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Naissance de Justine, en maison de naissance, 2013

7 Jan

Nuit du 3 au 4 janvier 2013
Je suis chez mes parents en visite à la suite de mon rendez-vous avec ma sage-femme en après-midi. Depuis ce fameux rendez-vous, j’ai des contractions et je me demande si ça peut annoncer le début d’un travail quelconque. Je remarque que quelques contractions se présentent l’une après l’autre avec une certaine intensité. J’essaye de ne pas en tenir compte puisque c’est arrivé bien des fois et que ça finissait toujours par s’arrêter tout seul. Sauf que cette fois-ci, elles sont régulières et font mal. Je décide donc d’appeler ma sage-femme et de la mettre au courant. Elle me suggère donc de revenir la voir en fin de soirée pour vérifier si quelque chose a changé. Ce n’est pas ma sage-femme qui est de garde, mais peu m’importe, J. est très compétente et j’ai déjà eu la chance de la rencontrer et de constater qu’elle est tout aussi gentille que ma sage-femme. Effectivement, je suis à 6 cm et complètement dilatée. YÉ !
Marc qui était retourné à la maison pour s’occuper des chevaux, car nous avions décidé de dormir à Nicolet reçoit mon coup de fil pour le mettre au courant. Il arrive donc à la maison de naissance tout excité à l’idée d’enfin rencontrer sa fille. Nous choisissons une chambre et puisque nous sommes les seuls, nous avons l’embarras du choix. On s’installe confortablement, la chambre est douillette, chaude et des chandelles sont allumées. On est si bien. On prend le temps de s’embrasser moi et Marc, de se dire que tout va bien aller, on prend une ou deux photos pour avoir des souvenirs.
Le travail continue d’aller en augmentant. J. passe nous voir et discute avec nous. Tout est calme, je me sens si bien avec eux. Je passe le ¾ de mon temps sur le ballon, car c’est ce qui me soulage le mieux des contractions. Marc me masse et J. me parle. Au bout de quelques heures, je décide d’aller dans le bain, mais surprise, les contractions s’arrêtent. Déception. Moi qui croyais rencontrer ma fille, ce ne sera pas pour aujourd’hui. On repart donc à la maison bredouille. Je passe le lendemain à pleurer parce que je croyais que le grand moment était arrivé.

Nuit du 6 au 7 janvier 2013
Il est tard, et j’écoute la télévision. Marc décide d’aller se coucher, mais moi je ne trouve pas le sommeil. J’ai quelques contractions, mais je n’ai pas envie de calculer, car je ne veux pas me faire de faux espoirs. Sauf qu’après avoir décidé de prendre un bain, je remarque que les contractions sont toujours présentes. Je réveille Marc qui calcule et on appelle la sage-femme, car le temps est venu d’aller à la maison de naissance 🙂
On quitte il est environ minuit. Le trajet en voiture est pénible, car les contractions sont de plus en plus fortes et assis, ce n’est pas facile à gérer. Enfin, on arrive il est 1 h du matin et je suis tout sourire. J. aussi. Encore une fois, on choisit la chambre qu’on préfère et je décide d’y aller pour une différente de la dernière fois, question de repartir à neuf. Mon meilleur ami m’y attend: le ballon. J’y passe quelques heures et je commence à trouver que ça fait mal, accoucher. Je me laisse le loisir de pleurer un peu, je suis sereine, même si c’est douloureux. Marc est merveilleux, toujours à côté de moi à l’écoute de mes moindres besoins.
Viens ensuite le temps du bain. Je veux accoucher dans l’eau et comme je suis à 8 cm, c’est le bon temps pour y aller. Je commence à avoir de la difficulté à maîtriser les sons qui sortent de ma bouche malgré moi. Ça fait mal et la seule façon que j’ai de laisser sortir le trop plein c’est de crier. Tout le monde est compréhensif et je l’apprécie. Un problème se présente alors: la bande de col ne laisse pas passer la tête de ma fille et je pousse depuis 2 heures pour rien. Ma sage-femme arrive pour prendre le relai, je suis si contente de la voir. Elle vérifie et me suggère d’essayer moi-même d’appuyer pour déplacer la bande de col pour laisser la place à Justine. Ça fait trop mal. Mais si je veux en finir au plus vite, on doit essayer. C’est donc L. qui s’en charge. Jamais de toute ma vie j’ai eu aussi mal. Je pleure, je regarde Marc en lui demandant de faire quelque chose, que je n’en peux plus, c’est trop intense. Je crie pendant que L. essaye de m’aider, c’est TROP difficile … je n’en peux vraiment plus.
Marc sort de la chambre, il en a assez de me voir souffrir, il a besoin d’air. Je décide de sortir du bain, je ne suis plus bien dedans. Je passe environ une demi-heure (je crois, car la notion du temps est difficile à savoir quand on accouche) assise sur la toilette à me reprendre tranquillement. Les sons deviennent plus graves dans ma gorge, je suis capable de focuser. L’ambiance change, je suis calme, résignée à la douleur et prête à voir ma fille. Je décide d’accoucher dans mon lit, couchée sur le côté, ma sage-femme qui tient ma jambe.
1 h 30 de poussée intense, Marc regarde tout ce qui se passe, mais moi je préfère me concentrer sur ce que j’ai à faire. Les sensations sont différentes et moins pénibles. Je sens ma fille qui s’en vient, une contraction à la fois. Je suis fière de moi, je pousse bien et Justine approche. La tête sort enfin. Je souris, car je sais que la contraction suivante, le reste de son corps sortira. Je dis à Marc: Regarde bien, la contraction d’après, une poussée et elle est avec nous. Et effectivement, la contraction suivante, je donne tout ce que j’ai et je sens tout son petit corps qui glisse tranquillement du mien. On dépose mon petit trésor sur mon ventre. Elle est chaude et humide, mais elle ne dit rien. Pourquoi elle ne dit rien ?! J. la prend avec elle et m’explique que Justine a besoin d’un peu d’aide pour démarrer sa respiration. Je demande à Marc d’accompagner notre cocotte juste pour voir comment elle va. Moi-même je la vois du coin de l’œil, car l’unité est directement dans notre chambre. Finalement, seulement 3 minutes après, j’ai mon bébé dans les bras, car elle va très bien. Je suis tellement soulagée que tout soit terminé.
On nous apporte un grand plateau de fruits et de croissants, car on est affamé. J’ai ma Justine au sein, Marc à côté de moi qui m’aide à manger et je suis si HEUREUSE. Fatiguée, mais heureuse.
Je revivrais ce moment encore et encore. Donner la vie est la plus belle chose qu’on puisse accomplir et je suis fière de l’avoir fait en maison de naissance de façon naturelle. J’ai non seulement eu la chance et le privilège de vivre tout à fond, mais aussi de rencontrer deux femmes formidables qui vont faire partie de mes souvenirs pour toujours.
Merci à la maison des naissances de la R. pour leur accueil et merci à mon chum qui a été un partenaire formidable dans cette belle aventure.
P.S. Certains éléments sont peut-être racontés à peu près, car mes souvenirs sont un peu brouillons par moment 🙂

Un accouchement au naturel, Apprentie Maman

7 Jan

J’ai vécu un accouchement qui s’est somme toute très bien passé, mais auquel je n’étais en aucun cas préparée. Le travail a commencé mardi matin, j’ai eu des contractions fréquentes, mais irrégulières toute la journée, elles n’étaient pas douloureuses, ça se passait bien. En fin de soirée, elles commençaient à s’intensifier légèrement, mais j’ai tout de même réussi à me coucher. À minuit, je me suis levée en constatant que mes contractions étaient rendues plus douloureuses que les dernières contractions que j’avais ressenties juste avant l’épidurale lors de mon premier accouchement. Par contre, je n’étais pas régulière donc je devais les endurer à la maison. J’ai donc passé une partie de la nuit dans le bain ou bien dans le salon à tourner en rond en essayant de trouver une position optimale pour endurer les contractions. J’étais toujours irrégulière, entre 5 minutes et 9 minutes. À l’hôpital, ils ne veulent pas nous voir si ça ne fait pas une heure que nous avons des contractions à moins de 5 minutes d’intervalle, alors même si je rêvais d’une épidurale, je n’appelais pas, car ils allaient me dire de rester à la maison. À 4h30 du matin, je me couche par terre dans le salon et mes contractions s’espacent à dix minutes d’intervalle. Je conclus donc que ce n’est pas du vrai travail, mais **&#!$@#&%+!**# ça fait mal et les contractions durent plus d’une minute. Bref, la nuit est dure et longue. Au petit matin, mon homme prépare la petite pour la garderie pendant que moi je continue de souffrir le martyre. Je suis seulement aux 9 minutes, mais c’est trop dur, je décide d’appeler l’hôpital. Je leur dis que je ne suis pas aux 5 minutes, mais que je ne suis plus capable de gérer les contractions, que je veux une épidurale! J’entends un petit soupir à l’autre bout de la ligne, juste assez pour me faire sentir faible de demander l’épidurale alors que je ne suis pas aux 5 minutes encore. Je vois qu’elle ne veux pas que je me présente à l’hôpital (j’apprendrais plus tard que c’est parce qu’ils étaient déjà bien occupé, mais ça n’excuse pas), elle me demande si j’ai essayé le bain ou de me coucher sur le côté gauche. Ensuite, elle me demande si je sens bien le bébé bouger, à cette question, je réponds « plus ou moins » et alors pour cette raison uniquement, elle m’invite à venir pour faire un monitoring du bébé. Je raccroche, et à cet instant, tout déboule d’un coup.

Sans prévenir, je me mets à avoir des contractions aux 4 minutes, je pleure à chaque contraction et je tremble entre. Ça urge! Mon homme part en courant mener la petite à la garderie, à son retour, on saute dans l’auto et on part pour l’hôpital. Je suis en panique car je n’ai pas le temps de me remettre d’une contraction que j’en ai une autre, mon homme agit comme un champion. Lui qui redoutait le moment de départ pour l’hôpital et le chemin en voiture, nous avons droit à une version cinématographique. Il conduit à vive allure, il brule quelques stops et des feux rouges lorsqu’il n’y a personne, mais il garde une attention sur moi. Il m’encourage à prendre sa main et à l’écraser, à crier pour passer la douleur, il m’aide à me faire respirer plus lentement entre les contractions pour me calmer et me répète qu’on arrive bientôt et que je vais être soulagé en arrivant, que ce sont les derniers miles. Les contractions sont rapprochées, 3 minutes, 2 minutes, 4 minutes, je gémis, je crie, je pleure, j’essaie de me concentrer sur ma respiration, je ne sais plus du tout comment gérer la douleur! Lorsqu’on arrive à l’hôpital, moins d’une demi-heure plus tard, mon homme lance presque les clés à un valet et on se dirige en salle d’accouchement. Je vois les regards sur moi, clairement, j’ai l’air d’une fille en train d’accoucher, dans ma tête il y a ça « inspire… expire… inspire… expire… » J’arrive à l’unité des naissances en pleurant, je dis que je n’ai pas fait mon inscription, mais que je suis aux 3 à 4 minutes, que c’est insupportable et que je veux l’épidurale. Une infirmière vient me guider pour respirer calmement lors de la contraction suivante alors que je suis encore dans le corridor, je n’aurais pas l’occasion de la remercier, mais sa présence seulement pour une seule contraction me rassure. Elle me demande si je sens pousser dans le rectum, je dis non. Quand même, je ne peux pas être complète! On m’assigne rapidement une chambre, je demande aux infirmières si je vais pouvoir avoir l’épidurale, et elles ne sont pas encourageantes, juste à voir mon état, elles pensent qu’il est trop tard. Ma panique s’intensifie. Je me déshabille en une seconde et je me mets sur la table d’examen, tout le monde est là déjà, médecin, infirmières, même l’infirmière qui s’occupe des soins du bébé, ils n’ont même pas encore vérifié mon col! On le vérifie et c’est le choc, je suis à 9,5 centimètres, je dois accoucher sans épidurale et maintenant!

