé mais que je pouvais pousser sans attendre que c’était mieux pour le bébé. Alors j’ai poussé sentant chaque centimètre parcouru par mon bébé, c’était très intense comme si je lui tendais la main pour lui montrer la sortie. Je dus m’arrêter car sa petite tête n’en faisait vraiment qu’à sa tête et Anne essaya de la guider au mieux. J’ai supplié Anne que ce bébé sorte, elle me répondit qu’elle faisait au mieux pour moi et pour le bébé. Après quelques poussées, à 16H56, Anne posa à côté de moi cette petite fille. J’entends les premiers cris d’Eugénie avec radio classique en fond. Le cordon est trop court pour qu’elle vienne jusqu’à moi. Le cordon coupé nous sommes enfin réunis. Je suis exténuée et il me faut quelques minutes pour réaliser que mon bébé était né.
Puis nous sommes restées collées sous des draps chauds. J’ai beaucoup aimé que l’aide soignante créé un cocon de lange à Eugénie pour qu’elle se sente bien. Vers 19H30 je suis allée dans la chambre de naissance pour y passer la nuit et le lendemain à 11H30 après la visite de la pédiatre, nous sommes rentrés chez nous.

Depuis je suis sur un petit nuage, j’ai peur d’oublier ce si joli moment que je n’avais jamais imaginé.
Je suis très heureuse de l’avoir vécu.

Hélène maman de salomé 2001, Agathe 2003, Violette 2007 et Eugénie 2009