J’étais déjà en panique, mais là elle se décuple et à ça, s’ajoute la peur. Je prends la main de mon homme le regarde et lui dit « Je panique, j’ai peur ». Impuissant, je vois ses yeux rouges et les larmes sur ses joues. Une perle d’infirmière est présente à mes côtés, dans ma tête c’est la tempête tropicale et cette infirmière sera ma bouée de secours. Elle me prend la main bien fort, me regarde dans les yeux et m’explique tout. Elle m’explique que je vais être capable, qu’elle me comprend, qu’elle a vécu la même chose, qu’à la prochaine contraction ils vont percer la poche des eaux et que je vais devenir complète, qu’à la contraction suivante je vais commencer à pousser, que la peau va s’étirer et que je vais la sentir bruler comme une torche, mais c’est normal, ça ne sera pas long. On voit déjà la tête du bébé, je ne vais pas pousser plus de 10 minutes. Je la regarde dans les yeux comme s’il n’y avait rien d’autre au monde, sachant que c’est vital pour moi de me raccrocher à quelque chose, elle ne détourne pas mon regard une seule seconde. Je l’écoute me détailler la suite de mon accouchement, je répète et demande à d’autres infirmières qu’elles me jurent que ce ne sera pas plus que 10 minutes. Elles sont toutes sûres que ça va aller très vite. Je répète que je panique, je répète « je veux l’épidurale! » alors que je sais que personne ne peut rien faire, je suis désemparée, je ne sais plus comment réagir, je suis terrorisée, la suite me fait peur, alors je me raccroche à cette infirmière, je fais exactement ce qu’elle me dit, je respire selon ses instructions et pousse quand elle me dit de le faire, je lui tiens la main bien fort. Comme promis, trois contractions plus tard, soit 12 minutes de poussées, je sens un soulagement instantané, on dépose un bébé sur moi et je suis sous le choc. Mon homme est bouche bée, il ne sait pas quoi dire, il est autant sur l’adrénaline que moi. Ça ne fait que 20 minutes que je suis entrée dans cette salle et j’ai un bébé sur moi. Je ne pleure pas quand on me donne ce bébé, je ne suis pas émue, je suis encore sous le choc. Je ne me suis jamais imaginé un scénario d’accouchement sans aide médicale pour apaiser la douleur, j’ai toujours pensé que j’en serai incapable, que ce n’est pas fait pour moi, que je suis trop faible par rapport à la douleur. Alors quand le bébé est sorti et que j’ai compris que j’avais réussi, c’est de la fierté que j’ai senti poindre dans la tempête. J’ai gardé DeuxièmePrincesse sur moi en peau à peau, mais pendant ce temps, ils ont fait sortir le placenta, je saignais beaucoup alors ils massaient mon ventre, ils ont fait quelques points de suture sur une petite déchirure, je n’ai pas pu profiter de ce moment de peau à peau, j’avais juste hâte que ça finisse. Je me suis sentie mal parce que je n’avais qu’une envie : que le papa prenne le bébé, que j’aille me coucher et que j’oublie tout ça. Je me suis mise à pleurer ensuite, pas parce que j’avais un beau bébé sur moi, mais parce que j’ai accouché sans épidurale, parce que j’ai réussi, parce que je suis fière de ce que j’ai accompli, mais aussi, parce que je n’ai jamais eu aussi peur. À aucun moment je ne me suis préparée à une telle situation et je n’avais aucun outil pour gérer ça, j’étais complètement tétanisée par la peur, c’était l’inconnu, j’ai perdu pied dans l’anticipation du pire. DeuxièmePrincesse est arrivée comme une fusée dans mes bras et je n’étais pas prête à l’accueillir, mentalement. J’étais contente et soulagée qu’elle soit enfin avec nous, mais on repassera pour la bouffée d’amour, je n’avais pas la tête à ça (à ce moment-là!). Je me compte chanceuse d’avoir eu cette magnifique infirmière pour me guider dans les quelques minutes les plus épeurantes de ma vie. Vous savez quoi, c’était la même qui avait été présente pour le début de mon premier accouchement, j’avais toujours regretté de ne pas l’avoir remercié adéquatement car même à mon premier accouchement, elle avait trouvé les mots qu’il fallait. Je me souviens avoir pleuré lorsque son shift finissait! Cette fois-ci je n’y ai pas manqué, je l’ai remercié de son travail remarquable, je lui ai dit qu’elle avait définitivement trouvé sa place dans notre monde et c’était la bonne. Je sais que ces mots lui ont fait plaisir, mais j’aimerais faire plus tellement sa présence, pendant ces courts instants fut importante. Merci Nancy.

Apprentie Maman

La naissance de Yoann – Montreal

29 Sep

Il était une fois, par un beau dimanche ensoleillé, l’histoire magnifique d’une naissance. C’est le jour où tu es né, toi, mon beau Yoann. Ce jour fût magnifique pour moi, pour ton papa et ton grand frère, Xavier. J’avais soigneusement préparé ta naissance. Je voulais vivre cette 2e grossesse différemment et vivre mon accouchement le plus naturellement possible. Entre l’aquaforme, le yoga et différentes lectures, j’avais décidé de prendre une accompagnante à la naissance. Valérie, fut notre merveilleuse doula tout au long de cette aventure. Sa présence rassurait beaucoup ton papa. Ta maman était en pleine confiance avec elle de vivre un 2e accouchement de manière naturelle. Une belle complicité s’était installée entre moi et ma doula pendant que tu grandissais dans mon bedon. Comme pour ton frère, j’ai tellement aimé te porter, te sentir bouger, ce fut une merveilleuse grossesse!
Le tout débuta en pleine nuit, vers 3h du matin. J’ai senti un liquide chaud couler entre mes jambes, c’est ce qui m’a réveillée. Je me suis alors dirigée à la salle de bain. Il n’y avait pas de doute, je perdais un peu de liquide amniotique. Il s’agissait probablement d’une fissure. J’avais aussi de légères contractions aux 7-8 minutes environ, j’étais en phase de latence. Le liquide s’écoulait tranquillement. Vers 4h du matin, j’ai écris à mon accompagnante par message texte. Ensemble, nous avons convenu que je retourne me coucher afin de me reposer un peu. Vers 7h, j’ai senti une bonne quantité de liquide s’écouler de nouveau. J’ai été prendre une bonne douche, histoire de me détendre un peu. J’ai laissé tomber l’idée du bain, car à l’accouchement de ton grand frère, le bain avait beaucoup accéléré mon travail, je gardais donc cela pour l’hôpital. Après la douche, presque plus de contractions. Déçue, je téléphone à Valérie. Elle me donne alors quelques trucs pour activer un peu le travail, avant de me rendre à l’hôpital, mais comme je perds du liquide, je devrais finir par m’y rendre. Elle me suggère de téléphoner à l’unité familiale des naissances pour vérifier si je suis positive au streptocoque B. L’infirmière me confirme que je suis négative (youpi, pas de soluté, je serai plus libre de mes mouvements). L’infirmière me conseille toutefois de me rendre immédiatement à l’hôpital. Comme la tête du bébé est bien fixée (donc pas de danger de tour de cordon), que je perds peu de liquide et que je suis négative au STREP B, je peux prendre un peu de temps avant de partir. Je rappelle donc ma doula. Il est 8h30. Je lui annonce la bonne nouvelle et je lui dis que je vais bien déjeuner, tout préparer et essayer d’activer un peu le travail avant le départ. Je prends donc un bon petit déjeuner (il me faut des forces pour les prochaines heures), je mets la valise et les sacs dans l’entrée et je marche, je m’accroupis et je fais un peu d’exercice sur le ballon. Christophe regarde le grand prix de F1. Nous décidons de partir vers 10h, il sera environ 11h à notre arrivée. J’avise ma mère qu’elle nous rejoigne à l’hôpital, car Xavier ira s’amuser chez sa mamie et aussi mon accompagnante à la naissance. Christophe charge la voiture et nous partons vers le lieu de ta naissance. Il y a 45 minutes de route pour se rendre à l’hôpital où tu naîtras.
Pendant le trajet, je ne sens pas beaucoup de contractions. Je me concentre, je veux dilater et t’ouvrir le chemin vers la vie. Valérie m’envoie des messages positifs. Ça m’encourage! Le soleil me donne des forces. Arrivée sur place, ma mère est déjà là. Elle prend le sac de Xavier et je réalise soudain que c’est la dernière fois qu’il est le seul bébé. Il sera maintenant un grand frère. Je le serre très fort et je lui dis que je l’aime. Je ne veux pas qu’il me voit pleurer, il est déjà si émotif, il ne veut pas nous quitter. Je sens les larmes me monter aux yeux, puis je lui souris, telle seule une mère peut le faire pour réconforter son petit garçon…
Arrivée à la maternité, on m’installe au triage et on me fait un test pour savoir si je perds réellement du liquide amniotique. Ce n’est pas agréable du tout et le test ne révèle rien. On me met donc sur le monitoring. Valérie arrive. Quel bonheur de la voir avec son beau sourire, c’est très réconfortant. Tout de suite, Christophe et moi sommes à l’aise et en confiance de l’avoir à nos côtés. On rit et on placote en mangeant, c’est l’heure du dîner. Enfin, on me fait un premier examen. Je suis dilaté à 3cm. L’infirmière me propose d’aller marcher. Youppi! Je vais pourvoir bouger. Valérie propose d’aller dehors par ce beau soleil. Quelle merveilleuse idée pour aller se ré-énergisé. On marche à trois et on discute toujours. Je sens mes contractions, mais elles ne me font pas vraiment mal. Nous continuons la marche à l’intérieur et nous revenons au triage. Retour sur le moniteur et examen. Je suis à 4cm. Yeah! Si je peux continuer à marcher, ça va m’aider et me faire passer en phase active.
Là, les contractions commencent à être inconfortables, mais pas douloureuse. Elles sont environ aux 7-8 minutes. Ton papa les calcule sur son téléphone. Je voudrais être dans une autre position que couchée. On me propose alors d’aller prendre un bain. J’accepte tout de suite, ça ne peut pas faire de tort. Je me dirige donc au bain à remous de la salle de triage. Quel soulagement. Je suis si à l’aise dans l’eau. Ça me détend et je suis accompagné de mon amour et de ma doula. L’ambiance est calme. Rapidement mes contractions passes aux 5 minutes et deviennent un peu plus intenses, puis aux 2-3 minutes et encore plus intenses. Elles sont très inconfortables, voire un peu douloureuses. Elles durent environ 45 secondes. Je passe près de 1 heure dans le bain. Une infirmière vient alors me chercher pour une autre séance de monitoring. J’avise l’infirmière que je suis aux 2-3 minutes et mon examen révèle un 6cm+. WOW! Et aussi un bébé très bas, elle me dit: «  Madame, votre petit bébé devrait naître d’ici une heure! ». Une vague d’émotions traverse mon corps tout entier. Bientôt, tu seras parmi nous, dans ce monde mon beau Yoann d’amour! Je suis tellement excitée!
Comme le travail est commencé et que la naissance est imminente, on me donne une chambre en priorité. C’est là que l’infirmière me demande si je souhaite recevoir une péridurale, car après il sera trop tard. Je lui réponds gentiment : « Non merci, je souhaite accoucher naturellement ». Ça y est, je me lance. Je vivrai un accouchement naturel. Quand j’entre dans la chambre #113, il règne une ambiance calme et paisible. Le soleil brille et réchauffe la pièce. J’y installe mes photos et ma musique de yoga. Tout est calme et zen, comme je le voulais. Malgré la douleur des contractions, je souris. Je m’apprête à te donner naissance dans la douceur et la joie avec ma doula et ton papa à mes côtés.
Une fois installée, je vais me changer. Je troque la jaquette d’hôpital bleue pour ma jolie robe noire spécialement acheté pour l’occasion. J’attache mes cheveux et me mets du baume à lèvre. En sortant Valérie me dit : « Comme tu es belle »! Que c’est gentil. Je me sens belle aussi et en pleine possession de mes moyens (pour le moment). Christophe me fait couler un bain, je veux y retourner, ça me détend. Je fais la rencontre de Sophie, la photographe qui prendra quelques clichés de ta naissance. Je prends chaque contraction appuyé vers l’avant. Valérie me fait quelques points de pression pour m’aider à passer chacune des contractions. Elles arrivent et repartent comme une vague. Une à la fois, je sens que tu fais ton chemin. Je reste concentré et je respire lentement. Une fois le bain chaud coulé, j’y retourne avec bonheur. À chacun leur tour, Christophe et Valérie me massent les épaules. Je pratique les respirations alternées apprises au yoga pour me détendre. J’arrive encore à parler entre les contractions et même lancer quelques blagues… Je suis bien dans l’eau, les contractions sont moins douloureuses. Je voudrais tant accoucher dans l’eau…
Je ressens alors des pressions dans le bas du corps. Je décide de sortir de l’eau pour aller prendre quelques contractions debout près du lit et à 4 pattes appuyé sur le ballon. Je suis bombardée de contractions et elles sont rendues très douloureuses. Je tiens les mains de mon mari qui me soutien avec tant d’amour, ma doula me masse. Nous formons une si belle équipe!
Un nouvel examen de mon col révèle alors que je suis dilatée à 8 cm+. Je m’écries alors : « Seulement ? ». Car je sais que la phase de transition commence à peine et le pire est à venir. Aïe aïe aïe! Petite séance de monitoring pour écouter les battements de ton petit cœur. 12 minutes plus tard, je suis à 9 cm. C’est alors que je m’écrie : « Je retourne dans l’eau ». Je dois bouger, changer de position, faire quelque chose pour faire passer la douleur. Je m’installe à 4 pattes dans l’eau, mais rien n’y fait. Les quelques contractions que je prends font terriblement mal. Je bouge, respire fort, émet quelques sons… Je me laisse aller dans toute l’intensité de ta venue au monde.
Je dois bouger, alors je me relève environ 10 minutes plus tard. Je bouge dans les tous les sens tellement la douleur est vive, mais rien n’est confortable. Valérie m’encourage et me propose de respirer doucement. Au même moment, le médecin, au visage souriant, entre dans la pièce pour un examen. Je suis à 9cm+. Le médecin me propose de crever le 2e feuillet des eaux qui est toujours intacte afin de compléter la dilatation de mon col. J’accepte sans hésitation, car je veux que ça se termine, tellement je souffre et je veux t’avoir dans mes bras au plus vite. Tout de suite après, il soupçonne un bébé postérieur et me propose de me mettre à 4 pattes, ce que je fais. Je vis un moment très intense. Je n’ai pas de pause entre les contractions, j’ai du mal à respirer. Je me sens dépassée par les événements tellement la douleur est vive. Ton papa me tiens la main et moi je me sens dans un vent de folie tellement la douleur est intense. Puis, je commence à ressentir les fameuses poussées physiologiques. Tu seras bientôt là, je le sens. Je te sens pousser vers la vie. Et c’est normal, je suis alors à dilatation complète.
Vers 17h55, je commence alors ma poussée. Ça fait terriblement mal. En plus des violentes contractions, j’ai mal aux reins et au coccyx. Je suis épuisée, mais je suis encouragée par ton papa. Il est beau à voir, tellement impliqué. Les contractions arrivent une après l’autre, je n’ai aucun répit. À cet instant, je me demande pourquoi j’ai choisi d’accoucher sans péridurale, mais ça dure un court instant et les encouragements de tout le monde m’aident à me concentrer sur les poussées. Je pousse de manière spontanée, mais aussi dirigé. Je m’épuise à faire cela. Ma doula s’approche tout doucement et me dit : « Pousse sur ta douleur, vas-y à ton rythme ». Ce que j’essaie de faire, mais n’étant plus confortable, je me place sur le côté dans le lit. L’infirmière me dit « comment pousser », mais encouragée par Valérie, je préfère laisser aller mon instinct pour te mettre au monde. J’accouche et je ne me fais pas accoucher. Vers 18h28, le médecin cherche à comprendre pourquoi la poussée évolue si lentement, (un 2e bébé et sans péridurale, ça aurait du aller plus vite). Tu es encore placé en postérieur mon coco, ton visage ne regarde pas du bon côté de mon bassin. Le médecin exécute alors une manœuvre avec ses mains pour retourner ta tête tout doucement. Mission réussie! Le médecin m’annonce qu’en une ou deux poussées tu seras parmi nous. Je suis alors survoltée, remplie d’énergie. Puis en une bonne poussée, tu te mets à descendre rapidement. Je ressens alors le fameux « cercle de feu », c’est le grand couronnement, ta tête sort, je le sais.
C’est donc à 18h32, le 21 avril 2013, après un peu plus d’une demi-heure de poussées, que tu as pris ton premier souffle cher Yoann. Valérie me rappelle alors d’aller te chercher. Après toute cette douleur et cette euphorie, j’avais oublié. Je m’étire donc et je vais te chercher avec mes mains, le cordon nous unissant encore… Ton papa est ému et je pousse un soupir de délivrance lorsque je te pose sur moi. Tout est calme et papa coupe le cordon seulement lorsqu’il a cessé de battre. C’est magique!
Tu es sur moi, mon petit cœur, en peau-à-peau. Ton papa me tient la main et me regarde avec plein d’amour et Valérie, ma doula est là. J’ai une pensée pour ton grand frère qui a si hâte de te rencontrer. Nous sommes maintenant une belle famille de 4. Je suis une femme heureuse et comblée. Et je suis si fière, d’avoir accouché dans la douceur, tout naturellement!
Merci mon cher mari, mon amour pour ta présence et ton soutien inestimable. Merci également à ma doula, Valérie, sans qui je n’aurais pas pu traverser seule cette île.Chaque femme a la puissance de mettre au monde son enfant, chaque femme a son volcan en elle et je l’ai trouvé. Cher Yoann, bienvenue parmi nous, dans la grande aventure de la vie!
Je t’aime!
Ta maman xxx
France
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Janie, la naissance de Callum

15 Mar
Naissance De Callum.
Dans la nuit du 2 au 3 mars 2013. Matane, Québec, Canada.
(Je précise qu’il n’y a ni maternité, ni maison de naissance dans ma petite ville.)
Nous sommes le 2 mars, je me réveille. J’ai des contractions, faibles, mais déjà plus fortes que toutes celles que j’ai ressenti jusqu’à maintenant. Je sens que c’est aujourd’hui. J’ai hâte de te rencontrer. Il y a deux jours, durant mon rendez-vous a la clinique, M-E m’a fait un décollement des membranes. Elle a dit que ça pouvait provoquer le travail, ou non. La DPA est proche alors je lui ai dis que c’était correct, que ça ne me dérangeait pas. Je fais confiance a mon médecin. Elle m’a dit qu’elle propose cette pratique a toutes les femmes qui passent le 38SA.
Vers l’heure du dîner  je commence a calculer la durée de mes contractions, et le temps entre chacune. Ce n’est pas assez régulier. Toutes les 10 minutes, et elles durent environ 30-40 secondes. Je décide de prendre un bain pour soit atténuer/augmenter la douleur.
Je me fais un thé vert, je prends un bon livre, et j’entre dans l’eau. J’y reste environ une heure, peut-être un peu moins. En sortant, tout reste pareil. Ça ne fait ni plus, ni moins mal. Papa et moi on se fait a manger et je vais me coucher un peu.
Je me réveille moins d’une heure plus tard, la douleur s’est accentuée. Je retourne dans le bain mais je n’y reste pas longtemps, ça ne me soulage plus. Je retourne m’allonger, j’y resterai tout l’après-midi. Vers 14h30 j’appelle l’infirmière de garde, a l’hôpital  Elle me dit que mes contractions ne sont pas assez régulières, de retourner prendre un bain et de me coucher du coté gauche. J’entre donc dans le bain pour une troisième fois.
En sortant, j’ai mal. Mes contractions durent 45 secondes et s’espacent de 4 a 6 minutes. On met la valise dans la voiture, et on part pour l’hôpital. Il est 16h30. Je monte au cinquième étage. Une infirmière me met sous monitoring. Papa et moi on attend…
Je suis dilatée a 3 cm. Selon l’infirmière, je suis en travail mais puisque j’habite a 5 minutes de l’hôpital  elle préfère me renvoyer chez moi pour que je sois plus confortable. Elle me fait un TV et ça saigne. Elle me dit que le col travaille, que c’est pour bientôt. Je suis impatiente.
On retourne a la maison, un peu déçus…
J’ai de plus en plus mal. Je retourne encore dans le bain. Ça va coûter cher d’eau chaude ce mois-ci. Pendant ce temps, Papa me prépare a souper. Je m’aperçois que je ne suis pas capable de manger parce que mes contractions sont trop douloureuses et rapprochées. Je pleure, j’ai mal. Papa appelle sa mère et lui dit de venir nous rejoindre, que le grand moment approche. Je me couche, on l’attend. J’ai mal comme je n’ai jamais eu mal. Je gémis, je me plains. Papa se sent impuissant, il trouve que je fais pitié.
Sa mère arrive. Je décide de faire du ballon puisque ça accélère le travail. Je n’en fait pas longtemps, je souffre trop. Je sens que ça pousse. On attend jusqu’à 21h30, ensuite on retourne a l’hôpital. Je n’en peut plus, je m’épuise. Je somnole entre les contractions. Le trajet de voiture me parait tellement long! Pourtant il ne dure que 4 ou 5 minutes.
On arrive et je me précipite vers l’ascenseur. Je n’ai qu’une idée en tête:  avoir une péridurale, et vite. Je me rends péniblement et on monte au cinquième  C’est J l’infirmière de soir. Elle me met sous monitoring et je lui demande quand est-ce qu’ils me piquent. On en rira bien par la suite puisque ce sont les premiers mots qui sont sortis de ma bouche. Elle me fait un TV et me dit que je suis a 5, que le travail avance bien et qu’on s’en va en salle d’accouchement. Elle me dit que la poche des eaux est très basse et qu’elle va bientôt crever. On arrive dans la salle, je me couche, je pleure, je crie, j’ai mal. Elle appelle M-E, mon médecin, qui arrive quelques minutes plus tard. Elle me fait un TV elle aussi: Je suis rendue a 7! Elle appelle l’anesthésiste. Il arrive environ 15 minutes plus tard. Tout le monde est gentil, de bonne humeur. Il m’installe la péridurale  Je ne sens rien, les contractions font trop mal. Les minutes passent, j’ai moins mal. Je sens les contractions mais c’est une blague comparativement a la douleur ressentie plus tôt. Le temps passe, j’en ai perdu le fil. On rigole avec J et M-E. Papa fait bien ça  il est calme et paisible. Nouveau TV, je suis a 8 et demi environ. La péridurale a retardé le travail. Minuit approche, J finira bientôt son quart de travail. Je veux qu’elle te rencontre, elle aussi. M-E perce la poche des eaux. Ça coule comme un robinet ouvert. Minuit passe et J reste quand même. Elle veut te voir. Le 10 cm arrive enfin. M-E me dit que je peux pousser toute suite ou attendre que tu descendes de toi-même. Je décide d’attendre un peu, histoire de pousser moins longtemps et d’attendre l’arrivée de mes parents qui ont 3 heures de route a faire pour nous rejoindre. Je ne sais plus quelle heure il est. J’ai sommeil. Ma famille arrive, ils viennent me voir. Mon papa me dit qu’il va attendre dans ma chambre avec mes frères et soeurs. Je ne veux pas qu’ils restent puisque le plus vieux n’a que 16 ans. Malheureusement, pendant ce temps, J a du partir. Elle reviendra demain. Elle est restée jusqu’à 1h15.
Je suis fatiguée, je veux pousser. Je ne sais pas quelle heure il est, j’ai perdu la notion du temps. Je commence a pousser et étonnement, ça soulage plus que ça fait mal. Il ne faut pas oublier que je suis gelée aussi… C’est peut être pour cela que je ne souffre pas. Je pousse, je pousse. M-E dit que ton pouls descend, que si tu ne sors pas, il va falloir prendre la ventouse. Elle me dit de me fâcher  de pousser le plus possible. Je pousse de toutes mes forces, j’ai peur pour toi. M-E dit qu’on a pas le choix, que tu dois sortir et vite. Elle prend la ventouse. Elle me dit que maintenant, on travaille en équipe  Je pousse, elle tire. On me dit que je suis bonne, que je suis forte, que je fais bien ça  Tout le monde m’encourage. Je regarde le moniteur, je vois ton pouls qui descends et qui remonte. Tu joues au yo-yo dans mon ventre. Je m’inquiète. Je vois que M-E et les infirmières s’inquiètent aussi et je n’aime pas ça  Je pousse le plus fort possible, tu ne veux pas sortir! Tu es coincé, je vais déchirer  M-E dit qu’elle doit couper, pour mieux recoudre par la suite, pour ne pas que ce soit croche. Je vois papa qui s’assied, il a tout regardé et je pense qu’il n’a pas trop aimé de voir l’épistomie… Je pousse encore une fois, deux fois, trois fois. Je te sens passer. Ta tête, tes épaules  Et la, je t’entends… M-E te dépose sur moi, tu est tout chaud, tout gommant. A partir de la plus rien n’existe, plus rien n’a d’importance, tu es là et tu vas bien. Tu pleures, tu cries. Je t’aime déjà. Il est 2h46. Je te regarde pendant que M-E me répare. Je te trouve beau, je te parle. C’est le début d’une belle aventure.
Voila 5 jours que tu es né. Je me rappelle comment c’était magique et j’ai les larmes aux yeux. Tu es le plus beau cadeau que la vie m’ai jamais fait. Je t’aime mon poupou, je t’aime plus que tout.
Callum
J’ai accouché en milieu hospitalier, avec anesthésie.  Personne ne m’a traitée comme un numéro et on m’a toujours demandée mon avis avant de faire quelque chose. Les infirmières ont pris soin de moi dans les jours suivants. Elles s’assuraient que je te nourrissait bien, qu’on se remettait sur pied.
Pour un premier accouchement, j’ai trouvée ça extraordinaire, malgré la ventouse.
Je recommencerais demain, après-demain, la semaine prochaine, n’importe quand.
Tu en valais largement la peine. Maman t’aime et t’aimera toujours.
Janie, 19ans, Québec, Canada.

Naissance de Damien, Québec – 2011

28 Fév

Naissance de Damien, Québec, Canada
Le lundi le 24 octobre 2011, à 5h52, est né notre fils.
Bébé pesait 7 livres 4 onces pour 20,5 pouces.
Le travail a duré environ 8 heures dont 2 heures de poussées.

L’accouchement comme tel fut respecté et très beau. Suite au transfert à l’hôpital, les choses se sont corsées toutefois.

*     *     *
Le lendemain de la fête de ton papa, je faisais pipi sur un petit bout de plastique qui allait m’annoncer le plus grand changement de toute ma vie… j’allais devenir maman! À partir de ce moment, j’ai su que les jours et les nuits ne seraient plus jamais les mêmes, ma tête et mon cœur allaient d’instinct vers toi, je voulais – et je veux toujours – ce qu’il y a de mieux pour toi! Les semaines ont passées, mon ventre gonflait et je te sentais de plus en plus présent. À vrai dire, tu étais dans mon ventre un petit bébé très vigoureux! Tu adorais communiquer avec nous et faire sentir ta présence. Quels beaux moments nous avons passé ensemble quand tu n’étais encore qu’un fœtus dans mon bedon! Nous avions nos façons de communiquer, nos petits moments privilégiés. Et toi, tu te faisais remarquer, en général en me donnant des coups de pieds dans le côté droit, juste sous les côtes ou en faisant ce que j’appelais « la baleine »…des belles grosses vagues de bedaine! Et plus le temps passait, plus nous étions prêts à t’accueillir. Ta chambre, tes vêtements, ton prénom…tout cela était planifié avec amour. Même avec toute notre bonne volonté et les livres lus, jamais nous n’aurions pu imaginer le raz-de-marée que tu allais causer petit bébé!
Dès les premières semaines de grossesse, je me doutais bien que j’attendais un petit garçon et je me doutais aussi que tu allais être un petit pressé… Et bien oui, après la moitié de la grossesse avec de fausses contractions, le travail préparatoire s’était fait petit à petit et c’est le jour des 37 semaines – le moment où tu étais considéré « à terme » dans le jargon, que le vrai travail a débuté. Ma nuit du samedi au dimanche avait été la plus belle depuis des lunes. Un sommeil profond et réparateur m’a fait filer jusqu’à tard dans l’avant-midi. Puis, nous sommes partis, ton papa et moi, déjeuner avec la famille. Aux dires de tous, ma bedaine était bien basse. Et moi, j’avais disons un peu trop d’énergie pour une fille aussi ronde! Ton papa se doutait bien de quelque chose… je vivais le fameux phénomène de la couvade! Je voulais que tout soit parfait pour ton arrivée… Rien de trop beau pour mon bébé! Alors donc, nous avons marché longtemps, une heure, tous les restos étaient pleins. J’étais fatiguée, mais je me disais que c’était bien normal, je n’avais pas mangé! Après le repas, tour aux toilettes et encore une fois, je perdais un peu de sang. Depuis jeudi, le moment où j’avais perdu les premiers petits bouts de bouchon muqueux, je saignotais un peu. Ça commençait à m’inquiéter. Et si tu n’allais pas bien?
En revenant à la maison après notre petit déjeuner familial, vers 15 heures, les contractions habituelles se faisaient plus insistantes, mais rien de dramatique. Rien pour nous empêcher, ton papa et moi, d’écouter quelques épisodes collés sur le divan! Mais après le souper, elles devenaient plus inconfortables, assez pour aller m’installer sur le gros ballon et penser à bien respirer. Un peu avant 21h, je me suis dirigée vers la douche pour tenter de me relaxer un peu avant d’aller me coucher. Alors que les saignements du col m’inquiétaient malgré les dires rassurants de notre stagiaire sage-femme, l’instant où j’ai perdu mes eaux m’a semblé tout à fait normal. J’ai entendu et senti un gros CRAC dans le bas de mon ventre et, dans la douche, un torrent d’eau chaude s’est mis à couler le long de mes jambes. Tu t’es mis à bouger, j’ai l’impression que ça t’a surpris mon amour! Je sentais encore mieux tes coups de pieds et tes mouvements, mais j’ai tranquillement terminé ma douche. J’allais être belle pour le grand jour de ta naissance! Après m’être essuyée tranquillement en sortant de la douche, j’ai dit à ton papa par la porte de la salle de bain ce qui venait d’arriver et lui a fait signe à notre sage-femme par téléphone que le moment était venu. Et oui, déjà! À 37 semaines tout juste… Les choses se sont mises à débouler très vite. Les contractions se sont intensifiées beaucoup après avoir parlé à une autre sage-femme. Elle ne croyait pas ton papa que mes contractions duraient 1 minute et qu’elles se succédaient aux minutes. C’était très intense! J’étais dans ma bulle, couchée sur le côté gauche, dans mon grand lit. Je pensais à toi.
Ton papa a alors pris les choses en main. Il a récupéré les choses qui manquaient dans nos bagages qui n’étaient pas complètement terminés (je croyais avoir encore du temps dans les semaines à venir). Nous avions un tas de choses inutiles! Il a téléphoné un taxi qui est arrivé rapido presto et dans lequel je suis embarquée un peu à contre cœur, je m’y sentais coincée… Je n’avais aucune envie de sentir les nids de poule des routes de Québec à ce moment si crucial pour nous!
Alors nous voilà, filant à travers la ville endormie pour nous rendre vers la maison de naissance. On nous accueille et m’invite à prendre l’ascenseur pendant que ton papa et le chauffeur de taxi déchargent nos milles et une choses. Notre première sage-femme et sa stagiaire que nous aimons beaucoup sont là, mais pour le moment, elles sont occupées, une autre naissance est en cours. En fait, nous sommes quatre femmes en travail dans la nuit du 23 au 24 octobre. Ça bouge, ça crie, mais l’atmosphère demeure paisible sur l’étage. On nous conduit à notre chambre. Elle est petite, mais je m’en fiche, je m’y sens bien. Il fait chaud, les lumières sont tamisées et déjà, je rêve du bain tiède qu’on propose rapidement de me faire couler. On dirait que les déplacements ont accentué mes contractions. Je m’appuie sur le bord du lit, je me laisse aller dans la douleur. Décidément, le quatre-pattes sera ma position fétiche lors de ta naissance. Je dois donc être examinée, mais c’est plus difficile que prévu. Mon col est dur à atteindre, mais on m’apprend éventuellement que je suis environ à 5 cm de dilatation, si mon souvenir est bon. Les sages-femmes écoutent ton petit cœur régulièrement. Il bat bien. Bravo mon champion!
Les minutes filent, je suis dans le bain chaud, ton papa est près de moi. Mais ces contractions sont si vives et si rapprochées! Ouf…on me propose de l’homéopathie pour aider à les espacer et me permettre d’atteindre la béatitude des endorphines. Ça marche! Je plane littéralement entre chaque contraction. C’est formidable!  Assise en indien dans le bain, les yeux fermés, je me balance. Et hop, dès qu’une contraction arrive, à genou sur le bord du bain! Je dois me rappeler de bien respirer et de chanter mes contractions le moins aiguës possible, car comme dit ma sage-femme, Bébé ne sortira pas par la bouche!
Au fil des heures, j’essaie de sortir du bain à quelques reprises, mais c’est un échec, je me sens mieux dans l’eau, j’ai moins froid. Je vois ton papa qui commence à être fatigué de toutes ces émotions, mais qui demeure près de moi, toujours présent. Et les sages-femmes rôdent autour, mais toujours de façon subtile et dans le respect du moment que nous sommes en train de vivre. Quelle intensité, quelle beauté que de mettre un enfant – son enfant – au monde! J’ai de la difficulté à placer les évènements dans le temps. Je sais simplement que j’ai soudainement eu envie de pousser, mais on m’apprend qu’il est beaucoup trop tôt. J’en suis à 7 cm. La route est longue encore à parcourir. Je dois donc faire des sons graves pour t’aider à frayer ton chemin et moi je ne dois pas tenter de te pousser à l’extérieur trop tôt, car mon col pourrait enfler et te barrer la route. Quel calvaire que d’essayer de retenir cette envie impérieuse. Mon corps veut trop! On se rend donc compte que tu t’es tourné petit tannant. En postérieur. C’est cela qui me donne envie de pousser, nous sommes dos à dos! On me propose donc différentes positions pour t’aider à mieux te placer. Ouf… Et voilà, on me propose une manœuvre avec ta tête pour te donner un coup de pouce dans ta rotation. Et c’est un succès! Notre sage-femme est surprise de constater que je suis soudainement complète et que je peux commencer à pousser. Des émotions, il y en a dans l’air pendant ta naissance!
Alors voilà, nous sommes 5-6 personnes dans le grand lit et je dois tenter d’apprivoiser l’idée de la poussée. C’est étrange, libérateur en même temps, mais étrange. Et je travaille fort! J’ai besoin de soutien. De la main de ton papa et de celle de toutes les femmes présentes autour de moi. J’ai si mal que j’en vomis. On doit m’installer un soluté pour m’aider à garder mon énergie, car la route est longue. Deux heures de poussée pour arriver à te faire sortir mon amour! Et toi, tu devais travailler bien fort aussi, mais de l’intérieur…quel courage mon bébé! Ton papa m’a épongé le front avec amour, il m’a donné des gorgées d’eau, il m’a réconfortée. Et il m’a encouragée! On voyait ta petite tête avancer, tes petits cheveux. Et je t’ai touché. Tu étais encore dans mon ventre à ce moment. Puis, les choses ont déboulé. Dans ma tête, c’était un point de non-retour. Je voulais tellement te voir! Alors, j’ai poussé. Fort. Et ça brûlait horriblement, mais je voulais te tenir dans mes bras… Ta tête est sortie. Puis j’ai senti tes petites épaules se glisser et enfin tout ton corps, comme un petit poisson. Tu étais là mon amour! Je t’ai pris sur mon ventre, Tu étais tout chaud, tu sentais bon. Ta tête était sur mon cœur et je te trouvais magnifique! Te voilà enfin mon amour! Et ton papa m’apprend que tu es un petit garçon. Mon Damien d’amour!Naissance Damien 008
Ton papa a dû couper rapidement ton cordon, car les choses se sont mises à aller très vite. Tu n’avais pas l’air de bien aller. Ta respiration était difficile et tu ne prenais pas assez de couleur. Et moi j’avais peur, je voulais te tenir sur mon sein, mais tu as du aller sur la table de réanimation. Tu étais minuscule, loin de moi. Mais les sages-femmes ont fait tout ce qu’il fallait. Elles ont été formidables. Elles étaient comme des abeilles autour de toi, mon tout-petit. De mon côté, j’espérais que ce n’était qu’un mauvais moment à passer et que tu serais sur moi dans peu de temps. Mais les minutes passaient. Ton placenta est sorti. La délivrance qui a mis un peu de baume sur mes brûlures. Mais toi, tu as du partir en ambulance. Mon bébé. Et ton papa t’a suivi. Je pleurais, je voulais vous avoir près de moi. Mais je savais que ta vie était en jeu. Notre sage-femme nous a permis quelques instants ensemble avant ton départ. J’ai pu te serrer contre mon cœur, te sentir, te dire que je t’aime. Puis tu es allé dans la grande civière… À plus tard mon amour! Maman va rester forte et je viendrai te voir dès que possible…
C’est ma maman à moi qui est venue me rejoindre pour me réconforter pendant les suites de ta naissance. Trois heures après ta grande sortie qui avait eu lieu à 5h52 – tu es né avec le levé du jour mon amour – j’étais sur mes jamNaissance Damien 002bes et je partais te rejoindre. C’était un peu irréel tout ça. Ton papa était si fatigué, mais il avait veillé au grain pendant mon absence pour ne pas qu’on te donne un de ces milles biberons de PCN (préparation commerciale pour nourrissons) proposés et s’assurer que les infirmières soient douces avec toi. Je demeurais confiante, même si je te voyais dans ce grand incubateur, relié à tant de fils à-côté de tous ces minuscules bébés malades du service de néonatalogie. Ma première nuit sans ma belle bedaine et bien je la passais loin de toi, mais malgré l’inquiétude quant à tes petits poumons, je savais que les choses allaient s’arranger. À toutes les trois heures, j’ai tiré à la main mon colostrum, c’était ma façon de te dire que j’étais avec toi malgré la distance qui nous séparait.
Et la vie nous a souri mon amour…
Le jeudi 27 octobre, je t’habillais dans ton petit habit d’hiver, je t’installais dans ton siège d’auto… Et nous sommes partis de l’hôpital, où tu avais été transféré le mardiNaissance Damien 012 précédent, pour nous rendre à la maison après un arrêt à la maison de naissance pour s’assurer que ton siège d’auto te protégeait bien.
En route vers la maison, j’ai eu l’impression que l’ordre des choses se replaçait après ces dures journées à l’hôpital, à recevoir milles conseils contradictoires sur la façon de te nourrir et de prendre soin de toi. Après ces nuits sans ton papa qui n’avait pas le droit de rester avec nous, ces nuits où tu devais rester à la pouponnière, loin de moi… Nous allions enfin être réunis. Nous avons fait confiance à notre instinct de parents. Nous nous sommes battus pour que tu n’aies que le bon lait de maman et qu’on diminue progressivement le soluté qu’on te donnait. Nous avons fait tout en notre pouvoir pour que tu prennes du mieux et que tu sois respecté dans ton unicité, mais ces quelques jours à l’hôpital resteront gravés dans nos cœurs et nos corps pour toujours. Trop de larmes et d’aiguilles, pas assez d’écoute et d’empathie. Une chance que nos sages-femmes restaient présentes et pleines de compassion au bout du fil pour nous soutenir. Une chance que nous étions informés. Une chance que nous avons eu le cran de nous battre pour nos convictions et nos droits de parents.
Quel bonheur que de t’avoir près de mon cœur… Mon fiston sans fils ni soluté. Que de la belle petite peau rose, une petite bouche en cœur et des yeux plein de magie! Bienvenue Damien…
Ta maman, Anne-Marie

Marine – Un accouchement à l’hôpital…magique! Montréal, Québec

24 Fév
Je prends l’initiative d’écrire pour rappeler que l’essentiel n’est pas la lutte contre les médecins et le monde hospitalier, trop souvent diabolisés à mon sens, mais bien la lutte pour être davantage écoutée, guidée, et pour améliorer la communication avec ces professionnels de santé…Car n’oublions pas que cette fameuse médicalisation sauve des vies. C’est son but premier, même si je suis d’accord que d’autres options sont possibles et doivent être promues pour que chaque femme vive ce moment magique comme elle le souhaite.
Pour ma part, j’ai accouché en août dernier dans un gros hôpital universitaire de Montréal, et j’y ai trouvé une équipe géniale, très à l’écoute, douce (et pourtant j’ai vu plusieurs « shifts »!!!). Je suis arrivée à 6h du matin après avoir perdu les eaux. Les contractions étaient fortes mais gérables, j’ai appliqué la méthode Bonapace, le ballon, les massages, j’ai pris deux bains chauds qui m’ont soulagée… Mais au bout de 10h, la douleur devenait insoutenable, ces jolies techniques n’étaient plus d’aucun recours, j’avais l’impression de mourir à chaque contraction, je ne pouvais plus bouger, j’étais tétanisée. A ma demande, on m’a posé la péridurale. Heureusement, car je n’étais toujours dilatée qu’à 2, et j’avais encore une douzaine d’heures à tenir!
J’ai été soulagée instantanément, et j’ai pu me reposer, me décontracter, attendre sereinement l’arrivée du bébé. Bref, la chambre était confortable, la lumière douce, le personnel adorable. Quand est venu le moment de pousser, il n’y a qu’une seule infirmière qui m’a « coachée », en me faisant pousser sur le côté, en alternant toutes les 2 poussées. Nous n’étions que 3 avec mon conjoint, et j’ai un souvenir magnifique de ce moment très intime. Je sentais très bien tout ce qui se passait, mais sans douleur atroce, sans surmédicalisation. Ce fut somme toute très « naturel ».
Ce n’est que lorsque la tête est sortie que les médecins sont venus, quelques minutes pour recoudre rapidement et s’assurer que tout allait bien, et nous sommes restés tous les 2 avec notre fils, pendant presqu’une heure sans que personne ne nous dérange. Bref, j’ai adoré mon accouchement pourtant médicalisé, mais cela m’a permis de vivre pleinement et sans stress ces 22 heures! Autre point à souligner, et qui mérite que l’on s’y attache: au Québec, le père reste à la maternité, dort avec sa femme et son enfant, et ne les quitte à aucun moment (s’il le souhaite bien sûr). Quand j’entends mes amies françaises qui me racontent qu’à 19h, le père rentre dormir à la maison, et les laisse seule avec un bébé, des tonnes d’émotions et beaucoup de fatigue, je trouve franchement ça très très rétrograde! Le fait que mon conjoint ait été là tout le temps a été plus que plaisant, c’était juste indispensable!!

L’accouchement respecté à l’hôpital de Marion, Canada

24 Fév

Mon accouchement de rêve !

Tout le long de ma grossesse, je me suis préparée à un accouchement naturel. J’étais déterminée. Je devais accoucher à la maison! Tout le monde était contre, et pour ne pas leur laisser me dire après « j’avais raison », je leur disais que je ne savais pas encore où j’allais accoucher. J’ai essayé de faire beaucoup de visualisation de mon accouchement. Je me suis préparée au maximum. J’ai fait des cours de Bonapace, je suis allée voir une ostéopathe pour être sûr que mon bassin était correct et j’ai préparé la maison au complet.

Mais j’avais quand même peur. Je me connaissais bien. Je savais que j’étais très douillette. Quand j’étais petite, ma mère me coiffait les cheveux chaque matin, et c’était la torture pour moi. J’ai même toujours eu peur de la douleur physique car je la ressens bien quand elle arrive. Alors je savais que si je n’accouchais pas chez moi, je ne pourrais pas resister à l’épidurale. J’ai même refusé de faire mon sac d’hôpital à la maison pour être sûre que je resterai et endurerait chez moi.

Je pense que je me suis mis trop de pression. Durant mes cours d’accompagnante, un message subtile circulait : « on est pas une femme accomplie tant qu’on n’a pas vécu un accouchement naturel ». Ce n’était pas qu’un message subtile, ma prof l’a répété plusieurs fois, et les femmes qui racontaient leur expérience en parlaient aussi. J’avais donc ce sentiment que si je ne réussissais pas, je ne serais jamais accomplie. Aujourd’hui, je crois même que je me disais qu’accoucher naturellement règlerait tous mes problèmes : je serais enfin sûre de moi, je ne douterais plus de mes capacités, je saurais que je suis forte, j’aurai un lien extraordinaire avec mon bébé, etc. Je me demande vraiment aujourd’hui si ça aurait changé quoique ce soit que je réussisse. Je pense à une amie qui a réussi son accouchement naturel et je repense aux paroles qu’elle a prononcé après : « j’ai trop souffert, ce n’était pas ce que je voulais, ce n’était pas comme dans mes rêves ».

Le dernier mois de grossesse (novembre), j’ai beaucoup souffert. Je faisais de l’insomnie grave, j’avais constamment mal au ventre. La dernière semaine de novembre a été la pire. J’avais tout le temps mal au ventre et je ne dormais plus à cause de ça… J’en ai parlé à ma Sage-Femme le samedi. Je lui ai dis que je n’en pouvais plus, j’étais fatiguée, épuisée, je n’en pouvais plus de souffrir. Elle a regardé mon col et m’a dit que j’étais presque à 3. J’étais super contente! C’était très bon signe, le bébé allait arriver! Elle m’a parlé de me décoller les membranes, car comme je souffrais, elle voulait activer mon accouchement. J’ai dit oui sans hésiter! C’est là que les contractions ont commencé. J’ai eu des contractions toute la journée, et la soirée, et toute la nuit. À chaque 5min. Je n’ai pas dormi. Je m’attendais à accoucher à tout moment. Le lendemain matin, vers 10h, tout s’est arrêté. J’étais en pleurs. J’étais épuisée et tout s’était arrêté. Ma SF m’a conseillé de me reposer le plus possible et ensuite d’aller prendre une marche. Les contractions ont recommencé vers midi, et en fin d’après-midi, Hugo et moi sommes allés marcher pendant une heure au bord de l’eau. J’ai aimé ce moment-là, même si les contractions étaient fortes et régulières (aux 2-3min). Quand nous sommes rentrés à la maison, j’avais vraiment de bonnes contractions mais le travail a encore commencé à ralentir.

J’ai eu des contractions toutes la nuit mais assez espacées, genre aux 10-20min. Je n’ai pas non plus dormi. Et le lendemain, vers 9h, tout s’arrête. J’ai appelé ma SF en pleurs et je lui ai dit que je n’en pouvais plus. Ça faisait une semaine que je ne dormais plus, dont 2 nuits intenses…

Elle m’a beaucoup réconforté. Je me suis levée, nous avons pris le petit déjeuner et j’ai pris une douche. Dans la douche, j’ai soudain senti LA contraction. Différente de toutes les autres, plus intense, plus douloureuse. La travail actif venait de commencer. Il était 10h.

Vers 13h, ma SF est arrivée. Je souffrais beaucoup. J’avais beaucoup de contractions, peu de temps entre chaque. Hugo me faisait des points de pression à chaque fois, tellement c’était douloureux. J’essayais de visualiser, d’accepter la douleur, mais je n’y arrivais pas. Je n’ai jamais réussi à rentrer dans ma bulle. Je me doutais bien que ça arriverait. Je suis une fille très terre-à-terre, c’est très difficile pour moi de me laisser aller, d’arrêter de réfléchir et plutôt de vivre le moment. Au lieu de laisser la douleur venir à moi, je la combattais. Ça ne marchait pas vraiment, mais je tenais le coup.

La SF a regardé mon col. Je me suis dit en moi-même : « ok Marion, es-tu capable de continuer? Oui, je suis capable, mais pas pour des heures et des heures. Donc voilà ce que je vais faire. Si je suis arrivée à 6cm, je continue, si je suis en dessous de 6cm, je vais à l’hôpital. »

La SF m’a dit : « ok, tu es à 3cm ».

Le choc en premier. L’effondrement en deuxième. Comment était-ce possible? Cela faisait 48h que j’avais des contractions et mon col n’avait pas bougé d’un poil????? Non mais c’est une blague?????? Je me suis mise à pleurer, pleurer, pleurer!!! J’ai dit à ma SF que je voulais aller à l’hôpital. Elle m’a conseillé d’attendre 2h encore, et de voir mon col après. Voyant que je ne répondais pas, elle m’a dit qu’elle allait me laisser avec Hugo et qu’elle attendrait ma réponse.

J’ai pleuré avec Hugo. On a parlé un instant puis je suis allée voir ma SF : « Nous avons décidé d’aller à l’hôpital. Je sais que dans 2h je serais encore à 5cm, et que j’en ai pour des heures et des heures. Je commence à ressentir de la colère envers mon bébé, car je souffre depuis tellement longtemps que je me demande pourquoi il me fait subir ça. Et je sais que ce n’est pas sa faute, mais je ressens quand même de la colère contre lui, et je ne veux surtout pas ça. Je ne veux pas le rejeter à la naissance parce que je suis en colère ou parce que j’ai souffert extrêmement. Je veux aller à l’hôpital.

– Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Tu risques de regretter ta décision.

– Non, je ne regretterais pas. J’ai pris ma décision »

En route pour l’hôpital, mais avant, il fallait faire les bagages. Le voyage a été très dur et pire encore : à notre arrivée, l’entrée de l’hôpital était en travaux donc on a dû aller à un parking plus éloigné! Comme il n’y avait plus de place et qu’on tournait en rond, j’ai dit à Hugo que je n’en pouvais plus, j’allais marcher. Je suis sortie de la voiture, à peine habillée, dans un gros froid et j’ai monté la côte. Aujourd’hui, quand j’y pense, ça me fait tellement rire! Je monte la côte et j’ai une contractions. Je m’allonge presque par terre tellement j’ai mal. Sauf que c’est en plein dans l’heure de pointe donc il y a des dizaines de voitures dans la rue et plein de passants. Tout le monde me regarde. Une fille court vers moi. « Madame, ça va? ». « Je vais accoucher!! » (je lui dis ça sur un air super dramatique parce que je suis en plein dans la contractions ET je pleure en même temps). Elle me dit « j’appelle une ambulance !! ». Je la regarde et je lui dis : « Heu… merci c’est gentil mais la porte de l’hôpital est juste là » (et je lui montre la porte). Hahahaha!

Bon bref, j’arrive finalement à entrer dans l’hôpital. Encore une contraction et je suis à terre et plein de gens courent autours de moi et me mettent dans une chaise roulante. J’essayais de leur dire que je préférais marcher mais personne ne m’écoutait. J’avais perdu Hugo, mes SF, bref, j’étais toute seule. Je pleurais tellement de douleur que ça n’a pas pris de temps qu’un médecin vienne m’examiner. Il était 17h et j’étais dilatée à 5cm.

Hugo et mes SF m’ont retrouvé et j’ai eu l’épidurale. Ça a pris 30min avant de faire effet mais moins je ressentais la douleur, plus je retrouvais la joie. Je me souviendrais toujours de ce sentiment de bonheur grandissant que j’éprouvais plus la douleur disparaissait. Quand finalement je n’ai plus rien ressentit, j’ai pu respirer, relaxer et surtout, arrêter de pleurer de douleur. Mais j’avais toujours les larmes aux yeux. Des larmes de joie. Je savais que mon bébé allait arriver dans peu de temps, que j’allais enfin pouvoir le serrer dans mes bras. Quel bonheur!!

Vers 19h, ils ont brisé mes eaux et à 21h, j’étais à 10cm. La poussée a duré 45min, je pouvais voir la tête sortir puis rentrer à chaque poussée. C’était dur, bébé commençait à se fatiguer. On m’a donné de l’oxygène. Mon médecin, très gentil, m’a dit qu’il allait devoir me faire une épisiotomie malgré ma demande de ne pas en avoir car mon périnée était trop musclé et la tête ne passait pas. Ma SF a proposé au médecin de faire sortir la tête grâce à une technique manuelle. Le médecin, au grand étonnement de tout le monde, a accepté et la SF a appuyé par l’extérieur sur le menton de Liam et la tête est sortie d’un coup (me déchirant le périnée au second degré). Puis le corps. Puis mon bébé tout chaud est arrivé sur mon ventre.

Il hurlait, hurlait, hurlait!! Moi, je le caressais et je lui chantais une petite chanson que j’avais composé pour lui. Il a hurlé pendant 30min puis c’est calmé. Il m’a aussi fait caca dessus, deux fois, mais je m’en foutais. Il était là, c’est tout ce qui comptait. Alors qu’il était calme, j’ai pu bien l’observer. Ça a été un petit choc pour moi encore une fois. C’est drôle mais je m’étais fait une image de mon bébé : il ressemblerait à un Hugo miniature. Et là, devant moi, j’avais un bébé que ne ressemblait pas à Hugo, mais à à mon frère!! Donc, à moi, puisque mon frère et moi sommes pareils! Incroyable!! Il avait vraiment les grands yeux de mon frère.

Je suis très reconnaissante d’avoir fait mes études de doula car elles m’ont ouvert à un monde inconnu pour moi. Elles m’ont ouvert à l’idée de pratiquer un maternage proximal et m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses concernant la façon dont mes parents m’avaient éduqué. Mes études m’ont outillé au mieux pour mon rôle de mère et j’en suis VRAIMENT reconnaissante. Bien sûr, ça s’accompagne toujours de culpabilité quand on ne réussit pas à faire les choses à la lettre, mais aujourd’hui je pense que Liam a reçu déjà beaucoup plus en quelques mois de vie que moi dans toute ma vie en amour de ma mère. Je fais de mon mieux et je vois qu’il est heureux et qu’il grandit bien.

J’avoue que j’ai un peu de mal à être reconnaissante pour mon accouchement, même si je le suis quand même. Je le suis car j’ai vraiment eu un bel accouchement, calme et serein. Ce qui me donne le plus de misère, c’est d’avoir compris mieux qui je suis, et je ne sais pas si ça me plait. Je « crois » (je suis pas sûre encore) savoir aujourd’hui quel est le meilleur type d’accouchement pour moi, un accouchement médicalisé, qui me permet de ne ressentir aucune douleur et de faire venir mes bébés dans le bonheur. Ça ne me plait pas trop de savoir ça, car j’ai la très fausse idée que tant que je n’accoucherais pas naturellement, je ne serais pas une femme accomplie. Mon rêve est de pouvoir un jour aller à l’hôpital sans aucun doute que je fais la meilleure chose pour moi et sans me poser la question « et si, SI ce n’était pas la meilleure chose? ». c’est vraiment difficile à gérer.

Je suis vraiment reconnaissante d’être passée par tout cela car je vais pouvoir être une personne plus compréhensive et aidante envers les autres. Je suis reconnaissante que Dieu m’ait aidé à façonner de la meilleure manière mon esprit, qu’il m’ait fait comprendre qu’il n’y a pas qu’un moyen d’être bonheur sur terre, que nous sommes tous différents et que c’est correct. Je suis tellement reconnaissante de savoir que peu importe nos choix et nos différences, il y a toujours quelqu’un sur qui on peut se confier : Jésus-Christ.

Je suis mille fois mille fois reconnaissante pour mon mari d’amour, qui m’a soutenu, massé, donné de l’amour, supporté, réconforté, consolé, fait rire, fait voyager, rendu heureuse et j’en passe tout au long de ma grossesse et même depuis notre rencontre jusqu’à maintenant. Lorsque ça m’arrive de penser que Dieu ne m’aime pas, je n’ai qu’à penser au fait qu’il a mis Hugo dans ma vie et alors je ressens que je suis spéciale pour Lui et qu’Il m’aime de tout son coeur car Hugo est la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie.

Je suis tellement reconnaissante pour Liam. Mon petit amour éternel. Avec lui, je n’ai pas besoin d’apprendre ou de faire des efforts pour l’aimer. Je suis remplie d’un amour infini et éternel pour mon petit garçon. Chaque jour il m’apporte de la joie. Il est ma plus grande épreuve et ma plus grande joie en même temps. Il me fait aimer la vie. J’adore ses grosses joues et ses sourires. Il est mon petit ange quand il dort et ma tornade quand il est réveillé. Je suis reconnaissante pour lui, je l’aime, je l’aime, je l’aime!

Je suis reconnaissante pour ma SF qui m’a permis de passer à travers des moments sombres simplement en étant à l’écoute.

Je suis reconnaissante de n’avoir eu aucune complication durant l’accouchement, d’avoir pu faire naître mon bébé vaginalement et que Liam soit arrivé en bonne santé.

Je suis reconnaissante que ma SF a réussi à lui faire sortir la tête.

Je suis reconnaissante de l’épidurale, et de ce que la médecine peut faire aujourd’hui, tout comme je suis reconnaissante des maisons de naissance qui considère les femmes et les bébés comme précieuses. Alors que je passais 5min dans le bureau du médecin, ma SF m’accordait toujours 1h30 de son temps à chaque rencontre.

Je suis reconnaissante des assurances d’Hugo et de son travail, d’avoir pu rester à la maison et d’avoir pu profiter de mon été avec Hugo.

Je suis reconnaissante aux membres de mon église pour les repas qu’ils nous ont préparé.

Je suis reconnaissante à mes beaux-parents d’avoir acheté de la nourriture pour moi à l’hôpital quand j’en avais le plus besoin et à ma mère d’être restée à mon accouchement.

Je suis reconnaissante à Liam d’avoir fait caca sur moi et non dans le ventre, ça aurait pu être très dangereux.

Je suis reconnaissante à mon médecin, et aux infirmières si gentilles.

France – La naissance de Xavier dans la banlieue de Montréal, Québec

23 Fév

Mon cher Xavier, mon beau grand garçon. Ta venue au monde a complètement changé ma vie et celle de ton papa. On t’a tellement désiré. J’ai travaillé fort avant de pouvoir essayer de te concevoir. À cause d’une maladie génétique que j’ai depuis ma naissance, je devais suivre une diète stricte et atteindre un taux bas et stable d’une enzyme appelé la phénylalanine. Après plusieurs mois, mon objectif fut atteint et je suis tombée enceinte. Ma grossesse s’est passée à merveille et j’étais épanouie à chaque étape de cette aventure.

Tout a commencé le mercredi 1er décembre. Vers 15h00, j’ai commencé à sentir des crampes au ventre alors que je terminais la vaisselle. Ça revenait de manière assez fréquente en augmentant d’intensité. C’était supportable, car je continuais de faire le souper (une belle moussaka grecque)! Vers 16h20, c’était encore un peu plus intense et rapproché, j’ai donc commencé à minuter mes contractions, car c’était bel et bien des contractions. J’étais aux 5 à 7 minutes. L’intensité augmentait rapidement. Je continuais le souper, mais je marchais beaucoup aussi. Je respirais bien. Après une heure de contractions aux 5 minutes, j’ai téléphoné à ma mère qui me conseillait de partir pour l’hôpital, mais je voulais rester encore un peu à la maison avant de quitter.

Ton papa est rentré du travail vers 17h30. Il m’a aidée à me faire couler un bain chaud, pendant qu’il prenait la relève pour le souper. Le bain m’a fait un bien énorme. Les contractions étaient moins intenses, je respirais bien et j’étais calme. Je ne me souviens plus combien de temps j’y suis restée, je dirais environ 30 minutes.

Ton papa m’a aidé à sortir du bain, j’ai enfilé mon peignoir et je suis allée m’étendre sur le lit. C’était impossible pour moi de rester couchée. Cette position était horrible, même entre les contractions. Je me suis habillée et j’ai marché. Par la suite, j’ai installé des oreillers sur le lit et je me suis appuyée dessus à genoux. C’était une position confortable et ça m’aidait à prendre chaque contraction une à la fois et à bien respirer. Je me suis surprise à gémir un peu pendant les contractions. La douleur était intense et les contractions plus rapprochées. Il fallait penser à partir pour l’hôpital. (On vit quand même à 45 minutes de l’hôpital et ça faisait presque 3 heures que j’étais aux 5 minutes…) Papa a mangé en vitesse et moi j’ai mangé un petit yogourt, pour prendre un peu de force avant le départ.

Nous sommes partis vers 19h30 de la maison. Il neigeait un peu, les routes n’étaient pas très belles. On roulait lentement et je stressais un peu. Au début, chaque contraction était un supplice, car j’étais assise dans la voiture et cette position n’était pas confortable, mais j’étais concentrée et je respirais, ça aidait ta maman à poursuivre. Nous sommes arrivés à l’hôpital vers 20h30.

J’ai été accueillie par le personnel infirmier et bizarrement l’intensité des contractions avait diminué. Le changement d’air peut-être ? J’ai été examinée peu de temps après. On m’a annoncé que j’étais déjà dilatée à 7cm! J’étais vraiment sous le choc! 7 cm! Déjà ? Je ne l’aurais jamais cru. Ton papa non plus ne semblait pas y croire. On savait que c’était tout près et que bientôt tu serais dans nos bras. J’étais excitée, mais je savais que le pire était à venir pour la phase de transition. Quand on m’a offert la péridurale, je l’ai accepté un peu à contrecœur (moi qui voulais essayer un accouchement naturel), mais en même temps, ça m’a rassurée et calmée pour la suite. (Pour mon 2e accouchement prévu dans quelques semaines, j’ai choisi de prendre une accompagnante à la naissance (doula) pour me calmer et rassurer, afin de le vivre le plus naturellement possible.)

Pendant que je recevais la péridurale, j’ai commencé à avoir d’énormes tremblements, c’était incontrôlable. Ton papa ne se sentait pas bien, il est resté un peu à l’écart, mais il avait si hâte de faire ta connaissance. Nous voulions aussi découvrir si tu étais un garçon ou une fille, car nous avions choisi de garder la surprise pour l’accouchement. Une idée que nous ne regrettons absolument pas, quelle magnifique surprise!

J’ai pu enfin me reposer (grâce à la péridurale-un des avantages) pendant la dernière phase de dilatation avant de fournir l’effort ultime pour les poussées. Vers minuit et dix minutes, l’infirmière m’a annoncé que j’étais à dilatation complète et que lorsque je ressentirais la sensation de pousser, d’y aller. Les premières 45 minutes, les poussées étaient peu efficaces, car je ne sentais pas bien les contractions. L’infirmière m’a guidée, elle a été d’un grand support. Quand on a diminué la dose de médicaments, je sentais de plus en plus les contractions et j’étais de plus en plus efficace. Plus le temps avançait, plus je sentais que LE moment arrivait.

Je commençais à perdre la notion du temps. Je me concentrais à pousser pour te voir naître. Par contre, j’étais tellement fatiguée, je devais pousser depuis près de 1h30. Je n’en pouvais plus, j’étais vidée. L’infirmière m’a alors dit que ton petit cœur commençait un peu à ralentir et que je devais recommencer à pousser, sinon le médecin allait devoir utiliser la ventouse pour m’assister. Je ne voulais absolument pas en arriver là. J’ai puisé dans les dernières forces qu’il me restait pour continuer à pousser. Le médecin est arrivé, car tu étais tout près. Elle m’a dit alors de faire deux bonnes poussées et je te verrais le bout du nez. J’ai donc poussé de toutes mes forces, j’ai senti une brûlure extrême me traverser le bas du corps, puis une sensation d’extase. C’est alors que j’ai senti ta chaleur, mouillée, sur mon ventre. Tu étais là et j’annonçais à ton papa que nous étions les heureux parents d’un beau garçon. C’était magique! J’étais émue, heureuse, fière et euphorique. De toute ma vie je vais me rappeler du premier regard que tu as posé sur moi, la tête appuyée sur mon ventre. Cette image sera à jamais gravée dans ma mémoire.

L’euphorie fut de courte durée. Ton papa venait de nous rejoindre, il était fébrile et si heureux. Comme tu avais de légères difficultés respiratoires, le personnel médical a préféré t’amener à la pouponnière pour des soins particuliers. Ils t’ont mis dans une couverture chaude, je t’ai embrassé et ils t’ont déposé dans les bras de ton papa. Il était tellement ému qu’il a pleuré et s’est tout de suite occupé de toi. Je suis allée te voir à la pouponnière vers 5h30. Tu étais si petit, si fragile. Je t’ai offert le sein que tu as pris quelques minutes seulement. Tu avais besoin de repos et moi et ton papa aussi. Nous sommes donc allés dormir quelques heures, car nous étions épuisés. C’est vers 8h30, après le petit déjeuner que je suis allée t’allaiter pour la première fois. C’est lorsque je t’ai mis au sein que j’ai vraiment réalisé que j’étais devenue maman. J’ai pleuré de joie. C’est vraiment là que le lien d’attachement s’est fait. Malgré plusieurs difficultés, je t’aurai allaité jusqu’à tes 20 mois avant de te sevrer. J’en suis extrêmement fière, car à cause de ma réduction mammaire on me prédisait un allaitement de quelques semaines tout au plus. Pour moi, l’allaitement est la continuité de la naissance. C’est un processus naturel qui suit la grossesse et l’accouchement. Je suis d’ailleurs devenue marraine d’allaitement pour pouvoir aider d’autres mamans à vivre d’aussi beaux moments!

Xavier_allaitement hopital

Xavier, ce 2 décembre 2010, tu as changé ma vie, toi mon petit bébé, qui deviendra bientôt grand frère. Je t’aime!

Ta maman xxx

Marie Josée – Naissance de Paul à Châteauguay, Québec

14 Fév

Me voilà à 41 semaines et 4 jours. Nous attendons l’arrivé de bébé avec de plus en plus d’impatience. Sachant que bébé est déjà gros (poids estimé à plus de 10 livres) et que la grossesse ne doit pas dépasser 42 semaines, nous devons prendre une décision. Nous avons convenu que bébé devait naître au plus tard dimanche soir. Nous avons passé la fin de semaine à l’attendre, je lui ai parlé, essayé de le convaincre que c’était l’heure… rien n’y fait. J’ai bien eu des contractions toutes la journée samedi mais qui ce sont arrêté dans la nuit… mais que ce passe t il ? Qu’est ce qui fait que mes contractions s’estompent toujours?

Je passe la journée de dimanche à espérer que tout va ce mettre en marche. Nous allons magasiner une bonne partie de la journée. C’est pire que pire… je n’ai même pas 1 contraction à l’heure. En après-midi, j’appelle ma Sage femme afin de l’aviser de mon état. Il ne se passe rien! Elle me dit quelle passera à la maison vers 20hr et qu’à ce moment, on décidera de ce qu’on fait. Elle me demande d’avoir tout les ingrédients pour sa potion magique  au cas où on prendrait cette direction, celle de provoquer la naissance de notre troisième trésor.

Elle arrive donc vers 20hr. Elle m’examine afin de voir si le col à travaillé. Mon chum souhaite un 3 cm, son vœu est exhaussé! J’ai un col très mou et effacé à 50%. Je suis quand même un peu déçu, avec toutes ces contractions, je m’attendais à un peu plus que ça. Comme je n’ai pas de contractions, ont n’oublie l’utilisation des herbes qui prendrait trop de temps à faire effet. Elle nous explique que rendu à ce stade ci, si bébé ne naît pas, je vais devoir retourner faire un TRF à l’hôpital le lendemain matin… et que si c’est comme la dernière fois, il y a de forte chance qu’on me garde à l’hôpital. Ils ne me permettront jamais de dépasser le fameux 42 semaines puisque toutes les dates concordes (écho, conception et roulette).

Elle nous explique comment ont peu travaillé avec sa potion magique. Les effets, le temps que ça prend, les chances que ça fonctionne, etc. Elle trouve que mon col est très favorable et elle pense que c’est la bonne chose à faire. Mon conjoint et moi ont décide de tenter notre chance. Entre ça et l’induction à l’hôpital, pour nous, le choix est clair. Au pire, on aura tout essayé!

Il est donc 21hr lorsque je prends le fameux cocktail. Ce n’est vraiment pas aussi mauvais qu’on le dit… juste un peu visqueux… ! Ma Sage-femme couchera à la maison, elle me dit que parfois ça va super vite et elle craint ne pas avoir le temps de revenir. Elle nous aide donc à faire mon lit et à préparer la chambre pour la naissance. Elle place tout son matériel. Il ne manque que les contractions! Pendant ce temps, mon mari tente de coucher nos filles. Un beau défi! Elles sont tellement énervées d’avoir la Sage femme avec nous pour la nuit! De plus, elles comprennent que si la Sage femme reste, c’est parce que bébé arrivera dans la nuit. Il y a beaucoup de fébrilité dans l’air.

Sous les bons conseils de ma Sage-femme, je vais au lit à 21h45. Je me sens calme mais le sommeil ne vient pas. Lentement, je sens mes contractions revenir. Les mêmes que j’ai chaque soir en me couchant. Je ne m’énerve pas, je sais qu’elles pourraient très bien arrêtés. Vers 23h00, mon mari vient me rejoindre au lit, je lui mentionne que j’ai mal au cœur… et mal au ventre… ça me brule dans le ventre. Je ne sais pas si c’est des contractions ou l’effet laxatif de la potion qui ce fait sentir. Je vais 2x aux toilettes… pour rien. Puis la nausée ce fait plus intense. Je me lève et cours aux toilettes de justesse. Je vomis. Lorsque je sors des toilettes, mon chum me propose d’aller me bercer dans la chambre du bébé. Aussitôt assise, je dois me relever parce que mon ventre va casser en deux. C’est vraiment fort, j’ai l’impression d’être dans le cœur d’une tornade… mon chum me demande s’il doit aller chercher la Sage-femme en bas. Je lui dis non, pas tout de suite. J’ai tellement peur que ce soit seulement l’effet laxatif… Puis la nausée revient… autre course à la toilette. Je me lève et je sens un liquide chaud me couler entre les jambes. Oh mon dieu, est ce que je fais pipi? Je ne suis plus capable de bouger, la pression est tellement forte dans mon ventre. J’appelle mon chum et je lui dis que je pense perdre mes eaux… ont a l’air de 2 fous à regarder mes jambes afin de voir si c’est du pipi ou du liquide! Je fais un pas vers l’arrière et c’est le déluge sur le plancher… ok, c’est vraiment les membranes qui sont rompues! Mon chum part réveiller la Sage-femme. Il est 23h45.

Le temps qu’elle monte en haut, je n’ai toujours pas bougé. Les contractions sont ‘non-stop’ et maintenant que les membranes sont rompues, je sens très bien que ce sont des contractions que j’ai depuis plus de 45min. Ma Sage femme propose de m’examiner. Je réussis à me rendre à mon lit. Elle m’examine en silence. Au bout de quelques minutes, je lui demande si la rupture a fait dilater mon col. Elle me dit quelle trouve ça bizarre, elle n’arrive pas à trouver mon col. Une contraction arrive, je perds le fil de ce quelle me dit. Ouf… je les trouve drôlement fortes ces contractions pour un début de travail! Je le mentionne à ma SF, elle me dit que ces normal, quelles vont devenir moins difficiles, c’est parce que je viens de crever mes eaux. Elles reviennent à chaque 2 minutes, je n’ai pas le temps de relaxer entre chacune d’elle. Tout à coup, je sens bébé remonter dans mon ventre. Je le dit à ma SF, elle m’examine et me dit qu’effectivement, il a remonté dans mon ventre. Ah non! Il prend la mauvaise direction. Mon mari était parti me faire couler un bain, fini le bain! Ma SF me demande de ne pas me lever tout de suite, on ne veut pas que le cordon passe avant le bébé. Je suis tellement déçu, j’avais imaginé passer une partie du travail dans mon bain… ce sera pour plus tard.

Je décide de me tourner sur le côté, je sens le bébé appuyer sur mes côtes et ces très douloureux. Les contractions ne diminuent pas d’intensité et sont toujours très proches l’une de l’autre. Je visualise mon bébé et je lui parle dans ma tête. Je lui dis de descendre, que je l’attends. Je fais des sons à chaque contraction, ça me recentre et je me sens transporter. Les yeux fermés, je me laisse envahir par la douleur, je la laisse me traverser.
Je commence à sentir quelque chose qui descend en moi. Ça ne peut pas être le bébé, la pression n’est pas assez forte. Je pousse un peu et la poche des eaux sort, toujours intacte. La SF m’explique que ce devait être seulement la première membrane qui avait percé. Elle rupture donc la poche afin que ce soit moins encombrant pour moi. J’ai donc une partie de la poche à l’extérieur de moi et l’autre partie toujours au chaud dans mon utérus…

Comme le travail ne semble pas avancer, je me mets à genoux sur mon lit. Ma SF me propose d’aller toucher à mon bébé. Il est encore haut, je sens le dessus de sa tête toute plissée… quelle drôle de sensation… il est tout à l’étroit. Je dis à ma SF que j’ai l’impression qu’il ne descend pas. Elle me dit de ne pas m’inquiéter, sa tête doit se mouler à mon bassin. Il doit prendre son temps. Je ressens la première envie de poussée, alors je me mets à poussée mon bébé. Au bout d’un moment, elle me propose d’aller faire un peu de travail sur la toilette.

Ouch! La pire position que j’ai du prendre. Je demande à ma SF si je ne pourrais pas aller dans le bain à la place. Elle me dit que ça ne m’aidera pas. Il faut faire descendre le bébé. Je la supplie presque ‘ tu es certaines?’ Certaine! La douleur est fulgurante, mes pieds ne touchent plus par terre. J’endure 3-4 contractions comme ça. J’essaie de m’accrocher à tout ce qui m’entoure, les SF, mon mari, la toilette… c’est vraiment horrible.

Ma SF me suggère de retourner au lit. Je me demande comment je vais me rendre… pourtant, la toilette est juste à côté de ma chambre. Finalement, j’arrive à me lever et je me laisse tomber en travers de mon lit afin de prendre la contraction qui est déjà là. Ma SF m’examine et coup de théâtre, elle me donne 15 minutes pour sortir mon bébé sinon, on transfère à l’Hôpital. QUOI ? Je regarde mon mari, je vois bien qu’il ne comprend pas ce qui ce passe. Je me dis ça y est. Bébé ne descend pas, on va aller à l’Hôpital : je vais avoir une péridurale et ils vont me faire une césarienne. Je me sens flotter. Des sentiments contradictoires m’envahissent l’instant de quelques secondes… soulagement, peur, douleur, incompréhension. Puis je reprends mes esprits et je me dis qu’il n’est pas question d’aller à l’hôpital, je vais le sortir ce bébé là. Il est 2hr.

Ma SF demande à mon mari de prendre une de mes jambe et de l’écarter le plus possible. Au diable la pudeur, je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable qu’à ce moment. Je connais cette position, c’est pour éviter que les épaules du bébé restent coincées. J’ai poussée comme jamais je n’ai poussée. La contraction suivante, on voyait déjà la tête. À la suivante, la tête est sortie… et bébé nous regardais! (les bébés naissent habituellement la tête vers le sol) Il était donc en postérieur. C’est pour ça que la poussée fût longue et difficile! La naissance c’est fait à 02h11.

Après quelques minutes avec mon beau gros bébé sur moi, on a regardé le sexe. Un garçon! Je n’arrive pas à y croire, mon mari est vraiment content.

Ça me prendra environ 40 minutes afin de sortir le placenta. Quel soulagement lorsque tout est finis. Ma SF vérifie mon périnée, aucune déchirure! Elle me propose d’aller relaxer dans le bain, j’y amène Paul. L’eau me fait un bien fou.

C’est seulement lorsque je suis dans le bain vers 04h00 que ma belle Olivia vient me rejoindre. Aucuns des deux enfants ne c’est réveillé pendant l’accouchement. Maelie fera la connaissance de son petit frère que le lendemain matin.

La fin précipité de cet accouchement n’est pas sans séquelle. J’ai pris plus d’une semaine avant d’être capable de m’asseoir et de me lever seule. Je suis suivi par une ostéopathe.  L’important est que toute la famille est heureuse. Les enfants s’adaptent vraiment bien, Paul est un amour et l’allaitement une merveille!

Marie Josée – Naissance de Maelie à Montréal, Québec

14 Fév

J’ouvre les yeux, il est 4hr… je me sens le bassin engourdi, cette sensation si familière des menstruations qui arrive. Ça fait plusieurs semaines que j’ai des ‘réveil-pipi’ matinaux.. je ne suis donc pas surprise de ce réveil. Une fois à la toilette je remarque qu’il y a un peu de sang. Mon cœur fait deux tours. Enfin! Est-ce le signe du travail qui commence?

Je retrouve mon chum dans la chambre de ma fille puisque celle-ci c’est réveillée en pleurant. Je lui dis que je saigne et que je pense que ça pourrait être un signe. On retourne au lit fébrile. Quelques minutes plus tard, une première contraction se fait sentir.. puis une autre et encore une autre … elles sont bien régulière aux 10 minutes. Je suis tellement contente! Après 41semaines et 6jours, j’ai assez donnée!

Donc pour me convaincre que c’est ça et que ce n’est pas un épisode de ‘pratique’, je me fais couler un bain chaud dans lequel je me laisse tremper pendant près d’une heure. Les contractions tentent de se rapprocher aux 5-6 minutes. La douleur est encore loin dans mon ventre, je me sens en contrôle. Je prends le temps de déjeuner et de marcher tranquillement dans la maison. Toute ma petite famille fait dodo, le soleil se lève … ma vie changera à jamais à partir d’aujourd’hui. J’essaie de savourer chaque instant de silence en ce matin de bonheur.

Vers 7hr, ma fille se lève. Je lui fais son déjeuner. Je lui explique qu’aujourd’hui elle passera la journée avec ses cousins et que lorsqu’elle reviendra à la maison le bébé sera là. Elle ne semble pas inquiète et est bien contente d’avoir une journée ‘spéciale’ avec sa tante. Une fois mon chum debout, je lui annonce que c’est vrai. Le travail se fait doucement mais sûrement. Il est hésitant, il ne veut pas se faire une fausse-joie et il me demande si on ne devrait pas attendre avant d’appeler sa sœur .. il ne veut pas la faire se déplacer pour rien. J’essaie de le convaincre que je SAIS que c’est la bonne. Ça lui prend une contraction pour s’apercevoir qu’effectivement, elles sont intenses. On commence donc la ronde des appels. Ma belle-sœur avisée, elle quitte à l’instant pour venir chercher ma fille. On appelle également nos parents afin de les informer que le grand jour est arrivé et aussi parce que je veux leur demander de ne pas nous appeler dans la journée… on les avisera une fois le bébé né. Ils sont tellement nerveux!

Mon dernier appel est réservé à ma Sage-femme. Je la ‘page’ donc vers 8hr. Elle me rappelle quelques minutes plus tard. Elle partage ma joie d’être enfin en travail. Elle me demande comment je me sens, la fréquence et la durée des contractions. À ce moment-là, mes contractions étaient aux 5-6min et duraient 40sec. Ce qui est très bien, le travail était bel et bien enclenché. Elle me demande si je me sens encore capable de faire un bout toute seule. Je lui dis de prendre son temps, je n’ai pas l’impression d’une naissance rapide, je me sens bien et calme. Elle laissera donc passer le trafic du matin et arrivera plus tard. Si j’ai besoin d’elle ou si je perds les eaux, je la rappelle.

Prise dans la routine du matin avec ma fille et l’énervement que la maison soit parfaite, je décroche un peu de mes contractions. Lorsque la Sage-femme arrive, il est 10h30 et j’ai l’impression que mes contractions se sont énormément espacées. Je suis déçue et j’ai peur que finalement tout s’arrête. Mais une petite voix à l’intérieur me dit que non, il suffit que je me recentre et tout recommencera. Ma fille est encore avec nous et ça me bloque beaucoup. Ma belle-sœur est prise dans la circulation… elle arrivera vers 11h30. Ça lui aura pris 3hr! On habite pourtant la même ville. Merci à la neige!

Une fois ma fille partie, ma Sage-femme propose de m’examiner afin de savoir ce qui en est avec mon col. Au dernier examen dimanche, j’étais à 2cm et dilaté à 70%. Une belle surprise m’attend… moi qui pensais que ça ne travaillait pas trop trop… je suis maintenant à 5cm et effacé à + de 80%! Elle m’annonce que je ne me suis pas trompé, c’est pour aujourd’hui! Mon chum et moi sommes vraiment contents. Je décide d’aller m’asseoir sur le ballon dans mon salon et on jase comme ça un bon moment. Les contractions reprennent en force sans vraiment que j’en ai conscience.

Au bout d’un moment je me dis que je pourrais aller dans mon bain… les contractions sont difficiles à prendre assise, je me dis que l’eau chaude me sera bénéfique. Une fois dans le bain, mon chum reste avec moi et on placote pendant que la Sage-femme commence à placer ma chambre pour la naissance. Une fois la chambre prête et quelle a ‘testé’ son matériel, elle vient me rejoindre dans la salle de bain. Elle me fait remarquer que mes contractions sont très rapprochées.. Pratiquement aux 2min. Elle écoute le cœur du bébé par intermittence sans me déranger. Puisque je ne suis pas seule, mon chum profite de ce moment pour aller nous préparer quelque chose à manger. Je me décide finalement à sortir du bain. Guidé par l’odeur du café que mon chum prépare à la cuisine.

Il nous a préparé un mini-buffet! Des fruits, du fromage et toutes sortes de gâteries sont sorties afin qu’on puisse manger ce qu’on a envie. On s’installe donc debout autour de mon îlot de cuisine et on placote tout en mangeant. Entre chaque bouchée, je dois me concentrer en fermant les yeux afin de laisser passer une contraction. Je me balance au rythme de celle-ci et j’essaie de visualiser mon col qui s’ouvre à chacune d’elles. Ma Sage-femme me fait remarquer que j’ai une belle capacité de concentration puisque aussitôt la contraction passée, je poursuis la discussion comme si je ne l’avais jamais quitté. Elle me propose de me réexaminé parce qu’elle doit contacter une deuxième Sage femme qui viendra chez nous pour la naissance. Et vue l ‘état des routes, elle aimerait mieux l’appeler trop tôt que trop tard. Il est maintenant passé 14hr.

Nous allons donc dans ma chambre. Je découvre ma chambre transformée en nid douillet. Les piqués sont installés sur le lit, les rideaux sont fermés, le matériel d’urgence est bien étalé le long du mur et mon lit déborde de tous les coussins de la maison. Finalement, je suis à 7cm! Je me relève et rejoins mon chum à la cuisine. Je lui demande de deviner la dilatation avec un grand sourire. Il dit un timide 6 ? Il a tellement peur d’être déçu.. Je lui dis non, je suis déjà à 7! Il n’en croit pas ses oreilles, il me rappelle l’état dans lequel j’étais à la naissance d’Olivia à 7cm…. Il me dit : À 7cm, tu pleurais pour la péridurale.. et en ce moment, tu bois un café et tu jases avec nous autres debout dans la cuisine !! La 2ième Sage femme arrive vers 15hr.

Un peu avant 15hr, je décide d’aller poursuivre le travail dans mon lit. Mes jambes commencent à être molles et je ne trouve plus de positions confortables. Ma Sage-femme me dit que maintenant, nous attendons que les membranes cèdent. Une fois que ce sera fait, elle me dit que tout ira très rapidement. Mon bébé est en position dans mon bassin et lorsqu’il n’y aura plus d’eau, il ne lui restera qu’à descendre … ce qui est habituellement très rapide au deuxième. J’essaie donc plusieurs positions afin de faire pression sur les membranes, je m’accroupis, je me mets à 4 pattes, je me mets sur le côté… au bout de plus de 2 hrs, rien n’a fonctionné. Nous voulions que les membranes percent naturellement mais je n’en peux plus. Les contractions sont pratiquement non-stop et je sens le bébé faire une pression énorme dans mon bassin. Ma vision est trouble, j’ai chaud et je chiale! Va t il finir par sortir????

Les Sages-femmes et mon amoureux me masse partout, me font boire et m’encourage à continuer. Je les sens bien présents et ça me rassure énormément. Aucun de mes besoins n’est négligé. Les Sage femmes pensent à tout, mon cerveau est complètement à off. C’est mon corps qui dirige et je ne peux rien faire pour l’arrêter. C’est si intense.

Je demande à la Sage-femme de percer les membranes. Elle me dit quelle est d’accord, que c’est probablement le geste qui va faire débouler le reste de l’accouchement. Elle a à peine le temps de sortir son petit crochet que les eaux ce mettent à couler… elle avait finalement raison, elle me disait depuis plusieurs minutes que c’était une question de temps avant que ça rupture tout seul.

À partir de ce moment, je me suis mise à pousser. Personne ne m’a dit que j’étais à 10, ni que c’était le temps. Mon corps a juste ‘opéré’ la machine. Je sentais la tête descendre à chaque poussée. Il en a fallu trois. Trois énormes poussées qui m’ont fait hurler de douleur. J’ai pensé que j’allais casser en deux. Une fois la tête sortie, la Sage-femme m’a dit de venir la touchée. Je l’ai touché et puis je l’ai regardé. Comme c’est fou ce moment. Déjà là mais pas encore tout à fait.. La douleur s’est complètement éteinte avec ce premier contact. Puis elle est revenue avec toute sa force et sa vigueur. Cette dernière contraction, celle qui allait faire naître mon enfant. Je l’ai attrapé au vol, une fois les épaules passé. Je n’ai pas pu attendre, il fallait que je la tienne tout de suite, maintenant.

Comme il est gros ce bébé! Je regarde entre ses jambes, c’est une petite fille! Je ne peux pas y croire. Que nous sommes chanceux… 2 belles filles en santé. Notre famille vient de s’agrandir.

On laisse le cordon cesser de battre puis mon chum le coupe. Au bout de 30 min, le placenta n’est toujours pas sortie alors j’offre de changer de position questions d’aider un peu… je me mets à 4 pattes et quelques poussées plus tard, il sort. Une des Sage-femme prend le temps de nous le montrer et il semble parfait.. Aucun signe de vieillissement malgré les 42 semaines de gestations.

On nous prépare du café et un plateau de fruits. Puis elles nous laissent seul en famille et vont remplir leurs papiers à la cuisine. C’est tellement relax et intime. C’est à ce moment là qu’on ce dit qu’on a fait le bon choix de rester à la maison. Ça fait toute la différence du monde. Quel bonheur.

La Sage-femme revient et fait le premier examen de Maelie. Elle est parfaite et pèse 9lb9oz. Un gros bébé en santé! Elle vérifie mon périnée, je n’ai même pas déchiré. Tout est fantastique!

Je termine la journée dans un bon bain chaud avec ma fille. Je la regarde et sens son odeur du ‘dedans’ pour une dernière fois. Lorsque je sors du bain, les Sages-femmes ont fait le ménage et à partie une brassée de lavage.

Il ne nous reste donc plus qu’à profiter des prochaines heures en famille…